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04/03/2014

Manger

 "-On ne mange pas, on déjeune, on dîne, on soupe, on grignote, on ripaille, on fait collation ou medianoche, on déguste , on goûte, on dévore et, s'il le faut, on casse la croûte, mais apprend qu'on ne mange pas."

 

 "En cas de spleen tenace, certaines femmes vont s'acheter  des souliers, des parfums, n'importe quoi. Margot achetait de l'épicerie, des ustensiles de cuisine ou des gants."C'est dire si la nourriture et la cuisine tiennent une place importante dans sa vie. Et c'est d’ailleurs par ce biais que sont exposées ses relations avec les autres. Des textes articulés autour d'un plat constituent la trame de ce roman où se constituent par petites touches le portrait d'une jeune femme qui amadoue sa directrice avec des douceurs en pots mais nettoie aussi Javel après le passage d'un ami très cher , malade du sida. Le récit culmine dans une scène de genre pas piquée des hannetons, le repas familial de Noël avec marie-odile beauvaisdifférents points de vue (y compris , celui, très intéressant de l'employée de maison) qui se croisent, révélant les tensions et les petites ou grandes hypocrisies. C'est fluide, élégant et enlevé, ça donne faim. J'ai bien aimé.

 L'avis de Cuné, moins emballée par ce roman que par les précédents de l'auteure.

03/03/2014

La fin du monde a du retard

"-Tu peux compter sur moi. Dès que j'ai sauvé le monde, je me lance dans une opération vide-greniers."

 Alice et Julius, deux amnésiques, s'échappent de la clinique psychiatrique où il sont traités. Alice est totalement dénuée d'émotions et Julius est persuadé qu'un terrible complot menace l'humanité.Pour le déjouer, il leur faudra s'emparer d'un mystérieux Codex et échapper aux nombreux poursuivants qui sont à leurs trousses. Cette "quête qui tourn[e]à la collection de désaxés", enchaîne les"péripéties d'anthologie alliant surprise épique et burlesque échevelé" contient, au bas mot,  une trouvaille humoristique par page ! Mais comment fait-il ? j.m. erre
D'autant que, mine de rien, c'est toute une réflexion enjouée et intéressante qui s'intercale avec bonheur entre les épisodes de cette folle course-poursuite ,sur la nécessité de fictionnaliser nos existences. Clins d’œil en tous genres  (les frères Volfoni des Tontons flingueurs !) trouvailles langagières, commentaires sur le récit qui se met en place sous les yeux du lecteur ,font de ces 400 pages un pur bonheur de lecture! Et zou, sur l'étagère des indispensables !

 La fin du monde a du retard, J.M.Erre, Buchet-Chastel 2014.

 L'avis de Cuné qui a porté le premier coup .

Celui de Clara qui a été fatal !

01/03/2014

Avant que de tout perdre...

...court-métrage réalisé par Xavier Legrand, interprété par Léa Drucker et Denis Ménochet a emporté le César dans sa catégorie et concourt aussi aux Oscars !images.jpg

On souhaite le meilleur à ce film , court  mais  haletant, prenant, qui aborde tout en retenue le problème des violences conjugales et souligne l'importance de la solidarité.


 

28/02/2014

Février, mois très court...

Févier , mois de l'amouuuur ! En effet, depuis le 13 février ,les oiseaux ont entamé chez moi leur grande campagne de délimitation de territoire et de séduction de leurs belles : ils s'égosillent à tout va ! Pour rester dans l’ambiance, j'ai donc enchaîné  :

* Mariage à l'anglaise : du classique à ceci près qu'on passe très vite sur le coup de foudre et qu'on enchaîne illico sur le mariage d'un couple improbable . Leurs proches ne leur donnent pas un mois. Tiendront-ils un an ? D'autant qu'autour rôdent une ex et un bel homme qui a les traits de Simon 510uiG6AasL.jpgBaker...Pour Rose Byrne, toujours parfaite et pour l'humour british. Le meilleur ami du marié, genre de Gaston Lagaffe qui ne maîtrise rien de ce qu'il dit m'a fait m'esclaffer plus d'une fois.

*Happiness therapy : une romance parfois sombre entre un bipolaire aux yeux bleus (à éclipses) foudroyants et une veuve dépressive à la cuisse légère, qui, entre une discussion animée sur les mérites comparés des médocs et un entraînement de danse vont trouver le chemin de nos cœurs. Bien ficelé, bien joué, enlevé, émouvant et drôle.51rfIjfFBAL._AA160_.jpg

*Amour et turbulences. Le plus improbable pour moi car le personnage interprété par Nicolas Bedos semble très proche de ce que ce jeune homme donne à voir dans les médias : un gros con (c'est dit dans le film), goujat, dragueur invétéré et infidèle chronique. Et pourtant son duo avec la pétillante Ludivine Sagnier fonctionne parfaitement bien, les dialogues sont soignés, c'est rythmé et  Bedos semble se flageller avec le sourire (ou n'est-ce qu'une posture, susurre une eptite voix en moi).

*Lulu femme nue : un grand coup de cœur pour l'Homme et moi qui 529485.jpg-r_160_240-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpgavions tous deux lu la BD et avons nettement préféré le film, plus optimiste pour le personnage féminin. Les personnages secondaires sont soignés avec une mention particulière pour les deux frères , sorte de Pieds nickelés à la petite semaine des plus sympathiques qui défendent  quasiment en dansant le personnage interprété par Bouli Lanners. Une réussite  ! Un film réconfortant et qui présente de très jolis portraits de femmes à différentes étapes de la vie .

*20 ans d'écart: sujet le plus casse-gueule mais la fraîcheur des interprètes emporte l'adhésion. Mention spéciale au personnage de la photographe odieuse interprétée par Blanche Gardin , à mille lieues de son personnage dans Working Girls (enfin dans la 3 ème saison, après un relooking extrême, ça bouge pour elle !:) )


*Henri : de et avec Yolande Moreau (dans un tout petit rôle). un film extrêmement visuel, qui prend son temps et ne privilégie pas les dialogues. Une approche sensible et juste du monde des handicapés mentaux, sans poésie ni niaiserie.21054873_20131105154123207.jpg Un univers bien particulier qu'il faut laisser le temps d'infuser.

Qui a dit que je n'aimais pas les love stories ? :)

Et enfin, la 4ème et  dernière saison de The big C où Cathy va devoir jeter l'éponge devant le cancer qui gagne du terrain, mais sans jamais se départir de son humour, de sa pugnacité et de sa volonté de tout organiser .Elle va même jusqu'à inscrire son mari sur un site de rencontres destinés aux veufs ! Toujours sur le fil du rasoir, à la fois explicite et délicat, sans jamais tomber dans le pathos et avec des personnages secondaires dont l’évolution est aussi intéressante que celle de l'héroïne.  Lucky me, conclut Cathy. Nous aussi de l'avoir rencontrée.index.jpg

27/02/2014

Pourquoi les clefs jouent-elles à cache-cache avec nous ?

"Pourquoi les footballeurs causent bizarre ? [...] Ils font des têtes, parfois la tête. on n'en fera jamais des têtes."

Marion Hirisnger est institutrice en maternelle, mais elle aime toujours les enfants."
Et comme elle est aussi très curieuse , elle s'est penchée sur tous les petits mystères de l'existence, un peu à la façon de Philippe Vandel, mais en privilégiant l'humour aux vraies réponses. Quoique...
Arec sa complice ,auteure de BD dans le civil et illustratrice, Cathy Karsenty, ce sont donc des énigmes du quotidien aussi variées que "Pourquoi les super-héros portent-ils le slip au dessus du collant ?", "Pourquoi est-il si doux de faire semblant de dormir ? "ou "Pourquoi l'avocat médiatique a-t-il le cheveu approximatif ?" qui sont ainsi passées au crible et explicitées avec un bel amour des mots, des gens et de la vie ! On en redemande !marion hirsinger,cathy karsenty

Pourquoi les clefs jouent-elles à cache-cache avec nous ? Marion Hirsinger, Cathy Karsenty, First éditions 2014.

26/02/2014

Le chat assassin s'en va

"Rentre vite à la maison que je puisse t'étrangler"

Se sentant trahi par Ellie, sa petite maîtresse, Tuffy, alias le chat assassin, décide théâtralement de quitter son foyer. à lui l'aventure ! Mais Tuffy aime son petit confort et n'est pas du tout prêt à se nourrir d'un oisillon qu'il n'a même pas tué:" "Ne sois pas si douillet! C'est de la viande.  Toute fraîche. c'est bon et traditionnel. Et tu as vraiment faim."
Hélas ! Mes amis, je suis encore loin d'avoir assez faim""anne fine
Il lui faudra donc se faire adopter et là les ennuis commencent, pour le plus grand plaisir des lecteurs grands ou petits ! Quel plaisir de retrouver Tuffy le roi de la mauvaise foi et toute sa petite famille ! Les dessins  pleins de malice de Véronique Deiss accentuent encore l'humour des aventures de notre chat préféré ! Un petite plaisir à (s) offrir sans faute !

 

Le chat assassin s'en va, Anne Fine, traduit de l’anglais par  Véronique Haïtse, École des loisirs 2014, pour les enfants qui aiment déjà lire tout seuls.126 pages et un final haut en couleurs !

06:00 Publié dans Humour, Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : anne fine

25/02/2014

Un an dans la vie d'une forêt

"Une expérience directe de la forêt nous donne l'humilité nécessaire pour replacer nos vies et nos désirs dans le contexte plus large qui inspire toutes les grandes traditions morales."

Pendant un an, le scientifique David G . Haskell a étudié "un espace d'un mètre de diamètre, équivalant en taille aux mandalas des moins tibétains"sur une pente boisée dans le sud-est du Tennessee.david g. h"askell
Ce pourrait être ennuyeux à mourir mais observer ce microcosme, en privilégiant  pour chaque journée relatée (i n'y en a pas 365 !) un de ses aspects permet d'étudier "la communauté écologique", d'établir les liens qui unissent de manière souterraine ou pas les différents éléments naturels, et de replacer l'homme dans une perspective différente. C'est passionnant, on apprend plein d'informations, l'auteur est un excellent vulgarisateur et , ayant fréquenté les ateliers d'écriture américains, il est doté d'un très joli brin de plume. On frémit quand on apprend qu'un petit mammifère est capable de maintenir ses victimes vivantes mais "droguées", on se passionne pour la lutte des arbustes pour grandir et on colle des marque-pages à tour de bras devant de telles notations: "Jeter un coup d’œil sous la surface du mandala, c'est comme se poser légèrement sur la peau et sentir la vie palpiter."
Un énorme coup de cœur dont j'ai fait durer la lecture pour mieux le savourer !

Un an dans la vie d'une forêt, David G  Haskell, traduit de l'anglais (E-U) par Thierry Pélat, Flammarion 2014,334 pages enthousiasmantes !

24/02/2014

Les complémentaires

"Ils étaient arrivés à un âge, David et elle, où l'on ne se développe plus, où l'on ne change plus. Le temps des regrets, parce qu'il n'y a plus grand chose à proposer, sinon de petits ajustements en terme de direction et de vitesse. Désormais, tout ne ferait que se répéter entre eux, les changements prendraient la forme d'éliminations imperceptibles, le travail patient de l'âge qui affaiblit le corps et le prépare à la tombe."

 Une croix gammée tracée sur sa boîte à lettres, en plein quartier bourgeois tranquille de Copenhague et la présentation du petit ami pakistanais de sa fille Zoé, font que les racines juives de David Fischer, avocat d’affaires , ressurgissent.L' installation vidéo de la jeune femme ne fera qu'accroître le malaise.jens christian grondahl
Peu d’événements dans ce roman de Jens Christian Grondhal mais une analyse fine et pleine d'empathie de ce couple marié depuis vingt-cinq ans où l'épouse, anglaise, a choisi de quitter son pays, sa langue et toute volonté d'exposer ses tableaux. Les retours en arrière nous permettent d'éclairer par petites touches ce couple où rien n'est aussi évident qu'il le paraît de prime abord. Un roman qui ne tonitrue pas et analyse finement ce que nos choix et nos origines font de nous.

 

Les complémentaires, Jens Christian Grondahl, traduit du danois par Alain Gnaedig, 236 pages doucement mélancoliques qui tracent leur chemin en nous.

Déniché à la médiathèque.

20/02/2014

Le journal secret d'Amy Wingates...en poche

"...à qui j'ai envie d'abandonner mon self-contrôle, le bon sens qui m'a étranglée depuis tant d'années, ma solitude , aussi, vide , aride."

Elle qualifie parfois son journal de "divagations psychologiques à la noix", dépréciant ainsi le contenu du texte qui l'aide à canaliser le flot de ses pensées et à satisfaire la curiosité du lecteur. Elle  ? Amy Wingate, prototype parfait de la vieille fille coincée . Du moins en apparence. Car la trop sage Amy qui analyse, sans concessions les liens qui l'unissent à sa riche et jeune amie un tantinet condescendante à son égard, qui use d'elle comme d'un faire-valoir, sait aussi se montrer impulsive et passionnée. willa marsh
Willa Marsh , avec un style parfois délicieusement suranné (qui fait encore des emplettes de Noël ? ) nous brosse ici un portrait à la fois plein de charme et de causticité. Un régal  dont j'ai savouré la lecture en la faisant durer le plus longtemps possible pour ne pas quitter trop vite cette Amy aux multiples facettes. Si délicieusement british !

19/02/2014

Bonne à (re)marier

"Quand la beauté s'évanouit, on se met à espérer une tête bien faite."

à peine vient-elle d'accoucher de leur second enfant que Sarah apprend que son mari la trompe. "Et me voici frappée d'une crise cardiaque qui laisse mon corps debout."
Divorce, garde alternée , tout ceci la frappe de plein fouet mais il faut faire face, d'autant qu'elle est une femme qui travaille dans un monde où l'apparence est reine: celui de la publicité. à la violence des faits correspond la violence de l'écriture, à la fois cash et plus introspective que dans ses premiers romans. Mais c'est dans la seconde partie du roman, celle où l'héroïne se voit offrir une deuxième chance, que j'ai retrouvé la sensibilité à fleur de peau de l'auteure .sylvie ohayon
Un roman nourri de l'expérience de Sylvie Ohayon, mais pas seulement, qui parle de souffrances exacerbées, d'amour et du bonheur de se relever comme un boxeur sonné.

 

Bonne à (re)marier, Sylvie Ohayon, Robert Laffont 2014, 251 pages.