09/05/2014
Le mystère SherlocK...en poche
"Un esprit non chrétien pourrait se réjouir de la raréfaction de la concurrence...Ah, que certains ont l'âme sombre!"
N'ayant guère d'affinités avec le résident du 221 Baker Street mais beaucoup plus avec l'auteur J.M. Erre, je me suis finalement laissée tenter par la sortie en poche de cet opus. Et j'ai bien fait !
Combinant deux procédés précédemment utilisés par Agatha Christie, Le mystère Sherlock réussit le pari de nous tenir en haleine et de nous divertir avec ce récit d'universitaires bloqués dans une hôtel en pleine montagne. La rivalité fait rage car une seul parmi les présents aura l'immense d'honneur d'être nommé titulaire de la première chaire de Sherlock Holmes- éologie de la Sorbonne.
Comme dans Les dix petits nègres, les cadavres s'accumulent et comme nous sommes aussi chez J.M Erre les éclats de rires aussi ! On apprend plein d'infos sur Sherlock Holmes et , mine de rien, l'auteur nous propose quelques pistes de réflexion sur la littérature des récits à énigmes. Un divertissement intelligent et drôle , à ne pas manquer !
Plein d'avis enthousiastes chez babelio !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (20)
06/05/2014
Miss Alabama et ses petits secrets
"Ethel, quant à elle, lui avait conseillé d'opter pour un chat: "Au moins, c'est toujours propre et ils s'occupent de leurs affaires.""
Ex-Miss Alabama, Maggie Fortenberry a conservé sa beauté et son prestige dans la ville de Birmingham où elle officie désormais dans une agence immobilière.Ayant le sentiment d'avoir connu le meilleur de sa vie, elle décide, en toute lucidité, de mettre fin à sa soixantième année de vie.
Méticuleuse et organisée, elle prépare tout dans le moindre détail mais les événements vont conspirer contre elle et sa décision pourtant bien arrêtée, révélant au passage quelques-uns des secrets de Maggie mais aussi d'une des plus somptueuses demeures de la ville.
Ayant gardé un souvenir savoureux du précédent roman de Fannie Flagg (adapté au cinéma ), Beignets de tomates vertes, sans doute attendais-je un peu trop de celui-ci. D'une lecture agréable, mais un peu trop prévisible, ce livre qui fait du bien remplit parfaitement sa mission , nous distraire, évoquant même au passage les pages les plus sombres de l'histoire de Birmingham. Les personnages sont attachants en diable mais le récit manque un peu de dynamisme. Un bon moment de lecture cependant.
Miss Alabama et ses petits secrets, Fannie Flagg, traduit de l'anglais (E-U) par Jean-Luc Piningre le cherche midi 2014, 435 pages.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : fannie flagg
05/05/2014
Poulpe fiction/quand l'animal inspire l'innovation
"Au Zimbabwe, l'Eastgate Centre de la ville d'Harare, à la fois centre commercial et immeuble d'habitations, reproduit cette organisation [celle des termitières]. L'air est recyclé pendant la nuit et circule grâce à des ventilateurs situés à sa base. Il maintient ainsi une température de 25 °C en économisant 90% d'énergie, comparé à un bâtiment de même dimension- ce qui a permis aux habitants d'économiser environ 3,5 millions de dollars en cinq ans."
Même si vous n'avez pas de formation scientifique poussée (je remercie mes profs de biologie et de sciences qui ont su donner le petit bagage nécessaire pour apprécier cet ouvrage), vous pourrez lire avec enthousiasme ce texte qui montre l'infinité de domaines dans lesquels les chercheurs se sont inspirés et s’inspirent encore de la nature.
Les capacités animales sont extrêmement variées et toutes n'ont pas encore été élucidées ni totalement imitées par la science. J'avoue un petit faible pour ma copine l'araignée qui a donné du fil à retordre aux chercheurs qui voulaient imiter ses capacités extraordinaires . Pour l'instant "La course au fil fabuleux est désormais lancée"pour produire un fil à la fois efficace (en chirurgie notamment) et économique.
Plein d'infos passionnantes donc mais un petit regret: des photos en noir et blanc émaillent le texte alors qu'un cahier central regroupent les photos en couleurs...
Si, comme moi vous êtes curieux et fascinés par les capacités animales, précipitez-vous sur cet ouvrage qui regorge d'informations passionnantes !
Poulpe fiction, Agnès Guillot, Jean-Arcady Meyer, Dunod 2014.
06:00 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (3)
04/05/2014
Maine..en poche
"Elle n'avait rencontré aucune famille aussi éprise de sa mythologie."
Alice,( la matriarche imperméable aux sentiments, une femme comme on n'aimerait pas en rencontrer pour de vrai), Kathleen, la fille, (ancienne alcoolique reconvertie dans l'élevage des vers de terre), Maggie (la petite fille trop accommodante) et Ann Marie , la belle-fille parfaite, sont réunies pour quelques jours dans la maison de vacances du Maine.
Si la situation géographique est idéale, la configuration familiale , elle, est pour le moins explosive ! On pouvait craindre le pire, clichés à gogo, situations convenues, mais, roman polyphonique, Maine alterne à chaque chapitre les points de vue et éclaire sous des angles différents les personnages. Nuancés, ils deviennent tour à tour attachants ou exaspérants , mais diablement humains. Notre opinion varie et nous éloigne de toute forme de caricature.
L'exploration psychologique est passionnante, les révélations se succèdent sans que le rythme fléchisse et l'on ne peut que se demander comment une "gamine" de trente ans peut avoir une telle expérience humaine ! Si ce roman , impossible à lâcher, ne devient pas LE roman de l'été, c'est à n'y rien comprendre !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (19)
03/05/2014
L'intensité secrète de la vie quotidienne ...en poche
"L'érudition, l'ironie, le silence: c'est la méthode Nick Crocker."
Au coeur du roman qui se déroule en sept jours au cœur de la campagne anglaise en mai 2000, Laura. Archiviste, la petite quarantaine, elle reçoit un courrier de son amour de jeunesse, le charismatique Nick Crocker. Mariée à Henry, historien et réalisateur qui se partage entre Londres et le Sussex, mère de deux enfants, Laura se laissera-t-elle perturber par cette irruption du passé ?
Je craignais le côté à l'eau de rose de cette hésitation entre mari chéri mais un peu plan-plan et ex-amoureux torturé mais la galerie de personnages qui prennent tour à tour la parole ont des préoccupations si diverses et sont si parfaitement croqués que j'ai passé un bon moment dans ce coin de campagne anglaise.
Le regard de William Nicholson est à la fois bienveillant et acéré (voir son analyse des véhicules adoptés par les bourgeois qui ont envahi ce petit village) mais il se glisse aussi avec une aisance stupéfiante dans la peau d'une femme lors d'une hallucinante séance de shopping. Il s'en est fallu de peu que ce livre soit un coup de coeur mais il y manque un je ne sais quoi (une touche d'acidité pour relever le tout ? ) pour que le plaisir soit total.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : william nicholson
02/05/2014
Manuel d'écriture et de survie
"Fais ce que tu veux et surtout ne prête pas attention à ce qu'on dira de toi et de ton travail."
Dans l'esprit de Lettres à un jeune poète (Rilke), Martin Page répond aux missives d'une écrivaine en devenir, Daria. Il la conseille dans son écriture mais aussi dans ses rapports aux autres, abordant avec lucidité la jalousie, la différence entre les véritables amis et le réseau que l'on peut se constituer: "Les arrivistes ont des copains et des connaissances, ils sont à l'aise en toute occasion, ils sont lubrifiés pour mener une vie sociale faite de sourires, d’écoute distraite et d'un amoncellement de paroles." . Il aborde tous les aspects de la vie littéraire , lui conseille de ne pas oublier les libraires, la convainc de la créativité des ateliers d'écriture, bref lui transmet une vision lucide et pragmatique de la vie d'écrivain et de la vie tout court.
En creux, Martin Page nous livre aussi un autoportrait sans fards, plein de sensibilité, sans gommer ses aspects tour à tour exaltés ou dépressifs.
Ce qui frappe dans ces 172 pages, que j'ai piquetées de marque-pages, en plus d'une vision riche et passionnante de l'écriture, c'est l'inscription de l'écrivain dans la vie économique et sociale. La difficulté à s'affirmer écrivain mais aussi à assurer tout simplement sa vie d'un point de vie financier. Pas de retraite, pas de garantie de ne pas finir à la rue, thème qui hante Martin Page.
Évidemment, plein de références à glaner au passage et plein de découvertes littéraires à faire ! Un viatique nécessaire à lire et relire.
Manuel d'écriture et de survie, Martin Page, Seuil 2014, 172 pages passionnantes !
Du même auteur : clic, clic, clic et reclic
Le blog de l'auteur
06:00 Publié dans Essai | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : martin page
01/05/2014
Le bleu est une couleur chaude (chapitres 1&2)
"Pour Emma, sa sexualité est un lien vers les autres. Un lien social et politique. pour moi, c'est la chose la plus intime qui soit."
Ayant amassé une brassée de prix, librement adapté au cinéma (Palme d'or à Cannes), La vie d'Adèle a été encensée par la critique et lue par toute la blogosphère.
J'ai laissé reposer tous ces discours élogieux pour aborder l'esprit libre cette BD. Et là ce fut le coup de cœur !
Une tragédie annoncée d'emblée, une histoire d'amour compliquée entre deux très jeunes filles issues de milieux sociaux différents qui évolue au fil du temps. Un côté à la fois naïf, fleur bleue, sensuel tout à la fois et en même temps des sentiments très finement analysés ne pouvaient que me plaire. Que l'histoire se déroule à Lille ajoutait un plus, bien évidemment !
Quant aux dessins et aux couleurs sourdes, ils créent une atmosphère particulière et envoûtante., Une BD dévorée d'une traite !
08:30 Publié dans BD | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : julie maroh
29/04/2014
Bilan avrilesque
Peu de films marquants ce mois...
Seul,Elle s'appelle Ruby, qualifiée de comédie, fantastique, romance, mélange improbable à première vue, a su à la fois me séduire et m'intriguer. Beaucoup de fraîcheur à première vue dans cette histoire d'un jeune prodige- monté en graine- de la littérature qui n'arrive plus à écrire jusqu'au jour où il décrit dans un texte une jeune femme.... qu'il va rencontrer dans la vie réelle.
Reprenant le mythe de Pygmalion dans le domaine littéraire, les réalisateurs sous des dehors plaisants tirent peu à peu la comédie vers un peu plus de noirceur jusqu'à une scène où culmine le sadisme jusque là latent du créateur envers sa créature. Une dernière pirouette relance la machine et la mise en abîme.
à noter un Antonio Banderas absolument craquant en hippie chic aux cheveux gris...
Dans le genre improbable et brève rencontre, Le temps de l'aventure, un film plein de charme avec une Emmanuelle Devos qui n'a jamais été aussi bien filmée. Lumineuse et très juste, elle donne de la densité à ce personnage de femme un peu déstabilisée, qui attirée par la tristesse d'un bel anglais absolument charmant, va s'arranger pour le rencontrer une nouvelle fois plus longuement. Une brève aventure qui contraste avec les messages sans réponses qu'elle lance en vain à son amoureux. Une douce mélancolie baigne ce film qui propose un très joli portrait de comédienne.
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (9)
28/04/2014
Vacances à l'anglaise
"Qu'avait donc cette maison ? Elle détraquait tout le monde."
Après le décès de leur mère, Richard décide d'inviter la famille de sa sœur, dont il n'a jamais été très proche, pour des vacances au Pays de Galles. Mais la combinaison de quatre adultes ayant peu d'atomes crochus, trois ados en pleine explosion hormonale et un enfant bourré d'imagination, le tout largué au milieu d'une campagne somptueuse mais dotée d'un réseau peu favorable aux portables risque de provoquer un cocktail détonnant...
Si l'ambiance de la maison de vacances est parfaitement bien rendue, le choix de l'auteur d’alterner les points de vue, même si l'on repère très vite l'identité du personnage ,donne au roman un côté par trop "haché", qui nuit à la fluidité du récit. Un bon moment mais rien d'exceptionnel.
Merci Clara pour ce roman so british à lire pendant des vacances pluvieuses pour être totalement raccord !
Par l'auteur du bizarre incident pendant la nuit.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : mark haddon
25/04/2014
So long, Luise...en poche
"Un jour, je ferai cesser ce gourgandinage."
Qui dit testament dit en général roman bien huilé, secrets de famille, amour, haine , règlements de comptes grinçant à tous les étages.
Rien de tel chez Céline Minard . Si la narratrice- dont nous ne connaîtrons jamais la véritable identité- romancière de son état, revient bien sur son passé, éclairant pour sa compagne, Luise, des événements dont cette dernière n'avait pas perçu toutes les facettes, c'est pour mieux pulvériser tous les clichés du genre et montrer la toute puissance des mots.
En effet, par ce qu'elle appelle jactance, la narratrice arrive à produire les effets les plus divers chez ses auditeurs médusés. Effet hypnotisant du langage parfaitement manié.
De la même façon, mêlant anglais et ancien français par petites touches, convoquant gnomes, pixies et brownies dans une sorte de flot tour à tour furieux et serein, au gré des humeurs de sa narratrice, Céline Minard entraîne son lecteur dans un texte surprenant à plus d'un égard, poétique, ludique et parfois érotique, qui le laisse parfois désorienté mais épaté par tant de virtuosité (mais comment fait-elle? !!)et d'amour du langage. Mensonges , (re)création voire récréation ,car l'humour est souvent présent, sont au coeur de ce roman jubilatoire qui est aussi un acte d'amour...On glisse d'un univers à un autre de manière imperceptible , tout ne sera pas éclairci ,mais peu importe car il faut se laisser charmer- au sens fort du terme- par cette narratrice qui fait les quatre cents coups et ne s'en laisse compter par personne, colonie de nains bûcherons ou auto-stoppeur !
Céline Minard use du langage comme une magicienne, montrant dans ce vrai-faux testament que "nous ne possédons rien, si ce n'est la puissance et, peut être le talent de recréer, allongé sous un saule dans un fauteuil articulé, ce que nous avons soit-disant déjà vécu."
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : céline minard