09/07/2010
La Bar-Mitsva de Samuel
Titre à lire à distance des repas, je vous aurais prévenus.
"Elles étaient tellement vieilles que la seule jeunesse qu'on pouvait voir en elles, c'était en les imaginant en pouponnières à asticots".
Je croyais apprécier l'humour noir et l'ironie mordante mais La Bar-mitsva de Samuel vient de me démontrer que j'avais des limites.
En effet, ce récit de la vie d'une jeune juif français exilé contre son gré au Canada entre une mère qui ne l'aime pas (mais a su l'enlever à son père , resté en France) et un beau-père des plus effacé ne m'a laissé aucun espace pour respirer.
C'est un univers d'une noirceur quasi absolue, où la violence est banalisée (en particulier celle faite aux femmes) très cru, avec un langage ordurier (les femmes ne sont que des c...et on les espère vicieuses dès le plus jeune âge), où les personnages ne semblent capables d'aucune empathie.
Quant à la vision du Canada, elle est au diapason de ce qui précéde. On me dira que c'est ici la vision outrée d'un adolescent torturé par ses hormones mais bon, désolée, je ne compatis ni ne ris une minute.
06:00 Publié dans Lâches abandons, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : david fitoussi, humour très très noir
08/07/2010
Si Eve Volver apparaît dans une histoire le coup partira avant la fin
"-T'es maboule toi !
-J'suis la boule de personne !"
Un pied dans la réalité, un pied dans l'imaginaire, Eve Volver , six ans, nous raconte sa vie entre une grande soeur trop sérieuse, Victoria , et une petite, Loula, "capturée" juste après le séjour de maman à l'hôpital." C'est un moulin à paroles, et elle se fatigue elle-même à tant parler mais elle est diablement attachante cette Eve Volver même si on comprend parfois les réactions de son entourage...
Un énième récit à hauteur d'enfant ? Non, car Eve a une personnalité, une manière d'appréhender le monde qui se reflète dans le langage qu'elle emploie. Néologismes, calembours, syntaxe malmenée coulent de manière fluide et réinventent le monde.
Pas étonnant que sa famille soupire souvent et ne la comprenne pas toujours ! Le lecteur , lui, se régale car la tendresse, l'inventivité, la poésie et l'humour sont au rendez-vous.
Sans compter que, comme promis dans le titre, presque à la fin du récit, le roman bascule dans l'émotion pure sur un coup de tonnerre...
Glissez-vous avec bonheur dans l'univers d'Eve Volver sans plus attendre !
Si Eve Volver apparaît dans une histoire le coup partira avant la fin, Déborah Reverdy, L'école des Loisirs collection Médium, 238 pages qui fourmillent d'inventivité.
Un avant-goût : "Je pensais qu'à force de pas ranger mes affaires, au bout d'un moment elles retrouveraient la bonne combinaison de départ, comme le Rubik's Cube, et que je n'aurais pas à me casser la tête à remettre en ordre quoi que ce soit. Enfin j'y suis arrivée en conjuguant mes efforts au verbe vouloir. Après, comme j'avais les paupières qui s'enclumaient, j'ai rangé mon sac dans la soute pour bagages et je me suis assise au fond vers la fenêtre pour regarder le paysage se défiler."
Esmeraldae l'évoque ici.
Le blog de l'auteure.
06:03 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : déborah reverdy, enfance, émotion, humour
07/07/2010
4 ans* ...et toujours pas de cirage de pompes (funèbres ou pas)
Des découvertes à foison,
Une rencontre réussie ,
Des mails en pagaille,
Des enveloppes dodues,
Une PAL, une LAL et quelques SWAP,
Une disparition soudaine dans les limbes d'internet,
Des rendez-vous matutinaux,
Des livres hérissés,
Des livres cornés,
Des livres empilés,
Des livres voyageurs,
Des livres coups de coeur,
Des émotions,
Des coups au coeur,
Des surprises,
Beaucoup de clics et quelques claques,
Tout un joyeux bazar,
Tout un joyeux fatras qui me réjouit
Et j'espère que vous aussi car
C'est reparti pour un tour !
* noces de cire...
06:03 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (45)
06/07/2010
La mémoire courte / Le noir qui marche à pied
"Zondi était bien forcé d'admettre qu'il était un soldat d'élite, mais que le champ de bataille n'était plus à la mesure des hommes de bonne volonté."
Zondi est noir et sa qualité d'inspecteur lui permet de côtoyer toutes les couches sociales de cette Afrique du Sud qu'il "aimait de toute son âme et de ses tripes mais [...] détestait de toute sa tête."
Paradoxe qui court aussi bien dans La mémoire courte que dans Le noir qui marche à pied. Pas de politiquement correct en effet dans ces réflexions de l'inspecteur Zondi qui se déconnecte souvent de la réalité pour se lancer dans des analyses sur le fonctionnement de cette société qui se cherche et où l'égalité n'existe pas , même si ça n'a pas seulement à voir avec la couleur de la peau.
Les clichés existent de part et d'autres et ont la vie dure. Le décalage entre la vison des uns et la réalité des autres est immense : " Zondi était fasciné par le témoignage naïf de ce Blanc ignorant et primitif qui lui décrivait le monde où il avait passé toute son enfance comme un cloaque sale et inquiétant, truffé de pièges et de bandes rivales alcooliques qui auraient passé leur temps à s'entreégorger et à se dépouiller. Pour lui Soweto avait toujours été "la maison"; l'endroit où il y avait le sourire de son père et de sa mère, son école primaire et la boutique où il allait chercher du pain ou des petits sachets de thé quand sa mère l'envoyait faire des courses."
Chacun en prend pour son grade, aussi bien les Blancs qui se terrent dans leur villas bunkérisées que les Noirs qui se veulent des assistés permanents...
Et les intrigues dans tout ça ? Amateurs d'analyse de poils de nez et de raclures d'ongles ou de scénarios au cordeau, passez votre chemin ! Nous ne sommes pas dans une série américaine, comme les répètent à plusieurs reprises notre héros , même si lui même sacrifie un peu à la thématique obligée du bel homme qui fait passer son boulot avant une histoire de couple qu'on sent dès le premier volume vouée à l'échec.
Les intrigues naviguent entre violence extrême et relations bon enfant entre flic et voyous, passant d'un aspect à l'autre avec un naturel déconcertant. On se croit chez Maigret et on bascule chez Thilliez.
Le plus surprenant étant peut être que l'auteur, Sud-Africain d'expression anglaise écrit directement en français, un français hérité de ses ancêtres huguenots et protège soigneusement son identité afin de garder sa liberté de parole.
Une découverte décapante. Deux romans parus initialement chez Phébus et sortis chez Points Seuil.
A lire dans l'ordre pour profiter de l'évolution du personnage.
Laurent, ils sont pour toi ! Je te les apporte ...bientôt !
06:01 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : louis-ferdinand despreez, afrique du sud
05/07/2010
Le club des caméléons
"Mon copain Théodore était noir, mais je ne le savais pas."
Le club des caméléons est un drôle de livre , une galerie de portraits, où se côtoient, en vrac et entre autres, Isidore, André (probablement le seul homme au monde à être allergique au rouleau de papier peint qui se déroule, ce qui est ma foi fort gênant quand on travaille pour une entreprise de "plâtrerie-peinture-décoration"), Parrain, chacun dans leurs genres de drôles de loustics que l'auteur a fréquentés plus ou moins longuement dans sa jeunesse.
Le recueil s'ouvre sur un texte intitulé "Youki" et dès la première phrase, j'ai su que j'étais cuite ! Ce chien minuscule qui se prenait pour un molosse et qui "aboyait pour un oui pour un non, le plus souvent en plein milieu de la nuit, afin de nous signifier qu'on pouvait dormir tranquilles car le chien montait la garde, du fond de sa panière." m'a tout de suite fait glousser et ce n'était que le début !
En effet, Milan Dargent nous propose de magnifiques et souvent très drôles "exercices d'admiration" aussi hétéroclites que réussis consacrés à Jean-Paul (Belmondo)-un régal du début à la fin-, Eddy (Merckx), mais surtout Lou ( Reed) , celui qui chamboulera sa vie.
Un seul prénom féminin au milieu de ce monde presque cent pour cent masculin, une histoire d'amour finie avant que de commencer, racontée très pudiquement car on a beau avoir été membre fondateur du Club des caméléons , club qui prônait le désordre , crevait les pneus et versait des sucres dans les réservoirs d'essence , on n'en est pas moins sensible...
Un livre tendre et drôle qui se lit très vite mais fait beaucoup de bien aux zygomatiques !
Le club des caméléons, Milan Dargent, Le dilettante 2009 , 159 pages qui donnent envie d'en lire plus !
Emprunté à la médiathèque.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : milan dargent, humour, nostalgie
02/07/2010
Une parfaite journée parfaite
"Moi j'ai un grand appartement parce que j'aime bien marcher les bras écartés."
Si vous avez aimé le roman (ou le film) Harold et Maude, alors vous devriez apprécier Une parfaite journée parfaite.
En effet, même si l'atmosphère est totalement différente-délicieusement british chez Higgins, à la fois plus clinique et ludique chez Page, on retrouve le même humour noir avec ce personnage qui ne cesse de se suicider de manière complètement abrupte et systématique.
On pense aussi à l'univers de Boris Vian dans L'écume des jours avec ce requin qui vit à l'intérieur du personnage principal, ou comme le souligne lui-même l'auteur dans sas postface au film Un jour sans fin.
Autant de références pour réaffirmer que" la seule planche de salut du héros consiste à rejoindre la fiction. C'est une source de chaleur et devie sur laquelle on peut compter."
Puisque Martin Page nous donne gentiment les clés de son univers autant ne pas se gêner : "Une parfaite journée parfaite est un roman sur le désespoir mais aussi sur les mécanismes compensatoires à mettre en oeuvre pour ne pas sombrer: la création, l'humour et la musique." De bien séduisants remèdes . A prendre ou à laisser. Je me suis régalée !
Une parfaite journée parfaite, Martin Page, points seuil 2010, 112 pages de jais. (noires et brillantes).
Merci Lou (qui elle n'avait pas aimé mais lui avait laissé sa chance , la preuve ! et vous emmènera vers plein d'autres lecteurs séduits .
06:02 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : martin page
01/07/2010
La sexygénaire n'a pas dit son dernier mot
Elle a beau le répéter à longueur de temps, l'amour pour elle c'est fini, on se doute bien qu'elle craquera un jour ou l'autre. Elle ? Marie, une fringante et toute fraîche sexagénaire doté d'un chat, d'un fils et d'une belle-fille qui vont bientôt la rendre grand-mère, sans oublier une jeune invitée française à demeure.
Marie se rebiffe contre les idées toutes faites concernant la vieillesse. Pas question pour elle d'apprendre une langue étrangère ou de partir crapahuter à l'autre bout du monde ! Elle aborde la soixantaine avec enthousiasme mais aussi un peu de mélancolie.
Malgré son prénom, Marie est bien anglaise (merci d'avoir vérifié dans la VO Juliette !:) mais je n'ai pas trouvé dans ce livre l'impertinence que j'espèrais.
C'est sympathique en diable, sans prétention mais traduit à la truelle. Ainsi je ne connaissais pas les fleurs de cercueil mais plutôt celles de cimetière, les conducteurs ne me flashent pas mais m'adressent plutôt des appels de phares, sans oublier un fâcheux"Je relaxe sans dire un mot".
Remarquons au passage que le titre original est bien moins imagé que le français, n'est pas sexy qui veut !
Un roman qui ne révolutionnera pas la littérature, mais ce n'est pas ce qu'on lui demande, à lire impérativement au soleil et quand on a dépassé la quarantaine.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : virginia ironside, nan j'ai pas encore soixante ans ! mais je me renseigne
30/06/2010
Finnigan et moi
Finnigan , "un tiers humain, un tiers animal, un tiers gobelin de livres de contes pour enfants", "espèce (...) sauvage et indomptée répandant le chaos sur son passage" a passé un pacte avec Answell quand ils étaient enfants . Faire le mal sera l'apanage de Finnigan, le bien celui d'Answell.
Ce dernier, sous la coupe de parents qui veulent tout contrôler, se réjouit dans un premier temps de cette alliance. mais quand une vague d'incendies et de méfaits vient semer la zizanie dans cette petite bourgade australienne, Answell va essayer d'arrêter son ami.
Finnigan existe-t-il vraiment ? La question de l'identité, celle de la responsabilité sont au coeur de ce roman qui brouille les frontières entre fantastique et réalité.
Une écriture poétique puissante qui sait créer un climat étouffant, un roman tout à la fois beau et angoissant sur le passage de l'enfance à l'adolescence.
Finnigan et moi, Sonya Hartnett, traduit d el'angalis (Australie) par Bertrand ferrier, Le serpent à plumes 2009, sorti en poche.
Un des rares romans à avoir échappé à la malédiction de la PAL qui fond !:)
Merci Cuné !
Tout le monde l'avait lu, sauf moi !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : sonya hartnett, australie, adolescence
29/06/2010
Plaire aux vaches
"La vie s'organise dans la durée."
Un petit livre vert (pâturage) qui se cale bien en main , plein d'informations pour mieux connaître les vaches et établir avec elles une relation sereine et harmonieuse.
Quelques traits de poésie viennent relever ces conseils de base* qui seront bien utiles à ceux qui voudraient se lancer dans l'élévage bovin.
Un état d'esprit bien éloigné de la productivité à tout prix et de la gestion à court terme.
Plaire aux vaches, Michel Ots, Atelier du gué 2001, 118 pages qui respirent le bonheur.
* confirmés par un agriculteur !
06:00 Publié dans la galerie des vaches, Objet Littéraire Non Identifié | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : vaches, non, je ne veux pas me lancer dans l'élevage !
28/06/2010
68 mon amour/le général et moi *
Le 29 mai 1968 le Général de Gaulle s'éclipse à Baden-Baden tandis que les étudiants manifestent dans la rue et que certains se préparent à assumer sa sucession...
Le narrateur, étudiant "méritant" en droit et fervent gaulliste s'obstine à suivre ses cours mais circule aussi -parfois en camion poubelle- dans un Paris en ébullition en compagnie d'allemands-non roux- et d'amis d'enfance qui transportent une grenade.
Ambitions politiques, amours, famille nombreuse, tout ceci donne lieu à une narration alternant différents points de vue, le tout dans une ambviance bon enfant où l'on retrouve la verve du Champ de personne.
Daniel Picouly, deux titres pour un roman très agréable et enlevé.
Emprunté à la médiathèque.
*où comment coller à l'actualité en toutes saisons (68 mon amour paru en 2008 pour le quarantième anniversaire des événements de mai, Le général et moi, titre du poche pour l'anniversaire de l'appel du 18 juin).
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (2)