16/06/2010
Rien ne va plus
« Ci-gît Aurore, noyée dans le philtre.»
Aurore, maintenant en classe de Seconde, doit jongler entre ses fiches de lecture (hilarantes), sa famille avec , entre autres, une soeur qui rentre dans le rang et une autre qui entend tout régenter, sans oublier son groupe.
Et l'amuuuuur dans tout ça ? Il est toujours au centre de ses préoccupations mais notre chère Aurore va aussi se lancer dans l'écriture de chansons, voire de chansons « engagées » car un embryon de conscience politique va lui naître...
Aurore s'émancipe aussi : elle sort (un peu), elle boit (trop) mais une seule fois et se frotte même au monde de la télévision, mais là où Marie Desplechin donne toute sa mesure c'est dans la description d'une semaine de vacances chez des gens trop parfaits et proprement atroces.
Je n'ai pas cessé de m'esclaffer et de rire en suivant ce qui est suggéré comme le dernier tome du journal d'Aurore, un final en beauté donc !
Emprunté à la bibliothèque.
Rien ne va plus, Marie Desplechin, Ecole des loisirs 2009 , 326 pages.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : marie desplechin, journal d'aurore tome 3
15/06/2010
La ferme des Neshov
Ayant été quelque peu échaudée par la traduction calamiteuse du précédent volume, j'ai sagement attendu que La ferme des Neshov me tombe sous les yeux.
Et là, en un rien de temps j'ai retrouvé mes repères et suivi avec passion les rebondissements de cette saga familiale placée ici sous le signe du changement.
Débarrassés du lourd secret qui plombait l'ambiance , les personnages vont en effet évoluer de manière parfois radicale. Chacun d'entre eux devient encore plus attachant-même Margido le croque-mort !- et l'on apprend au passage comment décorer de manière originale une vitrine , les rudiments du dressage canin ou l'art et la manière de sauver des porcelets.
La transmission de la ferme devient un problème crucial et Anne B. Ragde joue avec nos nerfs en terminant ce volume sur un suspense insoutenable. De la belle ouvrage !
La ferme des Neshov, Anne B. Ragde, traduit du norvégien par Jean Renaud, 380 pages qui donnent envie d'aller faire un tour en Norvège.
l'avis de Cuné.
Emprunté à la médiathèque.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : anne b. ragde, ferme, saga familiale
14/06/2010
13 heures
"Elle était forcément en sécurité avec quelqu'un qui aimait les livres."
Benny Griessel a senti dès son réveil que cette journée ne serait vraiment pas bonne. Effectivement. Chargé de superviser de jeunes flics du Cap, il va être confronté au meurtre d'une jeune américaine et à celui d'un ponte de la musique, tout en luttant contre une irrésistible envie de replonger dans l'alcool.La tension sera à son comble quand les policiers découvriront que les meurtriers de la touriste traquent maintenant son amie.
Scandées par les indications horaires, ces Treize heures ordinaires d'un flic sud-africain se révèlent particulièrement intenses. Deon Meyer nous plonge dans les embouteillages, la chaleur, les pannes de courant qui paralysent la ville et entravent les policiers. Avec un montage saccadé, il frustre sciemment son lecteur, passant d'une affaire à une autre, multipliant les points de vue en nous faisant partager au passage les tiraillements qui agitent les différents groupes ethniques composant cette fameuse nation arc-en-ciel. L'apartheid a disparu mais l'harmonie ne règne pas pour autant. Les personnages sont bien croqués et le roman est haletant. Prévoir une longue plage horaire pour déguster ce roman d'une seule traite !
13 heures, Deon Meyer, Seuil policiers 2010, traduit de l'anglais(afrique du sud) par Estelle Roudet., 460 pages scotchantes.
Emprunté à la médiathèque.
A noter que le précédent vient de sortir en poche. Billet ici.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : deon meyer, afrique du sud, suspense
13/06/2010
Rosalie Blum, II, Haut les mains, peau de lapin
Aude, ne va plus à l'université et glande avec un peu de mauvaise conscience en compagnie de son Kolocataire, encore plus fauché qu'elle et toujours entre deux projets de numéros de cirque foireux. Les journées sont monotones ausi quand Rosalie Blum, sa tante, demande à la jeune fille d'espionner un homme qui la suit, c'est avec enthousiasme qu'Aude et ses amies Cécile et Bernadette se lancent dans l'aventure.
Camille Jourdy montre très bien cette paresse qui englue son héroïne, procrastinatrice de première, qui comate devant la télé plutôt et "oublie" systématiquement les rappels de la vie quotidienne.
Les dessin fourmillent de détails et ceux qui occupent une pleine page sont de parfaits petits tableaux du quotidien, salon encombré, marché miteux, paysages de banlieue, qui prennent ici une dimension poétique et tendre. On en redemande ! Alors que celui-ou celle- qui a emprunté le tome 1 à la médiathèque se dépêche , bon sang de bois !
Il y avait (très ) longtemps que je n'avais pris un tel plaisir à lire et à admirer une BD !
Rosalie Blum, tome II, Haut les mains , peau de lapin, Camille Jourdy, Actes Sud bd 2008.
Emprunté à la médiathèque.
Plein de liens chez Theoma !
06:00 Publié dans BD | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : camille jourdy, oui ça devient une habitude de commencer par le tome 2 !
12/06/2010
Chanson sans paroles
Liz, mariée, deux enfants, a su préserver , par-dessus les années son amitié avec Sarabeth, bine partie pour rester célibataire.
Quand Lauren la fille de Liz tente de se suicider toute cette belle harmonie va lentement mais sûrement se fissurer, cet acte renvoyant trop Sarabeth a son passé douloureux.
"Et qu'était une amie alors? ", c'est à cette question que tentent de répondre chacune de leur côté ces deux personnages féminins qu'Ann Packer peint avec beaucoup d'empathie. On pourrait également y ajouter cette question sous-jacente: "Et qu'était une mère alors ? ", Sarabeth ayant eu une mère qui n'a pu ou su assumer ce rôle tandis que Liz se torture à l'idée de ne pas être une mère suffisamment bonne.
En parallèlle, un très joli portrait d'adolescente qui s'autodéprécie et n'arrive pas à nouer des liens d'amitié et/ou d'amour.
Que l'on s'identifie à l'une ou l'autre de ces femmes, on trouvera un texte jamais mièvre , parfois acide mais avec une lucidité sans pareille ainsi Liz:"Elle refit la queue pour acheter son paquet de café, alors que la vendeuse essayait, tant bien que mal, de se faire à l'idée qu'elle était payée pour travailler. Elle devait avoir dix-huit ou dix-neuf ans et était si lente que ce ne pouvait qu'être voulu. Liz comprit qu'elle n'aurait pas été aussi énervée si elle n'avait craint que Lauren ne finisse comme elle."
Un très bon moment de lecture.
Vient de sortir en poche chez Points Seuil.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : ann packer, amitié féminine
11/06/2010
Brève histoire de pêche à la mouche
"Il y a des gens qui, essentiellement, tirent leur sécurité de la permanence de leur malheur."
Quand trois psys partent à la pêche un matin de septembre, qu'est-ce qu'ils se racontent? des histoires de psy ? Pas seulement. Ils nous livrent aussi les phantasmes ( très chastes au demeurant) que leur inspire une jeune serveuse ,ainsi que leurs pensées les plus noires. Ils frôleront une mini catastrophe mais apprendront fortuitement qu'une autre, bien plus réelle, se déroulait simultanément , ailleurs...
Un récit plein de couleurs, de sensations qui m'a parfois mise mal à l'aise car ces pensées tournant autour de la jeune femme je n'avais pas vraiment envie de les connaître. Des pages parfois dérangeantes mais aussi souvent très belles.
Un grand merci à Lily pour le prêt !
Brève histoire de la pêche à la mouche, Paulus Hochgatterer, traduit de l'autrichien par Françoise Kenk, Quidam éditeur.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : paulus hochgatterer, pêche, psychanalyse
10/06/2010
Rester vivante
"Les mots ont été pires que les coups."
Coincée entre une mère passive et un père qui entretient une relation trouble à la sexualité, Josepha, fille unique, peine à ajuster son corps et ses idées. Elle bride ses mots car "Si je commence à dire ce que je ressens, ça fera un massacre." Il lui faudra aller vers les autres pour Rester vivante.
Catherine Leblanc a su trouver les mots pour dire le mal-être de cette adolescente, la violence et la tendresse qui se succèdent à la seconde, la révolte et la léthargie qui caractérisent souvent cette période riche en montagnes russes. A plus de trente ans de distance, j'ai revécu au plus profond les sensations et les sentiments qui se bousculaient alors en moi. Une drôle d'expérience !
La couverture sobre, presque épurée de cette nouvelle édition s'ajuste parfaitement aux propos de l'auteure.
Rester vivante, Catherine Leblanc, Actes Sud junior 2007 , réédition 2010 , 109 pages qui sonnent juste.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : catherine leblanc, adolescence
09/06/2010
L'école des dingues
"Il y a des gens qui sont bipolaires.
Moi, je suis simplement polaire."
"...Trop dingue pour imposer des frontières relationnelles " selon un de ses élèves, Madeline semble néanmoins avoir trouvé sa place d'enseignante au sein de la Santangelo Academy, établissement privé pour adolescents à problèmes.
Drôle d'école où l'on distribue aux élèves des calmants comme des bonbons, où la discipline est tout à la fois sévère et lâche et où les profs doivent régulièrement subir (le mot n'est pas trop fort) des entretiens psychologiques qui tournent vite aux règlements de compte.
Le suicide d'un couple d'ados va obliger Madeline à lancer un grand coup de pied dans la fourmilière et ce qu'elle va mettre à jour ne correspondra sûrement pas à ses attentes.
Une école privée qui ressemble fort à une secte, des profs plus bizarres les uns que les autres, sans oublier une héroïne, rebelle à toute forme d'autorité, un cocktail détonnant qui emporte immédiatement l'adhésion.
Pourtant l'intrigue surtout dans sa dernière partie qui envisage tous les motifs susceptibles d'éclairer le comportement des protagonistes s'embourbe un peu mais on pardonnera volontiers ce faux pas à Cornelia Read et l'on n'aura qu'une envie : découvrir au plus vite le premier volume mettant en scène Madeline !
L'école des dingues, Cornelia Read, Actes-Sud 2009, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Laurent Bury , 300 pages qui speedent.
Emprunté à la médiathèque.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : cornelia read, école, éléves, profs, mais des comme ça, on n'en veut pas!
08/06/2010
Les veuves d'Eastwick
"Pour revoir la scène de notre fleur de l'âge."
Trente ans après, Les sorcières d'Eastwick sont devenues Les veuves d'Eastwick et reviennent sur les lieux de leurs forfaits, nettement moins séduisantes et avec des pouvoirs affaiblis. A leur actif autrefois, sexualité débridée et mort provoquée par leurs incantations. pas sûr que leur retour soit apprécié par les autochtones...
Ultime roman de John Updike, Les veuves d'Eastwick souffre dun début laborieux. Certes les voyages en Egypte et en Chine permettent d'enviasger la mort sous des formes différentes mais on a parfois l'impression de lire un guide de voyage en à peine moins ennuyeux. Passé ces trente premières pages ,on se laisse enfin charmer par ces sorcières qui ont vieilli mais n'ont rien perdu de leurs fortes personnalités. C'est l'heure des bilans et même si certaines se voilent la face, il n'est guère brillant. Tout à leur envie de liberté, ces femmes ont négligé leurs enfants et une seule sorcière essaiera de combler le fossé qui s'est creusé entre sa fille aînée et elle.
Le propos est sombre, sans concessions, on s'est bien amusé mais les temps ont changé et les sorcières , à l'image des Etats-Unis, ont perdu de leur superbe. Updike les décrit de manière lucide et presque cruelle ces femmes riches ou moins riches mais jouissant d'une liberté confortable.
Des pages explicatives techniques alourdissent parfois le propos et l'on sort de ce roman inégal un peu désenchanté mais néanmoins ravi d'avoir retrouvé Alexandra, Jane et Sukie.
Les veuves d'Eastwick, John Updike, Seuil 2010, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Claude et Jean Demanuelli, 349 pages.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : john updike, les sorcières ont vieilli et l'auteur aussi
07/06/2010
De l'eau pour les éléphants
Sur fond de prohibition et de crise de 29, un cirque qui voudrait égaler Barnum sillonne les Etats-Unis , comme c'était l'habitude à l'époque, en train. Parmi la foule des animaux, des techniciens et des artistes, un nouveau venu: Jacob Jankowski, un orphelin de fraîche date, promu vétérinaire soigneur.
Il va découvrir l'envers du décor et l'exploitation sans vergogne des hommes et des animaux.
Roman d'apprentissage, De l'eau pour les éléphants est bien huilé, un tantinet prévisible mais on prend beaucoup de plaisir à découvrir la vie de ces cirques ambulants. Sara Gruen a le chic pour rendre ses personnages attachants et bien visibles.
Un roman sans prétention ,qui n'a ni le souffle ni l'ambition d'un Steinbeck ou d'un Zola, mais qui se lit avec beaucoup de plaisir.
De l'eau pour les éléphants, Sara Gruen, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Valérie Malfoy, Albin Michel 2007 , Livre de poche 2009, 469 pages qui glissent toutes seules.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : sara gruen, cirque, dépression 1929