Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/09/2010

Le septième fils

Incendies, profanations de tombes, finalement Einar, correspondant du Journal du soir n' a pas le temps de s'ennuyer dans ce coin paumé d'Islande de l'Ouest, touché par la crise de la pêche !41C77d5Hd5L._SL500_AA300_.jpg
A défaut d'être aidé par la trop laconique commissaire de police, Einar fourrera son nez un peu partout et parviendra à démêler les fils de cette pelote qui remontent jusqu'à la capitale Reykjavik.
Il est toujours intéressant de voir évoluer un personnage récurrent.Il n'a pourtant pas grand chose de sympathique ce journaliste qui fait fi des sentiments des témoins et ne semble pas s'embarrasser d'un semblant d'éthique, son journalisme tenant plus du sensationnalisme que de l'investigation.
Il y avait donc de la matière à exploiter et pourtant en lisant Le septième fils on a le sentiment que l'auteur se contente d'effleurer tout cela .
Le récit aurait donc largement gagné à se centrer sur l'homme politique et à creuser davantage la psychologie des personnages.

Le septième fils, Arni Thorarinsson, traduit de l'islandais par Eric Boury, Métailié noir 2010 , 351 pages.

 

23/09/2010

Grand paradis

"Mais j'étais bien prétentieuse ,de me sentir coupable de tous les malheurs."

Dominique, fleuriste dans une station balnéaire est à l'aube de la cinquantaine. Mais a-t-elle jamais quitté les rives de l'adolescence , voire de l'enfance ? (d'ailleurs tout au long de ma lecture je l'imaginais plus  jeune ) .Toute sa vie, elle s'est sentie différente et le regard des autres et les mots , parfois crus et violents de sa soeur aînée n'ont rien fait pour l'en dissuader."Sans doute, tous les enfants , à un moment de leur vie ,se croient-ils seuls de leur espèce. Pour moi le moment  s'était bien longuement étiré."61Soj7Z234L._SL500_AA300_.jpg
La découverte d'une photo de femme va l'entraîner dans une quête d'identité familiale ,quête qui croisera le destin de ces hystériques de la fin du XIXème siècle ,étudiées par Charcot et dûment photographiées par Albert Londe. 
Dominique ressent dans sa chair les tourments de cette femme à laquelle elle se sent liée, tout comme elle est reliée à la nature et aux plantes sauvages qu'elle ne peut s'empêcher de repérer, même en ville*, cette nature qui lui apporte la paix et à laquelle elle porte une attention extrême : "J'avais toujours été frappée par l'injustice que me semblait représenter la contrainte immobilité végétale."
Angélique Villeneuve, dans un style à la fois sobre, puissant et poétique, au plus près des sensations, nous entraîne, fascinés, dans l'univers de Dominique , un univers où "Les mots jaillisaient d'elles comme des lièvres de leur terrier, puis s'évanouissaient , retombaient en fine poussière dans la cuisine, comme s'ils n'avaient jamais existé."Mais ceux du Grand paradis sauront trouver le chemin de nos coeurs et de nos mémoires...

Grand Paradis, Angélique Villeneuve, Phébus 2010 167 pages sensibles , végétales- et très cornées, un bon indice !.

* Angélique Villeneuve est aussi l'auteure de ce livre, auquel elle fait une allusion page 58 en ces termes: "un drôle de petit ouvrage sur la cuisine des plantes sauvages."

C'est jeudi ,c'est momiji *

"L'automne rivalise avec le printemps dans le coeur des Japonais. Si les deux saisons se ressemblent par l'agrément du climat, elles divergent par la beauté, celle de l'automne, empreinte non de l'éclat du renouveau, mais de la mélancolie du déclin, faisant surgir des sentiments plus profonds. Si les fleurs de cerisier évoquent le printemps, l'automne a pour symbole l'érable du Japon, qui prend alors des couleurs rouges si intenses qu'elles peuvent se refléter sur le papier des portes coulissantes d'une proche maison."

 

Marc Peter Keane

L'art du jardin au Japon, cité en exergue de Un automne à Kyoto de Karine Reysset.41mvB0bDeiL._BO2,204,203,200_PIsitb-sticker-arrow-click,TopRight,35,-76_AA300_SH20_OU08_.jpg

*feuilles d'érable rouge.

Pour des photos, c'est ici

775617785.gif

 

22/09/2010

Il faut rester tranquille

"La vérité, c'est l'unique façon d'accepter les situations les plus difficiles."

Le père de Juliette est mort. Dix ans c'est très jeune pour devenir orpheline .Mais quel que soit son âge, Juliette se rend vite compte que son frère aîné et sa mère ne lui disent pas toute la vérité concernant ce décès. Croyant la protéger, ne vont-ils pas au contraire l'empêcher de vivre son deuil ?
Isabelle Rossignol aborde le problème du suicide d'un parent -apparemment dépressif- tout à la fois avec originalité et délicatesse.41V8WPeQ4dL._SL500_AA300_.jpg
Délicatesse car elle évoque avec sensibilité les différentes réactions de Juliette face à la mort. Originalité car elle envoie balader avec une réjouissante irrévérence les mines et les tenues "de circonstance" que certains se croient obligés d'observer . Ainsi Juliette ira-t-elle à l'enterrement de son père dans une tenue colorée et , sur les conseils de M. Jallin, le psy qui aide la famille, ne s'empêchera pas de rire, même si elle aura besoin de temps en temps de prendre l'écharpe de son papa, de la renifler et de pleurer...Chacun vit son deuil à sa façon.
L'auteure se situe vraiment à la hauteur de cette enfant qui se demande avec franchise comment elle va affronter le retour à l'école, parmi ses camarades qui, eux non plus ne sauront pas forcément comment se comporter.
Un roman alternant pleurs et rires, un roman plein de vie.

Il faut rester tranquille, Isabelle Rossignol. 92 pages. Ecole des loisirs 2010, collection Médium.

21/09/2010

Si peu d'endroits confortables

"-Oui, j'aime bien l'hiver. C'est une saison où on peut se blottir contre les gens sans qu'ils  te demandent pourquoi. Tu te blottis parce que tu as froid et les gens n'ont pas besoin de savoir que le courant d'air est à l'intérieur."

Si peu d'endroits confortables, et tellement de manques, de douleurs, de tristesses. Paris n'est pas la Ville-Lumière où Joss espérait peindre, s'exilant loin de chez lui. Paris n'est que la ville triste et grise où Hannah erre en écrivant à la fille qu'elle aime et qui est partie, dans un carnet bleu qui déborde parfois sur les tables mais aussi sur tous les endroits où Hannah va laisser ce leit-motiv donnant son titre au roman , leit-motiv qu'elle ne va bientôt plus maîtriser.51HCRAwe63L._SL500_AA300_.jpg
Quand Hannah et Joss se rencontrent , chacun va essayer de réenchanter le monde pour l'autre mais leurs deux solitudes sauront-elles annuler l'absence de celle dont nous ne connaîtrons jamais le prénom ?
Alternant les points de vue, sécrétant une poésie à la fois douce et mélancolique, Si peu d'endroits confortables est un de ces textes un peu magique, qu'il faut prendre le temps de savourer pour se glisser dans son atmosphère si particulière. Une écriture qui prend le temps de réinventer le monde .

Si peu d'endroits confortables, Fanny Salmeron, Stéphane Million Editeur, juin 2010,146 pages mélancoliques et tendres.

20/09/2010

La folle équipée de Sashenka Goldberg

"Elle n'était plus l'animal de compagnie  juif et soviétique de quelqu'un , mais seulement un élément du décor, une fille dans un aéroport."

Sashenka Goldberg , en quelques années, va vivre plusieurs vies. De sa Sibérie natale aux Etats-Unis, elle devra fuir plusieurs fois mais saura toujours s'adapter, tant aux gens qu'aux circonstances. Il vaut  mieux d'ailleurs car être à la fois "Noire" et Juive et Soviétique n'est pas de tout repos, surtout quand on est doté d'un corps massif...410WBWl4mwL._SL500_AA300_.jpg
Pas de trémolo mais une narration qui avance tambour battant, effectuant de brusques coupes , juste pour éviter le pathétique et/ou susciter l'intérêt du lecteur. De l'émotion pourtant car les tribulations de Sasha en sont pleines et toujours inattendues.  Notre héroïne semble parfois stagner mais toujours elle aura le déclic qui la fera se réinventer une nouvelle fois. On ne s'ennuie pas une minute au fil de ses 473 pages.

 

Un grand merci à Cuné !

19/09/2010

La pêche aux mots

"On est pêcheur, pas empailleur."

Pêche et littérature font souvent bon ménage comme nous l'ont prouvé récemment toute une série de romans.41Yzdv6kglL._SL500_AA300_.jpg
Se faufilant parmi eux, un très bel objet littéraire tout de noir, blanc et rouge  élégamment vêtu ,très fin dans tous les sens du terme, vient de trouver sa place : La pêche aux mots.
Respectant le principe de cette collection, l'auteure, qui n'est pas illustratrice d'ordinaire, a été invitée à accompagner elle-même graphiquement son texte afin de le signer davantage encore. Antigone a pensé à La linéa, j'y ai retrouvé le graphisme du  Petit livre des gros câlins !41E8C32JK5L._SL500_AA300_.jpg
En tout cas, cette simplicité du trait s'allie parfaitement au texte qui file la métaphore de la pêche et de l'écriture, évoquant aussi bien le calme nécessaire à la rédaction que "les viscères" des poissons attrapés: "On n'y touche pas, on les laisse dedans, c'est là que ça bat." En quelques phrases tout est dit . A chacun de s'approprier le texte et de le gfaire résonner en soi.

La pêche aux mots, Joëlle Ecormier, Motus 2009. A lire et relire.

Merci qui ? Merci Dame Cuné bien sûr !:)

18/09/2010

Tableaux d'une exposition...en poche

"La vie n'était-elle pas plus facile sans cette femme si difficile ? "
Une exposition rassemblant tableaux mais aussi vêtements emblématiques de la célèbre Rachel Kelly, qui vient de décéder brutalement, voilà le point de départ de chacun des chapitres du roman de Patrick Gale, Tableaux d'une exposition. 51XPfBqf7QL._SL500_AA300_.jpg
A la présentation parcellaire ,et forcément lacunaire , de chacun des éléments de cette rétrospective, répond le texte du roman qui explore au plus près l'univers d'une femme fascinante, à la fois mère et épouse prédatrice , mais aussi passionnée, excentrique et si vivante quand la dépression la laissait tranquille. Une femme brûlée par son art et qui, bien involontairement , laissa derrière elle une famille déchirée . Cette famille possède cependant un centre de gravité , un homme exceptionnel lui aussi : Anthony, le père et l'époux, sorte de roc inamovible, quaker qui sut aimer et protéger tous les siens .
Pas de portrait à charge cependant, Patrick Gale avec la sensibilté qu'on lui connaît brosse ici le tableau d'une famille dont les enfants, très jeunes ,ont appris à composer avec la maladie de leur mère, et plus âgés ont eu du mal à se confronter à son talent... Nous découvrons petit à petit les différentes facettes de cette femme qui refusait de parler de son passé.
Les rebondissements et les changements de point de vue rendent le récit si vivant et rapide qu'on ralentit le rythme de lecture pour savourer un peu plus longtemps ce roman qui vibrera longtemps en nous. A noter que l'auteur réussit le pari ,si souvent raté, de nous faire voir les tableaux de Rachel. Une réussite !

17/09/2010

Trouville palace

Maurice n'a vraiment pas de chance : le voilà contraint par une scarlatine et des parents empêchés de partir à Trouville chez sa grand-tante Willa, 60 % mauvais poil, 40 % mauvais caractère !
Finalement le séjour s'avérera plus agréable que prévu car bien sûr Willa est plutôt pince-sans -rire que méchante et en plus elle habite un ancien hôtel de luxe , le Trouville Palace , superbe décor pour un enfant plein d'imagination qui sait traverser les portes fermées...51sU+8qi+7L._SL500_AA300_.jpg
Beaucoup d'humour et de poésie dans ce délicieux roman qui file à toute allure et plaira sans nul doute aux enfants à partir de dix ans.

Trouville Palace , Malika Ferdjoukh, neuf, Ecole des loisirs, 67 pages pleines d'une douce mélancolie.

L'avis de Clarabel

 

16/09/2010

La couleur des sentiments

"Nous connaissons tous ces lois, nous vivons ici, mais nous n'en parlons jamais."

La lutte pour l'égalité des droits est en marche mais le Mississippi des années 60 n'est pas tendre pour les Noirs...Situation paradoxale : tous ces Blancs qui supportent sans broncher ou encouragent la ségrégation ont été élevés par des bonnes Noires. Que pensent ces dernières de cette situation ? Elles qui auraient pu poursuivre des études mais dont l'avenir était déjà tout tracé. Une jeune femme Blanche , en quête d'indépendance et apprentie écrivaine, va leur donner la parole. ce livre sera-til écrit? Sera-t-il publié ? Quelles en seront les conséquences ? Autant de questions qui tiendront en haleine le lecteur (prévoir un endroit isolé et des boules quiès pour laisser le monde frapper à votre porte et finir en toute quiétude ce roman qui vous prend par la main et ne vous lâche pas!).307403527.jpg
Le roman de Kathryn Stockett fourmille de personnages attachants et hauts en couleurs. Je n'oublierai pas de sitôt la pestouille ambitieuse  Blanche, reine des punaises, qu'on adore détester ! " Gertrude, c'est vraiment le cauchemar de la Blanche du Sud. Je l'adore." C'est un roman très visuel (à quand l'adaptation cinématographique ? ), un de ces romans qui procure un très grand plaisir de lecture. A découvrir sans attendre !

Merci Cuné !

L'Ogresse nous avait alléchées...

la couleur des sentiments, Kathryn Stockett, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pierre Girard, Editions Jacqueline Chambon 2010, 517 pages qui se dévorent.

Perso, il m'a fallu le temps d'infuser et l'enthousiasme s'est révélé plus grand encore a posteriori que pendant la lecture ! Le temps que mon p'tit coeur de pierre se fendille sans doute....