26/04/2010
Là haut, tout est calme
"J'étais le deuxième choix, dis-je. C'était ça le pire."
Depuis que son frère jumeau est décédé dans un accident il y a 35 ans,Helmer van Wonderen a dû le remplacer à la ferme familiale. Mais vingt ans plus tard, brusquement Helmer décide de monter son père grabataire au premier étage et de réaménager la maison. première étape d'un changement de vie significatif qui s'annonce pour celui qui n'a , il l'avouera tardivement, jamais su trouver sa place une fois son frère mort.
Avec une grande économie de moyens Gerbrand Bakker peint avec délicatesse et poésie cette renaissance d'un homme qui jusqu'à présent n'a jamais appris à décider seul.
Ce personnage laconique sait néanmoins tisser avec les animaux et les êtres qui l'entourent de vrais relations et nous surprend sans cesse tant par sa violence feutrée que par sa volonté souterraine mais inébranlable d'avancer enfin. Un livre magnifique , lumineux, et qui accompagne longtemps le lecteur.
Merci Belle ! tu vois il m'a fallu le temps de me décider mais j'ai savouré chaque page !
Là haut, tout est calme, Gerbrand Bakker, traduit du néerlandais par Bertrand Abraham, Gallimard 2009, 351 pages qui sonnent justes.
Dominique a aussi été séduite.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : gerbrand bakker, jumeaux, pays-bas, rapports pèrefils
25/04/2010
Je viens de découvrir que ...
...Le ramadan de la parole, de Jeanne Benameur (actes Sud junior 2007) faisait aussi partie d'un recueil de nouvelles : Des filles et des garçons, (Thierry Magnier 2003),déniché en médiathèque...j'ai donc enfin pu le lire ... et l'apprécier !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : jeanne benameur
24/04/2010
Vous reprendrez bien un ch'ti peu de poche ?
Vient de sortir en poche ! Billet ici .
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cypora petitjean-cerf
23/04/2010
Carnets intimes
Il m'a été bien plus facile d'écrire sur le magnifique roman Les femmes du braconnier qui évoquait la vie de Sylvia Plath que sur ces Carnets intimes qui regroupent à la fois des nouvelles et des extraits du journal de la romancière, novelliste, diariste et poétesse américaine.
Difficile en effet de se frayer un chemin à travers la broussaille de clichés attachés à cette jeune femme suicidée , rapidement devenue ce que nous appelons aujourd'hui une icône pour certains. Difficile aussi de se départir d'un sentiment de gêne à l'idée de lire ces carnets intimes , même si on se dit que chaque écrivain les écrit autant pour lui que pour la postérité.
Les extraits de son journal nous montrent une Sylvia exaltée et lumineuse, mais aussi apaisée quand elle vit à la campagne avec son mari. ce que l'on retrouve aussi dans certaines nouvelles , dont une reprend directement un épisode de vacances amoureuses en Espagne. Ce va et vient entre les nouvelles et la vie de l'auteure semble constant même si le travail de l'écriture vient sublimer le travail de la mémoire.
Mais la dépression rôde toujours et Plath nous libre ici dans Langues de pierre une nouvelle mettant en scène une jeune femme qu'on devine enfermée dans un hôpital psychiatrique, texte tout en légèreté apparente mais qui distille un sourd malaise, en particulier quand l'héroïne prépare son suicide avec une méticulosité annonçant celle dont fera preuve Sylvia pour épargner ses enfants quand elle décidera de mettre fin à ses jours. Les nouvelles ne sont pas toutes aussi pregnantes mais l'ensemble est toujours aussi fascinant.
Carnets intimes, Sylvia Plath, traduit de L'américain par Anouk Neuhoff.
Merci à BOB et aux éditions de la Table ronde .
L'avis de Lilly, tout aussi séduite!
06:00 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : sylvia plath
22/04/2010
Si on rentrait
"Les bonnes maisons sont celles qui absorbent les joies, les peines, les disputes, les réonciliations, les souvenirs et les objets qu'on n'a pas choisis."
Un homme, jaloux de son voisin, qui ne supporte pas la nouvelle affectation des pièces de sa maison; une femme qui, mine de rien, se fait évincer de chez elle, une autre qui aime les maisons plus que leurs propriétaires et les investit un peu comme un bernard-l'ermite, phagocytant leurs souvenirs, tels sont quelques uns des héros qui peuplent le recueil de nouvelles, Si on rentrait
Tous ces textes ont en commun de mettre en scène, à des degrés divers, une maison, révélatrice des tensions ou des rêveries qui s'y donnent libre-cours.
Maisons de famille enjeu de luttes sournoises ou franches, maison témoin de la générosité mal payée de retour, maison vitrine, toutes ont su parler à mon coeur, même si , léger bémol, je regrette l'aspect un peu mécanique de certaines nouvelles à chute.
Véronique M.Le Normand passe avec bonheur d'un univers à un autre, peignant toujours avec délicatesse et subtilité les errements des âmes et des coeurs. On part avec Karine au marché, on frémit à l'idée de rencontrer "l'amie des maisons", on sourit, on se réjouit ou on se reconnaît au passage et à peine a-t-on terminé ce recueil qu'on n'a qu'une envie: prolonger le plaisir en le relisant aussitôt. Ce que j'ai fait !
Si on rentrait, Véronique M. Le Normand, Editions Thierry Magnier 2010 , 107 pages pour les amoureux des maisons, et les autres ! Et hop, sur l'étagère des coups de coeur!
Noté chez Clarabel.
06:00 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : véronique m. le normand, maison
21/04/2010
White palace
"Il voulait se peletonner dans la chaleur de son aisselle et hiberner là tout l'hiver."
Max, vingt-sept ans , rédacteur publicitaire en devenir, veuf toujours éploré et abstinent, se retrouve il ne sait trop comment dans le lit de Nora, la quarantaine débutante, serveuse au White palace, fast-food du pauvre.
Antithèse absolue de son épouse et de lui même, Nora se révèle quasiment impossible à définir par Max. Tout juste arrive-t-il à dire qu'elle est callipyge. Tout les oppose donc et surtout la honte de Max à l'idée de présenter cette femme pauvre, inculte et mal dégrossie à sa famille et ses amis. Et pourtant il lui est impossible d emettre un terme à cette love-story...
Histoire d'amour qui se joue des convenances White palace est un pur délice.Glenn Savan contourne avec adresse chaque écueil attendu (interprétatiuon psychanalytique sauvage, tentation de Pygmalion) et on en lâche plus ces deux héros qui se prennent le nez , en croisant les doigts pour que tout finisse bien.
L'auteur nous offre également un portrait décapant de la société de consommation américaine et du monde de la pub , particulièrement réjouissant. Une réussite à tous points de vue.
White Palace, Glenn Savan, traduit de l'américain par Isabelle Reinharez, Babel, 514 pages qui en paraissent moitié moins.
Merci Cuné , qui a su me forcer la main!
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : glenn savan, amour
20/04/2010
Les pieds dans l'eau
"Vous n'avez jamais vu l'aube . La vraie. Pas celle du premier train de banlieue. Seul le pêcheur sait le goût exact du matin, le goût du pain et celui du café de l'aurore. il a , seul, ces privilèges exorbitants. Né subtil, il n'en parle pas. Il garde tout cela pour lui. C'est un secret entre le poisson et lui, l'herbe et lui, l'eau et lui."
Délicieusement teintés de mélancolie, chauffés au soleil de l'amitié, les textes composant Les pieds dans l'eau réjouissent le coeur des lecteurs qu'ils soient ou non pêcheurs. Mêlant poésie, gouaille et coups de gueule, René Fallet nous livre ici un condensé de bonheur de lecture et de bonheur tout court.
René Fallet, Le cherche midi 2010 , 92 pages à lire Les pieds dans l'eau, ou pas.
L'avis enthousiaste de Cuné
Celui d'Amanda, tout aussi charmée.
06:04 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : rené fallet, pêche
19/04/2010
Tous à la campagne !
"Mettez autant de couches que possible . Puis rajoutez-en une."
Parce que son époux est tombé amoureux de l'idée de vivre à la campagne, plus précisément au fin fond du Northumberland, une journaliste cent pour cent londonienne, va quitter sa vie trépidante de mère- de- famille- qui- travaille- en -ville pour le grand plongeon dans l'inconnu rural.
Non content de l'y emmener, le charmant mari va le plus souvent la laisser se débrouiller seule -car bien évidemment son travail l'appelle souvent à la capitale- non sans avoir oublié au passage de faire le plein d'essence de la voiture familiale...
Déménagements à répétition, travaux qui vont la mener à cohabiter plus ou moins avec des artisans locaux, sans compter les difficultés d'intégration pour notre héroïne et l'un de ses enfants, les péripéties s'enchaînent pour le plus grand bonheur de la lectrice qui se reconnaîtra à coup sûr dans l'une des expériences de Judith o'Reilly qui , journaliste exilée, a tenu un blog avant de mettre en pages ses aventures.
On y apprendra au passage que pour faciliter la "rentrée des mamans", celles-ci se voient remettre un sachet de thé enrubanné, après avoir déposé leur chérubin à l'école ou qu'un "charmant jeune homme du National trust" peut venir inspecter votre projet d'extension pour vérifier que vous n'allez pas déranger quelques chauves-souris protégées...
Un livre qui ne révolutionnera pas la littérature mais qui est bien troussé, enlevé et tient toutes ses promesses: nous vider la tête et nous faire sourire !
Tous à la campagne, traduit de l'anglais par Isabelle Chapman, Belfond, collection mille comédies, 2010, 374 pages de pure détente.
06:00 Publié dans Humour, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : judith o'reilly, grande-bretagne
16/04/2010
C'est dans la poche !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (5)
15/04/2010
Qu'elle aille au diable, Meryl Streep !
Jeune marié, le narrateur ne jouit guère de la présence de sa femme car celle-ci préfère vivre chez sa mère et ne lui accorde ses faveurs qu'avec parcimonie . Le fait qu'elle semble avoir des connaissances en matière de sexualité bien peu en rapport avec sa prétendue virginité ne semble guère troubler le benêt qui l'a épousée.Pas plus d'ailleurs que la grossesse déjà annoncée à demi-mots.
Ce mariage arrangé semble commencer d'une bien étrange façon mais le narrateur croit pouvoir tout arranger et décider sa femme à venir habiter dans leur nid d'amour-qu'elle compare à une tombe- en achetant un superbe téléviseur. Las, il n'en profitera que tout seul car sa femme le quittera dès qu'elle aura appris la tentative de viol de son époux sur la jeune couturière venue s'occuper des rideaux de l'appartement conjugal. Abandon qui se fera en présence de toute la famille braillarde et vengeresse de l'infortunée jeune fille.
Et Meryl Streep dans tout ça ? Hé bien elle est la vedette de Kramer contre Kramer que le narrateur verra en Vo non sous titré.
J'en étais au tiers du livre et je n'avais pas souri une seule fois, j'ai donc planté là le benêt obsédé devant son téléviseur et j'ai abandonné sans remords ce qui était présenté comme une comédie sur le couple et la sexualité et tenait davantage de la farce lourdaude.
06:00 Publié dans je ne regrette pas de les avoir juste empruntés, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : rachid el-daïf, schtroumpf grognon le retour, liban