23/11/2010
Des papous dans la tête
Strip-tease littéraire, Lettres inattendues, pastiches, suites allitératives sont quelques uns des petits délices concoctés par une joviale bande de croqueurs de mots sévissant sur France Culture. Je ne les écoute pas mais comme parmi eux figurent, entre autres , Henri Cueco ou Jacques A. Bertrand je ne pouvais rater cette petite anthologie qui m'a permis de découvrir Hélène Delavault.
J'ai moins été sensible aux contrepets ou aux homophonies approximatives mais je me suis régalée avec la réécriture de poèmes célèbres sous formes de lipogrammes (interdiction d'utiliser certaines lettres) ou les inventaires de Tout ce que vous ne voudriez pas faire dans la vie.Pour le plaisir un extrait de la réponse de Nelly Kaplan :
"-Je n'aurais pas aimé être Salomé car, à force de danser nue, on s'enrhume.
- Je n'aurais pas aimé être la Sulamite car les seins de miel collent aux soutien-gorges.
- Je n'aurais pas aimé être la Vierge Marie car elle a raté le meilleur.
- Je n'aimerais pas être Saturne car les enfants crus sont indigestes.
-Je n'aimerais pas faire l'imbécile car le marché est saturé.
-Je n'aimerais pas être une muse, car les mecs n'ont qu'à trouver l'inspiration tout seuls.
-Je n'aurais pas aimé être ma mère, vu que j'ai très mauvais caractère.
-Je n'aimerais pas faire les 400 coups , car à partir de 300 je fatigue."
Des papous dans la tête, Les décraqués, points seuil 2010, 362 pages à garder à portée de main pour picorer sans modération.
06:03 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : les décraqués
22/11/2010
Pied-de-mouche
"Mazzie, maman et moi étions tous sous amphétamines. En ce sens-là, nous étions tous de la haute."
Quel drôle de p'tit bonhomme que ce John Cromer, cloué au lit depuis l'âge de trois ans par une maladie rare des os ! Plein d'imagination, c'est un être délicieusement excentrique qui analyse avec finesse et beaucoup d'humour les subtilités du monde qui l'entoure. Ce monde dans lequel il ne fera d'abord que de brèves incursions mais qu'il parviendra petit à petit à s'approprier.
Jamais d'auto-apitoiement mais une analyse féroce parfois de son comportement et de celui des adultes, parfois sadiques, qui l'entourent. Il observe tout avec intérêt , y compris les erreurs de la médecine (voir le titre !) et parvient malgré tout à rester un enfant non pas comme les autres mais presque. On le suit de l'enfance à l'adolescence et même si le roman comporte 595 pages qui font parfois ployer nos poignets, on se retrouve à la toute fin un peu déçu de ne pas en avoir davantage à se mettre sous les yeux !
Pied-de-mouche*, Adam Mars-Jones, traduit de l'anglais (Royaume Uni) par Richard Cunningham, Jean-Claude Lattès 2010.
*voir ici
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : adam mars-jones, enfance, maladie, humour
21/11/2010
France 80
"Il est beau, elle n'aime pas la poésie."
Deux parcours dans les années 80 : celui d'une ado de la classe moyenne , habitant près de Nantes, Claire Berthelot ,et celui d'un commercial , coureur de jupons même pas répugnant, chargé de placer des abonnements pour la chaîne cryptée qui vient de voir le jour. Ils ne se croiseront que fugitivement.
Pour les lecteurs ayant connu les eigties ce livre est une vraie mine de souvenirs, entrelaçant marques de produits aujourd'hui parfois disparus (existe-t-il encore du shampoing à la pomme verte ? ) et citations de chansons se fondant dans le texte et par là même inaccessibles à ceux n'ayant pas vécu à cette époque. Il nous offre aussi un portrait très juste de la vie de la classe moyenne et ce n'est pas si souvent que ça arrive.
Le tout pourtant est extrêment distancié, frôlant le clinique, et le lecteur qui s'intéresse malgré tout aux personnages se sent frustré de les laisser brusquement en plan. Ce roman distille également une sourde tristesse comme si l'auteure avait à tout prix voulu éviter l'effet nostalgie . "Hypnotique", estime Cuné, oui mais laissant aussi un peu la gueule de bois. Un anti " la Boum" et autres "Diabolo menthe" et c'est tant mieux !
Merci Cuné !
Merci aussi à Amanda qui a joué les passeuses !
France 80, premier roman de Gaëlle Bantegnie, une auteure que j'aurai plaisir à lire de nouveau. Gallimard 2010, 220 pages râpeuses.
06:00 Publié dans rentrée 2010, romans français | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : gaëlle bantegnies
20/11/2010
L'anniversaire du chat assassin
"Des fantômes dans le placard et des bosses dans le lit, voilà le prix à payer. Que cela vous serve de leçon !"
Sacré Tuffy ! Parce que ses maîtres ont décidé de fêter Halloween plutôt que son anniversaire, (quelle idée d'être né un 31 octobre in England !) notre chat préféré va leur mener la vie dure une semaine durant et organiser sa propre fête. Evidemment les chiens seront interdits. Evidemment une floppée de chats délurés qui s'amusent et bambochent cela ne peut que tourner mal... Mais bien sûr , comme d'hab' ,Tuffy retombera sur ses pattes et continuera de martyriser sans vergogne son maître.
Les chats font la loi !
Une nouvelle aventure sympathique de Tuffy, même si Hallowen a perdu tout son impact en France. Les dessins pleins de malice de Véronique Deiss contribuent au plaisir de ce roman destiné aux enfants qui aiment déjà lire tout seuls.
L'anniversaire du chien assassin, Anne Fine, traduit de l'anglais par Véronique Haïtse.71 pages qui se gaussent (gentiment ) des chiens.
06:00 Publié dans Humour, Jeunesse, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : anne fine, le chat assassin
19/11/2010
Le journal secret d'Amy Wingate
"...à qui j'ai envie d'abandonner mon self-contrôle, le bon sens qui m'a étranglée depuis tant d'années, ma solitude , aussi, vide , aride."
Elle qualifie parfois son journal de "divagations psychologiques à la noix", dépréciant ainsi le contenu du texte qui l'aide à canaliser le flot de ses pensées et à satisfaire la curiosité du lecteur. Elle ? Amy Wingate, prototype parfait de la vieille fille coincée . Du moins en apparence. Car la trop sage Amy qui analyse, sans concessions les liens qui l'unissent à sa riche et jeune amie un tantinet condescendante à son égard, qui use d'elle comme d'un faire-valoir, sait aussi se montrer impulsive et passionnée.
Willa Marsh , avec un style parfois délicieusement surranné (qui fait encore des emplettes de Noël ? ) nous brosse ici un portrait à la fois plein de charme et de causticité. Un régal dont j'ai savouré la lecture en la faisant durer le plus longtemps possible pour ne pas quitter trop vite cette Amy aux multiples facettes. Si délicieusement british !
Merci Cuné !
De la même auteure : ici !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : willa marsh, so british!
18/11/2010
Apocalypse bébé
"ça les change des velus, les pauvres."
Deux simili détectives privées, dont une lesbienne forte en gueule- mais pas que- sont lancées sur les traces d'une pauvre petite bourge à papa "Toute de traviole et raturée." qui se révèlera pourtant être une"Vaillante boule de flipper".Elles la recherchent tout aussi mollement que les parents de la dite donzelle. L'enquête n'est bien évidemment qu'un prétexte. Car, de la même façon que les détectives sont là pour faire parler les différents personnages de la gamine, le roman se donne pour objet de faire le portrait d'une société. Pas joli joli, évidemment on est chez Despentes qui ne fait pas dans la dentelle mais dans les yeux lourdement cernés, la violence et le sexe. Quoique la volonté de choquer qu'on sentait dans ses premiers romans , laisse ici la place à un humour féroce qui dézingue à tout va mais laisse apparaître néanmoins une certaine tendresse. L'écriture s'est bonifiée, a gagné en maturité, et jusqu'à l'avant dernier chapitre on suit avec jubilation les pérégrinations de la (au début) si peu lumineuse Lucie-"Une limace hébétée"- et de la si féroce et si attachante Hyène. La fin est un tantinet ratée, trop fourre-tout, comme si l'auteure avait voulu brader en un seul lot les obsessions d'une époque mais bon, pour tout le plaisir procuré à la lecture du reste du roman, on en fera volontiers abstraction. Me voici réconciliée avec Virginie Despentes !
J'arrive après la bataille : tout le monde ou presque a lu, aimé ou détesté Apocalypse bébé.
Un grand merci à Antigone ! (qui a su balayer mes a priori)
Cuné avait préparé le terrain !:)
Theoma a eu l'excellente idée de recencer et classer les billets, merci aussi !
Prix Renaudot 2010.
06:00 Publié dans rentrée 2010, romans français | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : virgine despentes, humour hé oui !
17/11/2010
Comment (bien) rater ses vacances
"On a beau dire , mais même la misanthropie, ça se partage."
Cette année, chacun ou presque partira en vacances de son côté chez les Mainard. Pas question pour les enfants d'accompagner leurs parents qui ont décidé de "faire"le GR 20 en Corse ! Maxime, 17 ans, va donc retourner au Kremlin (Bicêtre) chez sa grand-mère, une ancienne instit qui sait à la fois le manipuler comme personne, lui laisser la bride sur le cou et le gaver de crêpes . à lui la glandouille devant l'ordi et les cueillettes de cerises ! Mais , évidemment, tout ne va pas se passer comme prévu et les vacances vont s'avérer bien plus mouvementées et riches en découvertes, ne serait-ce que sur lui-même.
Le roman d'Anne Percin file à toute allure, bourré d'humour et de rebondissements. On y est aussi bien dans les relations parents/enfants, que dans les relations entre ados et leur utilisation forcenée des nouveaux moyens de communication. Maxime possède un sens de l'humour sarcastique plein de folie et le récit de ses expériences culinaires valent franchement le détour ! L'émotion est également présente mais sans pour autant sombrer dans la guimauve. Un style alerte, prenant à partie le lecteur, qui plaira sans aucun doute aux adolescents (identification mon amie) mais aussi aux adultes .
On regrettera un secret de famille( dont on ne sait si c'en est vraiment un ou pas) qui survient de manière tout à fait incongrue et une fin un peu bâclée mais on conservera un excellent souvenir de ces vacances au Kremlin (Bicêtre) !
Comment (bien) rater ses vacances, Anne Percin, Le Rouergue 2010 DoAdo, 186 pages dont les bas (de pages )valent aussi franchement le détour ! Et la compil' des chansons composant la fighting spirit en prime !
Un extrait tentateur chez Gawou !
Le premier chapitre ici !
Chez L'auteure, là.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : anne percin, adolescence, humour
16/11/2010
Pieds nus sur les limaces
"Je voudrais un nouveau cerveau. Celui-là me fait trop mal. Il ya trop de bruit dedans."
La folie rôde autour du "château" incomplet qu'occupent deux soeurs : Clara, l'aînée ,qui a dû s'improviser mère de la seconde, Lily, qu'une mauvaise oxygénation du cerveau à la naissance a rendu pour le moins étrange. En effet, elle dépèce les animaux qui passent à sa portée et ne possède pas d'inhibitions, s'offrant sans barguigner aux hommes , y compris au mari de sa soeur.
La canicule rend l'atmopshère encore plus étouffante et la tension monte...
Attirée par un titre accrocheur et une couverture lumineuse, j'ai plongé dans un univers à l'écriture parfois heurtée, faisant cohabiter les registres de langue, tout comme la tendresse qui unit les soeurs côtoie l'exaspération portée à son comble. Le malaise est persistant et efficace mais certaines scènes, à la fin, tenant plus du grand-guignol qu'autre chose viennent casser et le rythme et la vraisemblance. Dommage.
Pieds nus sur les limaces, Fabienne Berthaud, Points seuil 2010, 158 pages qui créent le malaise.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : fabienne berthaud, soeurs
15/11/2010
Longue sécheresse
"Quelque part, songe-t-il nous trouvons la force."
Une vache gravide qui se sauve, un homme qui la cherche par une journée caniculaire. Et, tout en cheminant, il pense aux relations qui l'unissent à sa femme, relations qui sont en train d 'évoluer, à son père qui a su changer de vie pour la prendre à bras le corps et ainsi faire face au désespoir qui aurait pu s'emparer de lui. En écho à cette voix intérieure, surgissent aussi celles des autres protagonistes, et, en parallèle les micro événements alternant joie et tragédie qui jalonnent la vie de la ferme.
Presque rien donc mais une pensée qui se donne à voir dans les moindres replis de son âme, une attention précise et poétique à la nature et à toutes les formes de vie, de la plus humble à la plus éclatante.
L'auteur , qui est aussi exploitant agricole et viticole, sait nous faire partager son amour de la terre et des êtres vivants mais aussi toucher au plus près les émotions et se jouer du lecteur, en se jouant de la chronologie. Un enchantement champêtre !
Longue sécheresse, Cynan Jones, traduit de l'anglais (pays de Galles) par Mona de Pracontal, Joëlle Losfeld 2010, 131 pages écrasées de chaleur.
Merci à Keisha pour le prêt !
Clara a aimé aussi !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : cynan jones, pays de galles, des vaches et des hommes (et des femmes )
14/11/2010
15 en 15
Top chrono, c'est parti ! A la demande de Cuné voici donc les 15 noms d'auteur qui me viennent à l'esprit en 15 minutes :
*Kate Atkinson, tout. La monomanie est mon péché mignon.
*Gerard Donovan, pour Julius of course mais en février un recueil de nouvelles va paraître, yesss !
* Colette , pour sa langue drue et charnue.
*Haruki Murakami, Chroniques de l'oiseau à ressort, il ne s'y passe presque rien et on reste fasciné.
* Mary Wesley, Sucré, salé poivré, Une expérience enrichissante. Où comment sourire même des sujets les plus graves .
* Steinunn Sigurdardottir, La place du coeur, un road-book islandais durant lequel une mère et sa fille tentent de refaire connaissance.
*Doris lessing, tout jusqu'au premier tome de ses mémoires. Là j'ai eu un peu de mal à digérer le fait qu'elle ait laissé ses enfants à son premier mari.
* Duras, qui , n'en déplaise à Desproges, n'a pas écrit que des conneries (sauf sur la fin mais l'éditeur a une part de responsabilité...)
*Zola, dévoré à l'adolescence ( en ce moment Dame Cuné et Dominique font des piqûres de rappel très efficaces...)
* Anne fine , ses romans pour adultes et son trop craquant Tuffy.
* les premiers romans d'Helen Dunmore (en particulier Un été vénéneux)
*Timothy Findley, Le chasseur de têtes, le premier , je crois à faire intervenir des personnages de fiction dans la réalité.
*Jane Gardam, L'héritière de Robinson, les premiers romans des éditions Autrement étaient une mine !
*Michael Cunningham, Les Heures juste parfait.
*Clare Morrall, Couleurs pour son extrême sensibilité.
Les représailles des autres occupants de l'étagère des indispensables ne sauraient tarder ...
En attendant j'attends la copie de Ptitlapin et de Libouli et de tous ceux qui voudront bien !
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (23)