21/11/2011
Une humeur de chien
"Ces représailles, pensa Churchill, ont autant de punch qu'une serpillière anémique."
La dépression, "ce chien noir sur mon épaule" comme l'appelait Churchill, rôde d'autant plus près de lui que l'homme d'Etat s'apprête à prendre sa retraite, bien qu'il lui en coûte. Mais c'est d'abord chez Esther, jeune bibliothécaire que" l'hyperréalité" de ce chien vient prendre ses quartiers, sous forme d'un molosse gigantesque, à la fois attachant et sans gêne .
Tout l'art de Rebbecca Hunt, dont c'est ici le premier roman, consiste à montrer comment les destins des deux humains vont se croiser et surtout à montrer toute l'ambiguïté des rapports que nous entretenons avec la dépression d'une manière très imagée, "il connaissait la méthode tout en flux et reflux de l'animal, connaissait aussi les chemins que les spores de son influence empruntaient pour pénétrer le coeur même de votre être."Churchill et Esther parviendront-ils à se débarrasser du "garrot de barbelés" qui enserre leurs crânes ?
Un thème qui a tout pour rebuter mais l'écriture ,enlevée et pleine d'humour de Rebbeca Hunt en fait une lecture revigorante !
Loin de générer l'ennui ou la morosité, Un humeur de chien,(re) donne le sourire !
Une humeur de chien (Mr Chartwell), traduit de l'anglais par Sarah Gurcel, Denoël 2011, 300 pages so british !
Le billet de Cuné, l'éclaireuse !
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : rebecca hunt, winston churchill, dépression, blackdog
18/11/2011
L'enfant invisible
"Merde, je te jure, j'adoooore New-York ! lui dis-je avec un sourire."
Troisième volume des aventures de Madeline Dare*, L'enfant invisible commence sur les chapeaux de roues avec une scène d'anthologie qui m'a illico remonté le moral ! Très contente de retrouver ma copine Madeline, forte en gueule, féministe, as de la formule et apte à se retrouver en moins de temps qu'il ne faut pour le lire dans les ennuis jusqu'au cou ! Là, partie dégager à la machette la végétation luxuriante d'un cimetière, c'est évidemment elle qui découvrira le squelette d'un enfant dont les côtes ont été défoncées.
Cette découverte, par ricochet, lui permettra d'apprendre un secret de famille et Madeline aura fort à faire entre son mari, Dean, sa soeur, sa mère et sa richissime amie Astrid pour aider la police dans son enquête.
Pas de surprise ici, on sait très rapidement qui est le coupable, la narration joue davantage sur le suspense du procès qui clôture le livre et surtout sur les descriptions des relations entre les personnages. Madeline est une wasp déclassée qui se démarque de ses origines et évolue dans le New-York des années 90 (où l'on a éventuellement un Biper mais pas de téléphone portable et où l'on commande des livres par téléphone et non par internet, impression parfois d'être au temps des dinosaures et ça se déroule il ya 10 ans !), qui subit les effets désatreux de la politique de Reagan. La violence faite aux enfants, mais aussi les femmes codépendantes affectives , le couple de manière plus générale " ...je considérais le mariage comme un édifice d'une fragilité extrême, fait de duvet de cygne , de pétrole lampant et de rêve éveillé." sont quelques uns des thèmes abordés dans ce roman qui fait preuve d'un humour décapant sans pour autant négliger l'émotion.
Je n'ai pourtant guère compris l'utilité des interventions de son amie Astrid et des bizarres relations qu'elles entretiennent, mais bon, cela sera peut être explicité dans le prochain volume.
Un roman qui, encore une fois, aurait gagné à être plus rigoureux dans sa progression mais bon...
L'enfant invisible, Cornelia Read, traduit de l'américain par Laurent Bury, Actes noirs, Actes Sud 2011, 408 pages qui m'ont à moitié satisfaite.
Déniché à la médiathèque.
*Chaque roman peut se lire indépendamment.
Le second de la série est ici.
Cuné avait apprécié le premier: Champs d'ombres (paru en poche), mais pas Ptitlapin.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : cornelia read, new-york, new-york comme entonnait nina hagen
17/11/2011
Le Noël du chat assassin
"C'est ça, joyeux Noël à toi aussi !"
Serait-ce parce que "L'esprit de Noël n'est pas arrivé jusqu'à [sa ]gamelle" que Puffy va finir enfermé dans la garage ? Ne serait-ce pas plutôt parce que ,comme d'hab', notre chat rouquin préféré a enchaîné les catastrophes, prétendant avec un aplomb formidable que ce n'était pas de sa faute ?
En tout cas, grâce à ce félin rouquin, Noël sera mémorable et les jeunes lecteurs se régaleront des volte- faces de Puffy qui,tantôt se prête de mauvaise grâce aux inventions de Ellie et de ses cousins, tantôt cabotine dès qu'il est le centre de l'attraction. Il finira par atteindre le sommet...du sapin et en subira les conséquences !
"Ce Noël a été affreux, affreux, affreux ." pour Puffy, gageons qu'il sera nettement plus drôle pour les jeunes lecteurs !
Le Noël du chat assassin, Anne Fine, traduit de l'anglais par Véronique Haïse, aux illustrations , toujours aussi réussies, Véronique Deiss, Mouche de l'Ecole des Loisirs (pour les enfants qui aiment déjà lire tout seuls.
88 pages à lire d'urgence avant de décider d'offrir un chat !
à glisser dans un peu plus d'un mois en dessous du sapin !
06:00 Publié dans Humour, Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : anne fine, puffy, esprit de noël
16/11/2011
L'indésirable
"Elle vous avale entièrement, si vous la laissez faire."
Deux cent quarante cinq pages pour que l'action commence à proprement parler. D'aucuns chicaneront : Et le bizarre incident du chien derrière le rideau ? Certes. Mais laisser une fillette remuante avec un chien, âgé de surcroît ,derrière un rideau (?!) ne peut qu'entraîner des ennuis...Nous sommes plus ici dans l'ordre de la normalité et il faut bien attendre toutes ces pages pour que la dimension fantastique de la demeure d'Hundreds Hall fasse son apparition.
L'action peine donc à se mettre en route et le personnage du docteur, garant tout à la fois de secrets professionnels (qu'il divulgue allègrement) et de la rationnalité ne m'a pas beaucoup convaincue non plus.
Autant je m'étais régalée avec Du bout des doigts qui revisitait magistralement les codes du roman à la Dickens, autant je me suis ennuyée ici. Jet d'éponge donc.
L'indésirable, Sarah Waters 10/18 2011, traduit de l'anglais par Alain Fefossé ,646 pages, ah oui, quand même !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : sarah waters, maison
15/11/2011
Mots en toc et formules en tic
" Carla se désole, Carla s'émeut, voire s'indigne ou se mobilise, mais Carla ne grogne pas.
En langage médiatique, la grogne est strictement réservée aux cochons et aux sangliers."
Journaliste et chroniqueur à France Inter, Frédéric Pommier se révèle ici docteur es tics journalistiques, pointant les usages intempestifs de mots qui se propagent , envahissent et perturbent nos propres discours. Qui n'a jamais été exaspéré en entendant pour tout et n'importe quoi la scie"C'est que du bonheur"? Qui n' a jamais utilisé un "Tout à fait" à la place d'un simple et suffisant "Oui"?
Non content de les repérer, Frédéric Pommier les met en scène ces mots en toc dans de courtes chroniques , drôles et caustiques (in cauda veneno), qui égratignent gentiment notre société de suiveurs.Un incontournable pour les amoureux des mots !
Mots en toc et formules en tic, Frédéric Pommier, Points Seuil, 2011 , 217 pages.
06:00 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : frédéric pommier
14/11/2011
Paris gare du Nord
" C'est parce que cela dure que quelque chose arrive. C'est la durée qui est exceptionnelle."
En mai 2011, Joy Sorman, passe une semaine en résidence d'écrivain...Gare du Nord à Paris. Une semaine pour exploiter les coulisses , s'imprégner de l'ambiance et surtout découvrir,avec l'aide des gens qui travaillent là, ce qu'elle ne voyait pas : les prostitués sur le parvis, les subtiles différences entre ce qui dépend de la SNCF et ce qui dépend d'Eurostar par exemple.
L'écrivaine mettra aussi des mots sur ce qu'un employé , pudiquement, s'obstine à appeler "Incidents humain" et qui sont bel et bien des suicides. Au fil des rencontres et des découvertes, se constitue un tableau endroit/envers d'un monde qui va marquer physiquement l'auteure : ""Complètement groggy. je suis un corps friable qu'on a plongé dans un bain pendant une semaine. un bain révélateur, celui qu'on utilise pour développer les photos. L'ivresse produite par le temps passé à ingurgiter la gare par tous ses bouts mettra sans doute quelques jours à se dissiper."
Se poser dans un endroit défini par le passage, expérimenter une contrainte (lieu/temps) et explorer ce que d'habitude le public ne voit pas, voici un livre qui satisfait plusieurs de mes péchés mignons. Un seul regret: l'écriture qui m'a parue un tantinet trop neutre. Un livre qui pourtant m'a donné envie de poursuivre ma découverte de Joy Sorman que j'avais suivie tout un été sur France Inter.
Paris Gare du Nord, Joy Sorma, Gallimard 2011, 75 pages pour les curieux.
06:00 Publié dans Objet Littéraire Non Identifié | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : joy sorman
12/11/2011
Intouchable
Le problème quand un film est surmédiatisé c'est qu'on risque forcément dêtre un peu déçu à l'arrivée. Cela a été le cas pour moi avec Intouchable.
On passe un bon moment, Omar Sy est très juste et drôle (on le savait déjà), on retrouve avec plaisir François Cluzet et Anne Le Ny , on rigole (en particulier avec le défilé des candidats au poste d'auxiliaire de vie qui cumulent bévues et cynisme naïf) (ou quand les ch'tis s'en prennent plein la poire, dans une salle bourrée de Ch'tis, effet garanti, nous avons le sens de la dérision !) mais la mise en scène est plate et Omar Sy en Amélie Poulain au pays des riches, mouais...
Il n'en reste pas moins qu'on sort le sourire aux lèvres, tout en fredonnant un bon vieux tube des Earth Wind and Fire, dont les ventes de disques devraient connaître une belle envolée ! C'est tout le mal qu'on leur souhaite !
Allez, poussez les meubles et en piste !
L'avis de Dasola
06:00 Publié dans je l'ai vu ! | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : omar sy, françois cluzet, earth, wind and fire
11/11/2011
Tag, le retouuuuuur !
Tag a dit Cuné.
Cathulu : Ok !
Si j' étais :
1. Moi. (bon Toi, si j'ai bien suivi). En fait c'est déjà fait. Ton nouvel avatar n'est autre que le professeur Trelawney, alias Miss Emma Thompson et , tu ne pouvais pas le savoir mais ayant opté pour des lunettes à la Audrey Pulvar, (pas dans l'espoir de séduire un Arnaud M., je précise)je me suis en fait rendue compte que je ressemblais plutôt à ceci, les prédictions foireuses en moins.
Argh, entre temps tu as changé ton avatar, tant pis !:)
Je reprends : Cuné, la bougeotte incarnée, grande tortureuse de livres, et tout aussi grande tentatrice, matutinale et percutante , indispensable !
2. Fashion, impossible , hélas trois fois zhélas ! il n'y en a qu'une.
3. amoureuse, 27 ans que ça dure avec des hauts et des bas, of course.
4. anglaise, j'ai l'embarras du choix, ! en vrac : Emmeline Pankhurst (et non Pancakes comme on me le souffle dans l'oreillette) pour ses convictions, Kate Bush (plus que 10 jours à attendre son nouveau CD !) pour son talent ou bien tout simplement grande, rousse, pâle et excentrique !
5. écrivain, ce serait un cocktail détonnant avec un tiers d'Anne Fine, un tiers de Mary Wesley et un tiers de Céline Minard !
6. en colère, pourquoi si j'étais ? La colère est un de mes moteurs !
7. d'humeur joueuse, je le suis, la preuve : ce tag !
8. un rideau, le rideau de fer à sa disparition.
9. une pandémie, la procrastinite aiguë, ou la flemmingite, aiguë aussi.
10. un assureur , ben là je triche un peu , plutôt une assurance : Books lovers never go to bed alone !
Vont se mettre à cogiter : Aifelle, Antigone, Clara, Keisha, Ptitlapin,Theoma; ne me remerciez pas.
Les questions seront :
Que serais-tu si tu étais :
1/Une artiste
2/une matière
3/un événement
4/un film
5/un mot
6/une émotion
7/une sculpture
8/un peintre
9/piquante
10/énervante !
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (17)
10/11/2011
Je ne suis pas Eugénie Grandet
"On ne peut pas toujours être au premier rang de la vie des autres, vois-tu. On a sa propre vie à mener et ce n'est pas facile d'être soi."
Deux oeuvres d'art comme repères dans ce roman : Eugénie Grandet qu'Alice s'efforce de lire parce que sa soeur aînée, Anne-Louise a décidé de l'emmener visiter l'exposition de Louise Bourgeois, Moi, Eugénie Grandet et la Cerisaie, pièce sur laquelle travaillent Anne-Louise aux costumes et son amoureux Max à la mise en scène. Deux oeuvres d'art sur le thème de la famille qui vont permettre à l'adolescente de se positionner, avec intensité . Quand elle affirme: Je ne suis pas Eugénie Grandet , elle refuse ainsi le destin fané de l'héroïne de Balzac et trouvera aussi sa juste place vis àvis de sa soeur et un peu plus tard d'une grand-mère quasi inconnue et revêche.
Quant à la Cerisaie, un désatre de dernière minute permettra à Max de revenir sur son passé familial mais aussi de rebondir face à l'adversité.
L'art comme combat mais aussi l'art comme révélateur des luttes intérieures: Alice doit quitter l'exposition de Louise Bourgeois quand elle prend conscience qu'elle pourrait rater sa vie. Un roman troublant et intense , qui souffre peut être d'un défaut de construction mais une écriture qui plonge directement dans l'âme adolescente et la transcrit de manière intense et juste. Un roman qui donne évidemment envie de découvrir le catalogue de l'exposition de Louise Bourgeois.
Je ne suis pas Eugénie Grandet, Shaïne Cassim, Medium de l'Ecole des Loisirs 2011 , 182 pages hérissées de marque -page.
Couverture de Hélène Millot, en parfaite adéquation avec un texte qui évoque aussi beaucoup les tissus.
Je découvre Shaïne Cassim avec ce roman et j'ai bien envie de continuer à la lire...
06:00 Publié dans Jeunesse, romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : shaïne cassim, soeurs, eugénie grandet, louise bourgeois
09/11/2011
Dictionnaire ouvert jusqu'à neuf heures
Dictionnaire et humour font souvent bon ménage (cf le Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des biens nantis de Pierre Desproges (1958) ou, plus ancien le Dictionnaire du diable, D'Ambrose Bierce), les contraintes inérentes à la forme permettant sans doute par contraste de libérer le fond.
C'est le cas pour ce Dictionnaire ouvert jusqu'à 22 heures (ça tombe bien après je dors de toutes façons).
Ils sont une quarantaine à avoir mis en commun leur humour , dans l'esprit du maître Alphonse Allais , pour nous concocter ce dictionnaire, parfait en tous points puisque comprenant des Noms (plus ou moins) communs et des Noms (plus ou moins) propres, séparés, non par des pages roses, mais couleur absinthe , du meilleur goût, en hommage à la boisson favorite d'Allais.
Nonobstant les différentes méthodes de lecture préconisées en début d'ouvrage, le mieux, je crois est de piocher au hasard et de naviguer au gré de notre humeur, faisant une escale en Bas-Liverne : ex-département français, partie méridionale de l'actuelle Liverne. Sur cet ancien territoire françias, on dit n'importe quoi. Ou nous régalant du détournement des traductions d'expressions latines. Ainsi la définition de Corpus delicti devient-elle: Elle fait des délices de son corps; ce qui donne une allure nettement plus sexy à ce terme de juris-prudence !
Évidemment, bien des formes d'humour se donnent ici rendez-vous (normal vu la diversité des auteurs) et toutes ne seront pas forcément à notre goût , mais chacun pourra faire son miel et revenir à loisir feuilleter ce dico pour se dérider un peu !
Une dernière définition, pour la route :
Absentéisme n.m. : Fléau scolaire qui ne doit plus avoir cours.
Dictionnaire ouvert jusqu'à 22 heures, Académie Alphonse Allais, Le Cherche-Midi 2011.
06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : dictionnaire, académie alphonse allais