09/09/2011
De la pluie...enfin en poche
Martin Page nous parle De la pluie et non pas du beau temps car, comme Victor hugo qui aimait l'araignée et l'ortie, ces délaissées, la pluie a souvent mauvaise presse (Il suffit d'écouter les bulletins météorologiques...).
Avec lui, la pluie fait des claquettes, elle est dotée de vertus poétiques et sensuelles qui nous la rendent éminemment sympathique.
Dans cet opuscule élégant pleuvent les phrases qui nous accrochent l'oeil et le coeur, l'on se prend à guetter la bonne drache qui viendra lessiver ce ciel monotone et bleu. Ainsi rejoindrons nous l'auteur dans le cercle fermé des adorateurs du déluge, de l'ondée, de l'averse.
Un livre pétillant...comme la pluie !
06:00 Publié dans Je l'ai lu !, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : martin page
08/09/2011
Fiasco ! Des écrivains en scène
Joanathan Coe, Margaret Atwood, Julian Barnes sont quelques uns des écrivains qui se livrent ici à des confessions hilarantes concernant leurs revers en littérature ,côté média ou relations avec leur éditeur.
Rien ne leur est épargné: des repas payés en tickets restau, ce qui est un tue-glamour des plus efficaces, des conférences données devant un public souvent bienveillant mais extrêment clairsemé, sans compter ce que Claire Messud lors de ses débuts apprendra très rapidement: "Les gens ne veulent pas être des losers, ils ne veulent même pas en connaître."
Certains auteurs, non traduits en français, mériteraient de l'petre de toute urgence tant ils font preuve d'une autodérison des plus efficaces, que ce soit Matthew Sweeney qui apprendra à ses dépens qu'"Il est dangereux de surcharger un poème de "s". ou de se faire détartrer les dents d'un peu trop près avant une lecture." ou Simon Armitage qui concentre en une journée apocalyptique toutce qui peut arriver de pire à un écrivain !
Laissons le mot de la fin à Rick Moody qui conclut ainsi son texte : "La vérité crevait les yeux: ma carrière d'écrivain était lancée ! Et fondée sur négligence, déception, malentendu, rancoeur familiale et fautes de frappe."
Un régal qui donne envie de découvrir en totalité l'anthologie dont sont extraits ces textes:
Hontes. Confession impudiques mises en scène par les auteurs, réunis par Robin Robertson et traduits par Catherine Richard ( 2006).
06:00 Publié dans Humour, Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : anthologie, humour, robin robertson
07/09/2011
Chaque soir à 11 heures
"Si c'est ça grandir, je me pends tout de suite."
Willa Ayre croit être insignifiante. Elle a pourtant attiré l'attention du beau gosse du lycée, Iago. Mais à une fête, notre héroïne rencontre un garçon ténébreux, marqué par le destin, Edern. à partir de cet instant, la vie de Willa va prendre une tournure étrange et dangereuse...Aïe aïe aïe, clichés vous voilà ? Que nenni !
Amour, supense mais aussi humour, inventivité langagière, rebondissements en cascade sont au rendez-vous dans ce nouveau roman de Malika Ferdjoukh. Un bon gros roman, 402 pages, comme on les aime, plein de personnages haut en couleurs, parfaitement croqués, naviguant entre la famille Adams (la maison d'Edern est à elle seule quasiment un personnage) et une vie quotidienne ancrée dans une réalité très enjouée sans pour autant sombrer dans la guimauve. On sourit, on s'émeut, on fait durer le plaisir car l'auteure revisite les codes du cinéma d'horreur façon classiques en noir et blanc, le tout sur des airs de jazz qu'on a illico envie d'écouter !
Malika Ferdjoukh a le chic pour nous donner envie de faire partie de ces familles où le bizarre et l'humour sont de règle : une mère qui cornaque des Miss en province (rien à voir avec une certaine Geneviève), un père artiste qui donne à ses oeuvres des titres improbables comme Obturation de l'espace temps , une famille d'enfants vivant seuls dans une grande et vieille maison sous l'autorité bienveillante d'un aîné (tiens tiens, clin d'oeil aux Quatre soeurs?!) . Willa est un personnage fort qui navigue avec grâce dans un univers qui tient à la fois du gothique et d'une réalité jamais édulcorée (toujours évoquée avec délicatesse), le tout saupoudré d'un humour inoxydable . Un grand bonheur de lecture à chiper à nos filles ou à s'offrir sans chichis !
Chaque soir à onze heures, Malika Ferdjoukh, Flammarion 2011.
06:03 Publié dans Jeunesse, rentrée 2011 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : malika ferdjoukh, adolescence, mystère, amour
06/09/2011
Nu rouge
"Mais qu'est-ce que ça change à nos vies tous ces gens qui font de l'art ? "
Camille termine une thèse sur le peintre Edouard Pignon, et , pour mieux s'imprégner de son univers, elle part découvrir le Nord-Pas-de-Calais. Mais à sa vision préétablie va se substituer celle de Jean qui va lui faire découvrir la réalité des luttes sociales de cette région. Bouleversée, Camille décidera alors de s'engager à sa façon...
On ne regarde jamais que ce qu'on a envie de voir et la vision qu'a Frédéric Touchard de ma région ne m'a pas du tout parlé. Elle est pourtant très documentée -j'ai appris plein d'information passionnantes- mais mes terrils sont verdoyants et je ne me lasse pas de regarder la variété des nuances du ciel...J'ai par ailleurs été rebutée par tous ces mots en italiques et l'histoire d'amour languissante ne m'a pas non plus convaincue. A trop vouloir être didactique, on perd en émotion ce que l'on gagane en informations. Dommage...
Nu rouge, Frédéric Touchard, Arléa 2011.
Merci à News Book et aux éditions Arléa.
06:00 Publié dans rentrée 2011, romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : frédéric touchard, édouard pignon, nord
05/09/2011
Mots de tête
"Je connais tout.
La superficie du Groenland au centimètre carré près, le poids de l'armure de Bayard au gramme près et le temps de digestion de la loutre des Pyrénées à la seconde près.
Tout.
Je sais absolument tout.
(...)
Tout.
Nomal je suis prof."
Il a de l'aplomb , Dominique Resch ! Et ça vaut mieux, pour ferrailler- à coups de mots- depuis vingt ans avec les élèves d'un lycée technique des quartiers Nord de Marseille, élèves dotés d'une présence d'esprit particulièrement vive. Les mots fusent, les humeurs changent en une fraction de seconde, l'attention varie le lundi matin en fonction des résultats de l'OM...Si victoire il y a , alors le prof peut tout exploiter du vocabulaire sportif, et faire passer dans la foulée les figures de style les plus pointues. En cas de défaite, c'est une autre paire de manche , mais il faut s'adapter. S'adapter, séduire, les prendre à leur propre piège, aller visiter les entreprises les plus improbables et tenir bon quand un gardien de camping veut refouler la petite troupe pour délit de faciès.
Mais il y a des compensations : donner des baffes à un policier en toute impunité, être gavé de pâtisseries orientales (et augmenter en conséquence les notes de certains élèves-ne serait-ce pas de la corruption de fonctionnaire ? tss !) , voir un collègue envoyer (très poliment) paître un inspecteur propret, voilà qui récompense de bien des fatigues, non ?
Avec une générosité et un humour inoxydables, Dominique Resch nous fait partager une année scolaire en compagnie de ses élèves plus que dynamiques. Le ton est joyeux et donne la pêche les jours où l'on se dit, comme lui, que l'on aurait dû être fabricant d'archet ...Mais qu'est-ce qu'on s'ennuierait sans nos élèves hors normes !
Pour tous ceux qui rêvent d'être une petite souris pour savoir comment ça se passe en cours...
Mots de tête, Dominqiue Resch, Autrement 2011, 153 pages revigorantes à glisser dans tous les casiers de profs. Mais pas que !
Du même auteur : ici
et ici !
(oui, je suis fan !)
06:00 Publié dans Récit, rentrée 2011 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : dominique resch
03/09/2011
Plage...en poche
Mais samedi existerait-il ?"
Une femme encore jeune attend sur une plage bretonne l'homme marié et en âge d'être son père qui a promis de la rejoindre dans une semaine.
"Encombrée par [ses] souvenirs", Anne observe les gens autour d'elle et leur comportement, leurs paroles font écho et la renvoient à sa situation de petite fille tiraillée entre un père, aimant mais volage, et une mère aigrie et mal aimante.Le temps de l'attente sera finalement celui de la réflexion et quoi qu'il arrive, Anne aura enfin grandi, se sera frottée aux autres et aura pris la mesure de ses possibilités.
Il ne se passe presque rien en apparence mais jamais le lecteur ne s'ennuie en suivant le parcours de cette femme en dormance qui va peu à peu explorer son univers mental et s'ouvrir aux autres, délaissant les romans , aux titres évocateurs, qu'elle avait emportés...
Le style, tout en précision de Marie Sizun accompagne cet éveil sans tambour ni trompettes mais avec beaucoup de délicatesse. Une très jolie découverte !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : marie sizun
02/09/2011
Les amandes amères
"C'pas moi, j'pleure, c'est mon coeur."
Fadila est "une femme lasse et révoltée qui se voit comme une vieille femme", "une femme déracinée", elle a quité le Maroc , et qui surtout ne sait ni lire ni écrire, ce qui lui complique bien évidemment la vie et la rend dépendante des autres.
à cette humiliation, s'ajoute la solitude d'une chambre minuscule où elle ne peut qu'angoisser. Tout ceci, Edith,maîtrisant parfaitement les mots car elle est interprète et traductrice ) qui l'emploie pour quelques heures de ménage, le découvrira petit à petit . Sur une impulsion, la française propose à Fadila de lui apprendre à lire et à écrire.
Mais la tâche est rude car d'une part on ne s'improvise pas formatrice et d'autre part parce que Fadila ne progresse pas de manière continue. Ce qui est acquis ne l'est jamais définitivement, et le caractère alternativement rude et plein de douceur de l'élève ne facilite pas les choses. Au fur et à mesure de leur relation, Edith reconstruit, petit à petit,le parcours d'une femme perpétuellement blessée, tandis qu'en parallèlle se constitue le récit d'une amitié chaotique, tour à tour rugueuse et cocasse ,car Fadila est surprenante à plus d'un égard !
Un roman qui brosse le portrait d'une femme digne que la vie n'a pas épargnée et qui ne dispose pas du pouvoir des mots pour échapper à l'inquiétude qui la taraude. Un récit sobre et plein d'humanité.
Les amandes amères, Laurence Cossé, Gallimard 2011, 219 pages profondément émouvantes.
06:00 Publié dans rentrée 2011, romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : laurence cossé, analphabétisme, illéttrisme
01/09/2011
Et rester vivant
"Avoir vingt-deux ans , apparemment une malédiction temporaire."
Le narrateur, très jeune, a d'abord perdu dans un accident de voiture, sa mère et son frère. Au début du roman, il vient de perdre son père et, à vingt-deux ans, décide de partir , sur la foi d'une chanson, visiter la côte ouest des États-Unis en compagnie de son ex et de son meilleur ami. Improbable triangle et improbable voyage pour se débarrasser d'un héritage à la fois pécuniaire et émotionnel trop encombrant.
Le préambule du roman nous informe du très fort aspect autofictionnel du texte et quand j'ai lu l'entretien croisé entre Laurence tardieu et Delphine de Vigan dans le Monde du 19 août 2011, j'ai enfin pu mettre le doigt sur ce qui explique que je sois restée totalement extérieure au roman de Jean-Philippe Blondel :
"Quand on part d'un matériau autobiographique, on se pose sans cesse la question -et Delphine de Vigan se la pose aussi : est-ce que cela peut faire un livrb ? Est-ce que les autres peuvent y entrer ? la condition , c'est justement ce combat mot à mot. Sinon, ils sont face à une matière figée et restent en dehors. Oui, il fait que le combat se fasse matière vivante pour que les autres puissent y entrer." (Laurence Tardieu).
A trop vouloir éviter le pathos d'une situation extrêmement violente, à coups de phrases juxtaposées qui tiennent le lecteur à distance, Blondel a raté son coup avec moi. J'ai lu ce roman sans déplaisir jusqu'au bout mais en restant totalement en dehors.
Et rester vivant, Jean-Philippe Blondel, Buchet-Chastel 2011.
06:04 Publié dans rentrée 2011, romans français | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : jean-philippe blondel
31/08/2011
Lila, Lila
"Si ce qui les avait réunis provoquait leur désunion ? "
Pour conquérir la belle qui ne regarde pas le simple garçon de café qu'il est, David Kern, grâce à un manuscrit opportunément découvert, se glisse dans la peau d'un écrivain. Bien évidemment la situation va bientôt devenir problématique ,et ce à plus d'un titre, car on ne s'improvise pas romancier !
Beaucoup d'humour dans ce Lila, Lila où Suter brosse le portrait de tous ceux qui gravitent dans le monde du livre et un suspense qui se résoudra, comme souvent chez cet auteur par une cabriole finale !
Un bon moment de lecture avec une mention spéciale pour une "mouche du coche" plus vraie que nature !
06:00 Publié dans romans suisses | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : martin suter, mode d'emploi pour devenir écrivain
30/08/2011
Un jardin dans les Appalaches
"J'aimerais pouvoir raconter de situations dramatiques, des contes à glacer le sang de familles réduites à ronger les lanières de leur birkenstocks."
Conscients de l'étendue du problème que représente le "simple " fait de manger, l'ognorance crasse de la plupart des gens concernant les produits agricoles , des dégâts occasionnés par l'agrobussiness aux États-Unis et dans le monde, Barbara Kingsolver, son scientifique de mari et leurs deux filles se osnt installés dans les Appalaches pour vivre pendant un an une expérience de locavores.
Locavores, késaco ? cela signifie tout simplement ne consommer que des aliments produits par leurs soins ou par des producteurs locaux, distant au maximum d'une heure de route.
Récit à plusieurs voix de cette expérience, Un jardin dans les Appalaches n'est ni un mode d'emploi ni un plaidoyer (meêm si les interventions de Steven L. Hoop, l'époux sont fort bien argumentées.), ni un moyen de culpabiliser le lecteur en le confrontant à un exemple parfait.
Non, c'est le récit plein d'humour, de doutes, d'échecs et de réussites d'iune famille tout sauf modèle qui nous montre, sans chichis, mais recettes de cuisine à l'appui, que oui, c'est possible de savoir ce que l'on mange, même en hiver.
Un jardin dans les Appalaches Rivages 2008 (oh my goness, depuis tout ce temps dans ma PAL ) et depuis sorti en poche, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Claire Buchbinder, 496 pages revigorantes !
Ptitlapin,je ne retrouve plus ton billet !:(
06:00 Publié dans Récit | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : barbara kingsolver