16/02/2012
Désolations
"Parce que tout ça était bien plus qu'une simple histoire de cabane."
Irene est-elle rendue folle par la douleur qui lui martèle la tête à longueur de journée ou juste terriblement lucide sur la capacité de son mari Gary à rater tout ce qu'il entreprend, y compris leur mariage ? En tout cas, cette idée de construire une cabane sur Caribou Island ne lui dit rien qui vaille...
Histoire d'un fiasco annoncé, Désolations est un livre terrible sur le couple. Que ce soit celui de Gary et Irene qui, la cinquantaine venue n'ont plus d'illusions ni sur eux-même ni sur les autres ,ou celui que veut à tout prix former leur fille Rhoda avec ce crétin de dentiste quadragénaire qui a déjà prévu de se préserver tout en la sacrifiant.C'est aussi sur livre sur la fin des illusions que peut véhiculer l'Alaska.Il n'est que de voir avec quelle violence cette région va blackbouler un gentil étudiant qui rentra vite fait pleurnicher dans les jupes de sa mère ! Peut être aurait-il fallu qu'il en soit de même pour Gary et Irene.
La tragédie annoncée d'emblée ne peut qu'advenir et de manière encore plus implacable que prévu. Une écriture sobre et puissante.
Déniché à la médiathèque.
Désolations, David Vann, traduit de l'américain par Laura Derajinski, Gallmeister 2011, 297 pages terribles.
ICB l'avait lu en V.O.
Hélène l'a trouvé glaçant !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : david vann, alaska
15/02/2012
Je renaîtrai de vos cendres
"Bref ,quitte à passer pour un monstre, une sans-coeur, une anti-tout, je préfère même me désolidariser de ce Polonais suicidé de Yanek[...] .Moi je dois réussir mon bac à tout prix, pour retouner vivre à Paris . Pas mécontente le jour où je quittrais la Place de la Jamais-Contente !"
Waouh ! Quelle énergie, Shosha ! Quelle colère ! Tout cela déborde de son journal mais bientôt cette jeune fille en classe de terminale va, à la suite d'un travail scolaire, s'interroger sur l'origine de son prénom, sur des bribes de souvenirs, sur des silences soudains et ainsi recomposer tout un pan d'une histoire familiale que les femmes de sa famille auraient préféré garder sous silence.
Dès le titre le lecteur adulte aura deviné de quoi il est question, mais le "secret" en lui même n'est pas l'aspect le plus intéressant de ce roman. C'est tout l'aspect "psychogénéalogique" qui m'a vraiment intéressée, la manière dont les secrets se transmettent malgré tout et pertubent , à distance, les descendants. Un roman plein d'énergie et de sensibilité. à noter les citations très pertinentes qui ouvrent chaque section du journal.
Je renaîtrai de vos cendres, Elisabth Brami, Flammarion 2012, 244 pages.
L'avis de Stephie.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : elisabeth brami
14/02/2012
Dictionnaire des mots du sexe
Je le cherchais au rayon "Linguistique", la libraire au rayon "Sexologie", nous l'avons finalement trouvé sur la table thématique" Saint Valentin", juste à côté de Ma femme préfère George Clooney !
Même si organisé en 17 chapitres de "Artisanat et métiers "(!!) à "Voyages et moyens de locomotion", ce dictionnaire n'en reste pas moins fort peu pratique quand on cherche la définition d'une expression ou d'un mot (dans quel chapitre se cache-t-il ?).
De plus, certaines références, pourtant pas si anciennes sont fort imprécises. Ainsi à la définition de
Là : mot vague pour désigner le sexe de l'Autre, homme ou femme . Ainsi va une chanson des années 1950/1960 : "Qu'on est bien dans les bras/D'une personne du sexe opposé, /Qu'on est bien dans ses bras/Là." Il ne faut pourtant pas être grand clerc pour reconnaître la chanson de Guy Béart qu'il a lui même écrite, composée et interprétée !
On pêchera pourtant au passage quelques infos intéressantes. J'y ai ainsi déniché (au chapitre "maison") le mot "Cubiculaire", une pièce cubiculaire étant une pièce de théâtre où le lit est le décor principal, ou appris que les premières "poupées gonflables" étaient en caoutchouc et servaient sur les bateaux de guerre japonais (impossible de remettre la main sur l'article en question vu le système de "rangement" !).
Un livre plus destiné au feuilleteurs( émoustillés ou pas )qu'aux linguistes car un tantinet trop désinvolte dans la démarche.
Paru en semi-poche chez Pocket en 2012, 14.90 euros quand même !
06:00 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : agnès pierron, schtroumpf grognon le retour
13/02/2012
le dîner
"Cela laisserait certes une cicatrice quelque part, mais une cicatrice n'empêche pas le bonheur."
Ce livre aurait peut être pu s'intituler "Il faut qu'on parle de nos fils". C'est en effet parce que leurs enfants ont commis un acte ignoble que deux frères- l'aîné un politicien à quelques semaines de devenir premier ministre, le cadet dont la situation sociale nous sera révélée un peu plus tard-, et leurs épouses respectives se sont donné rendez-vous dans un restaurant pour happy few.
Au rythme des plats composant le repas, c'est toute une société du paraître qui est cruellement disséquée.
La violence , contenue ou pas, les idées nauséabondes, les mensonges vont crescendo et l'on se demande comment l'auteur va les tirer d'affaires ces hommes et ces femmes qu'ils nous livrent ainsi en pâture.
Perso ,l'explication médicale m'a laissée dubitative car trop vague (pas de maladie clairement nommée), mais j'ai été fascinée par la manière dont les parents arrivent à présenter les faits d'une manière qui les arrange.
Pas de politiquement correct ici et le lecteur doit accepter de se laisser rudoyer et de sortir sonné d'un tel livre !
Déniché à la médiathèque.
Tout le monde ou presque l'a lu !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13)
12/02/2012
Le sel de la vie
"Il y a une forme de légèreté et de grâce dans le simple fait d'exister, au-delà des occupations, au-delà des sentiments forts, au-delà des engagements politiques de tous ordres, et c'est uniquement de cela que j'ai voulu rendre compte. De ce petit plus qui nous est donné à tous: le sel de la vie."
Une longue énumération hétéroclite d'émotions, de souvenirs, de petits plaisirs -révolus ou pas - à laquelle je suis restée totalment insensible .Peut être parce que la semaine a été dure, peut être parce que je suis fatiguée, peut être parce que je suis lassée de la première gorgée de bière et autres kifs.
87 pages, 6.90 euros.
06:00 Publié dans Récit | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : françoise héritier, schtroumpf grognon le retour
11/02/2012
Danbé...en poche
"On souffre tout seul et sans bruit et il n'y a personne alentour pour le voir ni pour l'entendre."
Née en France de parents maliens, Aya connaît une enfance plutôt heureuse, même si ses parents ne disposent pas de tous les codes leur permettant d'intégrer la vie en France.
La mort,dans un incendie criminel, de son père et de sa petite soeur va métamorphoser la petite fille : plutôt rebelle à l'école, ellle reste néanmoins fidèle au danbé, la dignité en malinké. La boxe lui offrira aussi une échappatoire et elle enchaînera les titres avec une apparente facilité.
Portrait troublant d'une jeune fille qui ne semble tirer ni plaisir ni orgueil des victoires sur le ring. Très peu de descriptions d'ailleurs de ses combats, Aya attache plus d'importance aux personnes qu'elle rencontre qu'à la manière de combattre.
Récit troublant aussi d'une vie où le mot "racisme" n'apparaît jamais mais où on ne peut s'empêcher de penser que si cette famille avait été blanche, elle aurait été logée dans un immeuble plus décent, traitée de manière moins désinvolte par certains avocats ou médecins et aurait ainsi évité bien des drames.
Un récit plein de dignité, sans pathos, mais qui m'a émue aux larmes.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : aya cissoko, marie desplechin
10/02/2012
Rosa candida ...en poche !
"L'incarnation de ma négligence en matière de contraception me regardait en face."
"Le corps, la mort et les roses, comme s'il me citait le titre d'un vieux roman de gare.", tels sont en effet les thèmes du premier roman d'Audur Ava Olafsdottir.Un très jeune homme, devenu père accidentellement, part à la fois pour remettre ses idées confuses en place et pour restaurer une roseraie renommée quasiment retournée en friche, au sein d'un monastère sur le continent. Commence alors un voyage initiatique où notre héros, candide et ne sachant comment se comporter avec les femmes, fera de nombreuses rencontres, y compris celles de la mort et de la résurrection. Sans le savoir également, il vivra les prémisses d'une histoire d'amour à rebours.
Tout sort de l'ordinaire dans Rosa candida, mais tout s'inscrit néanmoins dans une normalité paisible .Le subtil décalage qui s'établit entre Arnljotur et le monde qui l'entoure fait surgir une poésie lumineuse qui crée une atmosphère à nulle autre pareille.
L'absence de références géographiques précises, la roseraie est située "En un lieu où les courants des mers du sud caressent des rivages exotiques." laissent toute latitude à l'imagination du lecteur. Libre à lui aussi de compléter les références cinématographiques du moine féru de vidéo qui assiste le jeune homme dans sa prise de conscience , ou de se laisser séduire par toutes ces mentions de plantes qui scandent le roman, la nature jouant bien plus qu'un rôle de décor dans ce texte.
Rien de solennel ou de pesant dans ce roman où l'humour trouve sa place: "La seule adversité que je rencontre dans la vie est la difficulté à remonter la fermeture Eclair de mon jean.", l'auteure se jouant des codes du récit initiatique et leur confèrant une nouvelle fraîcheur.
Un roman chatoyant comme une bulle de savon mais qui reste longtemps en mémoire. Un gros coup de coeur ! A lire et relire pour encore mieux s'en imprégner. Et zou, sur l'étagère des indispensables !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : audur ava olafsdottir
09/02/2012
Le garçon d'à côté
"Aucune bonne action ne reste impunie, ma chère."
Quand elle va découvrir que ses si sympathiques voisins sont accusés de pédophilie et d'inceste sur la personne de leur fils, Sarah Laden va avoir du mal à accepter que l'horreur se cachait si près d'elle.
Comment a-telle pu devenir l'amie de Courtney Kendrick ? Cette dernière est-elle vraiment coupable ou n'est-elle qu'une victime comme elle le prétend ? Comment les habitants de cette paisible banlieue du Middle West n'ont-ils pas su détecter les signaux d'alarme ? Pourquoi un enfant molesté ne donne-t-il pas l'alarme ? Pourquoi continue-t-il à espérer l'amour de sa mère? à toutes ces questions, Katrina Kittel répond tout à la fois avec délicatesse et précision.
Pas de voyeurisme malsain , pas d'édulcoration pour autant, les conséquences physiques et psychologiques de cette perversion sont décrites de manières convaincantes, l'intrigue est haletante, alternant les points de vue des personnages.
Seul petit regret: la volonté de "lisser" à tout prix en donnant une tonalité parfois trop optimiste, comme si le monde bouleversé ne pouvait que retrouver son harmonie...Un bon roman qui tient en haleine et serre le coeur.
Le garçon d'à côté (The Kindness of strangers), Katrina Kittle, traduit de l'anglais (E-U) par Nathalie Brrié, Phébus 2012, 446 pages qui se dévorent toutes seules!
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : katrina kittle, pédophilie à côté de chez soi
08/02/2012
Albert Nobbs
"Je suis juste un peut- être, ni homme ni femme ! Je n'y peux rien."
Une femme, dans un souci économique (un homme gagne un salaire plus élevé ), a endossé une apparence masculine et sous l'identité d'Albert Nobbs exerce depuis trente ans avec discrétion et efficacité le métier de majordome dans un hôtel.
Un ouvrier découvre un jour son imposture mais , simultanément ,lui ouvre de nouveaux horizons. Albert se prend donc à échafauder des rêves d'avenir auprès d'une femme qu'il ne reste plus qu'à trouver...
Présenté comme une réflexion sur l'identité sexuelle, le récit esquive pourtant avec habileté la sexualité proprement dite et n'hésite pas à jouer plus des ressorts du mélodrame que du naturalisme ( la préface nous assure de Moore qu'il est le premier représentant anglophone de ce mouvement).
On effleure plus qu'on ne creuse et la nouvelle se termine d'une façon bien abrupte...Serait-ce une façon détournée de parler de l'homosexualité féminine ?
Albert Nobbs, George Moore, (1.50 euro) Pocket 2012,93 pages. Adapté au cinéma avec Glenn Close dans le rôle principal.
06:00 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : georges moore, glenn close
07/02/2012
Au pays des kangourous
"Il n' a jamais vu maman et m'a demandé si elle existait vraiment.
-Je ne sais pas, j'ai répondu. Je me le demande aussi."
Une mère, ambitieuse pour deux, qui vit la plupart du temps Au pays des kangourous ;un père, Paul, ghostwriter et papa poule à plein temps; entre les deux un petit bonhomme de neuf ans, Simon, le narrateur de cette histoire.Tout pourrait continuer à tourner tant bien que mal ainsi si , tout à coup, Paul ne plongeait sa tête dans le lave-vaisselle et la dépression. C'est donc la grand-mère paternelle, haute en couleurs, aidée de ses amis tout aussi excentriques, qui va prendre le relais et protéger, autant que faire se peut, tout à la fois Paul et surtout Simon.
J'ai entendu l'auteur sur France Info dire qu'il avait voulu écrire un livre drôle sur la dépression. Perso, j'ai souri à quelques formules mais les marque-page sont restés bien rares,( mais bon, j'ai tendance à trouvé poignant ce qui souvent fait rire d'autres lecteurs) . De plus j'ai trouvé quelque peu lourde l'intervention d'un personnage à visée explicative sur le fonctionnement de la dépression. Quant aux dialogues , ils m'ont paru artificiels, à cent lieues de ceux nettement plus réussis d'Autobiographie d'une courgette, dont j'avais fait mon miel il y a quelques années.
Laure a aimé .
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : gilles paris, schtroumpf grognon le retour