05/10/2011
Quand le loup a faim
"Oui, approchez-vous, on ne va pas vous manger !"
La couverture est très explicite : "Quand le loup a faim", il est bien décidé à manger comme en témoigne ses pattes tenant fermement des couverts de part et d'autre d'une assiette vide , foi d'Edmond Bigtarin , loup solitaire de son état !
Mais Edmond est un fin gourmet : il veut du lapin nourri au grain, au poil fin et au petit goût de haricot, du lapin citadin !" Et le voilà parti en ville son grand couteau à la main. Dans l'immeuble où habite Max Omatose, lapin nain, tout ne va pas se dérouler comme prévu et Edmond, pris de court par les différents habitants de l'habitation n'aura pas le temps de mener à bien sa mission mais trouvera beaucoup mieux: des amis !
Des illustrations aux cadrages originaux, pleines d'humour, des personnages très élégants, (le loup est un dandy craquant !) un texte qui joue avec les mots et une histoire qui célèbre la convivialité entre voisins que demander de mieux ? !
Marie adore !
06:00 Publié dans Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christine naumann-villemin, kris di giacomo
04/10/2011
Fly in the ointment
"If true contentment is living free from irritation, then I was content."
(Que faire quand les éditeurs français tardent à traduire les romans d'une de mes auteures préférées ? Dénicher sur la Toile an english book d'occas' et se lancer...)
Son mariage est un tel échec que Lois met une journée complète à se rendre compte que son mari, le froid et indifférent Stuart, a bel et bien déserté le domicile conjugal. Lois va alors pouvoir sortir de ce long engourdissement de dix-huit ans et pouvoir entamer une nouvelle vie. Du moins c'est ce qu'elle croit jusqu'à ce qu'elle se rende compte que son fils, dont elle a dû supporté l'addiction à la drogue, les mensonges et les vols , est devenu père. Doit-elle se désintéresser de cet enfant comme le lui conseille les services sociaux ou laisser parler son coeur et essayer de le soustraire à Janie-Gay, une mère pour le moins déficiente ?
Tous les ingrédients du mélo semblent ici réunis mais l'énergie de l'héroïne, son mauvais esprit réjouissant et le récit mené tambour battant font que tous les écueils du genre sont évités. Anne Fine nous dépeint ici à travers le personnage de Janie-Gay une mère horripilante,immature, tournée uniquement sur elle même , en rébellion permanente contre tout ce qu'elle juge pouvoir l'entraver dans la satisfaction de ses désirs. Une mère dont le comportement vis à vis de son enfant se situe juste au dessus de la limite nécessitant l'intervention des services sociaux . Comportement qui, selon son héroïne , ne peut qu'entraîner néanmoins de lourdes conséquences sur le développement de l'enfant. Et comme Lois n'y va pas par quatre chemins, même si elle sait aussi être patiente, sa solution ne peut être que radicale...Un récit qui peut parfois choquer, politiquement incorrect, nuancé cependant et qui sait aussi ménager de jolis moments de tendresse. Un cocktail détonnant et hautement réjouissant !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : anne fine, en v.o
03/10/2011
Famille modèle
"-Si tu fais vraiment partie de la famille, il va falloir que tu apprennes à merder."
Warren Ziller, a décidé de transplanter sa famille du Wisconsin où tous profitaient d'un bonheur paisible, pour leur faire partager son rêve américain de richesse et de confort en Californie . Las ! les ennuis vont commencer et s'aggraver d'autant plus vite que Warren ne peut avouer à sa parfaite petite famille que toutes leurs économies ont disparu dans le sable du désert...
Eric Puchner brosse un portrait caustique de la société américaine,et de cette famille qui semble dans un premier temps échappée d'une publicité : la mère , toujours vêtue de pastel, surnommée par ses enfants "Pyrex, déesse des gratins" qui réalise des films éducatifs benêts, les enfants, tous très beaux mais qui, mine de rien, peinent à s'adapter à ce nouvel environnement qui ne leur semble pas forcément idyllique et le père , incarnation vivante de l'esprit d'entreprise.
Tout ce joli petit monde va se trouver sévèrement secoué dans le shaker du destin et les véritables personnalités vont se découvrir peu à peu,tandis que s'effilochent les rêves paternels. C'est à la fois cruel et drôle , on contemple tout à la fois effaré et troublé cette chute de la maison Ziller en croisant les doigts, juste au cas où...
Famille modèle, Eric Puchner, traduit de l'anglais (E-U) par France Camus-Pichon, Albin Michel 2011, 523 pages à déguster.
Merci à Clara pour le prêt,
à Keisha qui a joué les passeuses !
Cuné a beaucoup aimé aussi.
06:00 Publié dans rentrée 2011, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : eric puchner, famille américaine
28/09/2011
Au pays des pierres de lune
"C'est si fragile une silhouette d'homme debout sur la nuit ".
Treize ans, un âge charnière pour la narratrice qui, devenue adulte revient sur cette année où elle est tombée amoureuse de son cousin, Boris. Un premier amour ça ne s'oublie pas. Surtout quand il est vécu dans le monde de la diaspora russe , un monde chaleureux où l'on chante, où l'on pleure, un monde où l'on a plaisir à se trouver "afin de se chauffer à toute la vie merveilleuse de ce petit appartement." Un microcosme où l'auteure nous introduit et où nous trouvons notre place avec plaisir. De l'émotion, de la poésie, un très joli moment de lecture.
Libouli a aimé aussi.
06:00 Publié dans Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : tania sollogoub
27/09/2011
à marée basse
" Tu aimes les vielles filles mortes [...] et les chiens qui courent après les camions."
Miles,un ado des treize ans qui en paraît huit. Rien du gamin populaire donc, surtout qu' il passe son temps à récolter étoiles de mer et autres palourdes quand il ne dévore pas de livres sur la vie des océans (son idole est la biologiste Rachel Carson).
Mais un jour Miles va découvrir un calmar géant et là tout va basculer : les médias mais aussi une secte vont essayer de tirer partie du jeune garçon, le présentant comme un observateur infatigable ou comme un prophète. Mais tout ça lui passe un peu par dessus la tête car il a d'autres problèmes à affronter : ses parents sur le point de divorcer, sa vieille amie dont les problèmes de santé s'aggravent, sans oublier son ancienne baby-sitter, Angie, qu'il veut à tout prix séduire.
Unité de temps, unité de lieu,un récit où se concentrent toutes sortes d'émotions et d'aventures qui vont transformer un être un peu en marge malgré lui, rien que du classique donc mais un roman d'apprentissage des plus sympathiques car plein de tendresse et de sensibilité. On apprend plein d'infos sur les formes de vie marine, on ne s'ennuie pas une minute avec un personnage qui sait voir le monde qui l'entoure, qu'il soit animal ou humain. Un chouette petit gars qu'on aurait envie de rencontrer et un auteur qui sait tout à la fois émouvoir et faire sourire, que demander de plus ?
à marée basse, Jim Lynch , livre de poche 2009, traduit de l'anglais (E-U) par Jean Esch.
Kathel a aimé aussi !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : jim lynch, plein d'infos sur les bestioles maritimes mais pas que
26/09/2011
New York, journal d'un cycle
"Le vélo est une forme modérée de vitesse, une forme modérée de lenteur, une forme modérée de contrôle, une forme modérée de dérive. J'aime le vélo pour sa modération."
Description de New York à vélo, illustrée par de très jolies photos en couleurs, mais aussi récit d'un couple qui ne parvient pas à être sur la même longueur d'ondes en ce qui concerne leur désir d'enfant, on trouve tout ceci dans le récit à la première personne de Catherine Cusset.
Mais est-ce parce que que je n'ai pas d'affinités particulières avec les États-Unis ou parce que comme le remarque son mari "ce n'est pas le désir d'enfant qui [la] rend folle mais l'absence de contrôle sur le cours des choses", j'ai lu sans déplaisir ce texte mais aussi sans beaucoup d'intérêt.Pas envie de me montrer sarcastique mais à part les photos, dont une très surréaliste façon montre molle à la Dali d'une roue de vélo emboutie probablement par une automobile, je n'ai pas gardé grand chose de ce texte.
L'avis plus enthousiaste de Lily.
06:00 Publié dans Récit | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : catherine cusset, new york, vélo, désir d'enfant
24/09/2011
Amour, brouille et câlin
Un format carré, un bon gros volume , des pages cartonnées costaudes, des couleurs pimpantes, voilà qui donne déjà envie de s'emparer du livre !
Le titre nous met sur la piste: c'est d'un abécédaire qu'il s'agit mais un abécédaire dépoussiéré , jouant sur les assonances et les allitérations, de quoi mettre nos oreilles en émois : "Quand papa s'entraîne au karaté (il fait des katas en kimono kaki), maman le met k.o avec son katana de kendo."
Mais c'est aussi l'histoire d'un couple, qu'on devine observé par le duo d'enfants apparaissant en conclusion, un couple tout ce qu'il y a de plus imparfait et c'est ça qui nous plaît ! Un couple où "Quand papa dit que la vaisselle, c'est pas viril, maman prépare sa valise pour partir en voyage (un peu de vacances)", (un livre pour enfants féministe, champagne !) un couple où "Quand papa est saoul maman soupire" (bon, papa est un joyeux fêtard et non pas un triste ivrogne !), où maman fume malgré les réflexions de son mari (tss !, soupireront les pisse-vinaigre !), un livre où la vie, avec ses hauts et ses bas annoncés dès le titre, se donne à voir sans être aseptisée, plein de scènes croquées sur le vif par les talents respectifs de Vincent Malone (alias le roi des papas ) et de Soledad Bravi (que les mamans retrouveront avec plaisir), des scènes quotidiennes , pleines d'humour et de tendresse ! Un pur régal qui plaira autant aux tout petits qu'à leurs parents ! Je me suis ré-ga-lée , foi de collectionneuse d'abécédaires !
Ecole des Loisirs, Collection Loulou et Cie 2011
07:20 Publié dans Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : soledad bravi, vincent malone
22/09/2011
A vol d'oiseau
"La moitié se mit à pleurer, l'autre moitié à sangloter."
A vol d'oiseau est un roman qui bouscule les frontières. Frontière géographique d'abord: celle entre le Canada et les États-Unis, dont le tracé capricieux avait plus ou moins été oublié et qui, sur une partie du microcosme où se déroule l'action, est symbolisée par un fossé que l'on saute allègrement. Oui mais des trafiquants de drogue, des passeurs de clandestins , voire des terroristes,vont changer la donne et faire grimper la paranoïa du côté des États-Unis...
La frontière entre les catégories professionnelles est- elle aussi chahutée: qui aurait pu croire que le héros du roman, Brandon, 210 cm, dyslexique, un peu autiste sur les bords, passionné d'oiseaux (il les identifie et les compte sans arrêt) deviendrait l'un des meilleurs garde-frontières ? On n'aurait pas parié un dollar sur lui, pas plus qu'on aurait cru que ses oeuvres artistiques, inspirées du Land Art, possédaient une quelconque valeur...En tout cas, il est le seul , dans sa fraîcheur d'esprit à planer au dessus de toutes ces contingences et à poursuivre son chemin entre deux communautés , pleines de gens pittoresques, que la peur de l'autre fait partir en vrille.
Un roman plein d'humour et de tendresse (on ne peut que tomber amoureux de Brandon (et pas seulement parce qu'il sait si bien comprendre les vaches !)), qui ne lésine pas sur les rebondissements et peint ce microcosme avec bonhomie et bienveillance, sans oublier néanmoins une petite touche acide... Un roman dont j'ai tourné de plus en plus lentement les pages pour le faire durer un peu plus longtemps ! "On n'oublie pas les moments passés avec Brandon."
A vol d'oiseau (Border songs) traduit de l'anglais (E-U) par Jean Esch, Éditions des deux terres 2011, 424 pages qu'on a peine à quitter !
06:00 Publié dans rentrée 2011, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : jim lynch, argh ayé je craaque et j'ai déjà commandé le premier roman de ce
21/09/2011
Personne ne bouge
"La plus belle fois, ce fut un samedi."
Imaginez que le temps s'arrête , que tout se fige autour de vous, en plein mouvement . Et surtout qu'un silence absolu s'installe. Que feriez-vous ? Voler, commettre quelques farces ? Antoine , même s'il esaiera bien de corriger les trop nombreuses fautes de sa dictée, découvrira bientôt que cette sitaution anormale peut se réveler encore plus utile, surtout si l'on est deux à partager ce secret...
Un texte tout à la fois ancré dans le réel (voir la description des relations parents/ado , les réflexions pleines de saveur du narrateur) et plein de poésie. Une petite merveille pour s'imaginer au bord de l'eau, dans un silence absolu ,devant une mer figée en plein mouvement. Pour se creuser une parenthèse au creux du temps.
Personne ne bouge, Olivier Adam, l'école des loisirs 2011, 92 pages pour rêver.
L'avis de Gaëlle.
Celui de Clarabel
06:00 Publié dans Jeunesse, romans français | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : olivier adam
20/09/2011
Rien ne s'oppose à la nuit
"L'écriture ne peut rien. Tout au plus permet-elle de poser les questions et d'interroger la mémoire."
Plus que l'histoire de cette femme, très belle dès l'enfance, mais qui n'a jamais su s'ancrer dans l'existence car elle était bipolaire, c'est le rapport à l'écriture qui se donne à lire dans ce texte ouvertement autobiographique qui m'a intéressée.
L'écriture ici est un combat qui malmène physiquement Delphine de Vigan, ce n'est pas une entreprise de lissage qui prétend éclairer toutes les zones d'ombre, révéler la Vérité sur sa mère. Non, dans ce work in progress qui s'intercale avec le récit , l'auteure nous précise bien qu'il y a différentes versions, qu'il a fallu choisir, elle nous livre ses scrupules vis à vis des membres encore vivants de cette tribu hors-normes dont elle est issue.
Des pans entiers de l'histoire de l'auteure seront passés sous silence et c'est cela qui m'a plu. ça et l'extrême sensibilité qui domine ce texte emprunt de souffrance sans jamais tomber dans le pathos. On n'est ni dans l'hagiographie ni dans le règlement de compte mais dans une entreprise quasiment de salut familial: comment fonder une famille et avancer sans crainte avec un tel passé ?
à noter aussi une très jolie évocation des années 70.
Un grand merci à Clara !
L'avis de Mango
Qui d'autre ? :)
06:00 Publié dans rentrée 2011, romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : delphine de vigan