04/07/2013
Désir d'être punk
"Elle dit que la vie va beaucoup plus vite que je ne peux l'imaginer. Mais elle avait beau rouler vite, ils auraient quand même pu sauter ! Ce n'est pas si difficile."
Le décès du père de sa meilleure amie a changé le regard de Martina, adolescente de seize ans. Dans un carnet destiné au garçon qu'elle aime en secret, la jeune fille relate sa vie, scandée par la musique, une vie qui est en train de se réagencer à cause de la crise économique mais aussi d'autres crises plus intimes .
Il y a dans ce roman espagnol une vraie voix, intime et poétique, qui sait toucher le lecteur adulte . Ne surtout pas lire la quatrième de couverture , sauf à vouloir connaître la totalité du roman ! Faire abstraction également du rappel, quasi obligatoire, dès qu'il est question de cette période de la vie, à l'attrape-coeur et se laisser toucher par la petite musique douce-amère de ce Désir d'être punk.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : belén gopegui, adolescence
02/07/2013
Leçons singulières
"Henry n'a jamais été très doué pour prendre du bon temps.Il était toujours en train d'abandonner quelque chose. Quand ce n'était pas le vin, c'était le sucre ou la caféine et aujourd'hui c'est moi qu'il a laissé tomber."
Never explain,never complain. Henry pourrait reprendre à son compte la devise royale. Froid et détaché pour les uns,attaché à son image pour les autres, cet homme d'affaires intègre, soucieux de l'éthique et des investissements à long terme, se retrouve brutalement évincé de la société qu'il a contribué à créer.
Quand son ex-épouse, malade, lui demande de le rejoindre en Floride, Henry prendra-t-il conscience de la chance qui lui est offerte de réparer ses erreurs ?
Roman sur la perte et le deuil, Leçons singulières possède une structure parfaitement maîtrisée, qui, en bousculant la chronologie, évite tout pathos. D'emblée, l'auteur nous balance un uppercut et , le coeur serré, le lecteur ne peut que continuer à suivre cet itinéraire d'un homme qui affronte l'adversité avec une dignité sans pareille. Il est pourtant loin d'être un modèle ,mais Henry, par le portrait éclaté qui nous en est proposé, gagne en richesse,en profondeur et en humanité. Une psychologie subtile et un style tout en retenue font qu'on ne peut lâcher ce roman où la violence ordinaire est dépeinte avec une grande fidélité. à découvrir absolument.
Leçons singulières, David Abbott, traduit de l'anglais par Katel Le Fur, Rivages 2012, 295 pages poignantes teintées d'une touche d'humour so british.
Un grand grand merci à Cuné !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : david abbott, renoncements nécessaires
01/07/2013
Un mari ordinaire
Pendant vingt-cinq ans, "Combats et trêves s'étaient succédé et Claire avait tenu bon, s'usant de l'intérieur, sans mesurer combien." Mais cette fois, Claire quitte son mari tyrannique , caractériel ,et dans ses bagages elle emmène Pretty, sa chèvre malicieuse.
Au coeur des Pyrénées, dans une grange aménagée, la quinquagénaire va se reconstruire, aidée par les habitants des lieux, par la beauté des paysages et aussi par sa drôle de petite compagne.
Roman qui fait du bien, Un mari ordinaire, dépeint avec finesse et sans manichéisme, une relation plus commune qu'il n'y paraît, celle d'un mari éteignoir (moodkiller) qui déprécie systématiquement celle qu'il prétend aimer, et d'une femme qui attend que son fils unique soit grand pour prendre le large.
L'histoire est parfois maladroite, cousue de fil blanc mais on prend plaisir à suivre ce récit lumineux qui donne envie de découvrir ce coin des Pyrénées. Un roman facile à lire, parfait pour les périodes où tout nous tombe des mains.
Un mari ordinaire, Christine Cerrada, Editions Michalon 2013, 255 pages qui fleurent bon le foin !
Pour en savoir plus sur l'auteure et la vallée en question, clic !
PS: lu, dans la foulée, la première nouvelle qui donne son titre au recueil d'Alice Munro, Fugitives. j'y ai trouvé quelques points communs ( dont la chèvre ! ), le tout traité d'une manière radicalement différente et noircissime ! Attention, je ne dis pas que l'une a copié sur l'autre, entendons-nous bien ! Je souligne juste une coïncidence amusante (la chèvre).
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : christine cerrada, divorce, reconstruction
29/06/2013
Le livre qui nous fait entrer en lévitation...
...nous en rêvons tous.
Pour en savoir plus sur cette jeune japonaise c'est ici (clic) !
06:00 Publié dans je l'ai vu ! | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : natsumi hayashi
28/06/2013
Agnès Obel, le retour...
...en septembre !
En exclusivité, un extrait de son procain album, ici !
06:00 Publié dans je l'ai entendu ! | Lien permanent | Commentaires (9)
27/06/2013
Keel's simple diary
Tenir un journal, la dernière fois que j'ai fait c'était il y a ...prescription et ça c'était très mal terminé.
Si quelqu'un m'avait dit en plus que l'orange redeviendrait ma couleur pour ce printemps-été pourri, je lui aurais ri au nez. Mais voilà, la grisaille aidant, le Keel's simple diary orange* m'a sauté dans les mains, avec son format fin missel à la tranche dorée . Depuis, il est devenu un rendez-vous plus ou moins régulier. Car c'est ça qui est bien avec ce journal : il suffit de le compléter, pas besoin de s'épancher et la créativité de l'auteur-artiste est supposée titiller la notre.
Un bel esprit de liberté règne dans ce journal : on peut le compléter jour après jour, en l'ouvrant au hasard, l'abandonner, le reprendre et les ruriques présentes dans chaque page évoluent avec beaucoup de latitude. L'incongruité de certaines estimations (Votre journée à été (un seul choix) : () du lait de ferme () un bon steak () une madeleine ) donne le sourire, l'humour, la légèreté apparente suscitent une réflexion amusée mais réelle. Une jolie façon de faire le point sur sa journée. On écrit très peu, on sourit beaucoup. Existe en application pour iphone et android. Billet non sponsorisé.
PS: il paraît qu'Isabelle Huppert est accro...
* plein d'autres couleurs disponibles
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : philipp keel
25/06/2013
Sex and the kitchen
"à quoi bon avoir une âme quand on a les fesses de Cameron Diaz, je vous le demande ?"
Charlotte, blogueuse culinaire bio en vogue, végète aussi bien en amour qu'au boulot. Un SMS révélateur, l'arrivée d'un nouveau chef dans la rédaction du magazine culinaire où elle est maquettiste sans oublier les mails d'un mystérieux admirateur vont transformer radicalement sa vie.
Ses amies, hautes en couleurs, vont l'aider, chacune à leur bien particulière façon ! Morgane, qui enchaîne les petits boulots, pour assouvir sa passion des fringues, et les amants pour assouvir sa passion du sexe va se charger de la rebooster. Avec son caractère bien trempé et sa verve, on adore l'entendre réprimander vertement des clients du téléphone rose ! Quant à Déborah, orthophoniste un jour sur deux, dominatrice les autres, elle a un carnet d'adresses bien fourni et entraîne ses copines dans des soirées SM de haut vol !
La couverture rose-bonbon mise sur le côté girly, évidemment très présent dans le texte, mais la quatrième de couv' avertit gentiment "Avec de vraies scènes de sexe à l'intérieur !". Cuisine et sexe sont donc inextricablement liés dans ce roman qui , même s'il entraîne la lectrice dans des lieux interlopes, garde toujours un côté bon enfant des plus sains.Les héroïnes sont tout sauf idiotes, prennent leurs vies en main et discutent sex-toys en consommatrices averties. Le récit est enlevé, les scènes de sexe explicites mais jamais vulgaires, le tout est à la fois fort drôle et efficace ! Un seul regret : l'appelation "la mouille" pour désigner le liquide sécrété par les glandes de Bartholin situées de chaque côté du vagin, lorsque la femme est en état d'excitation sexuelle. La cyprine est bien plus jolie, non ?
Déniché à la médiathèque et bien en vue, tiens!:)
Comme l'auteure est très sympa, elle n'hésite pas à partager quelques unes de ses recettes de cuisine sur son blog (clic) !
Sex in the kitchen, Octavie Delvaux, La Musardine 2013, 318 pages qui donnent la pêche!
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : octavie delvaux
24/06/2013
Trop de bonheur
"A croire qu'il existe en apparence on ne sait quel savoir-faire fortuit et bien sûr injuste dans l"économie du monde puisque le grand bonheur -aussi provisoire, aussi fragile soit-il -d'une personne peut sortir du grand malheur d'une autre."
Les femmes et leur quête de bonheur, dérisoire et courageuse à la fois sont au centre des nouvelles d'Alice Munro. Cruauté, résilience qui ne dit pas son nom, soumission au désir des hommes, voilà à quoi ces très jeunes filles, mères ou femmes plus âgées doivent composer.
Tout l'art d'Alice Munro est de ne pas porter de jugement, de décrire en une phrase tranchante et/ou férocement drôle, l'attitude, le comportement d'un personnage et vous le livrer en entier résumé : "Certaines suggestions, certaines idées, avaient le pouvoir faire tressaillir les muscles de son maigre visage tavelé, et alors son regard devenait noir et aigu, et sa bouche semblait remâcher un goût répugnant. Elle pouvait vous bloquer net dans votre élan, comme un féroce buisson de ronces."
Des textes qui possèdent juste le bon tempo et la bonne durée et ne nous laissent jamais sur notre faim. Des univers denses et intemporels. 316 pages piquetées de marque-pages.
Trop de bonheur, Alice Monro, Editions de l'Olivier 2013, traduit de l'anglais (Canada ) par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso
06:03 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : alice munro
23/06/2013
L'escargot, une fixette ?
Depuis, la lecture de ceci, j'ai l'impression qu'ils sont partout ...
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (10)
22/06/2013
L'armée furieuse...en poche
"Quand une alarme vitale se déclenche, la réplique humaine est impondérable et foudroyante."
Une armée furieuse , tout droit sortie des fins fonds du Moyen- Age, composée de chevaux et de cavaliers spectraux, a été vue dans un village normand. L'effroi s'empare aussitôt de la population car cette apparition annonce une "fameuse secousse", à savoir des décès de gens ayant l'âme mauvaise...
C'est évidemment Adamsberg "[le] rustre,[le ] montagnard, [le]pelleteur de nuages" qu'on appelle et qui va devoir composer avec la manière particulière de s'exprimer des Normands pour élucider le mystère de cette Grande Chasse. Non content de s'étonner de l'immobilisme des vaches dans cette région écrasée par la canicule, il devra aussi frayer avec une fratrie pour le moins singulière tout en essyant de "trouver "un passage obscur"pour affronter "l'aigre réalisme d[une] affaire polico-financière" qui lui met de sérieux bâtons dans les roues.Si l'on retrouve ici" la composition de chimères et d'illusions"qui plaît tant au commissaire Adamsberg- et au lecteur par la même occasion-, celle-ci est nettement plus crédible que dans l'épisode précédent (Un lieu incertain) et nettement moins embrouillée. Je m'attendais à ce que les liens père /fils s'étoffent davantage mais c'était sans compter sans la légendaire lenteur d'Adamsberg ! Néanmoins on retrouve dans cet opus tout ce qui fait le charme de l'univers de Fred Vargas: des personnages atypiques , qui, se montrant solidaires, arrivent à adapter à leurs singularités un monde par trop normé, un policier plein d'humanité qui attache autant d'importance à la mort d'une vieille obsédée du ménage qu'à l'entravement d'un pigeon et qui se réjouit (avec nous) de "triomphe[r] contre les colosses" !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : fred vargas