Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/04/2013

L'intensité secrète de la vie quotidienne

"L'érudition, l'ironie, le silence: c'est la méthode Nick Crocker."

Au coeur du roman qui se déroule en sept jours au coeur de la campagne anglaise en mai 2000, Laura. Archiviste, la petite quarantaine, elle reçoit un courrier de son amour de jeunesse, le charismatique Nick Crocker. Mariée à Henry, historien et réalisateur qui se partage entre Londres et le Sussex, mère de deux enfants, Laura se laissera-t-elle perturber par cette irruption du passé ? william nicholson, campagne anglaise
Je craignais le côté à l'eau de rose de cette hésitation entre mari chéri mais un peu plan-plan et ex-amoureux torturé mais la galerie de personnages qui prennent tour à tour la parole ont des préoccupations si diverses et sont si parfaitement croqués que j'ai passé un bon moment dans ce coin de campagne anglaise.
Le regard de William Nicholson est à la fois bienveillant et acéré (voir son analyse des véhicules adoptés par les bourgeois qui ont envahi ce petit village) mais il se glisse aussi avec une aisance stupéfiante dans la peau d'une femme lors d'une hallucinante séance de shopping. Il s'en est fallu de peu que ce livre soit un coup de coeur mais il  y manque un je ne sais quoi (une touche d'acidité pour relever le tout ? ) pour que le plaisir soit total.

L'avis de Cuné, vile tentatrice  s'il en est , plus enthousiaste !

L'intensité secrète de la vie quotidienne, Williman Nicholson, traduit de l'anglais par Anne Hervouët, Editions de fallois 2013, 399 pages confortables.



07/04/2013

Tu ne verras plus...en poche

Envie d'une petite balade à Toulouse? alors suivons les traces Félix Dutrey , un flic pas comme les autres , tour à tour sombre et plein d'humour, entouré par une belle bande de frappadingues qui pratiquent leur métier avec une once  de dérision pour ne pas se laisser bouffer par la cruauté d'un monde où on peut tuer à cause d'un pot de moutarde, un monde où les animaux et les plantes ont de moins en moins de place.
Le cycle de Félix Dutrey est en effet placé par Pascal Dessaint sous le signe  de la nature car l'auteur est très concerné  par les problèmes environnementaux. Très présents dans le  roman polyphonique Mourir n'est pas la pire des choses, ils le sont un peu moins dans les deux  suivants :Loin des humains, au rythme plus lent mais qui creuse davantage la psychologie des personnages et les liens qui les lient. On les retrouve enfin dans Tu ne verras plus où la mort d'un taxidermiste nous entraînera dans un drôle  d'univers où  l'on trouve des poissons sous les jupes des touristes.pacal dessaint
Dessaint évoque également au passage les dégâts causés par la catastrophe AZF car à se  préoccuper des problèmes de la nature on ne peut pour autant pas faire abstraction de ceux des hommes, leur destin étant liés.
Une  belle promenade en compagnie  d'un petit Paul mangeur de fleurs

06/04/2013

Un bûcher sous la neige...en poche

"De nos jours, qui prend le temps de soigner son âme ? "

"Gueuse", "malfaisante"mais aussi et surtout "sorcière" voilà quelques uns des mots qui stigmatisent Corrag, jeune fille qui s'apprête à subir l'ordalie par le feu au coeur de l'Ecosse du XVIIème siècle.susan fletcher
Quel crime at-elle commis ? Aucun, hormis le fait d'avoir soigné par des plantes . Aucun , si ce n'est d'avoir vécu en dehors de la compagnie des hommes, solitaire et sauvage, les cheveux pleins de papillons et de toiles d'araignées, accordant son attention aux endroits, aux animaux sauvages, au moindre frémissement de la nature dans laquelle elle vit en osmose.
Elle a été aussi témoin d'un massacre et c'est à ce titre que le Révérend Charles Leslie l'interroge dans la prison où Corrag guette la fin de l'hiver , la saison dont elle se sent la plus proche, fin de l'hiver qui verra s'enflammer le bûcher que l'on construit pour elle.
Au fur et à mesure du dialogue qui s'instaure, nous verrons une réelle communication s'établir entre Corrag et le Révérend. Car si la jeune fille connaît les plantes et leurs bienfaits, elle a aussi le don de transmettre sa vision du monde, faisant fi des luttes intestines qui opposent les Hommes dans cette période troublée de l'Histoire.
Le bûcher sous la neige est un roman où couve la braise, celle des sentiments de Corrag, analysés avec finesse et sensibilité par Susan Fletcher. C'est aussi un texte qui fait la part belle à la Nature en général et aux plantes en particulier, ces plantes dont les vertus inaugurent chaque chapitre.
Un roman qui s'inscrit dans la réalité historique d'une époque mais qui la dépasse aussi car la façon qu'a Corrag de se réjouir du gonflement d'un bourgeon ou de l'apparition d'un cerf pourrait être la nôtre. Un rythme un peu lent parfois mais un magnifique portrait de femme , une femme libre, malgré tout, ce qui réjouit le coeur du lecteur. La dimension historique, qui n'est pas vraiment ma tasse de thé, fait que j'ai moins été convaincue par ce roman que par les précédents.

05/04/2013

La cote 400 ...en poche

"La pire, c'est l'angoisse de la fantaisie."

Une bibliothécaire , comme une petite souris, recluse- ou presque -dans un sous-sol où seuls des étudiants viennent la déranger ,découvre un jour un malheureux lecteur qui s'est endormi dans son domaine.
Elle va alors l'abreuver d'un soliloque fleuve, ressassant ses idées fixes et son parcours de célibataire ayant fait un trait sur l'amour mais qui ne peut s'empêcher de rêver sur la nuque du beau Martin, un étudiant bien plus jeune qu'elle...sophie divry
Pas de paragraphes, pas d'échappées possibles, le lecteur est lui aussi captif de cette situation de communication perturbée où s'exprime un seul personnage, engoncé dans ses névroses et ses angoisses qui s'échauffe petit à petit avant de retomber comme un soufflé dans sa petite vie , son "combat homérique" pour rêver encore un peu à la venue de Martin.
Tour à tour agaçante, amusante, furtivement sympathique, cette bibliothécaire rigide, à la limite du mépris parfois , a finalement emporté mon adhésion et c'est le sourire aux lèvres que j'ai terminé cette lecture à épisodes (nécessité pour moi de "souffler" face à ce bloc de 65 pages denses) , pleines d'informations et qui surtout réussit la performance de faire vivre un personnage par la seule force de ses mots. Un texte qui mériterait d'être mis en scène !

04/04/2013

Printemps...en poche

"Son envie d'alcool, elle la combat par le danger et la souffrance, par l'épuisement physique."

Une explosion dans une petite ville tranquille de Suède touchée par la crise bancaire: la destruction d'un distributeur bancaire a provoqué la mort de deux fillettes et a grièvement blessé leur mère. Malin et ses collègues vont mener l'enquête mais notre policière favorite aura fort à faire aussi avec ses propres problèmes personnels. La tentation de briser son abstinence bien sûr d'autant que le secret lié à sa famille va enfin être livré au grand jour et va la bouleverser profondément. Mais aussi la solitude qui la touche de plus en plus.51FnNx3gGWL._AA160_.jpg
L'intrigue est prenante même si elle utilise de grosses ficelles et joue un peu trop sur la note glauque. L'argent est ici vilipendé de manière un peu naïve et je me suis bien plus attaché au personnage fragile de l'héroïne qu'à ces réflexions intempestives et ma foi, plutôt inutiles
Ce Printemps sera-t-il l'occasion d'une renaissance pour Malin ? En tout cas il clot de manière satisfaisante la tétralogie des saisons. Que je croyais ! En effet, sort aujourd'hui La cinquième saison...

03/04/2013

Maintenant le mal est fait

"Les amis sont parfois plus redoutables qu'une corde pour se pendre."

Le projet de construction d'une route vient perturber l'équilibre déjà fragile d'un groupe d'amis.La mort de l'un d'entre eux va aussi changer le regard que chacun porte sur les autres et sur soi.
Pas de nostalgie chez Pascal Dessaint mais une vision à la fois tendre et cruelle , férocement lucide, de l'amitié. Ces hommes et ces femmes qui prennent tour à tour la parole ont aussi des points de vue très tranchés sur les liens qu'entretiennent la Nature et l'humanité,l'une des préoccupations majeures de l'auteur. Est-il normal qu'un simple insecte vienne mettre à mal la volonté d'un constructeur ? Les hommes ne se comportent-ils que comme des pillards ?pascal dessaint,amis,nature
Telles sont quelques unes des interrogations de ces gens à l'âge des bilans, aussi bien amoureux qu'humains au sens large du terme.  Et comme Pascal Dessain est un virtusose de la construction, il nous réserve des surprises car, même si le lecteur découvre bien des informations sur les personnages, qu'eux-mêmes parfois ignorent, la fin se révèlera plus trouble que prévu...
Emaillé de citations d'auteurs chers à Pascal Dessaint, le récit coule, fluide et l'on ne se perd ni dans la chronologie ni dans l'identité des différents narrateurs, un tour de force ! Juste un petit bémol : il m'a semblé que les femmes étaient un tantinet traitées de manière moins bienveillante que les hommes mais bon, on ne chipotera pas pour si peu ! Un régal qui évite tous les pièges du genre, à ne rater sous aucun prétexte !
 Maintenant le mal est fait, Pascal dessaint, Rivges 2013, 253 pages à laisser infuser...

02/04/2013

Toutes les maisons sont dans la nature

"Pour les fondations, on dispose des caisses de bière en plastique remplies de sacs de sable."

Non, les architectes ne bâtissent pas que des musées ou des tours géantes ! Ils imaginent aussi des habitations répondant aux demandes et aux besoins de leurs clients, sachant s'adapter et tirer parti de leurs compétences premières qui n'ont souvent rien à voir avec l'architecture.didier cornille,architecture,maisons
Composé de dix chapitres, consacré chacun à un architecte renommé, le livre de Pierrre Cornelle m'a dans un premier temps déroutée par le parti pris des couleurs primaires utilisées. Mais la qualité des informations, la clarté des dessins et l'accent mis sur la relation à l'humain m'a finalement séduite. Un petit livre, par la taille, qui m'a intéressée et saura, j'en suis sûre, capter l'attention aussi des plus jeunes.

 

Merci à Libly et aux éditions Hélium !didier cornille,architecture,maisons

01/04/2013

Petits arrangements avec la cinquantaine

"Vieillir, c'est péjoratif mais réel.
Rajeunir , c'est laudatif mais impossible."

Sous forme de chroniques, Minou Azoulai évoque  avec beaucoup d'humour, le tournant de la cinquantaine. Celui, qui, ô horreur,  fait basculer dans le camp des seniors pour le monde du travail et nous interdit tout écart vestimentaire sous prétexte que ce n'est plus de notre âge.41sEEsZKTtL._SL500_AA300_.jpg
L'auteure se met en scène et croque ses amis, sa famille, avec tendresse et justesse. Le côté bobo parisien m'a un peu agacée au début mais il émane tellement de bienveillance de Minou Azoulai que je me suis laissée prendre au charme de ces textes où chacun peut se reconnaître, au moins ne partie. Notons au passage que la réalité n'est pas édulcorée et que l'auteure en se prive pas d'égratigner au passage les magazines qui ont tendance à enjoliver la réalité des seniors, surtout dans le monde de l'entreprise. Un livre qui ne révolutionnera pas nos vies mais nous permettra au moins de passer un bon moment.

L'avis de Sylvie, la tentatrice !

Un petit passage pour la route: "Et si vieillir c'était aussi se poser ? Arrêter de courir après la performance , ne plus défier le temps ? Cultiver la lenteur et le présent sans penser au lendemain... Retrouver une liberté d'être et de vivre.  Devenir ce que l'on est comme le suggérait  Nietzsche ...Assumer l'envie de se laisser aller à la paresse , à la contemplation, au détachement , à tout ce qui fait bon vivre, sans pour autant se négliger  ou se laisser glisser sur la pente dépressive..."

ps: Cath, je te l'envoie!:)

29/03/2013

Petites chroniques du français comme on l'aime

"La ténébreuse histoire de la coupe sombre..."

Ah, il pèse son poids, l'animal ! Mais sa couverture (un peu) matelassée, sa présentation claire , aérée et bien organisée en font  déjà un pur bonheur pour les amoureux de la langue. Une fiche par sujet traité (300 au total) sans jargon, mais avec une passion et un humour qui font que l'auteur nous embarque à sa suite sans problèmes.bernard cerquiglini
On y découvrira quelles sont les cinq fonctions de l'orthographe (à part être l'instrument de torture préféré des instituteurs sadiques), comment ne plus confondre "sensé" et "censé". On y dénichera aussi les réponses aux questions sur lesquelles la prof de français a parfois lamentablement séché (elle n'a pas eu la chance d'avoir des profs de linguistique aussi passionnant que Bernard Cerquiglini, la pôvre).
Bref, on piochera avec bonheur dans tous ces trésors d ela langue française , dévoilés ici par un homme cultivé sans être pédant. Un vrai bonheur de lecture !

Merci à Sylvie pour cette découverte !

 

28/03/2013

La plume de l'ours

"Mais enfin, il y a du vrai là-dessous: Duval en faisait un beau, d'ours !"

Carole Courvoisier, quand elle entame ses recherches sur le changement stylistique brusque du grand écrivain suisse Camille  Duval est loin de se douter que son périple , commencé sur la côte Est des Etats-Unis, se poursuivra jusqu'en Alaska.carole allamand
En sa compagnie, nous croiserons la route de personnages haut en couleurs allant de l'universitaire , plus concerné par le cadre d'un colloque que par les interventions de ses confrères, à l'étudiant quasi illettré qu'il faut pourtant appâter, en passant par un fondu d'animaux qui nous permettra , au terme de ce road movie ,de faire la connaissance de l'ours du titre, ourse d'ailleurs fort craquante !
La plume est alerte, élégante, fort bien imagée et l'auteure prend beaucoup de plaisir (et nous avec elle) à se moquer du tout petit monde des universitaires en général et des chercheurs en littérature en particulier. On pense bien évidemment à Allison Lurie ou à David Lodge mais sans le côté vieux routier de l'écriture car Caroline Allamand possède une fraîcheur revigorante. Un bien joli début en littérature !

Merci Clara pour cette découverte !

Kathel a été conquise!