08/06/2013
Marcus...en poche
"Mais mon petit dictionnaire de la vie s'appelait Marcus."
Hélène, toxicomane, avant de mourir, a confié son fils, Marco dix ans, à son meilleur ami, Pierrot. Ce dernier, la trentaine,mène une vie laborieuse sur les marchés de la région lilloise et devenir père de substitution ne figurait certes pas à son programme. Mais la fraternité et le soutien de ses amis vont aider ce célibataire au coeur tendre à faire une place à ce gamin craquant,et l'on se plaît à rêver de bonheur. Jusqu'à ce que le passé rattrape Pierrot.
Les grincheux souligneront le scénario cousu de fil blanc mais ils se priveraient ainsi d'un roman lumineux qui peint, sans misérabilisme ni guimauve le monde des petites gens, ces "graines "... qui se changent tout de suite en herbes folles .[...] On passe la tête entre les dalles, on s'accroche comme du lierre aux pierres qu'on trouve. Parfois on tient, parfois on décroche. ça dépend pas que de nous, mais il faut faire comme si."Il y est beaucoup question de chaleur humaine et de familles qu'on se bricole quand la vie n'a pas toujours été généreuse, le tout raconté dans dans une langue mêlant registre familier, courant , émaillée de quelques régionalismes.
Si la troisième partie connaît une petite baisse de rythme, lançant une intrigue secondaire qui ne débouchera pas sur grand chose, on reste néanmoins scotché par ce livre généreux, fluide et dont on l'impression d'avoir déjà croisé les personnages dans un quartier populaire lillois. Un roman tendre, facile à lire (et ce n'est pas une critique) qui fait passer un excellent moment !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : pierre chazal
07/06/2013
Tout le monde n'a pas le destin de Kate Middleton...en poche
"Décidément , Victor n'avait que l'embarras du choix pour son avenir professionnel, il était aussi doué en médecine d'urgence qu'en proxénétisme aggravé. Il fallait absolument que je pense à lui offrir un costume rayé et des chaussures en croco blanches pour son prochain anniversaire."
Capucine Guillon, quarante- trois ans, divorcée, élevant seule trois enfants (Paul, Emile, Victor, dans l'ordre !) de trois pères différents, tire le diable par la queue car, toutes les mères d'ado (d'appartement ou pas) vous le diront : l'ado est un morfale qui vide votre frigo en moins de deux et dont les pieds nécessitent l'achat régulier (et fort dispendieux) de baskets . Et ce n'est pas son boulot de rédactrice de questions pour jeux télévisés qui va lui permettre de sortir son compte en banque du rouge ! Manquant chroniquement de culot, trop gentille, se fourrant elle même dans les situations les plus improbables, notre Capucine se définit comme une parfaite looseuse, mais malgré les coups de blues, il lui faut reprendre les choses en mains et repartir de plus belle !
Quadragénaires*, mes soeurs, voici enfin LE livre que nous attendions toutes: le livre sympathique en diable -et diablement réconfortant-, bien écrit, bien ficelé, sans baisse de rythme, qui met en scène une héroïne selon notre coeur ! Une femme comme nous, ni belle, ni moche, qui n'a pas un métier trop glamour, qui ne rêve pas de chaussures X ou de sacs Y , qui arrive une fois sur trois à entrer dans un trikini **et qui ne cherche pas l'amouuuuuuur à tout prix ! Nous la suivons tout au long d'une année, un chapitre par mois, et finissons avec un grand sourire au lèvres après avoir dévoré d'une traite ce roman qui me réconcilie avec la comédie ! à quand l'adaptation cinématographique ?
Tout le monde n'a pas le destin de Kate Middleton, Fred Ballard, Pygmalion 2012, 307 pages qui donnent la pêche !
*Encore pour quelques mois, si , si !
**"un mélange de bikini et de une-pièce , sauf qu'en fait il y avait trois morceaux...Trois morceaux collés les uns aux autres. Comme il n'y avait pas de mode d'emploi ni de schéma de montage, je m'étais débrouillée seule pour trouver dans quels trous je devais mettre mes jambes et dans quels orifices devaient rentrer mes bras, ce qui me prit un certain temps..."
06:00 Publié dans Humour, le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : fred ballard
06/06/2013
La relieuse du gué...enfin en poche
Il a fait le tour de la blogosphère, mais au cas où ...
Mathilde a abandonné une carrière diplomatique pour mettre ses pas dans ceux de son grand-père ,récemment disparu ,en devenant relieuse. Installée dans une ruelle aux habitants hauts en couleurs, elle reçoit un jour en dépôt un livre particulier qui va l'entraîner à la recherche d'une famille et d'un temple de culte gallo-romain.
Anne Delaflotte Mehdevi dont c'est ici le premier roman, nous entraîne dans un univers plein de charme et de lenteur sans que jamais on ne s'ennuie. La description du quotidien de son héroîne, pleine de saveur, est rehaussée par l'utilisation que Mathilde fait de ses différents exemplaires de Cyrano de Bergerac. Ainsi pour elle:
"On peut lire Bergerac de Rostand comme on le fait d'une carte postale d'été, ou le dire haut, juste pour le rythme facile de la rime. On peut le lire pour rire, pour s'émouvoir, pour s'attarder sur le panache de son héros. Pour bien dormir, on peut prendre le soir un dialogue au hasard, et faire une toilette de chat de l'esprit, juste avant de sombrer. On peut le prendre au petit-déjeuner, pour se donner du coeur et une âme claire, juste une lampée avec son café."
Les dialogues sont parfois maladroits, l'intrigue cousue de fil blanc, on a parfois envie de secouer l'héroïne en lui disant d'ouvrir les yeux et de se secouer un peu mais la magie de La relieuse du gué opère et on savoure pleinement cet univers douillet dans lequel on se love avec bonheur.
09:41 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : anne delaflotte mehdevi
Retour à la ligne
Maman solo d'un ado d'appartement, scénariste de télévison blacklistée, Clara Tallane en est réduite à rédiger les mémoires d'un industriel qui rêve qu'on lui invente une vie.
Si mon côté petite souris qui aime découvrir les coulisses d'un métier, en plus lié à l'écriture, a été plutôt satisfait, la comédie annoncée de manière dithyrambique sur la quatrième de couv', je la cherche encore !
Je croyais trouver du pétillant et je n'ai déniché que de l'éventé. On s'attend toujours à ce que , enfin, l'action démarre, mais on reste toujours sur sa faim. Par contre, la description de la vie quotidienne de l'héroïne et ses relations avec son grand dadais de fils sont très vivantes et enlevées. Du coup, on peut terminer le roman sans déplaisir, ce qui n'est déjà pas si mal !
L'avis de Cuné (merci !) qui m'a permis de satisfaire ma curiosité.
07:15 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : julie jezequel
04/06/2013
Prenez la parole en public (audiolivre)
Lire des ouvrages donnant des conseils pour communiquer en public s'avère souvent frustrant car les notions d'intention, de modulation de la voix sont plutôt difficiles à faire passer.
Alors quand, grâce à Sylire, j'ai pu tester cette méthode et écouter par la même occasion mon premier livre-audio, j'ai sauté sur l'occasion !
La méthode est claire, simple, faisant appel à des notions de relaxation déjà rencontrées en yoga (exercices respiratoires par exemple) et accessibles à tous. Le tout, bien structuré, agréable à écouter et à mettre en pratique.
Une bonne base qu'il suffira d'étoffer, en variant par exemple les virelangues, (clic), et prendre la parole en public deviendra plus simple. Évidemment, les exercices sont à pratiquer régulièrement pour pouvoir progresser de manière notable.
Merci encore Sylire !
PS: petite question pratique : dans quel rayon trouve-ton ces audio-livres, please ?
06:00 Publié dans je l'ai entendu !, très utiles! | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : julien combey
03/06/2013
Petit éloge des vacances /Dimanche chez les Minton
"L'écrivain est un dompteur de silence; le vacancier prend le risque du vide."
*Avec cet opuscule de 116 pages , parfois teinté de nostalgie, je découvre le style poétique, élégant et précis de Frédéric Martinez. Un thème accrocheur et des pages souvent cornées, voilà qui atteste d'un bon moment passé en compagnie de cet écrivain.
Si je n'ai pas toujours été convaincue par les portraits que lui inspirent des passantes estivales, j'ai été tout à fait séduite par des passages évoquant à la fois l'écriture et les vacances. Un extrait juste pour vous mettre l'eau à la bouche :
" J'aimerais pouvoir chaque jour me réjouir que le soleil se lève, scruter la nuit cousue d'étoiles et, pétri de gratitude, prendre place parmi les vivants; passer ma vie comme en vacances. Il m'arrive d'y parvenir. Je m'entiche alors du moindre détail. Je suis des yeux la course d'un nuage; regarde pendant de longues minutes les branches d'un arbre qu'éploie le vent, les motifs que trace au sol l'ombre de la feuillée. Je fais des festins de lumière. Quand adviennent ces jours fastes, je demeure sans impatience. Des heures durant, je frotte au silence un adjectif, le remonte doucement des limbes jusqu'à ce qu'il affleure la trame du papier où se fige l'encre de mes phrases."
* Dans la même collection Folio à deux euros, Dimanche chez les Minton .Cinq nouvelles pour retrouver l'univers de Sylvia Plath, tout en subtilité , disséquant tantôt avec une férocité réjouissante tantôt avec ce sourd désespoir inéluctable les relations de couple , les conventions sociales. Et toujours ce sentiment de malaise des personnages féminins d'inadéquation au monde, et ce parfois, dès l'enfance : "Je restai allongée, seule dans mon lit, avec le sentiment que l'ombre noire rampait sous le monde comme une marée. Rien ne tenait, rien n'y échappait."
06:00 Publié dans Nouvelles étrangères, Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : frédéric martinez, sylvia plath
02/06/2013
Un grand mariage
Parce que jeudi il faisait moche, parce que j'aime Diane Keaton et son élégance folle, Susan Saradon et sa crinière rousse parfaite, malgré une bande annonce calamiteuse, je suis allée voir Un grand Mariage.
Tous les gags sans exception tombent à plat. Je n'ai jamais esquissé l'ombre d'un sourire, mais j'ai supporté sans broncher cette intrigue libidineuse cousue de fil blanc ,où seules les femmes tirent leur épingle du jeu, car je me suis focalisée sur le tenues de Diane Keaton. Bien maigre moisson me direz-vous ?
Hélas , au vu des bandes-annonces de l'été cette comédie asthmatique paraît un chef d'oeuvre de distinction et de sophistication !
PS: coup de bol, j'ai déniché au Monop' le colllier de Keaton , yep !
06:00 Publié dans je l'ai vu ! | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : diane keaton, susan sarandon
01/06/2013
Famille modèle...en poche
"-Si tu fais vraiment partie de la famille, il va falloir que tu apprennes à merder."
Warren Ziller, a décidé de transplanter sa famille du Wisconsin où tous profitaient d'un bonheur paisible, pour leur faire partager son rêve américain de richesse et de confort en Californie . Las ! les ennuis vont commencer et s'aggraver d'autant plus vite que Warren ne peut avouer à sa parfaite petite famille que toutes leurs économies ont disparu dans le sable du désert...
Eric Puchner brosse un portrait caustique de la société américaine,et de cette famille qui semble dans un premier temps échappée d'une publicité : la mère , toujours vêtue de pastel, surnommée par ses enfants "Pyrex, déesse des gratins" qui réalise des films éducatifs benêts, les enfants, tous très beaux mais qui, mine de rien, peinent à s'adapter à ce nouvel environnement qui ne leur semble pas forcément idyllique et le père , incarnation vivante de l'esprit d'entreprise.
Tout ce joli petit monde va se trouver sévèrement secoué dans le shaker du destin et les véritables personnalités vont se découvrir peu à peu,tandis que s'effilochent les rêves paternels. C'est à la fois cruel et drôle , on contemple tout à la fois effaré et troublé cette chute de la maison Ziller en croisant les doigts, juste au cas où...
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : eric puchner
31/05/2013
La liste de mes envies...en poche
"Mais je ne suis pas riche. Je possède juste un chèque de dix-huit millions cinq cent quarante sept mille trois cent un euros et vingt-huit centimes, plié en huit, caché au fond d'une chaussure. Je possède juste la tentation."
Lorsque Jocelyne Guerbette, mercière à Arras et rédactrice du blog dixdoigtsdor, réalise le rêve de beaucoup de gens, à savoir gagner au loto, elle ne se précipite pas . Ni pour encaisser son chèque, ni pour avertir son mari ou ses amies. Non, elle prend bien le temps de réfléchir car, malgré les orages conjugaux, les peines, les douleurs, elle se demande si elle a vraiment envie de quelque chose de différent. Mais les événements vont s'emballer plus vite que prévu et Jocelyne devra quand même affronter bien des changements dans sa vie...
Le gain d'une grosse somme d'argent au loto aurait pu donner lieu à des situations caricaturales . Mais Grégoire Delatour l'envisage d'une manière originale, pleine de tendresse pour son personnage féminin . Il brosse ici un très joli portrait de femme , une femme qui s'émancipe doucement, qui rit avec ses fofolles de copines, qui ne perd pas la tête devant tant d'argent, qui ne se laisse pas éblouir (il faut voir la modestie de La liste de [ses] envies: rien d'ostentatoire, rien qu'elle ne puiise vraiment s'offrir sans même avoir gagné au loto ), qui va renouer avec sa fille mais qui n'oublie pas pour autant ce qui l'a façonnée. Un roman plein d'humanité, construit de manière habile (je me suis faite avoir comme une bleue !) et dont le style, alerte et émaillé de formules, confirme ici tout le bien que j'écrivais déjà de cet auteur ici. à vous de noter ce roman sur la liste de vos envies !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : grégoire delacourt
30/05/2013
Mon petit trognon potelé
N'était ce printemps pourri, nous devrions nous promener sous les charmilles ou dans les bois et susurrer à l'oreille de nos amoureux/ses des mots tendres. Fi des "Chéri "et "Mon amour"! Renouvelons notre corpus de mots tendres et saluons au passage l'inventivité des amoureux passés à la postérité. Tout leur est bon pour désigner l'aimé(e) :des animaux les plus insolites "mon petit cafard embaumé", aux éléments de la nature , "Mon romarin sans tête" *, en passant par les mots du quotidien "Mon petit bouchon".
Catherine Guennec les a recensés avec gourmandise et nous les offre ces mots doux parfois passés de mode ("mon Menon") ou parfois excessifs. Ainsi Mozart s'adressant à la baronne von Waldstatten : "Chère, bonne et belle, dorée, argentée et sucrée, estimée et estimable vénérée madame la baronne".
Les plus intello se laissent aussi aller à des épanchements cuculs, ridicules mais si tendres. Saurez-vous deviner quelle est la femme qui s'adresse ainsi à spn amoureux secret : "mon gentil vous lointain, perdu dans le blizzard ...ma bête ensoleillée...mon très cher potiron violet...très chère bête provinciale assise à ruminer ?
Un pur régal où picorer régulièrement pour trouver l'inspiration si nécessaire ...
First 2013
* Cette plante était autrefois de toutes les cérémonies. Les mariés se coiffaient d'une couronne de romarin , symbole d'amour et de fidélité.
06:00 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : catherine guennec, mots tendres