18/05/2013
Jeu de pistes...en poche
"La maison était un traquenard."
La vie de Damien March , passablement ennuyeuse, va basculer quand il apprend la mort de son oncle, Patrick, dont il avait quasiment oublié l'existence.Abandonnant Londres et son travail à la BBC, Damien va s'installer dans la maison dont il vient d'hériter, sur une île au large de Cape Cod. Lui reviennent alors en mémoire toute une flopée de souvenirs de cet oncle , ancien écrivain à succès qui vivait au milieu de tout un bric à brac, au sein duquel Damien va dénicher un manuscrit inachvé , mettant en scène Mycroft Holmes, le frères aîné du célèvre détective. Ce texte le mènera par bien des chemins détournés à la découverte d'un secret de famille.
Le jeu de pistes dont il est question est extrêment plus subtil que ce à quoi on pourrait s'attendre. Il s'agit en fait plutôt d'une évolution du narrateur qui explore sa propre personnalité à travers celle de son oncle. Les rencontres, les souvenirs, les découvertes, en apparence anodines ,les péripéties forment un ensemble fort plaisant car le style est fluide, plein d'humour (et de métaphores comme je les aime!). Qaunt aux ellipses, elles surprennent agréablement le lecteur.
Un livre enthousiasmant à plus d'un titre et par dessus le marché, un séjour fort agréable par personnage interposé dans une maison en bord de mer, que demander de plus ?!
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : marcel theroux
17/05/2013
Le mystère de la chaussette orpheline et autres tracas du quotidien
"Mais pourquoi tu n'imprimes pas recto-verso ?
ai-je demandé à mon collègue tatoué.
-Avec tout le pollen qu'ils me balancent, je me venge des arbres."
Colombe Linotte a un mari hyper carré, qui lit des bouquins sérieux, rechigne à gaspiller la nourriture et n'a égaré aucune chaussette depuis 1992. Il n'hésite pas , le fourbe , à user des ruses les plus viles pour être le premier au lit car sa chère et tendre déteste être la dernière à aller se coucher.
Luluchatigré partage leur vie et chipe sans vergogne les élastiques à cheveux de Colombe. Cette dernière mange compulsivement des babybel , dissimule des titres de Céline Dion dans sa play-list, est persuadée qu'"Il existe quelque part un monde parallèle et merveilleux où vivent heureux tous [ses] objets perdus". Entre deux crises de nettoyage compulsif et de préparation (plusieurs mois à l'avance ) d'un sac de randonnée qui lui vaudra d'embarquer un bouquin déjà lu, Colombe rédige des billets sur son blog. (clic). Un éditeur a eu la bonne idée de les rassembler et de les publier !
On entre très vite dans ce quotidien-miroir , plein de fraicheur et d'humour.Un recueil où se succèdent des textes courts, voire très courts, qu'on picore , picore et qu'on finit d'une traite sans même s'en apercevoir !
159 pages addictives où se promènent sous formes d'illustrations élégantes quelques objets égarés et une chatte élastique.
First 2013.
06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : colombe linotte
16/05/2013
Dire/Ne pas dire
Que ceux qui considèrent encore l'Académie française comme une institution au mieux poussiéreuse au pire inutile se rendent ici (clic) !
On y trouvera les réponses à plein d'interrogations sur la langue française et son maniement souvent délicat. Et on peut même poser soi-même des questions !
Bon, nous n'y trouverons pas la réponse à la question que se posait Cuné ici et à laquelle je prends enfin le temps de répondre:
Cet animal bizarre est le résultat de croisements entre un cochon, une chauve-souris et un lapin !
06:00 Publié dans Bric à Brac, l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (13)
15/05/2013
Dans la peau de Sheldon Horowitz
"-Ne vieillis pas , lui recommande-t-il. Si Peter Pan apparaît, suis-le."
"Un sniper américain , sénile, de quatre-vingt-deux ans serait poursuivi par des Nord-Coréens dans toute la Norvège après avoir fui une scène de crime. Avant ou après le meurtre."Ainsi Sigrid, policière norvégienne résume-t-elle un peu sommairement la situation. On pourrait préciser que Sheldon Horowitz est juif, qu'il vient de s'installer en Norvège chez sa petite-fille-sa seule famille restante-et que l'objectif de cette course-poursuite est de sauver la vie d'une petit garçon Serbe.
On ajoutera aussi que Sheldon ,qui entretient des liens bien particuliers avec son passé ,est fichtrement débrouillard, comme Huckleberry Finn un de ses modèles , que c'est un manipulateur né et qu'il est absolument craquant !
Tendresse (jamais niaise), humour mais aussi vrai suspense qui fait battre le coeur, tous les ingrédients d'un excellent roman et un épilogue qui d'abord m'a laissée un peu sur ma faim mais après réflexion est totalement en accord avec l'esprit du livre. Un premier roman qui crée vraiment un univers, avec des personnages attachants et des références historiques qui lui donnent un arrière-plan très intéressant. De la belle ouvrage et un grand-père que l'on n'oubliera pas de sitôt ! à découvrir de toute urgence !
Dans la peau de Sheldon Horowitz, Derek B. Miller, traduit de l'anglais par Sylvie Schneiter, Les escales 2013, 416 pages qui filent toutes seules !
06:03 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : derek b.miller
14/05/2013
L'atelier des miracles
"Tentez de vous positionner autrement. Pensez qu'ils sont capables de sincérité. Pensez qu'ils sont capables d'amour. "
Mariette, prof d'histoire géo à bout de nerfs, Millie, jeune femme prête à tout pour échapper à un passé douloureux, Mike, ex-militaire échoué sous un porche croient tous avoir rencontré leur sauveur en la personne de Jean.
Cet hommme providentiel les accueille en effet dans son Atelier où, à défaut de montres, il répare les âmes cassées.
Dès le début, j'ai été gênée par l'aspect trop miraculeux de cet atelier (qui trouvera son explication un peu plus loin dans le roman) et par l'écriture un peu bâclée. On ne s'attarde pas suffisamment sur les personnages, l'intrigue est un peu lâche et ne maîtrise pas suffisamment les changements de ton.
Dommage, il y avait là tous les ingrédients d'un bon roman qui fait du bien !
Plein d'avis, nettement plus positifs, sur Babelio.
celui de Antigone, Clara, Un autre endroit,
Déniché à la médiathèque.
l'atelier des miracles, valérie Tong Cuong, Lattès 2013.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : valérie tong cuong, ensemble c'est mieux ?
13/05/2013
Le démon
" - Que Dieu te garde, Jack!
Il faut bien que quelq'un s'en charge."
à Ken Bruen je peux tout pardonner: les énumérations notées de façon verticale, qui reviennent régulièrement et qui sentent un peu trop l'écrivain paresseux tenant à obtenir le compte de pages dû à son éditeur, les intrigues à la fin télescopée, les flopées de cadavres que Jack Taylor provoque bien malgré lui. Et même dans cet opus l'intervention d'un démon au crâne tantôt lisse tantôt à la chevelure abondante. le Mal existe nous rappelle Bruen à longueur d'auto-citations. Oui, je peux tout lui pardonner car il a un style bien à lui et une manière de toujours reconstituer la bibliothèque de Jack Taylor régulièrement dévastée (et de nous fourguer par la même occasion toute une liste d'auteurs à découvrir). Mine de rien, même avec ses intrigues allégées , Bruen parvient à redonner le goût de lire, à nous remettre en selle quand tous les livres nous tombent des mains. Comment fait-il ? Mystère.
Mais là où le bât blesse c'est quand on nous change de traducteur, pire quand on nous en inflige deux. je n'ai en effet pas retrouvé la voix de Jack Taylor dans cet opus où alterne argot désuet et parler djeun's dans un mélange cacophonique. Pourquoi aussi nous traduire "une boutique genre Emmaüs"ce qui à l'origine devait être "Oxfam"? Un parti pris dérangeant ... Rendez-nous Pierre Bondil !
Déniché à la médiathèque.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : ken bruen
11/05/2013
Les oranges ne sont pas les seuls fruits...en poche
L'incertitude était pour moi ce que l'aardvark* est pour les autres gens."
Paru pour la première fois en 1985 (et adapté pour la Télévision britannique en feuilleton), Les oranges ne sont pas les seuls fruits est la version romanesque de Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?**
Ce roman insiste davantage sur la dimension religieuse du personnage de madame Winterson (si obnubilée par ses pratiques religieuses qu'elle ne se rend pas compte que sa fille adoptive est devenue sourde !) et n'hésitant pas à organiser un exorciste quand elle se rend compte de l'homosexualité de cette dernière.
J'ai nettement préfé l'autobiographie de Jeanette Winterson, qui revient davantage sur sa "libération" grâce à la littérature et relate sa recherche de sa mère biologique.
*petit fourmilier d'Afrique.
**qui vient d'obtenir le prix Marie-Claire.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : jeanette winterson
10/05/2013
De Iron man...
à Two days in New-York en passant par La vie est belle !
Seul le mauvais temps et un ado enthousiaste peuvent expliquer que je me suis retrouvée dans une salle de ciné dont les spectateurs étaient aux trois quarts des adulescents,mâles,venus en bandes , ruminant ou picorant des maïs.
Le pitch ? Parce qu'il a préféré une aventure d'un soir avec une botaniste qui a réussi à mettre au point des plantes qui se régénèrent toutes seules comme des grandes (je veux les mêmes) à un entretien sur le toit (?!) avec un blondinet binoclard fadasse au catogan étique, Iron man va devoir réintégrer sa carapace pour affronter un terroriste à chignon. Mine de rien, le budget coiffeur a dû atteindre celui des explosifs . Commence alors deux heures d'explosions, de rougeoiements en tous genres, pimenté par quelques ruses éculées et blagues lourdaudes, voire scatologiques.Iron man va même jusqu'à confier un objet permettant d'infliger une décharge électrique à un gamin bien peigné de douze ans pour qu'il se débarrasse de son harceleur (que fait le CSA ?).Le bruit et les images assemblées par un épileptique m'ont empêchée de dormir et je suis restée de marbre, regrettant juste au passage l'Homme de fer, feuilleton plus tranquillou des années 70.L'ado a aimé , bien sûr.
Pour me remettre de mon absence d'émotions, je me suis préparé un thé Rose, c'est la vie , ai visionné LE film cité dans toutes les listes remonte-moral ( accessoirement aussi dans celle du BTS de l'an prochain, thème: le rêve ) : La vie est belle de F. Capra. Là, système inverse, un ange (sans ailes, le pôvre) montre à James Stewart ayant pété les plombs et qui, ruiné, plutôt que de se tirer en train comme il en rêve depuis toujours coincé qu'il est dans sa petite ville et dans sa petite vie, envisage de se suicider, ce qui se serait passé si James Stewart n'était pas né. Un vrai cauchemar, bien sûr ! Du coup, il se rend compte que , malgré tout ,La vie est belle et comme ses enfants ont prié, l'ange est venu l'aider et comme sa femme est maline, elle a ameuté tous les amis de Stewart qui viennent lui apporter des sous, mieux que les rois mages. Argh, trop de guimauve tue les bons sentiments (il ya même un écureuil qui vient consoler le tonton qui a paumé les 8000 dollars, on se croirait dans Blanche-neige ou Bambi !) et les sous-titres , tapés par un analphabète qui n'a jamais trouvé la touche ù , ont fini de m'exaspérer. Mais au moins les flocons restent sur les vêtements de Stewart alors que le tee-shirt d'Iron man reste vierge en pleine tempête de neige. Le réchauffement climatique est passé par là.
Le soir, c'est donc un peu par hasard que j'ai regardé Two days in New-york, de et avec Julie Delpy et je me suis ré-ga-lée ! Plus de héros corseté dans leur amure et leur patriotisme, plus de grand dadais empêtré dans un Oedipe mal réglé (James Stewart embrasse sa mère sur la bouche !), qui réfrène ses envies pour mieux se trouver coincé dans ce que lui dicte son devoir ! Ici les personnages , parce qu'is parlent une autre langue ?, parce qu'ils sont à l'étranger ? ,se déboutonnent, se lâchent, disent tout ce qui leur passe par la tête et quand les mots ne sont plus suffisants, ils en viennent aux mains ! Plus de Surmoi ! On est dans la jubilation car tout ceci n'est pas grave: l'amour et l'affection circulent quand même ! Un film rafraîchissant !
Un cheminement pour le moins étrange, n'est-ce pas ?
Ps :la prochaine fois qu'on me demandera d'épeler mon nom au téléphone je ne sais pour quelle version j'opterai :celle façon obsédée sexuelle, à l'instar de Julie Delpy ou l' angélique à laquelle le puritanisme américain la contraint ensuite...
06:00 Publié dans je l'ai vu ! | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : iron man, it's a wonderful life, two days in new-york
09/05/2013
"Oh..."
"La réalité se charge de vous remettre à votre place."
Trente jours hivernaux dans la vie d'une femme de cinquante ans pour qui tout doit être sous contrôle. Un récit qui commence juste après le viol dont elle vient dêtre victime et dont elle se remet avec une volonté implacable .
Il lui faut d'ailleurs faire face à beaucoup de problème familiaux , amicaux et assurer sa vie et celle de son petit monde d'un point de vue économique, laissant sous le tapis un passé douloureux qui explique son attitude rigide.
Une telle accumulation de problèmes, en commençant par un viol, avait vraiment tout pour me déplaire mais le rythme effréné qu'imprime Djian à son roman a emporté mon adhésion. Si j'ai aimé la manière dont l'auteur analyse la relation mère/fils, je suis restée plus dubitative quant à la façon dont cette femme réagit face à son violeur...237 pages qui cavalent à toute allure et brossent un portrait de femme à découvrir absolument.
"Oh...", Philippe Djian, Gallimard 2012, Prix interallié.
Déniché à la médiathèque.
08:30 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : philippe djian
07/05/2013
Là est la danse
"Allongée là, seule, nuit après nuit, , il est possible qu'elle n'ait eu envie d'avoir seulement un mari, pas un héros."
Entre Emily, la toute fraîche épouse sacrifiée d'un explorateur du Pôle Nord du début du siècle et une jeune femme de sa famille, Julia ,va se tisser ,soixante ans plus tard, un lien ténu mais solide: les lettres retrouvées sur le cadavre de l'époux d'Emily.
Se plongeant a posteriori dans cette relation amoureuse marquée par le briéveté et la solitude, Julia va éclairer d'un autre jour son propre couple et découvrir bien malgré elle un secret familial.
Opposant le froid glacial du Pôle et la canicule anglaise contemporaine, les corps figés du début du siècle et celui, libre de Julia, Amy Sackville nous livre un roman sensuel et poétique, célèbrant la liberté des femmes qui peut prendre bien des formes. Quelques longueurs pour l'univers polaire , mais des personnages lumineux et décrits de manière extrêmement vivante, attachée autant aux variations de l'âme qu' aux détails du quotidien (le jardin, le chat, les insectes, la préparation d'un repas...). Un petit régal à s'offrir en poche.
Là est la danse, Amy Sackville, traduit de l'anglais par Isabelle Chapman, 10/18 2013, 402 pages envoûtantes.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : amy sackville