08/08/2013
Lithium pour Médée
"J'étais celle qui tissait les toiles et rendait la nuit contagieuse."
Elle a vingt-sept ans et constate: "les pins qui ont le même âge en savent plus sur la vie que moi. Alors je me suis dit que cette énorme fleur qui s'ouvrait devait peut être porter le nom de Rose." Ni son père, en train de faire face à une récidive de son cancer, ni sa mère qui, ayant vécu le rêve américain, est devenue productrice , ne l'appelant par son prénom, nous devons nous contenter de cette décision.
Identité mal cernée, comportement erratique, la narratrice analyse avec une lucidité parfois glaçante, son comportement et celui de ses parents aujourd'hui séparés.
Elle revient sur son passé et, à mesure du roman, accède, non pas à la sérénité , mais à une forme de libération.
Rick Moody, dans sa préface, voit dans Lithium pour Médée "une tragédie banale : la famille éclatée". J'y verrais plutôt le poids d'une hérédité et d'un passé transgénérationnel dont on a voulu faire l'économie. L'héroïne est tout sauf sympathique mais la langue, parfois incantatoire, poétique avec quelques points d'humour, rend ce roman totalement hypnotique. à noter que ce texte fait la part belle à la ville de Los Angeles qui devient presque un personnage à part entière.
Lithium pour Médée, Kate Braverman, traduit de l'anglais (E-U) par Françoise Marel, Rivages poche 2012,318 pages intenses.
06:00 Publié dans Objet Littéraire Non Identifié, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : kate braverman, rick moody
07/08/2013
The hours (séance de rattrapage )
En 1999 , j'avais lu à sa sortie , dans des circonstances très particulières ('Homme s'était risqué à m'offrir non pas un, mais deux romans de la rentrée littéraire, (exploit non renouvelé depuis lors...) tout seul comme un grand et il était tombé pile poil !:) ) The hours, le si sensible et poignant roman de Michel Cunningham.
Des années après, je me suis enfin décidée à visionner l'adaptation cinématographique, couverte de prix et de louanges. Quel bonheur ! Trois immenses actrices incarnent ces femmes d'époque différentes qui, dans un premier temps semblent totalement indépendantes les unes des autres, mais qui seront bientôt reliées de manière subtile et non artificielle. L'unité du puzzle, ,dans le film , est mise en place par les couleurs, la lumière et les actrices, chacune à leur façon, ont su se glisser dans ces personnages toujours sur le fil du rasoir.
J'avais gardé des images très fortes du roman (la préparation du gâteau d'anniversaire que Laura Brown confectionne avec son fils et qu'elle veut absolument parfait, la mort de Virginia Woolf aussi bien sûr, l'auteure dont la présence courait en filigrane tout au long du roman de Cunningham) et je les ai trouvées parfaitement rendues. L'atmosphère du roman est totalement restituée par le film et l'on ne peut qu'être ému au plus profond par ces trois portraits de femmes. à noter la performance de Toni Collette qui, sous couvert de légèreté , révèle une fragilité émouvante. à ne rater sous aucn prétexte qu'il s'agisse du film ou du livre !
06:00 Publié dans je l'ai vu ! | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : stephen daldry, michael cunningham
06/08/2013
La peau de l'autre
"-ça part d'un truc familier et ça lui donne un aspect étrange.
- Il n'y a pas meilleur que vous pour ça."
Denny, totalement inadapté socialement , est le suspect numéro un dans la mort de Marge. L'occasion lui est offerte d'endosser l'identité d'Homer, gloire locale, disparu il y a trois ans. Pas de bol, son sosie a une vie pire que la sienne !
Bouffon, loser ridicule, Denny tente de surnager dans le maelström d'aventures dans lequel il est entraîné. Ce roman flirte avec le polar mais c'est surtout une comédie loufoque reposant sur des schémas classiques (l'usurpation d'identité, la plongée du héros dans un univers inconnu, en l'occurence ici le Vermont et ses bouseux taiseux). Un cohorte de personnages déjantés vient nous prouver que la vie n'est pas si calme et ennuyeuse qu'il y paraît dans le Vermont !
Cependant, au fur et à mesure des rebondissements (nombreux et surprenants), le personnage de Denny gagne en densité et en humanité.
Un roman qui donne le sourire, ce qui n'est pas si fréquent !
La peau de l'autre, David Carkeet, traduit de l'anglais (E.U) par Jean Esch, Points Seuil 2013.
Merci à Clara qui en chroniquant un autre roman du même auteur m'a donné envie de (re) lire celui-ci que j'avais dans un premier temps abandonné !
06:01 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : david carkeet, déjanté
05/08/2013
J'aimerais tellement que tu sois là
"Devenir le propriétaire de l'exact opposé de cette ferme profondément enracinée."
Jake a troqué la ferme familiale du Devon contre un parc de caravanes sur l'île de Wight, qu'il administre de manière plutôt débonnaire. L'instigatrice de ce changement radical ? Ellie, à qui il était promis depuis l'enfance.
Pourtant, cette vie en apparence plus douce semble avoir viré à l'aigre : Jake se retrouveseul avec un fusil à attendre l'hypothétique retour de sa femme.
Le roman de Graham Swift possède le rythme placide des vaches et son personnage principal en a l'apparence rustique. Mais s'il mâche et remâche-comme les bovidés- les événements passés, c'est pour les analyser avec une finesse quasi chirurgicale. Les relations familiales, les non-dits, les jalousies tues mais vivaces, tout ceci constitue la matière de cette rumination qu'il faut prendre le temps de savourer.
Un roman qui analyse aussi l'évolution des campagnes anglaises et la disparition de tout un pan de sa population. très subtil et prenant.
L'avis de Clara, la tentatrice (mais j'ai pris le temps de ruminer, moi aussi !:) )
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : graham swift
04/08/2013
La véritable vie amoureuse de mes amies ne ce moment précis
"Cette femme vous pinçait le coeur comme on vous pince le bras et vous saviez que vous étiez vivant."
Au centre de ce roman, une vieille maison où se réunissent hebdomadairement des amis férus de cinéma. Mais attention, pas n'importe quel cinéma, celui qui rend plus léger le cours des jours !
Formé par cooptation ce petit groupe gravite autour de Max, l'hôte de ces lieux, ancien thérapeute , auprès de qui chacun vient se confier par petites touches, mais qui mettra du temps (les six mois relatés dans le roman) à s'avouer que "c'était une drôle d'idée de vouloir aider les gens à être heureux sans vraiment songer à l'être soi-même."
Truffé de références cinématographiques, jamais indigestes, La véritable vie amoureuse de mes amies est un roman délicieux ( sans véritable tension narrative, mais peu importe). C'est frais , léger et réconfortant tout à la fois. Le style est élégant, les personnages sont croqués à merveille et on a juste envie de s'introduire dans ce groupe ! Un livre qui fait du bien de manière intelligente et pétillante !
La véritable vie amoureuse de mes amies en ce moment précis, francis dannemark, Robert Lafoont 2012, 451 pages bruissantes de marque-pages et plein de références pour aller plus loin dans la (re) découverte des films mentionnés !
Cuné, la tentatrice, vous mènera vers plein d'autres billets !
Du même auteur, clic !
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien, Roman belge | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : francis dannemark
03/08/2013
La minute vieille est de retour...
...il y a même des petits vieux de temps en temps et comme Arte est sympa, cette année on peut faire du rattrapage ici avec toutes les vidéos !:)
06:00 Publié dans Humour, je l'ai vu ! | Lien permanent | Commentaires (7)
02/08/2013
Hikikomori
"Je n'ai jamais entendu parler de hikikomori américain. Les Américains ne se réfugient pas dans le silence, ils font encore plus de bruit.Ils deviennent fous et se mettent à tirer sur tout le monde."
Depuis trois ans, Thomas Tessler vit "en retrait, barricadé" dans sa chambre à Manhattan. Il a "enfermé le reste du monde dehors" et refuse toute communication avec sa femme, Silke. C'est un hikikomori.
Résolue à le sortir de son mutisme, son épouse fait appel à une jeune japonaise , Megumi, qui a déjà l'expérience de cette situation typiquement japonaise.
D'emblée le lecteur, et on le suppose bien évidemment Silke, perçoit toutes les conséquences possibles de cette situation hors-normes. Mais Jeff Backhaus dont c'est ici le premier roman, sait contourner tous les écueils et mène sa barque vers une destination bien plus complexe.
Histoires de solitudes qui se croisent, parfois à distance, les relations entre civilisations différenets sont analysées avec finesse. La poésie n'est pas absente (ah cette description de bain chaud en pleinair sous la neige la nuit !) et je n'émettrai qu'un seul regret: que le personnage de Silke n'ait pas été suffisamment exploré. Une très jolie découverte.
Hikikomori, jeff Backhaus, traduit de de l'anglais (E-U) par Marie de Prémonville, Anna Carrière 2013.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : jeff backhaus
01/08/2013
Comment lutter contre la canicule...
...à chacune sa méthode ! Photo réalisée sans trucage.
17:28 Publié dans la galerie des vaches | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : vache, canicule
Je suis faite comme ça. Mémoires.
"Obéir: rayé de mon vocabulaire."
Indépendante, intense, libre et sauvage, gréco revient sur sa vie, ou plutôt ses vies, sans nostalgie aucune. "Nostalgie: Non...c'est pourtant un joli mot...Comme dirait Sagan "Ce serait un très joli prénom pour une fille." Mais, vraiement, nostalgie, non."
ça cavale à toute allure. Cette paresseuse hyperactive que" l'idée de ne pas travailler pendant deux mois, par exemple [...] angoisse terriblement."raconte ses amis, ses amours, sa maternité et" rend [...] aux autres leur vérité dans ce qu'elle a de plus beau."
Pas d'anecdotes croustillantes, pas d emots d'esprit acides, Juliette Gréco n'en a que faire. Elle a insufflé une partie d el'esprit de saint germain des prés , refusé des ponts d'or sans regrets ni remords et cotoeie aujourd'hui la jeune génération de chanteurs et d'écrivaisn( Nilay, Nimier, Nothomb...). Elle est intemporelle, tout comme les textes qu'elle interprète.
Merci Cath !
Quelques définitions extraites du "dictionnaire" qui clôt l'ouvrage :
Utopie: Bien sûr que oui. Comment faire autrement ?
Maternité: [...] Je remercie infiniment ma fille de faire que je l'aime. (Gréco n'a pas eu la même chance avec sa propre mère...)
06:00 Publié dans Autobiographie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : juliette gréco
31/07/2013
Bilan de juillet
Bonne pioche:
*Sur pluzz, (parce qu'à onze heures la poule cathulu dort si elle est devant la télé) l'amour, la mort, les fringues, des castings de comédiennes jouent , parfois à la suite, parfois en melting pot les mêmes textes. Les âges sont différents ainsi que la notoriété et le talent... C'est toujours très intéressant de voir, surtout à la suite, les nuances d'interprétation qu'on peut apporter à un même texte. Réjouissant et émouvant. Une Bernadette Laffont épatante.
clic pour voir le spectacle en entier !
* Case sensitive, un duo comme on les aime, le talent britannique en plus. Adapté de deux romans de Sophie Hannah que je ne connais pas. Prenant.
* Des saumons dans le désert. Rien que pour Christine Scott Thomas qui, en directrice du service de presse du premier ministre britannique mène tout le monde à la baguette (y compris sa famille) et fend la foule à coups de sac si nécessaire ! De l'humour et de la romance, un tantinet trop de mysticisme à mon goût.
* Quand je serai petit. Un film de et avec Jean-Pierre Rouve, pas toujours abouti mais plein de sensibilité et d'émotion, tout en retenue. Un Benoît Poelvoorde apaisé et la région de Dunkerque magnifiée.
Et enfin, découvert grâce à Cathy et Laurent Nus et culottés, (deuxième saison) deux drôles de loustics qui se lancent à chaque fois un défi , (premier de cette saison : manger un chocolat avec le roi des Belges), qui partent nus et sans argent mais avec trois caméras, leur capital sympathie et leur bonne humeur. Il leur faut donc se vêtir, se déplacer et c'est l'occasion de rencontrer toutes sortes de gens. Ne pas louper le deuxième volet jeudi sur France 5 ! NB:Pour les pudibonds, leur attributs sont masqués par une feuille de vigne !
1er épisode: clic
PS: dans la précipitation, ce blog a oublié le sept juillet de fêter ses sept ans!:)
06:00 Publié dans Bric à Brac, je l'ai vu ! | Lien permanent | Commentaires (10)