20/03/2007
Ames sensibles, passez votre chemin !
Ceux qui espèrent trouver des histoires victoriennes et policées de fantômes et de
vieux manoirs en resteront pour leur frais : toutes les nouvelles de
Joyce Carol Oates composant le recueil Hantises se déroulent à l'époque contemporaine.
Ce
qui les rend d'autant plus efficaces car les personnages, oscillant
entre réalité et fantasmes, au lecteur de décider, ce pourraient
être nos voisins ou nous mêmes ...Ces personnages sont d'ailleurs
souvent des femmes, à tous les âges de la vie, tour à tour
victimes ou bourreaux.
Avec une grande économie de
moyens Oates bâtit un univers familier où le grotesque est
roi. Ce grotesque auquel elle consacre une étude à la fin du recueil,
elle le définit comme "une sensibilité qui concilie le génie de Goya et
le surréalisme kitsch de Dali ", "un art qui promet de nous faire peur,
de nous bouleverser et parfois de nous révulser". Contrat
rempli avec Hantises dont j'ai hésité à lire plusieurs
nouvelles tant le sujet me bouleversait ("le coupable" ou
pire encore "Circonstances atténuantes").
Du grand art dont on ne
sort pas indemne.
06:06 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (17)
19/03/2007
Cornes d'abondance...
Après avoir passé allègrement sans les lire les 14 pages du "générique de début et indicatif musical" (une description longuette de Los Angeles);
après avoir survécu, en me bouchant le nez (très difficile à faire en lisant, essayez pour voir) à la description détaillée des ennuis intestinaux de la mère de l'héroïne;
après avoir suivi la version des mêmes faits par l'héroïne,au téléphone, dans un taxi (très américain et très moderne tout ça);
après avoir suivi la dite héroïne dans sa quête,aux quatre coins de la ville, toujours en taxi (note : 140 dollars), de beignets plus gorgés d'hydrates de carbone et de calories tu meurs tout de suite;
après avoir vaguement suivi un script ellaboré exnihilo ex abrupto par un acteur à la Bruce Willis, script ne s'embarrassant ni de vérités historiques pas plus que géographiques, j'ai jeté l'éponge et Le script de Rick Moody par la même occasion.
Trop d'intensité dans ce roman, trop de descriptions, trop de personnages excessifs, j'ai été saturée d'emblée et la description des milieux cinématographiques de la côte ouest,sujet rebattu s'il en est, ne m'a pas intéressée du tout.
06:07 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (21)
18/03/2007
.Pour lutter contre la grisaille
Le printemps est reparti,ça ne pétille plus sur les blogs, lectures sinistres ou presque..., rien de bien enthousiasmant.
Alors
pour lutter contre la grisaille (intérieur ou extérieure),que
(re)lisez-vous ? Quels sont les livres , mêmes pas
classiques, que vous avez toujours à portée de la main pour en
relire au moins quelques lignes ?
Je compte sur vous pour alimenter cette nouvelle rubrique !
Pour ma part, je me déride en relisant L'échappée belle
, d'Anna Gavalda, une épopée burlesque et pleine de fraîcheur où
une fratrie se fait la belle pour
échapper à un mariage empesé et renouer des liens distendus. C'est
plein d'humour et très bien observé. Malheureusement ce texte n'était
destiné qu'aux lecteurs d'un club de livres mais vous le
trouverez peut être dans les vide-greniers, virtuels ou pas.
J'adore aussi Le monde fou du jardinage,
tout petit livre par la taille , mais bourré de dessins humoristiques
anglais , pleins de nonsense et d'humour pince-sans-rire Vous ne regarderez plus vos plantes d ela même façon!
A vous !
06:08 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (32)
17/03/2007
Le vaillant petit élève
Luigi s'est imposé une diète drastique pendant trois mois: pas plus de 8 heures de cours par semaine et surtout pas de cours de Mâme Cathulu: les allergies ça ne se commande pas.
De retour parmi nous, il s'avance vers moi et me glisse en confidence: "J'étais absent car on m'a enlevé une dent de sagesse." Je note mentalement de penser à renouveler mon stock de mouchoirs en papier.
Luigi pour fêter son retour arbore un jogging dont le bas est rentré dans les chaussettes elles-mêmes glissées dans des baskets. Le tout impeccablement blanc. D'ordinaire, les vêtements de mes élèves ont été blancs dans une vie antérieure et tirent plutôt sur le gris moyen.
Dans quelques années, Luigi se fera greffer de la moquette sur le torse et achètera une chaîne en or. Il roulera en voiture décapotée et son klaxon chantera "La cucaracha" pour saluer Mâme Cathulu quand il la croisera sans l'écraser. Luigi n'est pas rancunier.
Pour bien plomber l'ambiance , je fais étudier à la classe un texte sur les causes de la vitesse au volant. Luigi relève le défi et s'exclame tout à trac: "Oh, Madame, y a une mouche". Je rappelle à ceux qui auraient un doute que nous sommes en cours d'une matière qui deviendra bientôt une langue morte ou agonisante :le français, et qu'il ne sagit pas d'entomologie.
Je soupire intérieurement et attend tranquillement la suite qui ne manque pas d'arriver."J'aime bien les mouches . (avec un grand sourire) Je leur arrache les ailes et..."
"Tu te prépares un lourd karma", Dis-je l'air sinistre et d'un ton pénétré.
Il n'a pas dû comprendre mais au moins ça lui a coupé le sifflet.
Une règle plate apparaît miraculeusement dans la main droite de celui qui n'a en général qu'un crayon gris qu'il vient soigneusement tailler au-dessus de la poubelle. Quelques gesticulations et la mouche est bientôt estourbie.
Triomphalement, il vient déposer son trophée sur le bord du bureau, je lui montre la poubelle, puis souriant Luigi retourne à sa place. Le cours peut continuer.
06:23 Publié dans Croqué sur le vif | Lien permanent | Commentaires (34) | Tags : boulot, boulot
16/03/2007
Ah, j'ai vu, j'ai vu... Compère qu'as-tu vu ?
06:06 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (19)
De l'air, del'air !
Comme Didier Daeninckx dans Meurtres pour mémoire ,
l'anglaise Mo Hayder utilise le genre du roman policier pour
revenir sur un épisode tabou de l'Histoire, en l'occurence ici
les massacres perpétrés par les Japonais à Nankin.
La
forme est très classique (plongée abrupte dans le passé, suspense,
divulgation progressive et alternée concernant le passé
des deux principaux protagonistes), mais les personnages le sont
nettement moins.
Grey, la jeune anglaise au passé pour le
moins particulier, s'est littéralement construite autour d'un épisode
partuiculèrement barbare de ces massacres. En quête du seul film
témoigant de cet épisode sanglant, elle va trouver à Tokyo un vieil universitaire chinois qui lui veut découvrir une information capitale pour lui liée à ce massacre.
J'avoue
avoir lu en diagonale les passages évoquant Nankin, pour établir
une certaine distance avec cette barbarie et aussi pour trouver des
bouffées d'air dans ce huis-clos étouffant que devient sous
la plume acérée de Mo Hayder la ville de Tokyo. Cette velle
je l'ai ressentie comme étant le véritable personnage central de
ceroman, le seul auquel on puisse s'attacher.J'ai
particulèrement aimé les descriptions nourries visiblement de
l'expérience de l'auteure des paysages nocturnes. Le seul hâvre de paix
dans cette jungle urbaine est la maison, gigantesque et vouée à
la démolition ,où se réfugie Grey. La maison et son jardin
où la végétation pousse férocement...
Impression de malaise
donc ,non seulement par les faits historiques évoqués mais aussi par
les personnages tous troubles et dont la quête n'est pas
dépourvue d'ambiguïté ...
Je ne pensais pas aller au bout de ce roman mais Mo Hayder écrit d'une manière efficace et prenante.
06:01 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9)
15/03/2007
Long comme un jour sans pluie...
Martin Page nous parle De la pluie et non pas du beau temps
car, comme Victor hugo qui aimait l'araignée et l'ortie, ces
délaissées, la pluie a souvent mauvaise presse (Il suffit
d'écouter les bulletins météorologiques...).
Avec lui, la
pluie fait des claquettes, elle est dotée de vertus
poétiques et sensuelles qui nous la rendent éminemment
sympathique.
Dans cet opuscule élégant pleuvent les phrases qui nous
accrochent l'oeil et le coeur, l'on se prend à guetter
la bonne drache qui viendra lessiver ce ciel monotone et bleu.
Ainsi rejoindrons nous l'auteur dans le cercle fermé des adorateurs du
déluge, de l'ondée, de l'averse.
Un livre pétillant...comme la pluie !
Pour trouver une autre critique et des citations, allez faire un tour dans le Souk de Moustafette !
06:03 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (19)
14/03/2007
Amours adolescentes
Sur la 4 ème de couv' de La fille du docteur Baudoin, est juste évoqué un mystère: que fait la fille du dit docteur dans la salle d'attente de son cabinet ?
Sous
prétexte de préserver un suspense qui dans le livre ne dure guère,il
est dommage de ne pas avoir évoqué clairement d'entrée de jeu la
problématique de ce roman destiné aux ados : les grossessses
adolescentes.
Marie-Aude Murail semble s'être bien documentée sur la
question et les précisions tant psychologiques que pratiques sont très
intéressantes.
Pour ne pas paraître "coincée", trop de
jeunes filles cèdent sans passion à un garçon manipulateur et doivent
ensuite faire face seule à une grossesse non désirée.
Pas de
discours moralisateur pas plus que lénifiant d'ailleurs, l'héroïne,
Violaine,aura autant affaire à des gens qui sauront l'écouter et la
comprendre qu'à des gens débordés ou vaguement brutaux.
Le roman
évite toute pesanteur et présente en contre-point la famille de
Violaine; un père médecin devenu un prescripteur qui ne supporte
plus ses patients devenus ses clients , une mère qui a elle aussi
souffert et saura comprendre sa fille , des frères et soeurs plus vrais
que nature et un jeune associé idéaliste .
Beaucoup d'humour et une
narration qui permet aux lecteurs de s'identifier aux personnages ,
voilà un livre qu'on devrait trouver dans toutes les chambres des
ados...
06:01 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11)
13/03/2007
L'écriture pour lutter contre l'insupportable
Vincent court rejoindre Geneviève qui va mourir. Vincent et
Geneviève qui se sont séparés il y a quinze ans, leur
couple n'ayant pas résisté à l'insupportable : la disparition de
leur petite fille.
Chacun d'eux a fait face de manière différente
mais même si la vie les a séparés, un lien indéfectible les
unit toujours...
Je reste indécise quant aux émotions que ce roman
m'a procurées. Certes il y a des passages qui broient le coeur
,et en particulier celui-ci :
"Si jamais tu ne revenais pas,
t'aurais-je donné assez d'amour ? Aurai-je pris le temps de te
regarder, de t'écouter, de te voir grandir, de m'émerveiller de toi?
Auras-tu reçu assez de caresses, de baisers ? Aurons-nous suffisamment
ri ensemble?
Qu'au moins personne ne t'ai fait de mal".
Nul ne
peut rester indifférent face au drame qui est évoqué mais j'aurais aimé
que certains thèmes, justes effleurés, soient approfondis, le lien
entre les deux soeurs en particulier, mais sans doute cela
aurait-il nui à l'économie du roman qui ne s'apitoie jamais, qui va à l'essentiel, dont
les personnages restent dignes même s'ils sont détruits.
L'avis d'Anne
06:08 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (17)
12/03/2007
Femme très belle rech. homme falot
Dans le jeu test inédit qu'elle propose en fin de Un couple ordinaire
, Isabelle Minière recommande ,quel que soit le résultat obtenu
(négatif, forcément négatif !), d'offrir à tout le monde son
propre ouvrage. Certes. Mais il faut néanmoins s'assurer que les
récipiendaires aient suffisamment d'humour ou manquent de lucidité au
cas où ils seraient susceptibles de s'identifier au couple mis en scène
dans ce roman !
Pas de quartier ! On suit en riant ( parfois jaune )
l'analyse sans concession des rapports de pouvoir entre cet homme trop
gentil qui rêve de douceur et de tendresse et cette très belle femme
qui régente tout et tout le monde sous de faux airs conventionnels.
Finalement ce héros malgré lui trouvera le salut grâce à l'ouvrage de Plutarque Le vice et la vertu ...
Un
roman au style acéré où pour une fois la femme n'a pas le beau rôle et
qui en plus incite à découvrir un autre livre, tout ce que j'aime !
La critique de Clarabel
06:04 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (21)