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04/04/2008

Attention, chef d'oeuvre !

Si la courte  nouvelle de Charlotte Perkins Gilman n'était qu'un texte fantastique, elle searit déjà à mettre à la hauteur du Horlà de Maupassant.51t1fYI108L
Mais comme le montre la lumineuse postface de Diane de Margerie, La séquestrée est bien plus qu'un exercice  de virtuosité.
Cette femme qui visiblement souffre de dépression post-partum est isolée par son mari médecin dans une ancienne nurserie  mise à mal, de  bien étrange façon, par ses précédents occupants. Mais  c'est le papier peint surtout qui fascine l'héroïne et la fait sombrer dans d'étranges réflexions. Quant au bébé, mentionné deux fois en passant et de manière bien désinvolte, il n'est qu'un prétexte à cet enfermement. ce qui se joue ici est davantage de l'ordre d'une lutte , d'autant plus sans merci qu'elle est souterraine, entre l'Homme , dominateur qui a la science de son côté et la Femme  apparemment soumise à son destin naturel , la procréation.
Diane de Margerie met aussi en lumière la vie hors du commun de l'auteure : elle fait attendre 25 ans son fiancé avant de l'épouser et de lui donner une fille. Fille qu'elle confiera après son divorce à son mari et à la nouvelle  épouse de celui-ci, qui n'est autre que sa meilleure amie !
50 pages de pur bonheur !

L'avis de Lily

03/04/2008

Le téméraire

Le narrateur, venu, comme d'habitude passer ses vacances en famille dans  sa maison de  la côte normande, va peu à peu délaisser sa femme et ses deux filles au profit  d'une vieille dame qui le rudoie mais le fascine.51DfZ3MbPqL
Nouée incidemment, cette relation toute platonique, sera l'occasion d'un dialogue haché concernant la culture Hopi et le  voyage d'André Breton aux Etats-Unis pendant la seconde guerre mondiale. Choc de cultures, transformation du sacré en oeuvre d'art. cette partie "historique" aura des  retentissements dans le présent du narrateur qui risque gros en  se laissant entraîner...
La chaleur et la poussière du désert évoqués s'opposent à la réalité du climat humide de la Normandie. Passé et présent se rejoignent dans un rythme lent qui diffère sans cesse la révélation de secrets...
Ce très beau texte de Claudie Gallay,  Dans l'or du temps m'a fait penser au film de Josée Dayan "Cet amour-là"traitant de la  relation entre Marguerite Duras et Yann Andréa. Même attraction des jeunes hommes. Mêmes rudoiements de la part des femmes âgées. Même décor.Mais bien évidemment,le thème en est tout différent.
Un texte insaisissable comme le sable du désert.

L'avis de  Clarabel

Katell

Lily


 

02/04/2008

De l'Algérie à Billancourt

Alors que j'étais restée de marbre avec Le rêve de Jacek, j'ai beaucoup  aimé du même auteur, Valentine Goby et dans la même collection ,le cahier de  Leïla, de l'Algérie à Billancourt.
Sous forme de journal intime , nous suivons le parcours de cette petite fille  qui part, avec sa mère et sa soeur,rejoindre le père ,installé depuis  plusieurs années en France.51WB1HIkd1L
Par petites touches, se révèlent, les rêves,les difficultés (le racisme, le logement trop petit, la mère qui refuse de s'adapter...)mais aussi  et surtout (et c'est peut être ça qui m'a emballée) l'amour  de cette petite fille pour les livres. Valentine Goby s'est glissée avec poésie  et sensibilité dans la peau de Leïla et nosu la  rend très proche.
Le dossier historique est toujours aussi complet et les illustrations , censées parfois être celles de la fillette, sont pleines de charme.
Une manière attractive d'aborder tout un pan de notre Histoire (à partir de  10 ans) .

01/04/2008

Kaleïdoscope

"Mais comme le dit si bien Anton, c'est un quartier multiculturel, mais absolument pas interculturel; ici  personne ne  se mélange." Ce aurtier c'est celui de  Lavapiès, en plein coeur de  Madrid. Et dans Cosmofobia, Lucia Extebarria nous invite à le découvrir à travers une multitude de personnages (merci le Dramatis personae de la  fin qui les récapitule !) qui le compose.51q9sJOMuAL
Cet aspect protéiforme correspond tout à fait au fond : chacun nous présente un fragment de la réalité selon son point de vue et nous retrouvons de fragments en fragments des faits ou des personnages déjà rencontrés.
Si au début  j'ai beaucoup apprécié cette manière de faire, n'étant pas du tout gênée  de  devoir attendre avant d'identifier les narrateur, finalement, je me  suis retrouvée engloutie sous la masse des personnages.
D'autre part si au début du roman, l'aspect multiculturel est bien présent et décrit de manière très vivante et colorée, j'ai trouvé que la fin était par trop  consacrée au monde clinquant de la mode  et des people. Cinquante pages en moins et cela  aurait été impeccable.  Mais je suis sortie  de Cosmofobia légèrement groggie,comme si j'avais eu la gueule de bois, thème qui revient souvent dans ce roman  ...

31/03/2008

"Le corps cassé/toujours vivant/ je traverse l'été."

Deux femmes issues de milieux sociaux tout à fait opposés.  L'une très jeune, mère involontaire, qui s'apprête à  accoucher sous X, Emilie. Judith, quant à elle, espère avec ferveur la naissance de son enfant,  enfant qui ne survivra pas.  Une  logique folle se met alors en marche...A ce moment là du récit (nous ne sommes qu'au tout début de l 'action) j'ai failli lâcher le roman de  Karine Reysset, Comme  une mère.
Envisager quasi simultanément les deux faits que redoute le plus une mère me semblait de l'ordre de l'insoutenable.41qFm7cTFLL
Il faut savoir passer outre et découvrir les merveilles que recèle ce roman. L'auteure, en effet, fore avec obstination ce thème de la maternité, traque les ressemblances entre ces deux femmes dans leur rapport à la  maternité. Toutes deux , pour des raisons  totalement opposées auraient pu prononcer ces  paroles : "Ma bouche lavée à grande eau de tous ces mots liés, ces mots tordus et râpeux comme  de la laine de fer."  le  récit rebondit sans cesse, même si le rythme semble volontairement ralenti, comme  si  nous évoluions dans un cauchemar ...
Le séjour dans la thalasso nous montre également une lutte des classes en sourdine, feutrée...Sous des dehors bien lisses, la réalité est plus râpeuse...
La langue de Karine Reysset, toute en retenue, sauf  quand explose la violence des mots enfouis depuis trop longtemps, nous fascine et nous entraîne dans sa poésie âpre et tendre.  A tenter absolument.

Un grand merci à Amanda qui a  fait voyager ce livre et a su me  donner envie de le découvrir.

Pour retrouver un autre titre de cette auteure en poche, c'est ici.

30/03/2008

A partir de deux, c'est une collection !

Norbert est venu tenir compagnie à Nicolas ! Merci Cath ! L'arrosoir est-ce un message envoyé par mes plantes lasses d'agiter en vain leurs petites tiges ?  !:)nainDSC01164

29/03/2008

Des nouvelles...

Lucie le chien , après avoir traversé l'Océan grâce à Frisette, été hébergé chez Cuné, puis chez moi , puis chez Tamara, Cath, et va bientôt rentrer à la niche ...Il est actuellement chez ...Lucie (!), en attente de lecture.

Boris Vian et moi sommes chez N-talo. (Pas moi ! z'hélas !)

La vie rêvée de Mademoiselle S. va partir chez Cuné et chez qui  le voudra ensuite...

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L'enfant dans la lune est allé chez Cuné, chez Laure, chez Amanda,  chez Elfe,il doit arriver chez Goelen.

28/03/2008

"Elle pourrait marcher sur les nuages, s'endormir parmi les étoiles et croquer un bout de lune brune"

Si vous avez parfois rêvé d'être une petite souris pour savoir comment vivent, rêvent, espèrent,s'ennuient les  ados d'aujourd'hui, alors ce livre est pour vous ! 51JEkM_858L
Dans La vie rêvée de Mademoiselle S., Samira El  Ayachi, dans un style très imagé (juste un cliché ou deux qui auraient pu passer à la trappe) , nous relate la vie d'une héroïne avec qui elle a du avoir quelques points communs dans un passé pas si lointain car l'auteure est toute jeune.
Salima est bonne élève mais voudrait avoir de l'argent dans ses poches et se présente pour un poste de femme de ménage...Salima nous raconte ses amis de tous âges et de toutes origines  dans cette banlieue lilloisse  ni pire ni meilleure qu'une autre, les profs, les fêlés du quartier, esquivant avec tendresse et humour tous les clichés que l'on craignait de rencontrer.. On la suit aussi au Maroc pendant son séjour estival, fidèle à ses racines, mais bien contente de rentrer en France car "Ici, je ne suis qu'une Française aux mains et aux pieds de verre." Le roman vaut surtout pas le ton et le style de l'auteur, on sent un souffle, une inspiration, un amour des mots. Samira El Ayachi file les métaphores  avec brio, enchaîne les périphrases, les métaphores poétiques (un bus devient une roulotte où  une femme se métamorphose sous nos yeux) et nous embarque dans les visions et les rêves de son héroïne."Tu délires. Oui, c'est vrai. mais je ne trouve pas le  sommeil. ça fatigue de vivre.  Il en faut del 'énergie , pour  se couper de ses rêves, courir après le métro, le  bus,  aller en cours, manger,  rire, faire bien ses devoirs,  embrasser le front ridé  de sa mère,  celui  de son père (enfin,  quand il n'est pas sur les  routes). et encore  faire  ses devoirs, ceux de  la petite soeur, et aider les  voisines.  Repasser ses fringues pour le lendemain.  Rêver les  yeux ouverts d'un prince  imbécile  aux yeux verts et vivre pleinement le  présent de ses  dix-huit ans."
Manque juste une véritable tension dramatique...Un bon moment néanmoins. une découverte à poursuivre

27/03/2008

La fille du cannibale, la femme du disparu

La disparition soudaine du mari de Lucia Romero, auteure de livres pour enfants va la lancer dans une enquête qui deviendra bientôt un prétexte à une réflexion sur l'identité de ceux qui nous entourent mais aussi sur la notre.Comme dans un cauchemar, il  semble que les marches des escaliers se dérobent sous ses pas, au fur et à mesure qu'elle avance dans sa quête de vérité.41CgSmcdG1L
La fille du cannibale , de Rosa Montero, est aussi une réflexion sur les différents âges de la vie, symbolisés par les deux personnages qui aident Licia la quadragénaire : le jeune et séduisant Adrian, et l'octogénaire Félix qui  a déjà  vécu plusieurs vies: anarchiste et torero.
Entrecoupé par les récits de Félix, le récit avance de rebondissement en péripétie et le "pauvre" Ramon (le disparu) semble parfois oublié...Mensonges, secrets  sont au rendez-vous ,  et personne, y compris le lecteur, ne peut jamais être sûr de la véracité des faits relatés...
Les digressions sur l'histoire  des anarchistes en Espagne m'ont paru parfois longuettes mais le style est enlevé et la réflexion intéressante. Lucia, au terme  de cette quête, se ne définira plus par rapport  aux hommes  qui l'entourent (fille de, femme de ...)et  aura gagné en sérénité : "Ce doit être  la maturité : il me semble que je me réconcilie avec la vie, et même avec l'obscurité de la vie."
Je n'avais pas accroché avec La folle du logis de la même auteure, mais je sens que dès que j'aurai un p'tit creux, je réessaierai...

L'avis de Clarabel

26/03/2008

De la Pologne aux corons du Nord

Français d'ailleurs est "une collection de docu-fictions sur l'histoire de l'immigration en France". mes  grands-parents paternels  ayant suivi le  même chemin que le héros  du Rêve de Jacek , je ne pouvais faire  autrement qu'emprunter ce livre-destiné aux enfants à partir de 10 ans ,à mon avis-  dès que je l'ai vu à la médiathèque.41i8Q0i4TCL
Même si j'ai glané quelques infos au passage,  la  fiction -par ailleurs fort bien documentée-  de Valentine Goby m'a laissée  de marbre. Je ne me suis pas  attachée ni au personnage de Jacek, 15 ans,  ni à aucun autre  d'ailleurs. La  présentation, sous  forme de texte imprimé sur papier quadrillé et les dessins d 'Olivier Tallec sont agréables  mais c'est surtout le dossier à la fin d el'ouvrage que j'ai trouvé particulièrement intéressant.  Fort bien construit et documenté,  traitant de l'Histoire mais aussi des problèmes rencontrés par ces immigrés,  j'y ai même retrouvé la photo d'une boulangerie où j'allais acheter mes délicieux beignet aux pruneaux !
Un ouvrage plus documentaire donc que fictionnel .