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29/05/2008

"Tu n'as qu'à surveiller tes fréquentations."

Un squelette lesté d'un émetteur radio portant des inscriptions cyrilliques remonte à la surface d'un lac islandais  et c'est tout un pan d'un passé , pas si lointain , qui refait surface: celui de la guerre froide, de ses  espions et de ses illusions...41AAJocjbHL
Pour donner une  identité à ce squelette et surtout pour  retrouver celui qu'une femme a attendu en vain devant une crèmerie, Erlendur devra  faire preuve d'obstination, ce qui n'est pas la moindre de ses qualités.
En alternance, une  autre quête, celle d'un ancien étudiant Islandais, parti étudier en Allemagne de l'est et qui  s'est trouvé confronté à l'univers de "La vie des autres"...
J'ai mis du temps à entrer dans ce nouvel opus d'Arnaldur Indridason  mais finalement je me suis régalée avec cette superbe histoire d'amour sur fond de Stasi et de surveillance généralisée. En filigrane, la relation du commissaire avec sa fille est éclairée  sous un jour nouveau par l'apparition  d'un nouveau témoin du passé  d'Erlendur.
En toile de fond,dans l'homme du lac,  l'Islande à a fois déprimante et lumineuse, farouchement défendue par Erlendur, pays où la poésie semble partout présente, fût ce par la présence d'un recueil lu et relu sur la table d'un vieux paysan acariâtre...

L'avis de  Clarabel

28/05/2008

"Pourquoi faut-il que les choses importantes demandent du temps ? "

Avec Les yeux d'or, Marie  Desplechin renoue avec la veine fantastique , déjà explorée dans Dragons.41E8j9oWvSL
"Attendre", "Partir", "Revenir", telles sont les trois étapes  de ce roman  centré sur le personnage de  Pierre, petit garçon quasiment laissé  à l'abandon par son père, directeur de l 'observatoire de Paris. Edmée, la silencieuse qui sait faire apparaître de la poussière d'or,Edmée  qui  ne se livre jamais et passe avec aisance d'un métier à  un autre ,va aider cet enfant solitaire à évoluer. Edmée qu'on soupçonne quand Pierre disparaît...
Récit initiatique, Les yeux d'or ne nous donne pas de clé, à  nous d'accepter -ou pas- les manifestations  des pouvoirs d'Edmée, à nous d'accepter de trouver le Paradis dans les hortillonnages d'Amiens...
Pour ma part, je me suis laissée envoûter.
 

27/05/2008

"Chacun s'appartient dans la solitude de sa peau."

"Comme si l'on remontait jamais aux sources des histoires; comme si de savoir comment elles se défont pouvait les empêcher de se défaire. De glisser vers le vide."
C'est pourtant ce  que vont faire les différents protagonistes du roman Le jour du chien, pour essayer de comprendre pourquoi Marlène a  ressenti le besoin impérieux de quitter Laurent pour"refaire sa vie"avec le vétérinaire qui a soigné son chien accidenté.41Y80N5920L
Une histoire qui pourrait être banale mais qui ,sous la plume de Marie-Hélène Lafon prend une densité et une  intensité quasi mythiques. Les secrets enfouis se révèlent à demi ,laissant au lecteur le soin  de compléter les blancs, aucun personnage n'est négligé, tous sont traités à égalité et demeurent longtemps en nous. Des mots charnus. Un vrai coup de coeur.

Merci à Anne d'avoir fait voyager ce livre
et à Val de me l'avoir transmis

L'avis de Bellesahi

26/05/2008

"Etre une femme aujourd'hui, est-ce seulement avoir un corps de femme ? "

Ouvrir  une recueil de nouvelles organisé autour d'une  thématique, c'est l'occasion de retrouvailles  espérées et de découvertes qu'on souhaite enthousiasmantes...Mission remplie avec 11 femmes, 11 nouvelles.
Le rendez-vous avec Anna Rozen est particulièrement réussi : "Mon corps m'encombre,j'ai décidé de le  vendre sur e-bay." A partir de là la machine s'emballe mais avec une  logique imparable  et réjouissante... Brigitte Giraud est fidèle à elle même  et à son style dense  et tendu.Audray Diwan nous régale d'une séance  de massage bien particulière tandis que la narratrice de la  nouvelle de Camille  de Peretti , qui semble  s'être adoucie,  nous assure qu' "Etre en règle avec la nature c'est une belle absurdité."51IdgGVPz8L
Le style oralisé deTania de Montaigne m'est apparu plutôt pénible, je  n'ai pas totalement été convaincue par les textes de JessicaL. Nelson (où j'ai d'ailleurs trouvé "une plâtrée  d'explications" au lieu d'une plâtée...),  de Stéphanie Polack, trop banals à mon goût.Yasmina Jaafar  a un  style intéressant et original mais son récit est par trop convenu.
J'ai par contre été emballée par l'écriture charnelle d'Olivia Elkaïm, le style acéré de Catherine Castro et le texte plein d'émotion et de sobriété d'Anne Plantagenet. "Le corps d'Albertine s'est tu". En une phrase tout est dit, bravo !
Le seul homme embarqué dans cette expédition au pays du corps des femmes est le photographe Olivier Roller qui réussit le tour de force de transformer les  imperfections physiques  en une beauté dense et tendre à al  fois. Le tout pour 10 euros, un autre tour de force !

25/05/2008

"Pour survivre en famille, le rire est une nécessité, sinon une politesse!"

"Un enfant silencieux, drôle, gentil et qui demande tout seul à aller se  coucher, c'est comme le lundi au soleil: c'est une chose qu'on n'aura jamais!"51V1P80X78L
En 138 pages, Maïtena Biraben nous délivre conseils et aphorismes qui égratignent gentiment la famille car Les enfants c'est bien, la pilule  aussi...
Alors en ce jour de  fêtes des mères ,n'oubliez pas  : "Vous aimeriez être jeune , svelte, disponible, calme et séduisante...Soyez raisonnable, vous êtes mère de  famille."
Bonne fête à toutes les mamans  et je pense fort à celles qui voudraient l'être...Bises à toutes !

24/05/2008

"Comme je l'aimais ma mère bancale"

Ainsi parle Fleur, jeune femme enceinte . "La naissance de cet enfant, ce sera un pied  de nez aux mortes de ma famille.  A cette lignée  de femmes folles et malheureuses  dont je  suis  issue. Quand  cette existence neuve sortira de moi, ce n'est pas de sa charge de plume mais  de leur  poids  à elle  que j'espère être délivrée. Avec les sourires du bébé, ses petits bruits doux, ses mots fleuris peu à peu à force de soins et d'attention,  exactement comme  pour un jardin, je pourrai broder de jolis motifs sur la trame  empesée,  béante par endroits , qui m'a servi d'enfance".410xPvF5hYL
Pas de récit revanchard mais la tentative  de s'affranchir d'un lourd héritage familial. Le roman  de Carole Zalberg, La  mère horizontale, alterne le récit de  Fleur  concernant sa  propre enfance  et ce qu'elle reconstruit du passé de sa mère et de sa grand-mère. Au sommet de cette pyramide  quasi matrilinéaire, les pères étant vite dépassés par ces femmes intenses et libres,l'arrière grand-mère Adèle qui se réfugiera dans le Sud de la France pour voir de loin  les errements de  sa fille"volatile", Emma.
Emma ,dont les  trois premiers enfants, vite devenus encombrants à ses yeux, se lanceront dans une quête éperdue d'amour maternel. L'aînée, sabine, sombrera dans divers excès avant de devenir mère à son tour et d'aimer d'une manière quasi animale mais très tendre,sa fille, Fleur. La mère horizontale est  un magnifique roman d'amour servi par une langue drue et poétique. Une vraie découverte.

23/05/2008

Dans la famille Mitford, je demande Nancy !

"Le jour de leur mariage, les jeunes couples chics  se retirent dans leur propriété à la campagne et on ne les revoit plus à  Paris avant qu'ils aient eu six  enfants. Les Françaises  sont très robustes et cela leur prend rarement plus de six ans-Moins si naissent des jumeaux." Le ton est donné !  513GcSrmeuL
Celui qui utiliserait les chroniques Une anglaise à Paris dans un but documentaire ne serait pas au bout de ses surprises.Nancy Mitford  ne prétend  d'ailleurs pas faire oeuvre de journaliste mais affirme que les Anglais ( à qui ces textes étaient  destinés) "me  considèrent comme  leur fournisseuse principale en contes de fées."
Mai 68, raconté par elle devient une sorte de tragi-comédie, Nancy déclarant par exemple "j'ai des tas de bouteilles de champagne et plus d'eau minérale , alors si l'eau du robinet vient à manquer Marie et moi serons ivres du matin au soir.  quel  tableau !".
"En présence de Nancy, personne n'osait partir avant elle de peur d'être la victime de son humour  caustique et souvent cruel" a  confié sa soeur Déborah au traducteur et préfacier Jean-Noël Liaut qui nous présente d'autres facettes de la chroniqueuse et romancière: amoureuse  d'un homme politique français volage,Nancy jouait un peu les Schéhérazade pour conserver son intérêt.
Un recueil parfois inégal mais  dont on sort le sourire aux lèvres.

Je lui ai néanmoins préféré ceci !

22/05/2008

"Hé, dis donc, Bruce Lee, franchememnt, tu aurais dû faire un Atelier gymnastique des sourcils"

Bienvenue au centre de loisirs, tout hérissé de majuscules et de points d'exclamations, le tout trempé dans une peinture verte du plus bel effet !9782211089944
Gaspard traînait plutôt les pieds pur y aller, pas encore remis de tous les  bouleversements survenus récemment  dans  sa vie, pas encore remis de  la disparition de son petit frère...
A petits pas, Dominique  Mainard qui signe ici son premier livre pour  enfants, nous montre le cheminement de Gaspard vers un monde qui " se déployait à nouveau après n'avoir été qu'une sorte de pliage gris et triste." Le tout , entre autres par la grâce des haïkus, ces poèmse japonais de dix-sept syllabes  visant à l'essentiel. La poésie, c'est bien connu est fort utile  pour  draguer mais elle a aussi  bien d'autres fonctions...
En treize chapitres et autant de haïkus, avec une grande économie de moyens mais avec humour et poésie, Dominque Mainard nous fait osciller entre émotion et sourire.
Vite, découvrez le  livre qui donne envie  d'écrire  des haïkus sur un  beau papier japonais :  Ma  vie en dix-sept pieds !
Un livre d'une centaine de pages mais tout hérissé de papiers divers, un gage de qualité ! :)
A partir de 9  ans.

21/05/2008

Je suis curieuse et j'aime ça !

Sauter du coq à l'âne,  de Georges -François Rey est une charmante "petite anthologie des expressions  animalières" qui  nous permet à la fois de  découvrir l'origine de nombre  d'entre elles mais aussi d'en découvrir tout court.
J'ignorais ainsi  que "emporter le  chat" signifiait: quitter un lieu très discrètement ou que "lâcher la queue du chat" veut dire être parrain ou marraine pour la  première fois.41RnBZ4ZrML
L'auteur s'amuse aussi à  nous donner  les (ani)mots de typos (typographes), les" mots cochons" (j'ignorais que le cochon des blés désignait un hamster), il nous propose de  "miser sur le bon cheval", du bidet au yearling , et nous rappelle la capacité de la vache de donner un coup de pied , capable de casser un tibia, de côté,d'où  l'expression,"donner un coup de pied  en vache".Par contre,  l'expression  " Mort aux vaches!"  n'a rien à voir avec ces paisibles  ruminants mais avec les postes de garde et de douane prussiens portant l'inscription Wache (sentinelles,en allemand) présents dans le territoire occupé de l'Alsace-Lorraine, durant son annexion.
Un index et une  liste des sites internet consultés complètent ce volume joliment illustré par de désuètes gravures. Pour 10 euros, un petit bonheur à ne pas se refuser !

20/05/2008

"Par -delà le bien et le mal , il y a une prairie où je t'attends" dit le poète persan.

Après Stratégies de la framboise, dont j'avais fait mon miel en 2003, Dominique Louise Pélegrin nous propose Ciel ! ma prairie, aventures paysagères.
En 12 chapitres aux titres  plein d'humour ("Comment devenir une prairie en six leçons", "la prairie en tapis  volant"...) et un "pré en bulle", l'auteure  nous entraîne à la fois dans une rêverie et une exploration de la prairie.
"Ce livre n'a pas pour objet de parler du bon vieux temps, des vaches au pré ou des rêves écolos en ville...Il propose au lecteur de s'installer dans une prairie imaginaire, lieu idéal pour réfléchir."
Et des réflexions, ce livre en est plein. Il fourmille d'informations sur les mots,( saviez-vous que le préau des écoles signifie "petit pré enclos" ?). Elle nous rappelle au passage que "les premières académies,les premiers lycées se tenaient en plein air."IMG_0906
On y croise un massacre à la  tronçonneuse  pas si cruel que ça, des agriculteurs qui ont fait le  pari  de  "travailler moins pour gagner plus", un petit glossaire (en partie imaginaire )des prairies, une libraire, un éditeur....On y apprend que  "La toute bête prairie , avec ses troupeaux dessus, reste la meilleure technique d'entretien  du territoire, et certainement la moins coûteuse" alors qu'elle est en voie  de disparition ...
Bref, l'auteure tire un coin de la prairie et c'est tout le fonctionnement de l'agriculture mais aussi  de la société qui se détricote devant nos yeux.Mais il ne faut  pourtant pas oublier que "l'herbe, les mots et l'amour sont liés dès l'origine", c'est pourquoi Dominique Louise Pélegrin fait à la fois oeuvre utile en nous informant mais aussi en nous incitant à la  rêverie et à la poésie.
A lire dans une prairie, réelle ou imaginaire, les pieds  nus pour mieux profiter de toutes les  sensations qui s'offrent à nous...

Ps : Je viens de découvrir que l'auteure avait aussi écrit un roman "Le crocodile rouillé" (que j'avais déjà  noté sur ma LAL, je  surligne donc!:))