25/02/2011
Les variations Bradshaw...en poche
"Elle admire les gens qui ne se conforment pas à ce qu'on attend d'eux."
Le couple central des Variations Bradshaw vient, depuis peu, d'inverser les rôles. Thomas a troqué un métier lucratif contre le statut de père au foyer. il en profite aussi pour prendre des leçons de piano. Sa femme, Tonie, à l'orée de la quarantaine, vient d'accepter un poste administratif dans l'université où elle enseignait auparavant, faisant ainsi le choix de se "délester du fardeau des émotions."
Autour d'eux le reste de "l'orchestre familial" joue sa partie ,avec ses tensions, ses épisodes comiques -en autres un hilarant départ en vacances- ou dramatiques.
Autant de couples, autant de configurations pour affronter ses désirs, ses émotions, ses ambitions, assumer ses choix, ses regrets.
Tout au long des 32 chapitres (autant que les variations Goldberg) Rachel Cusk se penche avec un humour décapant sur ses personnages de la classe moyenne qu'elle nous peint ,avec ce charme british que nous apprécions tant , dans leur intimité, leur quotidien qui parfois dérape. Une réussite qui nous fait largement oublier la déception d'Egypt farm et retrouver tout le plaisir éprouvé à la lecture d'Arlington park
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : rachel cusk, couples
24/02/2011
On n'est pas des oiseaux
"Le bonheur est dans les forêts, et il est dans les jardins."
Il y a du grabuge entre les parents de Camille et Matthieu. Chacun des enfants s'accommode comme il peut de la situation, s'échappant pour l'une dans les rêves et dans son paradis: son jardin chéri. Pour l'autre dans des colères et des crises de somnambulisme.
Pourtant, quand tout va soudain changer, les deux enfants feront face. Ensemble devant l'inacceptable.
Commencé comme une histoire de couple qui se déchire devant des enfants, On n'est pas des oiseaux bascule page 49 dans une situation qui va dépasser Camille et Matthieu et à laquelle ils feront face de manière à la fois surprenante et d'un pragmatisme forcené, qui pourra choquer certains.
Mais l'écriture fluide et poétique de Gisèle Bienne nous épargne tout aspect sordide et l'évocation du jardin en particulier et de la nature en général comme havres de paix sont autant de respirations dans un texte qui dépeint de manière fine et acérée la fin de l'enfance . L'amour, même chez les oiseaux ne se vit pas forcément dans la fidélité et la pérennité, comme le rappellent au passage les paroles de Barbara qui scandent ce roman troublant, aussi bien destiné aux adultes qu'aux adolescents.
On n'est pas des oiseaux, Gisèle Bienne, collection médium de l'Ecole des loisirs 2011 , 207 pages qui m'ont donné envie de poursuivre ma découverte de cette auteure que je ne connaissais que de nom (et aussi par le titre , fascinant d'un de ses romans : Bleu, je veux.)
Ps: je suis fan de la couverture de Sereg ! (plus taupe que grise).
pps: à noter la mention du nom très évocateur d'une boutique de perles: "Le nid de la pie" qui existe pour de vrai à Reims!:)
Le site de Gisèle Bienne
Gisèle Bienne à L'école des loisirs.
06:00 Publié dans Jeunesse, romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : gisèle bienne, fraternité, jardin
23/02/2011
Les derniers planteurs de fumée
Nonobstant une solide allergie au tabac, j'ai feuilleté ce Librio à deux euros et, paf, je suis tombée sur une courte évocation de vaches ! Allez hop, emballé c'est pesé, je repars avec ce qui s'avère contenir des extraits de Partance et autres lieux, suivi de Nema problema. Deux amuse- yeux en quelque sorte pour découvrir (un peu) l'art de Guy Gofette.
Et là je suis tombée en amour. Ni plus ni moins. Un poète fou de voyages immobiles, qui, seul, entend la mer au bout du jardin de son père car "Brasseurs de ciel à longueur de jour, ces hauts arbres, par les nuits de grand vent, recrachaient la mer, la voix des sirènes et les chants des noyés.", cette mer qui finira par venir à lui dans une chambre d'hôtel de Bailleul...
Fils des Ardennes, sa route ne pouvait que croiser celle de Verlaine et de Rimbaud mais c'est dans une caravane baptisée Partance, solidement arrimée dans un verger ,que le poète ira vers l'apaisement du coeur.
Les mots sont simples , comme ces objets usuels qui ont été parfaitement conçus et s'adaptent impeccablement à l'usage, sans fioritures, allant droit à l'essentiel. Une magnifique découverte que je ne peux que poursuivre...
06:00 Publié dans Extraits, nouvelles belges, Poésie | Lien permanent | Commentaires (16)
22/02/2011
Dans les vignes
"L'enracinement se précise."
Catherine Bernard semble accumuler à plaisir les obstacles: à quarante ans, après avoir suivi une formation , elle quitte sa profession de journaliste et s'installe comme vigneronne dans une région qui lui est étrangère: les coteaux du Languedoc. Elle nous raconte entre humour et colère (contre les incohérences des directives européennes , les produits chimiques employés à tire larigot et les diktats des oenologues) son installation sur cette terre qu'elle va ressentir jusqu'au plus profond d'elle.
Ceci nous vaut de superbes pages où l'auteure sent qu'elle s'enracine au sens propre : " La terre arrime mon corps, l'asservit à ses conditions, mais exactement dans le même temps , libère mon esprit d'une quête des impossibles de tout genre. Je n'ai plus réellement besoin de vacances, je suis dans la vacance. Je suis dépaysée au sens propre et figuré."
Catherine Bernard s'interroge aussi sur les rapports qu'entretiennent maintenant le vin et les mots, dans un but purement mercantile, et souligne le fait que maintenant "Boire du vin est devenu un exercice intellectuel et compliqué."
Un récit qui va à l'essentiel et même si parfois on aurait aimé en savoir un peu plus (sur sa formation, sa façon de gérer sa vie de mère et de vigneronne) qui peint de manière ni idyllique ni passéiste un monde passionnant, celui du vin.
A recommander aux curieux et aux amoureux du vin, du bio et de la terre en général.
Dans les vignes, Catherine Bernard, Editions du Rouergue 2011, 232 pages pleines de saveur.
06:00 Publié dans Récit | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : catherine bernard, vignes, reconversion, agriculture
21/02/2011
En ce sanctuaire
"Je sais, oui, la miséricorde semble une denrée rare, au même titre que l'eau potable."
Chic, revoilà Jack Taylor, notre claudiquant ex-policier, ex-abstinent devenu sourd d'une oreille (dans un épisode que j'ai loupé, que fait la médiathèque? !) préféré .
Comme toujours l'enquête est quelque peu délaissée au profit de l'humour et des remarques caustiques de notre Irlandais favori , qui mine de rien, semble se départir quelque peu de sa solide réputation de cynique et fait de plus en plus preuve d'humanité, quoi qu'il s'en défende.
Mention spéciale pour les personnages secondaires, un ex-dealer devenu adepte du zen qui sirote des tisanes et un obèse qui en deux apparitions réussit à marquer nos esprits et nos coeurs. Le tout dans une Irlande en pleine déliquescence - selon notre ronchon chouchou- mais où les nouveaux millionnaires sont à la fête.
A noter que pour apprécier à sa juste valeur l'évolution du personnage récurrent mieux vaut lire les différents épisodes dans l'ordre...
En ce sanctuaire, Ken Bruen, Série noire Gallimard 2010, 200 pages traduites comme toujours de main de maître par Pierre Bondil qui relève toutes les références culturelles (citations entre autres) qui auraient pu nous échapper. Un régal à ne pas rater.
L'avis de Dasola
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : ken bruen, irlande, bonne soeur, bitures, baston et cie
20/02/2011
Le tag des 30 derniers jours
Taguée par Mango je fus, et comme je ne peux rien lui refuser...
1) Combien de fois avez-vous été en librairie, en bibliothèque ces trente derniers jours? 1) Zéro fois 2) 1 à 10 fois 3) Plus de 10 fois
Je vais au minimum rôder une fois par semaine en librairie et en médiathèque. Sans quoi je suis en manque et gare à l'humeur , dans ce cas, j'ai tout d'un glouton furibard !Accro, moi ? (photo trouvée ici, moi en mieux)
2) Combien de livres ont rejoint votre PAL depuis? (hormis les emprunts de bibliothèque, une PAL étant la pile dont on ne se débarrasse pas comme ça et qui peut croupir chez soi des années) 1) Zéro 2) 1 à 5 3) Plus de 5
J'élague régulièrement ma Pal officielle et actuellement elle comporte 20 titres.
3) Combien de livres dans votre LAL au cours des trente derniers jours? 1) Zéro 2) 1 à 10 3) Beaucoup plus
5 pages sur zozone, mais pareil je désherbe régulièrement, ça m'évite les achats impulsifs.
4) Un livre lu en entier ces trente derniers jours? Faisait-il partie de la PAL? S’agit-il d’une nouvelle acquisition? 1) Aucun 2) Oui, et il faisait partie de la PAL 3) Oui, et il s’agit d’une de mes acquisitions de l’année.
Cf tous mes billets des 30 derniers jours !
5) Un défi entamé pendant ces trente derniers jours? 1) Défi? 2) Entamé oui 3) Fini même
Je poursuis le défi Voisins Voisines initié par Kathel, même si parfois je percute un peu tard !
Et comme je suis faible, je viens de m'inscrire à celui d'Hélène !
Allez, les filles, désignez-vous !
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : tag à tag à tag aïe aïe aïe, glouton = carcajou, c'est-y pas meugnon!
19/02/2011
le koala tueur...en poche
"Selon le principe que dans tout périple se cache une bonne histoire" Kenneth Cook se lance dans les entreprises les plus bizarroïdes en compagnie d'acolytes pour le moins surprenants ! N'ayant rien d'un Crocodile Dundee -il se présente à plusieurs reprises comme pesant une centaine de kilos,non-pratiquant fervent du sport, il n'a donc guère d'atout en mains pour jouer les héros dans le bush australien. D'autant moins qu'il a le chic pour se choisir des compagnons qui ont un rapport pour le moins flegmatique (hérité de leurs ancêtres grands-bretons?) avec le danger...
Quant aux animaux, les plus dangereux ne sont peut être pas ceux que l'on croit. Tel George, "le chien qui aimait les animaux" et le seul qui ait "délibérément attenté "à la vie de l'auteur et de cinq autres personnes, réfugiées piteusement sur un comptoir de bar, jusqu'à ce qu'une émule de Ma Dalton vienne rétablir l'ordre. Quant à Cedric le chat, s'il vous regarde d'un air gourmand, gare ! Au passage, nous apprendrons que l'haleine de chameau est "l'une des choses les plus redoutables en ce monde" (je vous en épargne la description, très imagée) et que " les koalas "n'ont pas un poil de gentillesse" vu la façon dont l'un d'entre eux a montré son attachement féroce à l'auteur,on comprend cette assertion !
Bref, j'ai a-do-ré ce recueil de nouvelles qui certes, comme le souligne la traductrice Mireille Vignol dans sa post-face, n'a pas oeuvré pour le tourisme australien, mais m'a , et ce à de nombreuses reprises littéralement fait éclaté de rire, ce qui ne m'était pas arrivé depuis un bon moment avec un livre !
Sollicitée par Hélène, je craque et hop, m'inscris à son challenge !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : kenneth cook
18/02/2011
Aux bords du lac Baïkal
"Il faut dire que la pitié, les gloutons, ça les faisait bien rire."
Une même scène, aux bords du lac Baïkal vue par douze paires d'yeux différents (moins un oeil, la pie est borgne !). Parmi ces narrateurs, un seul animal humain : un jeune chaman , Geirg Dordjé, le seul à être capable de capter ces paroles muettes échangées par la faune locale, mais comme il est peu loquace, pas de danger qu'il les répète.
Un monde "beau, implacable" où il ne fait pas bon être une marmotte trop gourmande ou un glouton pas assez agressif, mais un monde aussi où l'on croise un aigle maladroit, un tigre plus paresseux que féroce et surtout mon chouchou, l'inénarrable l'escargot Dwayne Dodo qui" se raconte à lui même des histoires qui le font rire jusqu' à l'intérieur de sa coquille. " En outre ce gastéropode est persuadé, en toute modestie, d'être l'animal le plus beau du monde !
Les noms des héros de ces nouvelles sont à eux seuls un vrai régal (citons au passage l'ours Pandolphe Popovitch) et Christian Garcin, un peu dans l'esprit des Histoires comme ça de Kipling, n'hésite pas à créer des effets de refrains , ce qui renforce la continuité d'un texte à l'autre.
Un livre qui vous prend par la main, quel que soit votre âge, et qui ne vous lâche plus ! Un vrai coup de coeur !
Cuné a aussi été séduite !
Aux bords du lac Baïkal, Christian Garcin, Ecole des Loisirs 2011, 134 pages pleines de surprises et d'humour !
06:00 Publié dans Jeunesse, Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : christian garcin, animaux, humour
17/02/2011
Le dur métier de loup
Le jour de son septième anniversaire , les parents de Lucas, loup de son état, lui demandent ce qu'il veut faire. Et Lucas de répondre aussitôt : "C'est facile. je serai loup." Hélas la forêt est trop petite , il n'y a plus assez à manger : Lucas devra partir et trouver un autre métier.
Emportant un baluchon, contenant le vent qui ne parle qu'allemand, voici donc Lucas parti à l'aventure. Au fil de ses rencontres, le petit loup trouvera sans doute ce qui lui plaît vraiment et apprendra aussi à se faire confiance et à faire confiance aux autres.
Joli programme donc pour ce louveteau mais joli programme aussi pour les cinq auteurs successifs des différents chapitres de ce roman d'apprentissage tendre et poétique : Alex Cousseau, Kéthévane Davrichewy, Marie Desplechin, Christian Oster et Olivier de Solminihac. Chacun d'entre eux a su à la fois se couler dans cette histoire et l'imprégner de sa personnalité. Les différentes tonalités ne nuisent en rien à la fluidité du récit et les illustrations épurées et souvent malicieuses de Delphine Perret accompagnent avec bonheur le jeune lecteur dans sa découverte d'un monde qui n'est à la fois ni aseptisé ni trop rude. Un très joli conte initiatique.
Le dur métier de loup, Mouche de l'école des Loisirs 2011.
54 pages pleines de musique.
06:00 Publié dans Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : loup, alex cousseau, marie desplechin, kéthévane davrichewy
16/02/2011
Bons baisers de la montagne
"-Pas besoin d'un fusil pour être un danger public."
Une -blonde- parisienne-miss-catastrophe sème la zizanie partout où elle passe, chez ses cousins qui l'ont gentiment invitée ainsi que dans un pas si paisible que ça village montagnard. Tout ça parce qu'elle s'est soudain entichée d"un ancien "enfant du placard" devenu gourou malgré lui.
J'ai réussi à lire ce roman jusqu'au bout mais à l'arrivée je me suis demandé quel était l'objectif de l'auteur qui, si elle sait insuffler de la vie à ses personnages, ne sait visiblement pas toujours où elle les emmène.
Voulait-elle nous démontrer que nous créons nos propres illusions ? Ce n'est en tout cas pas la fin du roman qui nous aidera...
Pioché par hasard à la médiathèque.
Bons baisers de la montagne, Noémie de Lapparent, 201 pages qui m'ont laissée perplexe et je ne suis pas la seule:
Laure et Pimprenelle l'ont été aussi.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : noémie de lapparent, c'est montagne et premier roman en ce moment...