18/05/2011
L'orthographe made in L'épicerie de l'orage
Non content de nous rappeler qu'"orthographe" est un "mot piégé" car il devrait désigner celui qui écrit bien et non le fait de bien écrire, le petit carnet concocté par Catherine Benedetto-Nazarenko est tout à la fois un magnifique objet interactif, bourré d'inventions typographiques, une histoire de la langue française claire et didactique et (peut être) un moyen sinon de réconcilier certains réfractaires du moins d 'apaiser un peu leur relation compliquée à l'orthographe. Rien que ça !
Gawou et Libouliavaient tour à tour vanté ce magnifique objet et j'ai profité d'un court séjour près d'une librairie magique La soupe de l'espace pour faire d'une pierre deux coups: visiter cet îlot enchanté et et feuilleter les deux premiers volumes édités par l'Epicerie de l'orage. Là, j'ai même pu apprendre que deux nouveaux volumes de cette collection étaient en préparation ! Mais motus et bouche cousue, si les libraires de La soupe de l'espace sont sympas, elles savent néanmoins garder les secrets !
Le blog de L'épicerie de l'orage .
06:00 Publié dans très utiles! | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : catherine benedetto-nazarenko, l'épicerie de l'orage
17/05/2011
Allô conso dix canulars téléphoniques pour prendre le marketing à son propre piège
"Quand on est un homme on a le droit de faire attention à sa peau !"
Radin signalant des produits moins chers que chez C****, tonton soucieux de l'alimentation de son neveu adolescent qui refuse les céréales connotées pour enfants, ou consommateur mâle s'indignant de produits laitiers supposés nourrir la peau de l'intérieur mais apparemment uniquement celle des femmes, voici quelques unes des identités endossées par Arenaud (sic) Poun pour contacter les services consommateurs de grands groupes alimentaires.
Si le canular téléphonique est un grand classique, Arenaud Poun renouvelle le genre en y ajoutant une dose sévère de critique revigorante ! Qu'on prenne le consommateur pour un imbécile est une chose mais que celui-ci se rebelle en utilisant les outils mis au point par le marketing en est une autre !
Arenaud est convaincant en diable et la retranscription de ces dialogues nous permet tout à fait de deviner tour à tour la bonne volonté prise en défaut, l'embarras, l'agacement, l'extrême agacement (mais le fait que la conversation puisse être enregistrée doit freiner les réactions par trop violentes !) de ses différents interlocuteurs.
Arenaud pousse ses victimes dans leurs retranchements et jusqu'à l'absurde les slogans et l'argumentaire prétendument scientifique qui accompagnent les produits vantés par un marketing qui marche sur la tête. Heureusement le retour de bâton frappe souvent de plein fouet ceux qui veulent nous fourguer du vent : qui a vu récemment en rayon un produit laitier vendu (fort cher) dans un pot rose et censé nous rendre belle ?
Un livre à double effet: il nous fait rire et nous ouvre les yeux si besoin était !
Allô conso, Arenaud Poun, Le tigre 2001
Merci Cath !!!
06:00 Publié dans Humour, très utiles! | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : arenaud poun, allô !
16/05/2011
658
Un thriller selon mon goût ? Un roman qui fasse autant la part belle aux personnages, leur donnant un arrière-plan intéressant, des failles, des blessures et pas que des certitudes et bien sûr une intrigue sophistiquée juste ce qu'il faut. Dans 658, il y a tout cela.
Un jeune retraité de la police qui n'a pas encore tiré un trait sur sa faculté à raisonner et que l'intervention d'une connaissance devenue gourou pour riches dépressifs va vite remettre en piste; de mystérieux poèmes anonymes donnant à croire que leur auteur connaît les secrets de l'ex- alcoolique devenu gourou et qu'il est en outre capable de lire dans les pensées ... Sans oublier un très joli personnage féminin, celui de l'épouse du flic "farouchement intelligente" qui analyse avec lucidité et son couple et l'énigme...
Si j'avais deviné assez vite une partie du mystère (Merci Gérard Majax !), j'ai bien aimé la manière dont la résolution est amenée, la part faite à la psychologie , à la manipulation,usant de ressorts assez simples mais efficaces en diable ! Un bon roman, confortable et astucieux juste ce qu'il faut. Les amateurs d'intrigues plus complexes en seront sans doute pour leurs frais...
658, John Verdon, traduit de l'anglais (E-U) par Philippe Bonnet et Sabine Boulongne, Grasset 2011, 441 pages qui m'ont redonné le goût des thrillers !
Tamara est moins convaincue.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : john verdon, thriller
15/05/2011
Prises de rendez-vous, prises de tête.
"Bonjour, le numéro de téléphone du Docteur Léni Fiante a changé. Veuillez appeler le ...(suit le nouveau numéro débité à toute allure)."
Dûment munie d'un papier et d'un stylo extraits de votre sac glouton, vous recomposez le numéro du répondeur pour noter à la volée les dix chiffres salvateurs.
"Bonjour, vous êtes sur la messagerie du Docteur Lénifiante. Pour prendre un rendez-vous, vous pouvez appeler le lundi de 13 h 12 à 15 h 37 les jours pairs, de 14 h 28 à 16 h 32 les jours impairs. Le mardi de 10 h 12 à 12 h00 ... " Et les nuits de pleine lune , ça compte ou pas ?
Vous cessez de griffonner à toute allure et guettez le vendredi, jour qui vous intéresse. "...le vendredi de 9 h 00 à 11h 47 . "
Super, c'est noté et il est 9 heures. Vous préparez votre agenda. Prête? Appel . Répondeur. Bon la secrétaire n'est peut être pas du genre ponctuel ou alors elle prend un café. 9 H10, elle a eu le temps d'aller faire pipi. Appel. Répondeur. Bon vous rappellerez dans une heure.
Appel. Répondeur. Votre téléphone annonce déjà six appels avant que la lumière ne se fasse : faute de pont le dimanche 8 mai, le docteur Léni Fiante et sa zélée secrétaire se sont bâti un pont perso et anticipé...
Vous perdez entre temps votre patience et le nouveau numéro de téléphone. C'est reparti pour un tour de manège...
06:02 Publié dans Bric à Brac, Croqué sur le vif | Lien permanent | Commentaires (11)
14/05/2011
Juliet, naked...en poche !
"Si j'ai envie que quelqu'un me crie dessus pendant 45 minutes, j'appelle ma mère."
Fan inconditionnel de Tucker Crowe, ex-chanteur des eighties, Duncan ne se rend pas compte que sa compagne , Annie est de plus en plus agacée et frustrée. rien de bien folichon en effet dans ce couple où l'amour ou la passion ne semblent pas avoir joué de grand rôle.
A l'orée de la quarantaine, Annie se demande donc si elle n'a pas gâché ces quinze dernières années et sa chronique sur le dernier disque en date de Tucker Crowe, "Juliet, naked",va déclencher un véritable cataclysme.
Féru de musique, on le sait depuis ses premiers romans, Nick Hornby brosse ici , sous prétexte d'étudier le phénomène des fans, le portrait acide et drôle d'un couple au bord de la crise de nerfs, mais qui reste toujours très digne et s'affronte à fleurets mouchetés. Il scrute avec une attention sans faille les paroles et les gestes bien rôdés, la manière dont chacun sait comment l'autre va les interpréter...
Les notices Wikipédia et les transcriptions hilarantes des interventions sur les forums rendent encore plus attachant ce roman qui me réconcilie définitivement avec Nick Hornby. Ce pourrait être déprimant ou d'un optimisme forcené, c'est plein d'humanité , d'empathie et d'humour, et ça donne une folle envie d'aller sur la plage surannée de Gooleness ...
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : nick hornby
13/05/2011
Quinze kilomètres trois
"Elles ont fait ça ensemble, les filles."
Là, la lumière est "crue", les falaises crayeuses, le vent agaçant de liberté, la mer "inconsolable". là, c'est le cap Blanc-Nez du haut duquel deux très adolescentes se sont élancées.
Un fait-divers qui a bouleversé toute la région et qui sert de matrice au roman très court mais envoûtant de Martine Laval.
L'auteure choisit de ne jamais nommer ces très jeunes filles, qu'elle prend pourtant en quelque sorte sous son aile, les appelant "mes mignonnes", et fait la part belle plus à l'atmosphère qu'à la psychologie proprement dite. Le paysage devient ainsi un élément primordial du drame.
Tour à tour, une prof de français dépressive aux mots malheureux , une "autre fille", un cousin,une lectrice , sans oublier le paysage lui-même prendront la parole pour revenir sur l'incompréhensible. De ces récits par petites touches, sans pathos, se dégagent beaucoup d'émotion et le sentiment d'un lieu auquel il faut absolument échapper pour vivre et non survivre. Un roman très court , sobre qui sait faire vivre sous nos yeux tout un paysage et ses habitants qui possèdent "La patience des gens qui n'espèrent plus.". Une réussite !
Quinze kilomètres trois, Martine Laval (oui la critique de Télérama , originaire de Calais par ailleurs !), 57 pages sobres et balayées par le vent. Liana Levi Piccolo, 4 euros.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : martine laval, suicide, adolescents, pas-de-calais.
12/05/2011
Des adhésifs dans le monde moderne
"Parfois, quand j'essaie de comprendre ce qui se passe dans le monde, je me surprends à penser à la colle."
Que Georgie utilise les adhésifs comme point de vue pour envisager le monde n'est en rien bizarre car ,d'une part elle travaille comme rédactrice pour une revue technique sur ces mêmes produits et d'autre part, elle aurait bien envie de recoller les morceaux de sa vie, son mari l'ayant quittée.
Heureusement pour elle, son existence un peu trop popote va prendre des allures nettement plus agitées car elle va devenir l'amie d'une vieille excentrique vivant dans une immense maison en compagnie d'une floppée de chats . Entre séjours à l'hôpital, assistante sociale fouineuse, agents immobiliers sexys mais peut être véreux, entrepreneurs branquignols et souvenirs intriguants, Georgie aura fort à faire...
Bon sang que ce roman est jouissif ! Les personnages, y compris les chats sont croqués à ravir, l'héroïne est dotée d'un sens de l'humour à toute épreuve,( y compris quand elle joue les dépravées) on ne s'ennuie pas une minute, l'écriture est alerte, le rythme soutenu , tous les ingrédient sont réunis pour passer un excellent moment y compris quand on est passagèrement victime d'une panne de lecture !
Un roman bourré de vitamines !
Des adhésifs dans le monde moderne, Marina Lewycka, traduit de l'anglais par Sabine Porte, Editions des deux terres 2011, 506 pages pétillantes à souhait !
Merci à Amanda la tentatrice et à Cuné la factrice !
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : marina lewycka
11/05/2011
Le petit Oulipo
Envie de jouer avec les mots ? Que vous soyez petits ou grands , vite feuilletez sans plus tarder Le petit Oulipo , anthologie de l'OUvroir de LIttérature POtentielle, réunis par Paul Fournel et illustrés par Lucile Placin !
Comme l'explique de manière très claire l'auteur dans sa préface, "Chaque mois, fidèlement depuis 1960, des écrivains et des mathématiciens mangent ensemble pour travailler et bavarder. ils cherchent dans l'histoire de la mathématique et de la littérature des idées de nouevlels structures ou d enouveaux jeux avec la langue. ils ne se contentent pas de dire "Et si on faisait ceci ou cela ?", ils le font."
Et nous n'avons plus qu'à leur emboîter le pas car les explications données sont très didactiques et la présentation attrayante ! On en a des fourmis dans les doigts !
Ainsi, à côté du célèbre Lipogramme, j'ai découvert les nouvelles sollicitudes qui s'inquiètent de l'état d'un personnage dont il est question au premier vers (par exemple Momille) et permettent alors cette question en fin de poème "Qu'à Momille? ". mais ce nom oblige les vers à rimer avec Momille. Ou bien encore La surdéfinition qui consiste à définir doublement un mot, à la fois par son sens et par sa présence à l'intérieur d'un autre mot.
Ainsi "Un refuge au sein d'un cabriolet" pour le mot abri.
Un livre à lire, reliree et à mettre en pratique!
Emprunté à la médiathèque.
Le petit Oulipo, Editions rue du monde 2010.
06:00 Publié dans Jeunesse, l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : paul fournel, lucile placin
10/05/2011
Niki l'histoire d'un chien
"Elle se faisait si petite que la pièce était pleine de sa présence."
M. Ancsa est un homme d'une grande rigueur morale, qui "croyait devoir éprouver à l'égard des bêtes, voire des plantes, le même sentiment de responsabilité qu'à l'égard de son prochain." Ce qui , malgré ses réticences, lui fera adopter une jolie petite chienne, croisée de fox-terrier, Niki, qui viendra éclairer sa vie et celel de sa femme.
Las, cette même rigueur morale lui vaudra une brutale disgrâce car l'action se déroule en des temps troublés: dans les années 50 en Hongrie, et la parenthèse enchantée créée par la venue de Niki va bientôt se terminer...
Livre "animalier", livre politique ou historique ? Niki emprunte un peu des trois sans jamais tomber dans l'excès de sensiblerie ou de dénonciation schématique. C'est une petite merveille de grâce et de sensibilité sur la fidélité des sentiments qui perdurent malgré les soubresauts de l'Histoire,à découvrir sans plus tarder !
Niki, Tibor Déry, traduit du hongrois par Ladislas Gara (Imre Laszlo), Circé poche 2011, 153 pages pleines d'amour.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : tibor déry, hongrie
09/05/2011
Les mots qui tuent
"Pour la première fois, il y avait quelqu'un pour qui je comptais."
Instrumentalisée longtemps par sa mère couturière , pour qui elle joue" le mannequin permanent", Mara rêve de s'habiller enfin à son goût. Elle rêve aussi d'avoir une amie. Aussi, quand Clara la délurée croise sa route, l'ado trop longtemps bridée va se lâcher et , pour ne pas être en reste avec sa nouvelle copine, va prononcer des mots qui entraîneront la mort d'un innocent...
Avec un style alerte et nuancé, Agnès de Lestrade peint une une tragédie involontaire en 59 pages qui vont droit à l'essentiel, sans que pour autant l'émotion se perde en route. Un seul bémol peut être : que la conclusion soit un tantinet précipitée (j'aurais aimé connaître plus en détail le parcours de Mara après ) mais le format de la collection explique sans doute ceci. A découvrir sans plus attendre !
Les mots qui tuent, Agnès de Lestrade, Sarbacane, 2011
trop démonstratif pour Cathe
06:04 Publié dans Jeunesse, romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : agnès de lestrade, mensonge