03/03/2009
"Un piège de verre"
Une résidence au soleil, protection absolue et sécurité garantie ,réservée aux seniors : le paradis pour Martial et Odette.
Même si "Les conviviales" (quel beau nom emblématique!) tardent à se remplir, l'arrivée de trois nouveaux voisins va vite rendre l'atmosphère électrique...
Pascal Garnier, avec une joyeuse férocité, se livre à un vrai jeu de massacre, fustigeant au passage tous les travers de notre époque (jeunisme forcené, peur de l'étrange étranger...). Mais pour autant ses personnages ne sont pas des fantoches ou des symboles empesés, ils ont en arrière-plan souvent une fêlure, voire un gouffre, et pataugent un peu devant ce temps à la fois immense et restreint qui leur est dévolu et qui ne peut déboucher que sur la mort.
Pas de côté artificiel ou démonstratif mais une galerie de personnages réjouissants, un peu nous dans quelques années peut être...
Merci au Dr Val pour sa prescription et son envoi !
Lune captive dans un oeil mort (titre peu engageant !), Pascal garnier, Zulma éditions, 157 pages jubilatoires
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : pascal garnier, lune captive dans un oeil mort
02/03/2009
"Les erreurs sont trompeuses."
"Le lendemain, devant la glace de la salle de bains, il y avait Solange , et il y avait une bosse. Et l'une des deux n'était pas fière."
Si ces phrases ne vous ont pas arraché ne serait-ce que l'embryon d'un sourire, ce livre n'est pas pour vous. Et ce serait dommage car vous ne feriez pas la connaissance des habitant de La Garde, petit hameau qui abrite un vaste échantillon d'habitants à la fois tendres et loufoques, animés par des sentiments pas toujours avouables mais au demeurant fort sympathiques. Le genre à débarquer chez vous à six heures trente du matin parce qu'il leur manque du café pour leur pique-nique, ce qui engendrera une amitié à la vie à la mort entre Brune-Olive et Solange , ou à séquestrer, pour son bien, bien sûr, une fée du ménage et de la cuisine...
Murielle Levraud aime les mots, elle les caresse dans le sens du poil,et ils se laissent faire en ronronnant de plaisir, elle feint de les suivre à la trace, au gré de leur fantaisie, mais arrive toujours à retomber sur ses pieds entre un salto arrière et une pirouette en Absurdie. Plus maîtrisé que dans son précédent roman,son récit n'en acquiert que plus de force car ils sont fort attachants, chacun dans leur genre, ses personnages ! mention spéciale aux enfants inventeurs d'araignées !
Un grand merci à Cuné pour l'envoi !
L'avis de Clarabel.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : le soir autour des maisons, murielle levraud, bienvenue en absurdie !
01/03/2009
PAL et PAL et RATAPAL...
Aifelle me l'a si gentiment demandé que j'ai rassemblé les livres éparpillés en mini PAl un peu partout dans la maison( pour des raisons de confort psychologique: plusieurs mini PAl sont moins impressionantes qu'une seule grande).
La première, à gauche, rassemble les livres prêtés par Cath, Ch'ti 31, Ptitlapin, Fashion, et un membre du club de lecture de la médiathèque.
La deuxième, à droite, ceux commencés mais qui sont en attente, la faute à d'autres, plus tentateurs, ou qui ont sur japper avec plus de conviction .
Les deux dernières constituent ma PAL officieuse ...PAl que la généreuse et espiègle Cuné fait grimper allègrement , tandis qu'elle feint de s'étonner que nous nous étonnions qu'elle n'en possède pas ! :) A qui le tour ?
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : tags, ce billet ne doit pas tomber sous les yeux de l'homme..., photos prises par ferdinand
28/02/2009
"La vie n'était-elle pas plus facile sans cette femme si difficile ? "
Une exposition rassemblant tableaux mais aussi vêtements emblématiques de la célèbre Rachel Kelly, qui vient de décéder brutalement, voilà le point de départ de chacun des chapitres du roman de Patrick Gale, Tableaux d'une exposition.
A la présentation parcellaire ,et forcément lacunaire , de chacun des éléments de cette rétrospective, répond le texte du roman qui explore au plus près l'univers d'une femme fascinante, à la fois mère et épouse prédatrice , mais aussi passionnée, excentrique et si vivante quand la dépression la laissait tranquille. Une femme brûlée par son art et qui, bien involontairement , laissa derrière elle une famille déchirée . Cette famille possède cependant un centre de gravité , un homme exceptionnel lui aussi : Anthony, le père et l'époux, sorte de roc inamovible, quaker qui sut aimer et protéger tous les siens .
Pas de portrait à charge cependant, Patrick Gale avec la sensibilté qu'on lui connaît brosse ici le tableau d'une famille dont les enfants, très jeunes ,ont appris à composer avec la maladie de leur mère, et plus âgés ont eu du mal à se confronter à son talent... Nous découvrons petit à petit les différentes facettes de cette femme qui refusait de parler de son passé.
Les rebondissements et les changements de point de vue rendent le récit si vivant et rapide qu'on ralentit le rythme de lecture pour savourer un peu plus longtemps ce roman qui vibrera longtemps en nous. A noter que l'auteur réussit le pari ,si souvent raté, de nous faire voir les tableaux de Rachel. Une réussite !
Un livre tout corné, évidemment.
Tableaux d'une exposition. Patrick Gale. Belfond.360 pages fulgurantes.
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : patrick gale, tableaux d'une exposition, peinture, mère prédatrici, maniaco-dépression, art et maternité, magnifique portrait de famille et de femme
27/02/2009
"Les enfants devraient se méfier beaucoup plus des adultes."
En bonne fille d'écrivaine, Léa, douze ans veut devenir...une star et pour ce faire, elle profite des vacances pour développer ses compétences. Finalement, aidée par les conseils de sa mère, elle se met à écrire un roman.Nous suivons donc ce work in progress qui tire partie du quotidien de ce quartier chaleureux d'une ville belge où vivent une flopée de femmes élevant seules leurs enfants.
Léa est une" petite sorcière qui voit tout", la première à remarquer qui est amoureux de qui, car l'amour est un des grands sujest de préoccupation des femmes et de leurs enfants et il ne possède pas de date de péremption, ce qui va quelque perturber la pré-adolescente : "Tous mes repères semblaient s'effriter comme la pâte d'un crumble sous les doigts d'une Hollandaise sans scrupules." Toutes cette joyeuse tribu fait la fête pour un oui, pour un non, la solidarité se joue du manque d'argent et les enfants regardent avec acuité , mais non sans humour, le monde des adultes : "S'il restait encore une femme dans le quartier à espérer que Thierry se soit trompé sur son identité sexuelle, elle pouvait désormais ranger ses préservatifs."
On sent aussi une réelle complicité entre la mère et la fille, complicité qui ne tombe pas dans son aspect dévoyé, mère-copine,et qui éclaire ce roman d'une flamme joyeuse et optimiste. Un bon moment de lecture.
Ce roman se révèle être la suite du Rôle de Bart (lu en 2006 , pas de billet) mais il n'est pas nécessaire d'avoir lu le premier pour apprécier le second.
Le square des héros, Eva Kavian, Le castor astral, 165 pages.
06:00 Publié dans Roman belge | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : le square des héros, eva kavian, familles monoparentales, belgique, solidarité, chaleur humaine, humour
26/02/2009
"Dans ma cabane, j'étais une princesse.Sur le goudron, je suis une souillon."
Mi Zazie, mi Fifi, Ninon la débrouillarde fréquente l'école en pointillés, mais c'est la reine des fromages de chèvres qu'elle vend sur les marchés en compagnie de son père. La vie n'est pas toujours facile quand on met en pratique ses principes et la campagne n'est pas toujours très confortable quand l'argent manque. La séparation des parents de Ninon ne va pas arranger les choses mais la petite fille saura faire plier la réalité devant ses rêves...
Un roman de plus sur l'enfance ? Que nenni ! Maud Lethielleux a su trouver un vrai ton, pétri d'humour et d'amour pour ses personnages, doux rêveurs qui savent retrousser leurs manches pour donner de la réalité à leurs songes. Les soucis,les tracas ne sont pourtant pas occultés (ah cette dangereuse Madame Kaffe !) mais sublimés par la vision résolument optimiste de Ninon, petit brin de femme courageuse et tendre qui avance dans la vie le sourire aux lèvres, portée par l'amour indéfectible qu'elle porte à son père.
Alors, vite, dites-lui oui car la tendresse et l'humour sont au rendez-vous !
Quelques citations au passage pour vous donner envie de découvrir le petit monde de Ninon :
"Raymond *préfère dormir avec mon père parce que c'est lui qui a le permis, et Raymond veut être prévenu si on s'en va en voiture."
*Raymond, c'est le chien !
"(un cadeau, c'est quelque chose de rare qu'on te donne comme ça sans raison parce que tu le mérites sans le savoir)"
"Ce jour-là, je narguerai mes cauchemars de nuit à coup de balai et à grande eau et basta."
"Le vrai bonheur, ça n'a rien à voir avec une robe cerise.Le vrai bonheur, , il se compte dans la tête, il est invisible, il est dans l'instant du présent, c'est comme une conjugaison qu'on n' a rien compris, il ne se conjugue pas au futur imparfait, il est parfait d'ailleurs, il est toujours là où on s'y attend pas, il faut juste ouvrir ses yeux."
Dis oui, Ninon.Maud Lethielleux. Stock.245 pages qui fleurent bon le bonheur ! A paraître le 4 mars. L'AVIS DE MARIE
Le blog de l'auteure
L'avis de LilY
25/02/2009
"La violence réprimée s'est transformée en guerre contre les femmes. Une guerre qui ne connaît ni règle ni limite."
Clare Hart, à la fois journaliste et profileuse ,enquête sur le trafic des femmes en Afrique. Parallèlement, elle va collaborer avec la police pour découvrir l'identité d'un tueur en série qui s'en prend à de très jeunes femmes de Cape Town.
Plongée dans le monde de l'industrie du sexe sud-africaine Les captives de l'aube est un roman n même s'il souffre de quelques défauts mineurs. On se demande par exemple comment l'héroïne est devenue profileuse (mais peut être allons-nous l'apprendre dans un prochain volume). En outre la résolution de l'enquête doit autant aux informateurs arrivant fort à propos qu'aux talents conjugués des policiers et de la journaliste.
Abstraction faite de cela, Margie Orford sait habilement tisser les liens entre le passé et le présent, donner de la chair à ses personnages tout en glissant au passage quelques unes de ses convictions concernant la violence faite aux femmes, en bonne journaliste d'investigation qu'elle est, sans pour autant alourdir le récit.
Loin de la profileuse à l'intelligence aiguë et quasi désincarnée que l'on rencontre chez Andrea Japp (et dont j'avoue m' être lassée), Clare Hart se montre beaucoup plus humaine et donc forcément plus touchante. J'attends déjà avec impatience la suite de ses aventures qui savent montrer la violence sans voyeurisme complaisant.
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : les captives de l'aube, margie orford
24/02/2009
Sans doute n'ai-je pas le pied marin...
En 1761, L'Utile, qui transportait une cargaison clandestine d'esclaves, fait naufrage sur une île inhospitalière . La cohabitation s'organise jusqu'à ce qu'un bateau soit construit. Faute de place ,on laisse les esclaves . On ne reviendra les chercher que quinze ans plus tard...
Parce que lire doit être un plaisir , parce que je ne supporte pas d'être freinée, frustrée dans mon élan de lectrice, j'abandonne au tiers la lecture des Naufragés de l'île Tromelin.
N'est pas en cause ici le style d'Irène Frain , tour à tour poétique et précis, même si j'avoue avoir été gênée par la cohabitation de mots désuets et de tournures plus modernes (voire familières) , "dégoisant" voisine ainsi sur la même page avec "un petit coup de pompe". Non ce qui a vraiment cassé mon élan , après une début très lent mais nécessaire pour bien mettre en place le décor de cette île si particulière , marquée par la cruauté et l'acharnement, est cette irruption du réel et des documents historiques auxquels l'auteure se réfère. Que ce texte soit basé sur une enquête minutieuse, je l'ai admis une fois pour toute et je n'ai pas envie qu'on vienne me mettre les preuves sous le nez; le travail de déduction , savoir quels indices mènent à découvrir l'identité de l'auteur anonyme d'un des rares documents concernant ce naufrage, ne m'intéresse pas outre mesure , j'ai plutôt envie de découvrir le récit de cette incroyable aventure, sans cesse différé.
Irène Frain. les naufragés de l'île Tromelin. Michel Lafon.372 pages.
Merci à Suzanne de Chez les filles pour cet envoi.
12:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (31) | Tags : irène frain, les naufragés de l'île tromelin
"Elle se fait des coiffures de rien, des chignons de vent..."
"Dans ce bureau, ils sont chez eux, les mots.". Ce bureau ? Celui du psychanalyste. Là où se vivent de drôles de saynètes ,oscillant entre drame et comédie, là où certains mots sont inaugurés, "des nuées de mots nichés dans les tentures et qui disent la tristesse, l'effroi...Qui disent des choses qu'on ne s'imaginait pas capable de penser." des mots resurgis du passé et avec lesquels on se débat, des mots qui griffent ,des mots qui tuent.
Passant avec virtuosité de la comédie, avec des échos de Raymond Devos, au roman noir (on retrouve souvent la "patte" de l'auteur de roman policier qui vous expédie un personnage ad patres sans barguigner ), Françoise Guérin explore avec aisance toutes les facettes de l'âme humaine. On pourrait lui reprocher parfois un peu de facilité dans les thèmes abordés: "Jolis soucis" passé la première surprise de l'interlocuteur de la narratrice s'avère plutôt convenu, mais à côté de cela nous trouvons de véritables moments d'émotion qui tordent le coeur . Ainsi "Ça va bien se passer...", ma nouvelle préférée ,qui ,tant par le style que par la conclusion, réconfortante et chaleureuse, nous emmène au coeur d'un drame trop longtemps étouffé.
L'écrivain donne aussi la parole aux soignants, ces "Garde-fous" harassés qui explosent parfois : "Mes peurs, mes colères, la violence de la maladie et celle d'une société qui nous confie les plus fragiles d'entre les siens sans nous donner les moyens de les soigner.(...) Pourquoi faudrait-il que la santé soit rentable ? Est-ce que la schizophrénie est rentable? Est-ce qu'un tremblement de terre est rentable ? " .Les mots s'avèrent parfois insuffisants et laissent alors la place aux larmes ...
12 nouvelles indépendantes et ,en fil rouge, un personnage, Mireille,qui ,avec verve et sensibilité ,revient entre chaque faire le lien et terminer le recueil sur une pirouette ironique...Un recueil où se donne à voir toute la virtuosité de Françoise Guérin.
Un dimanche au bord de l'autre. Francçoise Guérin. Atelier du gué. 126pages.
l'avis de Cuné.
06:00 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : un dimanche au bord de l'autre, françoise guérin, psychanalyse, amour des mots
23/02/2009
Un compagnon de cheminée
"Nous ne pouvons rendre heureux quelqu'un qui ne nous rend pas heureux."Telle est l'une des réflexions que se fait le Dr David Mc Bride lors d'un de ses entretiens avec l'une de ses patientes, admise dans son service après une tentative de suicide,Elizabeth Cruikshank. Cette dernière n'acceptera de lui livrer sa Part obscure qu'après une allusion à un tableau du Caravage. Commence alors une relation, où Elizabeth, jouant le rôle de catalyseur, va totalement bouleverser la vie du Dr Mc Bride.
Le roman de Salley Vickers, professeur de littérature et psychanalyste, est centré sur les entretiens entre le psychiatre et sa patiente, comme un foyer ardent autour duquel gravitent des personnages à la fois drôles et attachants, qu'ils soient patients eux aussi ou collègues. Les entretiens sont passionnants car ils abordent des thématiques qui nous parlent forcément : la difficulté que nous avons à changer de vie , à accepter la vérité de nos rapports avec les autres, la nécessité d'un regard extérieur pour comprendre ce qui nous unit aux autres... Il est plaisant de voir que le Dr Mc Bride, dans son désir de sauver les autres ,n'est pas capable de voir ce qui se passe sous son nez,mais la manière magistrale dont il réagira le fait encore grandir dans notre estime. Il ne se montre jamais borné mais profondément humain, jusque dans ses erreurs,et sait même reconnaître la supériorité d'un petit déjeuner roboratif sur n'importe quel traitement ou utiliser des maximes de la tante d'un de ses patients !
Alternant humour et émotion, La part obscure mène également une réflexion sur les rapports entre l'art et la vie, jamais de manière pédante ,mais toujours passionnante et l'on se prend à envier aussi bien les élèves que les patients de cette auteure.
Mon exemplaire a battu le record de pages cornées et ce depuis les deux ans et demi d'existence de ce blog ! Un livre intelligent et qui résonnera longtemps en moi.
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : salley vickers, la part obscure, le caravage, psychanalyse, art