28/05/2009
Anthologie des jeux avec les mots
"Un bon mot vaut mieux qu'un mauvais livre" disait Jules Renard. Et des bons mots, cette anthologie en regorge ! Placé sous le double patronage de l'humoriste aux cheveux en pétard, Anne Roumanoff et du linguiste -star de Feu "Apostrophes" - Claude Hagège, cet ouvrage explore de manière fouillée les différentes manières de jongler avec les mots pour faire rire le lecteur et en premier lieu, il l'avoue volontiers, l'auteur lui même.
Féru de mots , Alfred Gilder ne résiste pas au plaisir de nous glisser quelques uns de ses propres aphorismes, qui ne déparent pas l'ensemble , loin s'en faut. Il se fend également d'un savoureux tautogramme en D, le tautogramme étant un exercice acrobatique où tous les mots commencent par la même lettre, ce qui nous permettra de lui pardonner son humour parfois potache...
J'avoue n 'apprécier que modérément les contrepèteries dont semble se délecter l'auteur mais je me suis régalée à résoudre (ou du moins à essayer de résoudre) les définitions de mots croisés particulièrement ardues, -tube de rouge-* ou les rébus lettriques
-Mé moire-**
Une" zygomathèque pour s'amuser davantage et rire encore plus" conclut cette somme dans laquelle , comme le conseille Anne Roumanoff il faut picorer, pour ne pas risquer l'indigestion, et où, j'en suis sûre , les amateurs de mots feront, comme moi, de belles découverte !
Anthologie des jeux avec les mots, Alfred Gilder, le cherche midi, 395 pages où fouiller tout à loisir.
*L'Internationale (définition de Robert Scipion)
**Trou de mémoire.
06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : anthologie des jeux avec les mots, alfred gilder, anagrammes, pangramme, lipogramme ou comment se régaler sans prendre un gramme !
27/05/2009
La vie privée des arbres
Veronika tarde à rentrer de son cours de dessin. Pour occuper la fille de l'absente, la petite Danielà, Juliàn, son beau-père lui raconte La vie privée des arbres, "une suite complète d'histoires quil a inventées pour l'endormir." Mise en abyme du récit donc mais aussi occasion de nous raconter simultanément sa rencontre avec Veronika et elur histoire qui est devenue , petit à petit, une histoire d'amour.
"Pour l'heure, la vie est un casse-tête qui lui semble résolu : il a été invité dans une nouvelle intimité, dans un monde où il lui revient d'être à peu de chose près le père de Danielà, la petite fille qui dort, et el mari de Veronica, la femme qui ne rentre pas, pas encore, de son cours de dessin."
L'arrivée de Veronika devrait donc mettre un terme à ce récit qui n'a de raison d'être que par l'absence de la jeune femme.
Il ne se passe presque rien dans ce roman très court d'Alejandro zambra. mais c epresque rien nous envoûte par l'écriture si particulière du romancier (qui m'a parfois fait penser au détachement de La femme Gauchère de Peter Handke, roman qui est depuis 1980 sur l'étagère de mes essentiels). Détachement au sens où les mots , en apparence très simples, se détachent sur le fond du récit. Cet aspect ténu ne séduira pas forcément les amateurs de péripéties et de grandes houles démotions mais il plaira aux amateurs d'ambiances poétiques. Une parenthèse , un moment figé dans le temps qui émet des pseudopodes dans le passé, une bulle iridescente..
La vie privée des arbres, Alejandro Zambra, 117 pages cristallines.
Le très joli billet de Pagesapages qui m'avait donné envie de découvrir cet auteur.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : la vie privée des arbres, alexandre zambra
26/05/2009
Le temps des métamorphoses
"Un huis clos magistral aux troublants échos hitchcockiens" dans "un vieux manoir victorien des années 50 à nos jours", il ne m'en fallait pas plus pour me précipiter sur Le temps des métamorphoses de Poppy Adams . Las , cette famille de lépidoptéristes qui trucide à tour de bras les papillons- mais pas seulement...- pour d'improbables recherches qui nous sont détaillées à longueur de pages n'a suscité chez moi qu'un ennui poli. Pourtant dieu sait si je suis capable de m'intéresser à quasiment n'importe quoi pour peu que l'auteur ait du talent...
Quant aux relation vénéneuses entre les membres de cette famille d'excentriques anglais, elles m'ont laissé sur ma faim. Certes, des révélations fracassantes il y en a mais elles tombent régulièrement à plat ou presque. De plus, le choix de la narratrice unique, la soeur aînée, ne permet pas un changement de point de vue générant le malaise comme l'avait très bien réalisé Hilary Mantel dans La locataire.Leurs héroïnes ont beaucoup de points communs mais celle de Poppy Adams ne suscite que baîllements. J'ai réussi à terminer ce roman , lui laissant toujours une dernière chance mais ce fut une perte de temps. Peut être qu'en visant moins l'exhaustivité et en concentrant l'intrigue en une centaine de pages aurions-nous eu la chance de lire un roman équivalent à l'Ailleurs de Julia Leigh.
Poppy Adams, le temps des métamorphoses,330 pages.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : le temps des métamorphoses, poppy adams, vous ne pourriez ps les faire un p'tit peu plus courts?
25/05/2009
L'attente du soir
Trois personnages au bord du monde. Trois personnages qui , sans le savoir, vont mettre des années à se trouver, à se rejoindre et à s'offrir peut être enfin, une vie digne de ce nom, emplie d'amour et de tendresse.
Un clown blanc, directeur d'un cirque, établissment qui va devenir au fil du temps de plus en plus poétique, empli de parfums et de couleurs. Un femme grise , comme sortie d'un livre de Boris Cyrulnik, parce qu'elle n'a jamais été regardée par ses parents, parce qu'elle se retire en elle même pour éviter la souffrance,parce qu'on lui a enlevé l'être qui auarit pu la ramener du côté de la vie. Le môme enfin. Un enfant sauvage, qui s'est elevé tout seul sur un terrain vague et que les couleurs, la peinture vont sauver.
Cela pourrait être un catalogue de misères, c'est une marche poétique, où les couleurs et les parfums, les sensations jouent un rôle essentiel. Très vite on comprend la nature des liens qui unit certains de ces personnages mais comme le dit Giacomon le vieux clown : "Il est bon d'avoir avant, après vous, comme au long d'une cordelette d'argent, des êtres qui vous préparent et vous continuent. Sans quoi vous êtes tout simplement rejeté hors du temps, comme une unité sans lien, une branche qui ne portera jamais de bourgeon: vous êtes une monstrueuse impasse. On aura je l'espère , bien compris que je ne parle pas de filiation biologique, cette imposture, mais de la vraie filiation, celle du coeur et de la poésie."
Je suis entrée très vite avec bonheur dans cet univers si particulier, comme hors du temps, mais dois à la vérité d'avouer que parfois j'ai trouvé le temps long. Peut être aurait-il fallu un peu moins s'attarder sur les descriptions des vies des personnages, moins retarder leur rencontre pour éviter ce sentiment de dilution que j'ai ressenti parfois.
Un premier roman très prometteur cependant.
Tatiana Arfel, L'attente du soir, José Corti, 325 pages .
Tatiana Arfel à la rencontre de ses lecteurs, c'est ici.
L'avis d'Anne.
celui de Dominique!
06:00 Publié dans Prix Landerneau 2009 | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : l'attente du soir, tatiana arfel, trois personnages en quête des autres
23/05/2009
sorti en poche
Un livre réconfortant et lumineux, Une petite fête sur la planète , de Corinne Roche ,billet ici !
10:30 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : une petite fête sur la planète, corinne roche
22/05/2009
Porc ou cochon? Les faux-semblants
Si comme moi vous hésitez toujours entre "revolver" et "pistolet"," Meurtre" et "assassinat", ce livre est fait pour vous ! Avec verve, Jean-Loup Chiflet remets nos idées en ordre.
On se balade (et non ballade) au son d'un biniou breton ou d'une cornemuse écosaisse. On sirote un bourbon, à base de maïs ou un whisky (à base d'orge) tout en feuilletant une revue (sans images) ou un magazine (avec)...
Les distinctions sont parfois clairement tranchées, le revolver est une arme à feu à répétition, le pistolet ne tire qu'une fois, ou plus subtiles et l'on rejoint parfois ici l'ouvrage de Jean-Louis Fournier Les mots des riches, les mots des pauvres. : "Chez les Le Quesnoy, on est ivre, chez les Groseille, on est soûl".
Chiflet en profite également pour distinguer des couples maudits, un Casanova n 'a rien d'un Don Juan, Un Monet d'un Manet. Il se permet aussi quelques incursions dans l'actualité : Carla ou Cecilia,Arnault ou Pinault, dont on peut contester la pertinence au vu des autres couples mentionnés...A ces people, j'eus largement préféré qu'il éclairât ma lanterne sur Laurel et Hardy que je n'arrive jamais à identifier...
Un recueil bien utile , non pas pour se mettre la rate au court-bouillon mais au contraire pour clarifier nos esprits !
Porc ou cochon, Jean-Loup Chiflet, Chiflet & Cie, 185 pages éclairantes.12,95 euros.
06:00 Publié dans l'amour des mots, très utiles! | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : hjean-loup chiflet, porc ou cochon ?, mots et compagnie
21/05/2009
La maison en chantier, éloge du plâtre, de la poussière et du pot de peinture
Allez savoir pourquoi le mot "éloge" (malgré de nombreuses déconvenues made in folio,2 euros) exerce sur moi un attrait irrépressible. Quand, de plus, lui sont accolés des mots aussi incongrus que "plâtre " et "poussière", ma curiosité est aussitôt mise en éveil et je craque bien évidemment!
Bien m'en a pris car si en matière de chantier (et non de bricolage ou rénovation, comme le précise l'auteure) je ne fais que subir et non agir, j'ai été totalement conquise par le texte de Christine Brusson.
Comme elle le souligne "Rares sont les travailleurs manuels qui écrivent" et on pourrait ajouter :d'une manière aussi originale , poétique et iconoclaste qu'elle.
Parce qu'elle s'est elle même consacrée à cet art du chantier après des études de lettres et d'architecture , l'auteure -qui a par ailleurs rédigé Rénovation intérieure de A à Z- a donc toute légitimité pour nous parler de manière pratique (schémas à l'appui), mais aussi vivante et charnelle des liens qui unissent le corps humain, la maison et le monde.
Dans ce court livre, composé de 64 chapitres mêlant références littéraires-une petite sélection de livres clôt le texte-architecturales , poétiques , Christine Brusson , balaie les idées reçues,dédramatise le chantier, nous montre tout ce qu'il lui apprend et nous transmet son "même amour passionné des livres et des maisons".
Elle nous dit la matière (très belles pages à la fois instructives et poétiques sur le plâtre et la poussière), le rapport au corps , à la vie, à tout ce qui s'inscrit dans les maisons et en nous. "Mettez-vous au travail. Commencez par planter un clou, puis deux , puis dix. Vous verrez, cela ira de mieux en mieux. De mieux en mieux, je vous assure". Et on a envie de la croire tant son énergie est contagieuse.
Un livre total, où l'humour et la sensualité se faufilent, -qui aurait pensé que le chantier donnait envie de faire l'amour ?-,un livre où piocher citations à l'envi , tant sur la chantier que sur une pratique de vie et de liberté. Un livre charnel et puissant qui va m'accompagner longtemps, je le sens car après l'avoir lu et corné abondamment, je vais régulièrement y piocher au hasard et recorner sans vergogne de nouvelles pages...
Christine Brusson, La maison en chantier, éloge du plâtre et de la poussière et du pot de peinture.
Editions des Equateurs, 200 pages intenses.
A propos du mot chantier: "Il évoque un lieu interlope empli de matériaux et d'outils, où le corps, oublieux de lui-même et du temps, avec générosité, s'use et s'amuse."
"Les maisons ressemblent aux arbres. On s'y hisse pour s'y cacher.
On sent cela dans les romans : les maisons sont des personnages. Chez Dickens, par exemple, écrit l'architecte danois Rasmussen, "les maisons et les intérieurs acquièrent de façon démoniqaue une âme correspondant à celle des habitants."
Oui, elles abritent une âme, ou quelque chose qu'on peut nommer ainsi, une conscience. Elle est là, elle vous regarde dans les coins d'ombre, la lumière de midi, l'élégance des courbes où tremblent les rideaux de mousseline, le vent dans la cheminée, la présence et l'absence des gens aimés. On pense à ceux qui ont habité là avant nous.Parfois dans une pièce, d'où vient cette impression que quelqu'un nous regarde ? "
06:05 Publié dans Objet Littéraire Non Identifié | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : christine brusson, poésie, chantier, réflexion, matières, maison
20/05/2009
Refaire le monde .
Les trajectoires professionnelles de Greenie, pâtissière émérite, et celle de son mari, thérapeute à Greenwich village, suivent des trajectoires tout à fait opposées: plus la clientèle de la pâtissière augmente, plus celle de son mari diminue...Le sentant s'enliser dans une mélacolie incompréhensible, la jeune femme va accepter une offre de travail pour le gouverneur du Nouveau-Mexique et partir à l'autre bout du pays avec son jeune fils George.
Ce départ va alors déclencher toute une série d'événements incontrôlables.Centré autour de la crise de ce couple, Refaire le monde présente toute une galerie de personnages pittoresques qui, comme dans le précédent roman de Julia Glass (billet ici) vont se croiser, se rencontrer et former ainsi une constellation des plus sympathiques. Il y a là Walter, l'ange gardien de Greenie , ses amours malheureuses, son bouledogue Le Bruce et son neveu Scott, musicien à ses heures, mais aussi Saga une jeune fille qui souffre de la perte de sa mémoire et toute une kyrielle de second rôles tout aussi attachants, dont un amoureux qui offre des briques ! On y retrouve aussi , dans un rôle moins central, le libraire Fenno et son oiseau pittoresque.
Julia Glass s'attache à chacun d'eux (et nous avec elle) et les fait évoluer sous son regard bienveillant, sachant dénicher en chacun d'eux l'étincelle qui le fera échapper au cliché (et Dieu sait que cela aurait été facile en particulier avec le Gouverneur haut en couleurs !).
Elle peint aussi , avec sensibilté ,un monde qui connaît une mutation brutale, choisissant pour cela d'évacuer tout pathos et se concentrant sur la vie quotidienne des gens et leurs émotions.
Comme Walter et Greenie, à la fin de ces 700 pages qu'il faut prendre le temps de savourer, le lecteur peut à son tour déclarer : "...Ils ont passé tant d'heures au téléphone, partagé tant d'émotions, de bouleversements, les meilleurs comme les pires, qu'ils sont à présents liés par une incomparable connivence."
Un livre choral réconfortant.
Julia Glass Refaire le monde, traduit de l'anglais par Sabine Porte, Editions des deux terres, 700 pages savoureuses.
06:05 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : refair le monde, julia glass, amour et pâtisserie
19/05/2009
"Je ne suis plus qu'un occupant du monde."
C'est à une expérience étrange que nous convie Olivia Rosenthal dans son texte On n'est pas là pour disparaître : écrire sue la maladie de A.; Comprendre Alzheimer. D'autant que l'auteure l'annonce d'emblée : écrire sur cette maladie est voué à l'échec.
Partant d'un fait-divers tragique: Un malade, Monsieur T. atteint de cette dégénérescence a poignardé sa femmee de cinq coups de couteaux, Olivia Rosenthal mêle réflexions, exercices qui interpellent le lecteur, informations sur la biographie d'Alzheimer, ainsi que son histoire personnelle à elle.
Une écriture qui va au plus près de nos peurs et de nos sensations et dont les "blancs" permettent de mimer ce qui est affirmé dans cette phrase:
"Je suis constitué de fragments très distincts et séparés les uns des autres par de grands vides."
A tenter.
Olivia Rosenthal, on n'est pas là pour disparaître, Folio, 234 pages qui interrogent.
L'avis de Laure
Celui d'Antigone
de Lily
De la bibliothèque du dolmen
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : on n'est pas là pour disparaître, olivia rosenthal, alzheimer, mémoire
18/05/2009
L'année du bac
Année du bac pour Linnea. Année où elle va tomber amoureuse du frère de sa meilleure amie qui s'est suicidée. Mais cet amour n'est-il pas pour chacun d'eux, l'occasion de retrouver l'image de Pia, la jeune fille disparue ?Par ailleurs, plus âgé et autoritaire le beau Per entend bien régenter la vie de Linnea. Celle-ci se laissera-telle dominer ?
"Pourquoi es-tu toujours obligée de me contredire Linnea ? " a-t-il demandé. Sa réplique habituelle. Toujours le contredire ? Est-ce qu'on parle comme ça à un partenaire émancipé ? Non. Plutôt à un gosse énervé ou un subordonné. A quelqu'un qui"n'obéit pas".
Mazetti aborde également le problème de la violence physique faite aux femmes mais la solution me paraît traitée de manière caricaturale .
De manière globale j'ai trouvé que la narration était trop abrupte, manquait de "liant" et ne donnait pas suffisamment de détails sur la vie des personnages. Une déception en demi-teintes.
Katarina Mazetti, La fin n'est que le début, Gaïa.
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : katarina mazetti, la fin n'est que le début, amours adolescentes, violence faite aux femmes