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12/03/2010

Ecoute s'il neige

"Changer le paysage m'avait demandé un effort qui m'avait extirpé de moi."

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En instance de divorce, Paul s'installe dans un hameau entre ville et campagne. Rapidement vont se nouer des liens entre ce quinquagénaire qui se croit déjà vieux et l'une de ses voisines, aveugle. Paradoxalement, c'est cette femme qui va lui révéler l'univers qu'elle n'appréhende pas de la même manière.


Comme dans Trois Jardins et Journal secret de Natalia Gontcharova (non chroniqués) , j'ai retrouvé avec plaisir le style poétique et au plus près des émotions de Cathie Barreau "... non plutôt les questions  qui creusent le centre d'un être, inprononçables, comme: qu'ai -je précisément ressenti en me réveillant ce matin, qu'ai-je éprouvé dans mon corps, quels sentiments dans les secondes étranges entre sommeil et éveil, , quelle conscience d'être dans un endroit du monde, quelle place entre la vie et la mort ? ".je suis cependant restée un peu sur ma faim quant à la tension dramatique.

Ecoute s'il neige, Cathie Barreau, Editions Laurence Teper, 2009,155 pages.

Et avec ce roman sensible je boucle mon challenge !45965387_p.jpg

L'avis d'Antigone qui m'a donné envie.

11/03/2010

Le premier amour

De Véronque Olmi j'avais lu , apprécié ,mais pas chroniqué les très noirs et très beaux Bord de mer et Numéro six.
Jugez de ma surprise quand durant les 150 premières pages de son nouveau roman Le premier amour, j'ai trouvé 5 occurences de l'adjectif "léger".On entrait enfin dans un monde où l'amour ne serait pas lié à la mort ou à l'absence.
Envie de lumière, de chaleur, d'exotisme avec ce premier amoureux italien qui refait surface soudain dans la vie planplan de l'héroïne ? Le contraste est frappant avec celui des oeuvres précédemment citées.41+m5akoymL._SL500_AA240_.jpg
Alors oui, Véronique Olmi est dans la légéreté mais finalement la gravité lui sied plutôt mieux car je ne suis pas du tout entrée dans ce roman qui accumule les clichés et se fiche de la vraisemblance comme d'une guigne.

Merci Antigone, qui a réussi à le terminer !:)

Clarabel n'est pas totalement convaincue non plus..

10/03/2010

Des vents contraires

"...je voulais juste que le vent me ressuscite."

"-Ben, c'est gai  encore ton truc

- C'est pour ça qu'ils ont pensé à moi."

Lucidité ou touche d'humour ?  En tout cas cette réflexion peut aussi bien s'appliquer à l'oeuvre d'Olivier Adam qu'à celui qu'on ressent comme son double littéraire, Paul Aderen.51EHDRbFcEL._SL500_AA240_.jpg
C'est à nouveau une disparition  qui vient jeter le trouble dans une famille. Sarah n'est pas rentrée depuis un an, laissant son mari face à ses interrogations et à celles de leurs jeunes enfants.Afin de se poser un peu, Paul décide de retourner à St Malo, la ville de leur enfance. Au fil de ses rencontres, Paul va peu à peu s'ouvrir aux autres, même maladroitement, tout en s'efforçant de préserver avec une infinie tendresse, presque animale, ses enfants.
Comme les maisons luttent contre les éléments, quels que soient les coups du sort, il faut tenir bon "suspendu[es] juste au dessus, en lisière, marginal[es] et fragile[s] menacé[es] mais debout." Les personnages sont lessivés, à bout de force, mais comme les maisons, ils tiennent.
Une écriture charnelle, attentive aux sensations qui rudoie et étreint à la fois le lecteur. Olivier Adam fait tout à la fois oeuvre de styliste et nous embarque dans un scénario très visuel qu'on ne peut lâcher. A quand l'adaptation cinématographique ?

Des vents contraires, Olivier Adam, Points seuil, 282 pages secouantes (dont beaucoup de cornées). Indispensable.

Plein d'avis chez Blog-o-book

Dans la foulée, j'ai enchaîné avec Falaises. Bien trop glauque pour moi.

 

 

09/03/2010

L'expert

"Les aigles ne sont pas des ornithologues."

 

Suite des aventures de Jonathan Hemlock, L'expert reprend un peu le schéma de La sanction: Même départ avec le personnage trop sûr de lui, même intervention féminine (justifiée par une ressort dramatique que je ne révèlerai pas), mais la tobalité est encore plus sombre et la faille s'agrandit dans l'âme d'Hemlock. Côté humour, nous avons aussi droit à un hilarant dialogue-promenade mettant aux prises le héros avec la campagne anglaise.414lMFaqcdL._SL500_AA240_.jpg
Mais cette fois nous gravitons à la fois dans le monde de l'art , celui de l'espionnage et des milieux interlopes et les épreuves rencontrée par notre héros seront encore plus physiques et originales que dans La sanction. Une petite baisse de régime (plus d'effet de surprise) mais un excellent moment cependant.

 

L'avis d'Amanda que je remercie pour le prêt !

08/03/2010

Drôles de femmes

Yolande Moreau, Sylvie Joly, Anémone, Amélie Nothomb, Florence Cestac, Michèle Bernier, Maria Pacôme, Tsilla Chelton, Dominique Lavanant  sont de Drôles de femmes rencontrées par Julie Birmant et croquées par Catherine Meurisse.Cela donne un album chaleureux où Julie Birmant se met en scène, donnant à voir l'admiration ou l'amour qu'elle éprouve pour ces femmes hors du commun. Chacune d'entre elles a dû prendre la vie à bras le corps, forcer son destin, lutter contre les préjugés, que ce soit Tsilla Chelton que son éducation ne destinait en rien à jouer Ionesco ou l'inoubliable Tatie Danielle, Anémone, rejetant le système du cinéma français ou Michèle Bernier qui a su imposer à la fois un physique atypique et une pièce , le fameux Démon de midi prenant à rebrousse-poil les discours convenus...51bugS7dIQL._BO2,204,203,200_PIsitb-sticker-arrow-click,TopRight,35,-76_AA240_SH20_OU08_.jpg
Anecdotes hilarantes ou confidences se succèdent au fil des rencontres et même si on sent parfois que le courant n'est pas toujours passé avec la même intensité, il n'en reste pas moins que chaque portrait est à la fois respectueux et riche.

A lire et relire, y compris par les plus jeunes qui ne se rendent pas toujours compte du chemin parcouru par les femmes, y compris dans le monde de l'humour. C'est la journée de la femme, les filles, je prends le droit de faire ma féministe !:)

Un énorme merci à Cuné, qui d'autre pouvait dénicher une telle pépite ? !

Drôles de femmes, Julie Birmant, Catherine Meurisse , Editions Dargaud 2010

07/03/2010

Court noir, sans sucre (nouvelle édition, revue et augmentée)

Trop souvent les recueils de nouvelles sont une sorte de fourre-tout sans unité. Tel n'est pas le cas dans Court, noir, sans sucre d'Emmanuelle Urien (un excellent titre et une très jolie couverture , de la belle ouvrage pour cette rédition , revue et augmentée de deux nouveaux textes)
Thèmes récurrents donc dans ces textes sombres mais pas sordides: la souffrance, le deuil; la faille cachée dans chacun des personnages fait résonner en nous des échos tus ou présents.CourtNoirSansSucre.jpg
Traitement différent pourtant car en lisant ces textes les uns après les autres, j'ai trouvé qu'il y avait une montée dans l'intensité de l'expression des émotions. Dans les premières histoires, en effet, l'écriture est presque aseptisée, les narrateurs tiennent leur douleur à distance et ne la révèlent que dans la chute de la nouvelle.Plus on avance dans le recueil et plus l'auteure montre sa compassion , sans mièvrerie aucune (voir le titre !).
"Tristesse limitée" qui met aux prises un employé d'une administration chargé de traiter les dossiers des demandeurs d'emploi m'a particulèrement enthousiasmée par sa double chute jubilatoire ...Quant au texte intitulé "le chemin à l'envers", vous ne pourrez  pas le lire sans avoir le coeur serré...Les deux nouvelles nouvelles s'inscrivent parfaitement dans cette continuité et ne déparent pas l'ensemble.
Même si comme moi vous n'aimez pas le café, vous vous régalerez !

Emmanuelle Urien, Court, noir, sans sucre, Editions Quadrature, 113 pages.(Nouvelle édition, augmentée).

L'avis de Pagesapages

Celui de Sylire qui vous enverra vers d'autres billets...

06/03/2010

La joie de vivre

Henri Salvador c'est avant tout un rire. Un rire comme une ponctuation, un rire pour oublier et faire oublier que "Ma peau noire est mon étoile jaune."417aM0R9rJL._SL500_AA240_.jpg
Lui qui se définissait comme un "fantaisiste crooner" était un éternel optimiste qui affirmait : "Il faut savoir prendre la vie avec le sourire. Au cours d'une vie, on connaît plus de jours merveilleux que de coups durs."
Grand paresseux devant l'Eternel , "Le travail, pour moi, est une chose sacrée, je n'y touche pas !" fut nénanmoins un sacré bosseur et un grand séducteur !
Les pensées, répliques et anecdotes fournies par des amis ou des proches rassemblées dans ce recueil brossent un portrait-mosaïque, réjouissant et solaire de cet homme qui disait :" Je ne me suis pas fabriqué. Je me suis découvert. Ceux qui se fabriquent ne sont pas vrais."

Le cherche-midi éditeur 2010 .

05/03/2010

les monstres de templeton

"Rien ne change jamais ici, n'est-ce pas ? "

Rien ne change ? Que nenni ! Et Willie Upton, rentrée rechercher du réconfort auprès de sa mère, l'ancienen hippie,  Vivienne, va vite l'apprendre à ses  dépens.41bBdkMr3kL._SL500_AA300_.jpg
Tout commence  par l'apparition soudaine du cadavre d'un monstre,  sorte de Nessie local, apparition qui  va subtilement déséquilibrer le bel ordonnancement de cette ville américaine tranquille,  placée  sous l'égide  de ses fondateurs, les  Templeton. Les Templeton auxquels Willie  est apparentée par sa mère mais  aussi par son père comme  elle l'apprend soudainement.
Pour découvrir l'identité de songéniteur, la  narratrice se lance alors dans une recherche historique qui montrera que les Monstres de Templeton ne sont pas forcément ceux que l'on croit.
Le monstre  ici n'est qu'un symbole et ceux qui s'attendraient à un récit fantastique  en seraient pour leurs frais. Non, il est davantage question de cette quête d'identité dans laquelle s'engage la narratrice, personnage haut en couleurs, dotée d'une amie tout aussi attachante. Remarquons au passage que les personnages frôlent à chaque fois le cliché et l'évitent subtilement. Lauren Groff éprouve visiblement  de la sympathie pour  chacun d'entre eux,  sans pour autant tomber dans la mièvrerie (un  échange de correspondance féminine se révèle particulièrement vénéneux et savoureux tout à la fois). Elle  entremêle  avec dextérité les liens passé/présent ,  même si  ,comme Cuné,* je  me suis parfois perdue dans cette généalogie complexe (mais  le  plaisir de lecture  était toujours là, que  ce soit pour les périodes  contemporaines ou plus anciennes).  Fertile en rebondissements, agrémenté de photos vieillottes,  ce premier roman vous embarque et on le lâche plus , regrettant à la  fin de devoir quitter ce monde si féroce et charmant à la  fois. Une réussite !

Vient de sortir en poche.

L'avis de Cuné grâce à qui je l'avais découvert.


 

04/03/2010

Dark tiger

"Les êtres humais se contentaient de s'entretuer."

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Les nuages noirs s'amoncellent autour de Stoney Calhoun, toujours amnésique mais toujours doté de capacités qu'il a redécouvertes au fil des aventures précédentes.
Pour retrouver sa vie tranquille entre sa cabane au fond des bois et son travail à la boutique de pêche de son amoureuse Kate, le voilà contraint de remplacer un guide de pêche dans un  luxueux hôtel perdu en pleine nature, afin d'enquêter en toutes discrétion sur la mort d'un agent gouvernemental.
La donne a donc changé car dans les précédents volumes, c'était bien malgré lui que Stoney se retrouvait à mener des enquêtes, ce qui donne une tonalité plus sombre au roman, le héros étant soumis à davantage de tension.
J'ai retrouvé avec une certaine mélancolie les personnages de William G Tapply, sachant que l'auteur était décédé en 2009, juste avant la sortie aux Etats-unis de ce volume. Peut être est-ce que ceci a influé sur ma lecture car , même si les magnifiques paysages sont là, l'aspect tout à la fois bourru et plein de charme de Stoney aussi,même je ne me suis pas ennuyé une minute en lisant ce roman  le charme n'a plus opéré avec autant de vigueur.  J'y ai trouvé des redites (concernant les relations entre les chiens et je cite "la bouffe") et Stoney , toujours stoïque face aux emportements de Kate a fini par me laisser de marbre. Peut être ai-je aussi été aussi contaminée par le certain désenchantement qui imprègne ce livre...
Un adieu en demi-teintes.

Dark tiger, William G. Tapply, Gallmeister 2010, 250 pages

03/03/2010

Les derniers jours d'un homme

"Il y a des endroits sur terre qui ne sont pas faits pour les hommes."

Ce pourrait être un paysage post-apocalyptique: sols contaminés, ciel vide d'oiseaux ou de papillons, fleurs ayant renoncé à fleurir, cours d'eau où même un héron égaré refuse de pêcher. C'est juste une cité industrielle du Nord-pas-de-Calais, reléguée de l'autre côté d'une autoroute, une cité où la pollution de l'usine de métaux s'est inscrite dans la chair des hommes, qui, malgré les risques mortels, ont continué à y travailler pour conserver leur dignité car "Le travail était la valeur absolue."derniers jours.jpg
Aujourd'hui, l'usine est démantelée, un peu comme l'histoire de Judith,dix-huit ans, dont quinze vécus auprès de sa seule famille restante: son oncle Etienne. Judith, à force d'obstination, va éclaircir le mystère de la mort de son père, Clément. En parallèlle, les voix de la fille et du père se répondent, reconstituant ainsi les étapes d'une tragédie annoncée.
Impossible de lâcher ce roman noircissime et néanmoins empli de chaleur humaine. J'y ai retrouvé l'esprit et le langage des ouvriers de chez moi, cette volonté obstinée de propreté des femmes, cette solidarité mais aussi cette violence parfois des rapports humains. Pascal Dessaint nous brosse aussi un magnifique portrait de la relation entre frères, qu'elle soit proche ou plus distante.
Là où on aurait attendu un texte "militant", Dessaint évoque clairement le drame de Metaleurop, on trouve un livre qui fait la part belle aux ouvriers, à leurs attentes, à leurs souffrances, un livre empli d'humanité mais jamais d'apitoiement. Car même si"Nous cherchons tous une échelle pour atteindre un bonheur qui jamais ne se présente.", il reste toujours un arbre où se laisser bercer...

Une lecture nécessaire.

Pascal Dessaint, Les derniers jours d'un homme, Rivages, 2010, 232 pages

Le site de l'auteur.