14/05/2012
Le carnet de la mathématicienne
"Parfois, il semble que les livres et la vie composent un étrange origami dont les plis complexes et les ombres secrètes sont si inextricablement imbriqués qu'il est impossible de les distinguer l'un de l'autre."
Vingt ans après l'assassinat inexpliqué de sa soeur Lila, brillante et jeune mathématicienne, Ellie Enderlin se trouve face à face avec celui qu'un livre à succès avait désigné comme étant le meurtrier, Peter McConnell. Cette rencontre et le carnet que lui remet celui qu'elle avait cru coupable pendant toutes ces années vont tout remettre en question.
Commence alors une (en) quête qui amènera la jeune femme à adopter la démarche de sa mathématicienne de soeur: envisager les faits sous un nouvel angle, le passé bien sûr, mais aussi sa propre vie actuelle.
Ce nouveau roman de Michelle Richmond est bien plus que la traque d'un assassin. C'est une réflexion sur le pouvoir des histoires et la manière dont celles-ci sont agencées par leurs auteurs. Il est d'ailleurs amusant de constater la mise en abyme à laquelle s'adonne l'auteure, évoquant un de ces précédents romans, L'année brouillard, sans le nommer, en ces termes : "...une sorte de polar littéraire sur un enlèvement à San Francisco. Le livre m'avait intéressée même s'il était un peu longuet."On retrouve dans celui-ci la finesse de l'analyse psychologique et la fascination omniprésente de "la Baie [qui]exerçait le même effet qu'un papier tue-mouches géant."Un roman qu'il faut prendre le temps de savourer (et de hérisser de marque-page !).
Le carnet de la mathématicienne (No One You Know), traduit de l'américain par Sophie Aslanides, Buchet-Chastel 2012, 416 pages envoûtantes et très riches.J'ai laissé plein d'aspects de côté pour vous en laisser la surprise !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : michelle richmond
13/05/2012
Un énorme coup de coeur !
Entendu hier soir sur France Inter par hasard, j'ai stoppé net pour mieux apprécier... Bon dimanche !
Découvert ici (Ouvert la nuit, sur France Inter)
06:00 Publié dans je l'ai entendu ! | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : peter van poehl, un suédois !
12/05/2012
Rû ... en poche
Alors, j'essaie le plus possible de n'acquérir que des choses qui ne dépassent pas les limites de mon corps."
Une forme éclatée - des textes courts- pour dire l'exil forcé dans le ventre dun bateau ,l'internement dans un camp de réfugiés en Malaisie, les souvenirs du Viet-Nam mais aussi l'arrivée au Québec et la vie actuelle de la narratrice, autant de fragments ténus mais d'une force incroyable pour dire la volonté de survivre, de cueillir quelques fragments de bonheur dans les situations les plus difficiles.
Pas de continuité narrative ou temporelle possibles dans un monde qui n'est jamais vécu comme sûr et/ou stable mais une vie marquée par cette volonté de rêve auquel se fier pour avancer. L'adaptation tragi-comique aux coutumes québécoises, l'attachement à l'odeur d'un assouplissant, autant de manières sensibles de se maintenir en équilibre et d'aller de l'avant, vers l'épure.
Un texte qui évite tout pathos -ce que je craignais le plus-et qui en 143 petites pages nous dit tout à la fois "l'écoulement de larmes , de sang, d'argent" et la berceuse que signifie son titre en vietnamien. Un petit ruisseau qui a coulé dans le coeur de nombreux lecteurs et qui vient de ressortir en poche
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10)
11/05/2012
Eté...en poche
"L'été rince la douleur de nos corps."
Après un Hiver particulièrement rigoureux, le choc thermique est rude pour le lecteur qui va accompagner Malin Fors dans une nouvelle enquête au coeur d'un Eté caniculaire !
Un tueur en série s'en prend cette fois à de très jeunes filles qu'il appelle "Mes anges d'été". En effet, comme dans son précédent opus Mons Kallenfort nous fait partager les pensées des victimes décédées mais aussi celles de l'assassin.
Le lecteur retrouve avec plaisir les personnages rencontrés précédemment et même si l'enquête semble au début un peu languissante, pâtissant de la chaleur accablante, les rebondissements ne manquent pas, y compris dans la vie personnelle de Malin qui gagne ici en densité.
L'auteur rend palpable l'opposition entre l'eau et la chaleur caniculaire qui court tout au long du texte et cette atmosphère jugée dantesque par les enquêteurs mais salvatrice par le tueur.
Un roman qui confirme pleinement le talent de cet auteur suédois
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : mons kallentoft
10/05/2012
L'année en pente douce
"Fais confiance au creux a-t-il dit, et la vague te passera par dessus."
Une quatrième de couverture alléchante (clic), une démarche qui pourrait être la notre et un titre tout en douceur, il n'en fallait pas plus pour m'attirer.
Si la lecture est agréable, si je me suis parfois reconnue (en même temps c'était le but du jeu), j'ai regretté d'avoir souvent la fâcheuse impression que l'auteure, qui part ici de sa propre expérince , jetait régulièrement des regards par dessus son épaule , comme si elle craignait le regard de ses proches . Il est pourtant bien mentionné en début d'ouvrage que (pour des raisons de confidentialité des situations, des prénoms ont été modifiés).
J'ai en outre trouvé la réflexion plutôt superficielle et j'avais souvent plus l'impression de me trouver dans Wisteria Lane à papoter de problèmes futiles (le choix d'un matelas à prix prohibitif par exemple) qu'à réfléchir sur mon existence.
Bilan en demi-teinte donc. Une lecture qui promet trop et ne tient pas ses promesses si l'on s'en tient à la 4ème de couv, un bon moment si l'on souhaite une lecture-miroir facile.
L'année en pente douce, The Slippery year, Melanie Gideon, traduit de l'anglais (E-U) par Séverine Quelet, Fleuve noir 2010, vient de sortir en poche.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : melanie gideon
09/05/2012
Mardi maudit
"Mon conseil : méfiez-vous des matins comme les autres. Ce sont les pires."
Parce que, comme le dit sa Grand-mère, Lucien est très fort pour se faire des noeuds dans le cerveau, il se met en tête que les mots prononcés par son amoureuse, Fatou, sonnent le glas de leur histoire d'amour . Il en arrive même à être pris de crises d'alexandrins, c'est dire la gravité des faits (et l'influence néfaste des cours de français !).
Tourneboulé qu'il est , il se fâche aussi avec son meilleur ami ,Croûton ! Lui qui n'aime déjà pas grand chose va pouvoir ajouter à sa liste des choses détestées le mardi, jour fatal où tout a basculé !
Beaucoup de tendresse et d'humour dans ce roman mettant en scène des collégiens aux prises avec les premiers émois .L'auteur en profite d'ailleurs pour souligner avec finesse la maturité (et la supériorité ) de son personnage féminin , une épatante Fatou , ce dont on ne saurait trop le remercier !
savourons aussi au passage une peinture pleine de fantaisie d'une famille où la grand-mère décide de se remarier à l'âge de 69 ans , semant ainsi la panique !Un roman des plus sympathiques à conseiller au plus vite !
Mardi maudit, Jérôme Lambert, neuf de l'Ecole des Loisirs, 99 pages qui donnent le sourire !
06:00 Publié dans Humour, Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jérôme lambert, humour
08/05/2012
L'abandon
"Lire en public attire l'attention."
Caroline , treize ans , et Père vivent cachés dans une réserve naturelle de l'Oregon, limitant au maximum les contacts avec l'extérieur. Mais un jour un joggeur donne l'alerte...
La première partie de ce livre peut se lire comme une sorte de mode d'emploi de l'autarcie-ou presque- dans les bois mais, d'emblée le climat créé par le style minimaliste de l'auteur envoûte quasiment le lecteur .
Au fil de la lecture seront distillées des informations qui , loin de lever les ambiguïtés , les multiplieront au contraire. Il serait dommage de donner des exemples car il faut vraiment découvrir à son rythme la mesure de l'emprise qu'exerce cet adulte sur la narratrice adolescente.
Un texte jamais manichéiste qui se faufile dans l'esprit du lecteur et suscite de multiples interrogations.
Parti d'un faits-divers Peter Rock a su en dépasser l'anecdote et le transformer en un texte dérangeant et fascinant.
L'abandon, Peter Rock, traduit de l'englais (E-U) par Philippe Aronso et Jean-Charles Ladurelle, Editions Fromentin 2012, 239 pages à laisser infuser.
Merci Cuné !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : peter rock
07/05/2012
ça nous apprendra à vivre dans le nord
"Les livres, c'est un peu comme les chiens qu'on ne connaît pas, faut pas leur montrer qu'on a peur, après ils en profitent."
Au fil de rencontres dans des cafés, de discussions à bâtons rompus, les deux auteures tentent d'avancer dans leur commande d'écriture à quatre mains sur un quartier lillois, autrefois ouvrier, celui de Fives. Entrecoupé de témoignages d'habitants, ce work in progress plein d'humour nous livre, mine de rien plein d'infos sur le passé de ce Nord ouvrier et nous montre les repentirs, les hésitations, les appréhensions, voire les révoltes de nos écrivaines qui hésitent à trouver leur place , quelque part entre Lucien Suel et Marie-Paule Armand (auteure régionale, du terroir) !
Stimulant et plein d'entrain !
Quelques citations au passage : "Quand t'es née dans le Nord, t'as forcément des ouvriers qui se raccrochent désespérément aux branches de ton arbre généalogique, un sandwich à l'omelette à la main."
"-Très important la dignité ouvrière . mais je t'avoue que ça me crée des angoisses. Dès que j'écris sur le passé, j'entends les gros sabots des besogneux d'avant qui s'agitent dans mon dos. ça renifle, ça toussote, ça joue les humbles . Non, pas besoin de chaises, vous embêtez pas...mais je sais qu'ils partiront pas."
Editions la Contre-alée 2011, 85 pages à découvrir même si on n'est pas du Nord !
L'avis de Mirontaine
06:00 Publié dans Objet Littéraire Non Identifié | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : amandine dhée, carole fives
05/05/2012
Les neuf dragons...en poche
"S'il ne la revoyait plus, il ne pourrait plus y avoir de rédemption."
Meurtre dans le quartier chinois; Harry Bosch soupçonne vite des acitvités de racket des Triades chinois. la routine, quoi. Mais le récit va s'emballer quand Bosch découvre que sa fille, Madeline, vient d'être enlevée à Hong-Kong, où elle réside avec sa mère.
Commence alors une journée de 39 heures qui verra Bosch aux prises avec les Triades dans une course haletante et sans temps morts.
Connelly choisit clairement (voir le texte en postface) de creuser la faille que représente sa fille pour Harry Bosch et il redonne ainsi du souffle à une série qui en manquait cruellement. J'ai néanmoins eu l'impression à plusieurs reprises que ce roman avait été écrit en prévision d'une adaptation cinématographique et ce côté un tantinet formaté a un peu gâché mon plaisir.
404 pages à lire d'une traite pour éviter tout manque ou risquer la nuit blanche.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : michael connelly
04/05/2012
L'échappée belle...en poche
(La première version de ce texte était paru chez Fr*nce L*isirs , il y a quelques années)
Ce "rab de bonheur" que vont s'octroyer, en se faisant la belle d'un mariage ,une fratrie de frères et soeurs que la vie a quelque peu malmenés, n'a rien perdu de son charme. Si les francs ont cédé la place aux euros, si meetic est apparu dans le monde de la célibattante, rien que de très normal. Mais je n'ai pas supporté le langage que se croit parfois obligée d'employer Gavalda. Et là, je suis allée dénicher la version 2001 où l'on trouve, entre autres, : "Sitôt la guitoune du péage franchie, j'ai enfoncé ma cassette dans l'autoradio", devenu en 2009, "Sitôt la guitoune du péage franchie, j'ai enquillé la zique dans l'autoradio."Et je vous passe l'écriture phonétique de lexique à la mode qui a le don de m'énerver. Franchement, je n'en vois pas l'utilité. Les bornes, style "mille bornes" imprimées pour séparer les étapes du récit ne m'ont pas paru absolument indispensables non plus.
Par contre, ne pas louper , comme dans les génériques de films, la dernière intervention d'un personnage, après la fin du roman, clin d'oeil facétieux qui m'a permis de relativiser mes agacements précédents. Quelques péchés véniels donc qui n'empêcheront pas les lecteurs moins pointilleux que moi de se régaler.
Existe aussi en livre-audio (non testé)
Dans son chat avec des internautes, Anna Gavalda nous apprend même que dans des chapitres supplémentaires, elle nous donne des nouvelles des personnages. Affaire à suivre...
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, Les livres qui font du bien, romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : anna gavalda