12/10/2023
Monument National...en poche
" D'une pierre trois coups, elle devint mère, affirma sa position d'épouse entièrement dévouée à sa famille et à la paix dans le monde, et s'assura la matière d'un compte Instagram bien nourri. "
Le monument national dont il est ici un question est un monstre sacré, acteur "rival et frère " d'Alain Delon depuis plus de quarante ans, mais il emprunte beaucoup aussi à un vieux rockeur nanti, au fil du temps, de plusieurs épouses , dont la dernière beaucoup plus jeune que lui, et d'une progéniture dont les derniers représentants furent adoptés.
Peu à peu Serge Langlois, car c'est ainsi qu'il se nomme dans le roman de Julia Deck se voit considéré comme un objet, tant par ses conquêtes féminines que par le couple présidentiel qui veut lui rendre hommage. La situation va se dégrader rapidement, aidée en cela par le Covid mais aussi par l’introduction d'un personnage en apparence inoffensif dans ce microcosme où règne l'apparence...
C'est à un joyeux jeu de massacre que nous convie Julia Deck et sa plume assassine nous régale de formules mettant à mal tous ces fantoches qui s'agitent sous nos yeux. Un roman hautement jubilatoire.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : julia deck
11/10/2023
Irréfutable essai de successologie
Vendu comme un essai ironique sur la volonté de réussir à tout prix, sans pour autant faire quoi que ce soit de signifiant, en clair parvenir à devenir au choix un.e influenceur.se, cet ouvrage m'a paru aussi vain que les personnes dont il entend se moquer. Tout cela reste superficiel, banal et beaucoup dans l'entre-soi car c'est essnetiellement le petit monde littéraire qui est visé.
Mieux vaut (re)lire Les Caractères de La Bruyère.
06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : lydie salvayre, schtroumpf grognon le retour
10/10/2023
Hors d'Atteinte
"Elle ne peut pas continuer comme ça, à ne rien faire d'autre que marcher, courir, pour se prouver qu'elle est forte, toujours plus forte. Mais elle a encore envie de repousser le moment où elle va devoir sortir d'ici, se montrer au monde , elle ne se sent pas encore tout à fait redressée. "
Après des années d'emprise psychologique auprès d'un homme, Erin parvient à trouver la force de partir dans un petit village des Pyrénées. Là, au contact de la nature, se réappropriant progressivement son corps, ses émotions, elle va peu à peu "se redresser".
C'est sur le seul nom de l'autrice, dont j'avais adoré Les Orageuses , que j'ai acheté ce court roman. Est-ce parce que son héroïne n'a semblé particulièrement terne, parce qu'il y avait peu d'enjeux dramatiques ? En tout cas, je suis toujours restée à distance de ce texte qui, à première vue, avait tout pour me plaire.
Éditions Cambourakis, collection Sorcières 2023.
Les Orageuses: clic.
05:55 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : marcia burnier
09/10/2023
Le Grand Incident
" La place de la femme dans notre société, la sexualisation du corps féminin (dans les œuvres d'art ancien comme dans la vie de tus les jours) , le harcèlement de rue et le traumatisme des confinement avec la fermeture des lieux culturels constituent les motifs principaux du Grand Incident. "
Qu'est ce qui a mené les visiteurs mâles à devoir se dévêtir totalement pour visiter le musée du Louvre ? La révolte des nus féminins , qui par le truchement d'une femme de ménage qui communique avec elles, ont exprimé leur ras-le bol de devoir subir encore et toujours le harcèlement masculin.Elles ont donc disparu des œuvres , créant ainsi Le Grand Incident et semant la panique dans l'administration du musée.
C'est donc à"Paris un jour comme aujourd’hui", que se déroule la fable à la fois didactique et très drôle imaginée par Zelba. On y apprend, entre autres que "Contrairement au corps masculin dont la nudité est, la plupart du temps, un signe de courage et de force virile, le nu féminin est fréquemment abonné aux poses de soumission ou d'humiliation. ", de quoi "émoustiller " les commanditaires des œuvres...
J'ai particulièrement apprécié les "cabines de redescente émotionnelle" dont je vous laisse découvrir l'utilité ainsi que le clin d’œil final. Une BD pour s’immerger dans le Louvre d'une manière à la fois ludique et féministe. Un pur régal.
06:00 Publié dans BD, l'étagère des indispensables | Lien permanent | Commentaires (2)
03/10/2023
Copeaux de bois/ Carnets d'une apprentie bûcheronne
" contrôle silhouette: biceps pectoraux abdos
jamais été aussi musclée
ni aussi bronzée si tôt dans l'année
la forêt est à la fois ma salle de sport et mon institut de
beauté
en un peu moins safe"
Écrivaine et bûcheronne, une double casquette un peu bizarre, mais c'est celle d' Anouk Lejczyk (dont j'avais adoré le premier roman Felis silvestris ) qui nous livre ici, consigné au jour le jour, le récit de son apprentissage pour devenir bûcheronne.
Le corps, la nature sont bien évidemment au cœur de ce texte surprenant par les contradictions qui le hantent: comment peut-on aimer la nature et couper des arbres ? Comment être un femme dans un monde majoritairement masculin ? Les réponses qui nous ici livrées sont souvent humoristiques (le portrait d'un formateur livré brut de décoffrage vaut sacrément le détour et se passe totalement de commentaires) ,mais aussi nuancées et inattendues. Un texte à découvrir absolument.
Éditions du Panseur 2023
06:00 Publié dans Récit de vie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : anouk lejczyk
02/10/2023
Old Dogs
Avec leurs yeux laiteux, leurs poils râpés et blanchis par le temps, ils sont absolument craquants ces vieux chiens croqués avec amour par Sally Muir. Huile, fusain ou même impression à la pomme de terre, telles sont les techniques utilisées par l'artiste britannique pour rendre justice à ces vétérans dont les propriétaires avaient envoyé la photo via mes réseaux sociaux à l'autrice.
Un recueil absolument craquant, pas encore traduit en français, mais les quelques lignes de présentation, souvent émouvantes, de Declan, Nipper, Sammy et tous les autres ne seront pas bien difficiles à traduire.
Harper Collins UK
06:00 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : sally muir, chiens
01/10/2023
Eloge de la plage
" Après la plage-salon, la plage -chambre-à-coucher, la plage-atelier, l'homme a donc créé la plage -dépôt-d'ordures. Et ici risque de s'arrêter l'histoire de notre littoral. Dégoûté, je suis sorti de l'eau et j'ai regardé la plage étouffer.
Il y a deux siècles, les fous ont ouvert le bal des bains de mer, notre folie contemporaine y mettra bientôt fin. "
Mêlant sa pratique des plages, son ressenti mais aussi une approche tout à la fois historique, culturelle et écologique des plages, Grégory Le Floch nous propose un magnifique Éloge de la plage.
Érudit dans jamais être pédant, l'auteur nous rappelle que les plages n'ont pas toujours été ces espaces voués au culte du corps et à l'hédonisme et que malheureusement, à cause des guerres et du changement climatique, cet état de fait risque de ne pas perdurer. On apprend par ailleurs que le sable est pillé ,dans la plus grande indifférence, ciment oblige, pour satisfaire, entre autres, les caprices des milliardaires de Dubaï.
Grégory Le Floch aime les plages et son amour transparaît dans chacune des lignes de cet essai, à la fois sensuel et documenté, qui file sur l'étagère des indispensables.
Éditions Rivages 2023.
05:30 Publié dans Essai, l'étagère des indispensables | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : grégory le floch
30/09/2023
Samouraï...en poche
J'ai bien cru abandonner ce roman de Fabrice Caro, mais finalement j'en suis venue à bout sans réel plaisir ni déplaisir. On y retrouve les ressorts habituels de l'auteur, un antihéros dilettante confronté à un univers qui bascule dans l'absurde. Lu il ya quelques semaines, il ne m'en reste pas grand chose.
11:19 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : fabrice caro
29/09/2023
Maman à moi...en poche
Ayant beaucoup de sympathie pour Valérie Bonneton et pour les chiens en général, c'est sans aucune retenue que j'ai craqué pour ce nouvel opus de la collection" Bestial".
Et j'ai bien fait car ce roman, sans prétention m'a fait passer un très bon moment, l'autrice ayant réussi à se glisser dans la peau (et les poils) de son chien Gaston, un adorable bichon maltais qui tombe fou amoureux d'elle dès qu'elle l'achète.
Gaston accompagne Valérie partout, sur les castings et/ou les tournages, pendant une période très sombre où l'actrice tourne peu, doit pourtant faire face aux factures et surtout à la leucémie de son fils.
Le père est aux abonnés absent et Gaston se rêve en "homme " de la maison pour défendre sa maîtresse. Mais l'horizon va heureusement se dégager et Valérie sera engagée pour la fameuse série "Fais pas ci, fais pas ça".
C'est à la fois drôle, pudique et touchant, l'autrice ne nommant jamais ceux qui l'ont humiliée pendant sa période de vaches maigres, préférant célébrer les acteurs avec qui s'est nouée une véritable complicité ainsi que la solidarité dont a fait preuve sa voisine. Une photo montrant Valérie et son chien, tous deux hilares, permet aussi de réjouir le lecteur.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (0)
28/09/2023
Et vous passerez comme des vents fous
" Tout ici n'était qu'engendrement et dévoration, putréfaction et floraison, joie et douleur. Parfois, il se sentait si intégré à ce magma organique qu'il lui semblait participer de ces transformations en cascade, par lesquelles les plantes, les corps, les minéraux, étaient également décomposés , rendus à la terre, dans un même mouvement dont seules les échelles de temps variaient."
Un montreur d'ours parti faire fortune au début du XXème siècle, un berger traumatisé par un accident survenu l'été précédent , une jeune éthologue travaillant pour le Centre national pour la biodiversité, une ourse et ses deux oursons, tels sont les personnages centraux de ce roman se déroulant dans les Pyrénées.
La réintroduction de l'ours dans cette vallée où le dressage des ours était jadis une tradition ne va pas sans heurts et sans drames mais tout le talent de l'autrice est de nous présenter les différents points de vue de manière nuancée, sans jamais les caricaturer.
Solidement nourri de références scientifiques et historiques , qui se fondent avec bonheur dans le récit, ce roman bénéficie aussi d'un souffle romanesque qui nous fait éviter le "roman à thèse". La nature y a évidemment la part belle et les personnages, principaux ou secondaires, sont parfaitement dessinés. On suit avec passion l'intrigue et on sort de là profondément revigoré, sans pour autant baigner dans un optimisme béat. J'attends déjà avec impatience le prochain roman de cette autrice.
Actes Sud 2023
Merci à l'éditeur et à Babelio.
L'avis de Kathel : clic
05:20 Publié dans Rentrée 2023, romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : clara arnaud