13/08/2024
Comment enterrer son mari en toute discrétion
""Pourquoi j'ai fait ça, Sal ? Bon sang, pourquoi j'ai accepté la situation ? "
Je serre sa main dans la mienne.
"Nous ne l'avons pas acceptée, ils nous l'ont imposée. Et nous ne savions pas comment y mettre un terme. ""
Sur une impulsion, Sally met fin à vingt ans d'"accidents domestiques" en balançant un grand coup de poêle à son mari-bourreau. Mort.
Plaider la légitime défense lui paraît hasardeux et Sally veut préserver ses enfants qui viennent de prendre leur indépendance.
Comment se débarrasser du cadavre en plein confinement ? Heureusement internet est là . Bientôt Sally se rend compte , au vu de la quantité de litière pour chat qu'elle a dans son caddie, que sa voisine a sans doute consulté le même site qu'elle pour les mêmes raisons.
Au final, elles sont cinq femmes, d'âges et d'origines différentes, mais avec le même problème : Comment enterrer son mari en toute discrétion ?
Avec humour, l'autrice aborde un thème dont on ne veut pas toujours entendre parler, celui des violences domestiques. Parfois un peu trop didactique, mais avec un rythme enlevé et une célébration dans les actes de la sororité, ce roman ne fait jamais l'apologie de la violence féminine: "il pose tout au plus la question de la représentation des femmes qui, après avoir subi des années de violences aggravées ne voient pas d'autre issue à leur calvaire. "
Objectif atteint et dans la bonne humeur, ce qui est appréciable.
Julliard 2024.
Traduit de l’anglais par Cécile Hermellin.
06:03 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : alexia casale
12/08/2024
La Voix du Lac
"La gentillesse pouvait être tellement plus douloureuse que la cruauté. "
Sur un coup, de tête, Maddie, la parfaite femme au foyer, plaque son mari et son fils adolescent pour tenter de vivre, à l'aube de la quarantaine , son rêve d'adolescente : devenir journaliste.
Scandale au sein de sa famille et de la communauté juive de Baltimore en cette année 1966, où la ségrégation raciale sévit encore aux États-Unis.
La disparition d'une jeune fille juive, à laquelle Maddie va être fortuitement mêlée, puis celle d'une jeune femme noire, non-événement dans la communauté blanche, vont permettre à notre héroïne de tenter de se faire un nom en menant l'enquête.
Roman à suspense, La Dame du Lac est aussi un roman d'émancipation et de critique sociale dont l'héroïne est bien moins parfaite qu'il n'y paraît. Nous découvrons petit à petit ses failles et ses secrets, ainsi que ceux de la ville de Baltimore et c'est un parfait équilibre entre les deux. Un grand coup de cœur.
NB: je m'aurais pas découvert ce roman sans les louanges de Stephen King et bien sûr sans la série qui porte le même titre, mais s'éloigne beaucoup du roman.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : laura lippman
11/08/2024
Coupez ! ...en poche
"Le grand danger quand on cherche des réponses ,c 'est qu'on risque de les trouver. "
Passer presque un quart de siècle en prison pour le meurtre de son amant et recouvrer la liberté à soixante-douze ans dans un monde où " Il lui fallait sans cesse se rappeler que tout le monde s'attendait désormais à ce que tout soit instantané et que le moindre délai représentait un intolérable désagrément , que seul le recours à un téléphone portable pouvait atténuer. " n'est pas aisé. D'autant qu'elle n'a pas su se défendre et lutter contre l'institution juridique.
Un autre personnage qui ne se sent pas à sa place ,c'est Jerry, étudiant en cinéma, d'origine modeste, et fan des films d'horreur de série B. Quittant la résidence universitaire, trop onéreuse et hostile à son goût , il emménage en colocation avec des personnes âgées, dont Millicent.
Avec son fichu caractère , la vieille dame ne lui facilite pas la tâche ,mais découvrir qu'elle officia en tant que maquilleuse experte sur les plateaux des films qu'il adore, dont le fameux Mancipium que personne n'a vu, leur permettra de nouer des liens. Lien qui se resserreront quand Millicent découvrant par hasard un détail qui remet en question toutes ces certitudes quant à son amant se met en tête de renouer avec ses anciens , afin de mettre à jour la vérité.
Le duo improbable commence alors un road trip qui se transformera vite en course poursuite où les morts se multiplient...
Alliant les qualités hétéroclites de ses héros, Brookmyre nous fait découvrir avec gourmandise l'univers des séries B gore, fustigeant au passage notre société contemporaine. L'intrigue est juste parfaite et les 500 pages se tournent toutes seules, alternant passé et présent, multipliant les rebondissements sans jamais forcer le trait.
Un récit haletant, un univers aux antipodes de mes goûts mais que l'auteur rend passionnant, une bonne dose d'humour, souvent noir, des personnages attachants, tels sont les ingrédients d'un roman juste indispensable.
Traduit de l’écossais par David Fauquemberg
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : chris brookmyre
09/07/2024
#Desiremarquablescréatures #NetGalleyFrance !
"Mon nombre de neurones s'élève à une demi-million , répartis entre mes huit bras. Quelquefois, je me demande si je n'ai pas plus d'intelligence dans un seul de mes tentacules qu'un humain dans son crâne entier. "
Dans son bassin, le bien trop intelligent Marcellus, pieuvre géante du Pacifique , s'ennuie. Alors, il a trouvé le moyen de régulièrement prendre la poudre d'escampette, la nuit, avant de regagner ses pénates. La seule à être au courant de ces escapades est Tova, agente d'entretien zélée, mais qui est minée par la disparition inexpliquée de son fils , trente ans auparavant. Heureusement son groupe d'amies"les Tricotoquées" l'entoure chaleureusement.
L'arrivée d'un jeune homme intelligent, mais qui a le chic pour se fourrer dans des situations lamentables ,va perturber tout ce joli petit monde et changer la donne.
Un premier roman choral mettant en scène des vieilles dames pleines d'énergie et de vitalité et ayant comme narrateur un poulpe,voilà qui pouvait s'avérer extrêmement risqué, voire ridicule. Et pourtant le pari est gagné car les personnages sont riches d'humanité et d'expérience, la narration est fluide et les péripéties entraînent le lecteur à tourner les pages sans s'en rendre compte ou presque. Vous cherchiez une lecture estivale ? La voici !
Fleuve Éditions 2024.
Traduit de l'anglais (E-U) par Laura Contartese.
09:35 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : shelby van pelt
05/07/2024
Bienvenue aux Bergeronnettes...en poche
"- Quatre Épingles, sachez que rien n'est facile dans le mariage. C'est comme un sport pour lequel on n'aurait pas suivi l'entraînement adéquat et où on commencerait directement par les Jeux olympiques. "
La dernière lubie de Maguy ? Transformer leur logis en maison d'hôtes pour artistes. Voilà donc le jardin bichonné par son époux , Germain Germinal, envahi par des "saltimbanques" qui semblent tous détenir un secret.
C'est pourquoi, quand le maire du petit village est assassiné , juste derrière "les Bergeronnettes", les soupçons se portent aussitôt sur les résidents.
"Cosy Mistery" Bienvenue aux Bergeronnettes respecte toutes les règles du genre mis en y insufflant beaucoup d'humanité, d'humour et de bienveillance.
Si les personnages peuvent de prime abord frôler la caricature et leur comportement loufoque sembler quelque peu exagéré, ils gagnent au fil du texte en densité, grâce à la révélation progressive de leurs failles respectives.
Quant au crime, j'avoue avoir été surprise quant à son mobile.
L'écriture est fluide et enjouée. Un très bon moment de lecture estivale.
06:01 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : coralie caujolle
04/07/2024
Cinq articles maximum...en poche
"Tout ce tissu pour envoyer les signaux indispensables et témoigner du fait que j'ai compris les codes , je m'habille comme il faut, incorporez-moi dans votre groupe, j'ai tout acheté pour en faire partie, j'ai la panoplie. Alors qu'il suffit d'être humain pour avoir sa place. "
Nous sommes à Niort, mais nous pourrions être dans n'importe quel magasin de vêtements dont les chaînes occupent les centres-villes un peu partout en Europe.
Un lieu où les femmes de tous âges viennent, seules ou en bandes, flanquées ou non de leur compagnon , mais toujours de leurs névroses.
Car oui, s'acheter un vêtement quand on est une femme n'a rien d'anodin et ce n'est pas Juliette, la vendeuse qui sert de lien à toutes les saynètes qui se déroulent dans ce microcosme, qui nous dira le contraire.
Claire Renaud brosse ainsi une galerie de portraits , parfois acides, parfois très drôles, mais toujours justes et remplis d'humanité. Elle nous dévoile aussi l'envers du décor et l’écœurement de Juliette face à cette masse de vêtements : "Je suis ivre de ces marchandises, saturée, comme une cuite quotidienne qui donne la nausée puis fait vomir. "
Un roman bien moins léger qu'il y paraît, que j'ai surligné à tour de bras et qui se révèle une excellente surprise.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : claire renaud
02/07/2024
Dans le Nord et la Picardie ça se dit comme ça !
Avec le film de Dany Boon, "Bienvenue chez les Ch'tis", la France entière découvrait la richesse du parler du Nord (en 2008 !).
Si certains d'entre vous ont envie de réviser et/ou de découvrir plus largement comment on parle dans "min coin", ce petit ouvrage richement illustré et fourni en citations vous sera d'une grande utilité.
Des cartes permettent même de situer toutes ces particularités qui font la richesse de la langue française . Ainsi, page 42, découvrons -nous les différentes dénominations de l'amas de poussière : du minou au nounou en passant par le cheni ou la bourre (entre autres) que l'on soit au Nord, à l'Est ou au Sud-est de l'hexagone.
Les manifestations culturelles ne sont pas oubliées: du carnaval de Dunkerque braderies et réderies. Un petit trésor pour les amoureux de la langue.
Éditions Le Robert 2024
Dans la même collection (non lus): ça se dit comme ça en Bretagne, et ça se dit comme ça à Marseille.
06:03 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : alain dawson, ludmila smirnova
01/07/2024
Traverser les forêts
Il y a quelques mois, j'ai fait une petite fixation sur les forêts...
Voici donc en quelques lignes, du moins au plus apprécié, des romans traitant de ce thème.
Trois femmes, une forêt, celle de la dernière forêt primaire d'Europe, en Pologne. Nina, de retour d'Occident avec son fils et Nina, journaliste biélorusse , vivent, pour des raison différentes au cœur de cette forêt que tente désespérément de traverser Alma, exilée pourchassée par des militaires.
Même si l'écriture est fluide et agréable, il ne m'est pas resté grand chose de ce roman, trop classique à mon goût et dont les personnages m'ont paru bien artificiels.
Éditions du Rouergue 2024.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : caroline hinault, forêts
29/06/2024
Les autres ne sont pas des gens comme nous...en poche
" Je veux être considérée comme potentiellement monstrueuse, comme possiblement perverse, au moins autant que n'importe quel valide. "
Ainsi parle Julie, jeune femme tétraplégique qui, depuis, son fauteuil observe le monde comme une La Bruyère contemporaine.
Si elle se montre volontiers corrosive envers ses non-semblables, elle ne s’épargne guère non plus : "Suite à un accouchement difficile, j'ai hérité d'un corps à euphémismes: différent, singulier, en situation de handicap, en position de non-réalisation des habitudes de vie d'une personne. Le truc sympa, quoi (oui, j'ai aussi hérité d'un cerveau à antiphrases) ."
Les familiers de J. M. Erre retrouveront ici dans les différents textes écrits par Julie son amour des mots, sa volonté de pousser à l'extrême les travers de la société ainsi que des personnages (aux noms improbables) issus de ses précédents romans. Pas de quoi s'affoler pour ceux qui découvriraient cet auteur: vous ne serez pas exclus de la fête et cela vous donnera sans doute l'envie de découvrir les précédentes œuvres de l’auteur.
J.M. Erre célèbre ici, entre humour noir et amour de l'humanité malgré tout, les vertus et les défauts du récit : éviter de nous coltiner avec la réalité mais aussi accepter de se la prendre en pleine face.
200 pages piquetées de marque-pages.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : j.m. erre
28/06/2024
Ma vie de chouette
Si comme moi vous aimez les chouettes, hiboux et autres grands-ducs, vous apprécierez sans nul doute cet ouvrage de vulgarisation qui vous fera découvrir avec beaucoup d'empathie et de vivacité la vie de la chouette effraie (ou effraie des clochers).
L'occasion aussi de battre en brèche des superstitions hors d'âge et de découvrir la vie d'un ornithologue hors normes , passionné de chouette depuis l'enfance. Rester plusieurs heures sur une échelle pour guetter le retour d'un oiseau de nuit, voilà qui n'est pas forcément enviable, mais montre bien les aléas auxquels sont confrontés les "chouettologues" !
Des chapitres courts, pleins d'informations jamais indigestes , tout en étant au plus pioche des récentes études, le tout accompagné d'une chouette couverture, que demander de plus ?
Éditions Salamandre 2024.
06:00 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : alexandre roulin, christine mohr