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17/05/2023

La fille qui voulait voir l'ours...en poche

"Je ne me suis jamais senti aussi humaine et pleine vie  que dans ce cosmos sylvestre. J'y ressens la palpitation du monde. J'imagine les  flux de sève dans les arbres, les racines exploratrices du sol, les usines à chlorophylle des feuillages.
 Mais je sens aussi mes limites à écouter, sentir, comprendre tout ce qui m'entoure. "

Acheté  un peu par hasard, beaucoup pour travailler sur le thème du voyage en privilégiant le voyage au féminin, ce récit de Katia Astafieff a dépassé mes espérances par sa fluidité d'écriture, son humour, son attention aux autres et à la nature et surtout sa volonté de ne pas se poser en héroïne. 71Ev4JxVFrL.jpg
La narratrice ne nous cache rien de ses échecs, de ses limites physiques et surtout détaille bien les problèmes spécifiques qui se posent aux femmes en matière de préparation logistique: quid du soutien-gorge , comment résoudre le problème des règles en conciliant efficacité et légèreté car il faut veiller à ne pas trop se charger. Et la voilà partie sur le sentier international des Appalaches en plein été...
Un récit qui détonne agréablement  comparé à ceux de certains de ses confrères masculins...

15/05/2023

Ours...en poche

"Elle aimait l'ours.  Il y avait en lui des profondeurs qu'elle ne pouvait atteindre, qu'elle ne pouvait  sonder, ni détruire de ses doigts d'intellectuelle."

Quand Lou, archiviste à Toronto se voit proposer d'aller inventorier le contenu d'une bibliothèque sur une île au Nord de l'Ontario, c'est l'occasion rêvée de briser la routine de sa vie quelque peu étriquée.
Sur place, elle découvre la présence d'un ours ,laissé là par son précédent propriétaire. marian engel
Commence alors une relation qui, petit à petit, va entraîner le plantigrade et la jeune femme sur les chemins de la liberté des corps et des esprits, au plus près de nature .
L'ours reste obstinément opaque aux yeux de Lou qui n'est pas dupe qu'elle projette sur lui ses propres émotions et des petites notes , découvertes au fil de son travail, enrichissent ce portrait mouvant en inscrivant l’animal au cœur de différentes mythologies.
Récit d'émancipation, ce roman interroge aussi nos liens à la nature, à l'animal et efface les frontières que l'humain a établi entre eux.
Paru en 1976, ce roman a attendu 1999 pour être traduit pour la première fois en français .Le voici, dans une nouvelle traduction , et une sublime couverture, toute de sensualité.
Il y a toujours un risque à relire un texte que vous aviez beaucoup aimé à plus de vingt ans de distance mais le côté "étrange et merveilleux" que souligne Margaret Atwood sur le bandeau est toujours présent et le roman a conservé tout son pouvoir. A (re) découvrir absolument.

 

Cambourakis 2023.Traduit de l'anglais (Canada) par Géraldine Chognard.

13/05/2023

La fin des hommes...en poche

" -Rappelez- leur qu'avoir un travail, c'est avoir un but. Même si on n'en veut pas, un travail est une raison de se lever le matin. C'est avoir un avenir auquel on ne croyait plus. "

christina sweeney-baird

 

 

Rédigé avant la pandémie de Covid 19, ce roman imagine une sorte de grippe , extrêmement mortelle et ne touchant que les hommes. Nous sommes en 2025, parti d’Écosse, le mal se répand d'abord au Royaume Uni, puis dans le monde entier. Mais, hormis quelques incursions dans certains pays étrangers, l'action sera centrée sur le Royaume Uni .
Le récit est pris en charge par plusieurs narratrices, ce qui permet de varier les points de vue (scientifique, historique, politique). Mais, il faut bien l'avouer, tout ceci reste assez superficiel et l'autrice privilégie bien plus l'aspect émotionnel qu'économique par exemple. Elle se débarrasse d'une pichenette désinvolte de certains problèmes, (faute de données , toute la situation en Afrique,  par exemple, ne peut être évoquée) même si elle souligne certains biais misogynes  de la société ante pandémie. En outre, un épisode de violence domestique, réglé façon humour noir,  par le Fléau a lieu en ...Russie. Aucun cas d'alcoolisme ou de violences faites aux femmes au Royaume -Uni ?
Bref, même si j'ai lu jusqu'au bout les 471 pages de ce roman, je n'ai pas été totalement convaincue par le traitement de l'intrigue.

12/05/2023

Le Lac Magique...en poche

"Sans m'en apercevoir, je me suis soumise à une version assez dépressive de la féminité. Une version rétractée, retranchée. Être une femme, c'est ne pas pouvoir. C'est ne pas avoir le droit. mes compagnes de baignade ont une toute autre définition. Pour elles, la féminité a à voir avec la nature et la force. " 

Partie s'installer pour un temps au Québec avec son compagnon et ses filles, la narratrice va être invitée à accompagner un groupe de femmes habitant près de chez elle pour une baignade dans un lac, le matin. Une baignade un peu particulière car à ce moment de la journée, ce plan d'eau est réservé aux femmes et elles s'y baignent nues. 
Situé au coeur de la forêt, ce lac va  dès le premier instant prendre une importance particulière pour la jeune femme qui va vivre une expérience l'amenant à prendre conscience des ses peurs, de ses relations pour le moins dysfonctionnelles avec ses parents, très tôt séparés.61MSEteUP8L.jpg
Ni mysticisme, ni sorcellerie, mais une analyse très fine et sans concession de son rapport à la féminité et aux autres.  Il n'y a rien d'anecdotique dans ce récit de vie qui nous fait partager cette expérience toute simple en apparence car selon l'autrice ces femmes ont su instaurer "Une familiarité, une filiation, presque. Tout simplement, elles m'ont vue. "L'écriture, fluide et élégante, fait de cette lecture une expérience qui résonne longtemps en nous.

11/05/2023

Pas dormir...en poche

"Quand nous marchons au milieu des plantes et des animaux, nous nous déplaçons dans du vivant, nous en faisons partie. Quand nous nous tassons au milieu des objets, ce qui nous entoure est mort, nous en faisons partie. Et l'immobilité nous cloue entre les planches de l'insomnie."

Nul besoin d'être insomniaque pour dévorer ce nouvel opus de Marie Darrieussecq.
Souffrant de ce mal depuis la naissance de son premier enfant, elle revient ici sur toutes les méthodes employés pour tenter d'arriver à dormir, convoquant nombre d'auteurs et autrices grands insomniaques eux aussi, Kafka et Duras en tête.
Faisant preuve d'une grande franchise, elle n'élude pas son alcoolisme, boire lui permettant de dormir, mais avec des réveils plus que difficiles, mais ne se centre pas seulement sur son cas. L'insomnie lui permet aussi d'évoquer aussi bien la forêt africaine, que la jungle de Calais, posséder un lieu où dormir, une chambre à soi, n'étant pas donné à tout le monde.marie darrieusecq
Tenant à la  fois du témoignage, de l'analyse, cet Objet Littéraire non Identifié n'est pas dénué d'humour et, cerise sur le gâteau, est ponctué de photographies, pas toujours très lisibles malheureusement. 297 pages dévorées d'une traite .

Et zou, sur l'étagère des indispensables !

10/05/2023

Avec joie et docilité...en poche

"L'été est comme une plante sortant de terre. Il s'écoule à la fois avec la lenteur imperturbable de la germination et avec la rapidité  presque agressive de la pousse des tiges et des fruits au cœur de la belle saison."

Finlande, 2016. Ce pays a tiré les leçons des erreurs du passé et vit, coupé du monde. La population est divisée en trois catégories: les virilos, comprendre les hommes, les éloïs, femmes blondes soumises, élevées uniquement dans le but de satisfaire tous les désirs des virilos et les morlocks , femmes rebelles à qui la reproduction est interdite (elles sont stérilisées).
Dans ce monde où le seul plaisir permis demeure le sexe, la consommation de piments est interdite, générant bien évidemment tout un trafic pour le plus grand bénéfice de nos héros, Vanna, une morlock travestie en éloï et son ami virilo, Jare.
Si ce dernier compte bien s'échapper de Finlande, Vanna, quant à elle cherche surtout à élucider la disparition de sa sœur.
Double intrigue donc et double point de vue sur les événements, le tout intercalé de documents officiels, expliquant la domestication des femmes, d'après des méthodes utilisées sur des animaux.johanna sinisalo
C'est la couverture de" Chez Gertrud "qui m'a donné envie de découvrir ce roman et , même si je ne suis pas férue de dystopie, cette analyse de la situation faite aux femmes a su me séduire par la manière dont elle est traitée. Bien évidement, on se dit que ce roman n'intéressera que les convaincu(e)s, mais une petite piqûre de rappel ne fait jamais de mal...


Avec joie et docilité, Johanna Simisalo, traduit du finnois par Anne Colin du Terrail, Actes Sud 2016.

09/05/2023

Les cerveaux de la ferme: Au coeur des émotions et des perceptions animales

  Il faut savoir passer outre les blagues à deux balles du narrateur (je ne suis visiblement pas le cœur de cible car beaucoup de lecteurs les ont appréciées) pour savourer cette BD de vulgarisation scientifique, par ailleurs  fort bien étayée de références scientifiques, garantissant le sérieux des propos.
  Pour les curieux et curieuses de mon espèce, cet ouvrage est une mine de découvertes concernant aussi bien les poules ( des pros du morpion) , les vaches, les moutons, les cochons ou les chèvres. sébastien moro,layla benabid
Très bien organisée, cette BD envisage leur perception du monde, leur façon de réfléchir, leurs émotions, leur façon de communiquer, leur façon d'apprendre les un.e.s des autres , sans oublier leurs sociétés. Le tout illustré avec tendresse et humour. Un pur régal à découvrir d'urgence.

Merci à Babelio et à l'éditeur , La Plage.

08/05/2023

#Uneexécution #NetGalleyFrance !

"Je me souviens surtout de la façon qu'il avait de nous regarder. Comme s'il se demandait à quoi on pourrait bien servir. "

Dans douze heures ,Ansel Packer sera exécuté. Il ne s’envisage pas du tout comme un tueur en série, mais comme l'auteur d'une œuvre philosophique qu'il veut léguer à la postérité.danya kukafka
 A partir cette situation apparemment sans tension, l'assassin est connu, arrêté, son sort est scellé, Danya Kukafka crée un roman plein de suspense (et de retournements de situation ) qui tient le lecteur en haleine.
De plus, via trois femmes qui l'ont côtoyé à différents moments de son existence (sa mère, la sœur jumelle de son épouse et surtout Saffy, l’enquêtrice, qu’il avait croisée plus jeune en foyer d’accueil) , elle fait entendre les récits qui redonnent vie à ses victimes. Elle balaie ainsi toute possibilité de fascination face à cet être qui plaque sur son visage les émotions qu'il ne ressent pas mais a appris à imiter pour mieux manipuler les autres.
Un roman magistral qui évite les écueils du genre et interroge les notions de justice, de bien et de mal.

Buchet-Chastel 2023. Traduit de l'Anglais (États-Unis) par Isabelle Maillet.danya kukafka

05/05/2023

Les affinités sélectives...en poche

L'une, Elisabeth, a écrit un roman et vient d'avoir un enfant. Elle s'ennuie dans une petite ville, bien trop loin de New York. L'autre, Sam, est une étudiante, d'origine modeste, dont l'avenir est déjà entravé par des prêts contractés pour payer ses études.j. courtney sullivan
Elisabeth va embaucher Sam pour garder son fils et vite s'enticher de la jeune femme dont elle entend bien révéler le potentiel artistique. Mais l'ingérence dans la vie amoureuse et professionnelle des autres est-elle vraiment une bonne chose ?
Tout est un peu trop parfait, trop lisse, dans ce roman qui entend pourtant dénoncer certains faits économiques et surfe sur l'air du temps en mentionnant par exemple les groupes sur les réseaux sociaux et autres influenceuses. Mais cela reste bien timide et les problèmes financiers sont trop vite résolus...
Il n'en reste pas moins que l'écriture fluide de l'autrice fait que l'on tourne les pages sans déplaisir. Un bon gros pavé estival qui fait le job. 

04/05/2023

Le pays des phrases courtes...en poche

"Personne ne veut savoir comment tu vas, dit-il .Souviens-toi de ça. "

Pièce rapportée, l'héroïne et narratrice de ce roman l'est à plus d'un égard. Son compagnon a été embauché dans une école d'un type particulier , privilégiant les arts, dans une région rurale du Danemark. Enseignants et élèves forment une communauté, quasi une secte aux dire d'une autre pièce rapportée, et si cette appellation est formulée avec humour, il n'en reste pas moins que la narratrice se sent fortement décalée et peine à créer des liens d'amitié avec une population trop laconique à son goût. stine pilgaard
Expansive, peinant à obtenir son permis de conduire, jeune mère analysant avec acuité et humour les perturbations engendrées par cette naissance, nous la suivons dans ses tribulations, le tout ponctué par les lettres drolatiques et les réponses hautes en couleurs qu'elle fournit en tant qu'"oracle" dans le journal local, sorte de courrier du cœur, emploi que lui a procuré la directrice de son mari. L'écriture de chansons satiriques lui permet aussi de tenir le coup  dans cet univers si étrange à ses yeux.
Le point de vue décalé, fin et plein d'humour, l'écriture alerte et les personnages croqués à ravir font de cette lecture un pur délice. J'ai surligné à tour de bras et j'ai déjà hâte de voir traduit un autre roman de cette autrice .

 

Éditions Le Bruit du monde 2022.

 Traduit du danois par Catherine Renaud.