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11/08/2023

Hôtel de la folie

" De vous deux, qui a contaminé l'autre ? Qui a porté le premier coup ? Je crois plutôt à une intoxication mutuelle, à un corps à corps tragique, mère et fille, serpents entremêlés se crachant du venin jusqu'à en crever. "

Pià Nerina, grand-mère chérie du narrateur, se suicide le 7 septembre 1987. Trente-trois ans plus tard, la fille de Nerina meurt à son tour, rongée par le cancer.
Entre ces deux femmes, une relation plus que toxique, marquée par la violence de la plus jeune, violence verbale, mais aussi physique. Et un enfant qui, devenu adulte va enquêter sur le passé de ces deux femmes, entre Paris et Naples, d'où est originaire Nerina et où il découvrira le véritable Hôtel Folie, hôtel de sa famille grand-maternelle. david le bailly
Quant aux hommes, ils avancent masqués et tout le travail du narrateur sera de tenter de les débusquer, de tenter de comprendre comme une petite napolitaine pauvre a réussi à posséder un grand appartement près de la place de l’Étoile. Une quête intense où toutes les questions ne trouveront pas forcément de réponse mais qui fait revivre l'amour entre une grand-mère et son petit-fils, seule échappée dans un huis-clos délétère. Un roman qui m'a parfois fait penser à Vipère au poing de Hervé Bazin, mais en beaucoup plus étouffant.

 

Le Seuil 2023. 200 pages.

 

Merci à l'éditeur et à Babelio. david le bailly

10/08/2023

La valse des petits pas...en poche

"Le restaurant est mieux qu'un théâtre se dit-il. Chaque soir , ils interprètent un vaudeville différent. "

Au menu de cette brasserie parisienne : une farandole d'histoires d'amour à différents stades de maturation, une tablée empestant la testostérone et la servilité, des hésitations, des points de vue alternés, des surprises (pas forcément du chef) et, en fil rouge, la relation en pointillés qui s'ébauche entre le barman et la jolie serveuse. claire renaud
Unité de temps (une soirée), de temps et d'action pour un ballet parfaitement agencé par l'autrice, fine observatrice de ses contemporains. Un bon moment de lecture qui vous donnera  l'envie de tendre l'oreille quand vous irez au restau...

Pocket.

09/08/2023

Bienvenue aux Bergeronnettes

"- Quatre Épingles, sachez que rien n'est facile dans le mariage. C'est comme un sport pour lequel on n'aurait pas suivi l'entraînement adéquat et où on  commencerait directement par les Jeux olympiques. "

La dernière lubie de Maguy ? Transformer leur logis en maison d'hôtes pour artistes. Voilà donc le jardin bichonné par son époux , Germain Germinal, envahi par des "saltimbanques" qui semblent tous détenir un secret.
C'est pourquoi, quand le maire du petit village est assassiné , juste derrière "les Bergeronnettes", les soupçons se portent aussitôt sur les résidents. coralie caujolle
"Cosy Mistery" Bienvenue aux Bergeronnettes respecte toutes les règles du genre mis en y insufflant beaucoup d'humanité, d'humour et de bienveillance.
Si les personnages peuvent de prime abord frôler la caricature et leur comportement loufoque  sembler quelque peu exagéré, ils gagnent au fil du texte en densité, grâce à la révélation progressive de leurs failles respectives.
Quant au crime, j'avoue avoir été surprise quant à son mobile.
L'écriture est fluide et enjouée. Un très bon moment de lecture estivale.

 

Un grand merci à Cathy pour cette découverte.

 

Eyrolles 2023.

08/08/2023

Ecrire comme une abeille/ La littérature jeunesse de la lecture à l'écriture

"Le parti-pris de ce livre tient en une phrase: apprendre à lire la littérature jeunesse peut aider à l'écrire. "

Même si je n'ai aucune intention d'écrire de la littérature jeunesse , cette dernière m'intéresse beaucoup , en particulier dans on évolution dans l'appréhension du monde et le travail de la langue qu'elle propose.clémentine beauvais
C'est donc pour cela que j'ai dévoré les 447 pages de cette somme , riche de l'expérience de lectrice, d'écrivaine et d'enseignante à l'université de Clémentine Beauvais.
Cette dernière ne se pose jamais en donneuse de leçons, ne prétend pas détenir la recette miracle pour écrire LE roman ultime mais propose de se pencher de manière très concrète aussi bien sur les albums destinés aux petits, qu'aux romans juniors ou destinés aux adolescents, en tant que lectrice voire autrice.
Elle ne nous vend pas du rêve (elle a commis des erreurs, bien que déjà éditée, certains de ses textes ont été refusés) mais on sent dans ces pages, où de la place a été laissée pour noter nos propres réflexions, un grand amour de la littérature et des lectrices. Avec beaucoup d'humour et de pédagogie pour présenter des notions parfois pointues, elle nous entraîne à sa suite dans ce texte qui se lit presque comme un roman, passionnant et donnant envie de découvrir plein de textes (aussi bien des romans que des ouvrages critiques).

Gallimard jeunesse 2023

02/08/2023

La clé des champs et autres impromptus

"C'est la joie qui est bonne, mais d'autant plus méritoire et belle qu'elle est souvent difficile. "

A l'exception du dernier texte, beaucoup plus intime car concernant le suicide de sa mère, tous les textes réunis dans ce recueil sont des préfaces, postfaces ou faisant partie d'ouvrages collectifs.
 Les thèmes ont plutôt une tonalité sombre : "le pessimisme, le tragique, la mort des enfants, le handicap, l'agonie, le bagne, le suicide, l’euthanasie" , mais , ne fuyez pas car l’auteur , par sa rigueur de raisonnement, sa clarté dans l'expression, réussit le pari de nous convaincre d'accepter ce qui participe forcément de notre existence avec  une certaine forme de joie. andré comte-sponville
Convoquant ses auteurs de référence, Spinoza et Montaigne en particulier, André Comte-Sponville avance pied à pied ses arguments , pleins de bon sens et de justesse . Il est l'un des rares penseurs à être aussi clair à l'oral dans ses interviews, qu'à l'écrit. Une lecture lumineuse.

PUF 2023. Merci à l'éditeur et à Babelio pour cette lecture enrichissante. andré comte-sponville

08/07/2023

Soeurs...en poche

"Le chagrin est une maison sans fenêtre ni porte, sans possibilité de voir le temps qui passe."

Septembre et Juillet sont des sœurs nées à dix mois d'intervalle mais entretiennent une relation quasi gémellaire, même si elles  ne se ressemblent pas physiquement. Sheela, leur mère est bien consciente de l’emprise, de la manipulation , confinant parfois à la cruauté, que l'aînée exerce sur sa cadette mais n'intervient pour autant pas de manière efficace.daisy johnson
Harcelée à l'école,  "cette bête de Juillet " donnera lieu à un premier incident, puis à un second  dont la gravité vaudra à cette famille de trois femmes de se réfugier dans une vieille maison au bord de la mer où l'atmosphère oscillera entre cauchemar et réalité.
Daisy Johnson excelle à créer ces mondes entre deux eaux où ses personnages se perdent pour mieux se retrouver. Elle y entraîne son lecteur, le déroutant parfois, le faisant douter avant que de dévoiler ce qui était devant nos yeux et ne pouvait mener qu'au drame.  Un roman envoûtant qui confirme le talent singulier de cette autrice.

Traduit de l’anglais  par Lætitia Devaux. 216 pages . Stock 2021

03/07/2023

#Undestinsauvagesisauvage #NetGalleyFrance !

"-Jusqu'à ce qu'il apprennent qu'ils travailleront pour une femme.
Marie acquiesce.

-Mais tu  les dois comprendre. Ce sont des hommes et ils ont leur fierté.

Eh bien, moi aussi. Et je n'irai pas supplier un gardien de troupeau ivre et puant de venir sous mon toit, tout ça pour qu'il reluque ma fille et m'insulte dans mon dos. "

Une mine d'or perdue au Nouveau Mexique. Trois destins de femmes par delà les années (1930- 1970) dont une, Cornelia, disparue dans la montagne dans les années 30. Une femme trop indépendante, qui n'hésitait pas à employer un autochtone, au grand dam des habitants  de la petite ville de Boldville.inga vesper,schtroumpf grognon le retour
Boldville où ,quarante ans plus tard , Joanna, une flic qui a quitté la police , fuyant un mari violent , vient se réfugier. Là, aidée de sa cousine, Glitter, petite-fille de Cornelia, elles vont tenter d'élucider la mort d'un autre membre de la famille décédé dans un campement de hippies.
Parfois  on peut avoir envie de lire un roman  qui vous prend par la main et coche les cases des thèmes dans l'air du temps (emprise masculine, émancipation des femmes...), thèmes qui par ailleurs m'intéressent mais qui m'ont semblé ici utilisé de manière trop artificielle. J'ai néanmoins apprécié que L'autrice, de manière discrète, certes, souligne au passage que la libération sexuelle pouvait être une manière de se passer du consentement féminin...
Beaucoup de longueurs ont fini par me lasser et j’avoue avoir passé quelques pages pour arriver plus vite à la fin et avoir la confirmation de l'identité de l'assassin.

 

Éditions de La Martinière 2023inga vesper,schtroumpf grognon le retour

 

 

22/06/2023

#Sexebombe #NetGalleyFrance !

"Ils trouvent génial de rencontrer des râleurs, même en dehors de Paris. C'est culturel, c'est folklorique, c'est la France. "

Comme dans la chanson interprétée par Jacques Dutronc, Eddy, coiffeur reconverti en toiletteur pour chien, aime les roses fanées, comprendre les femmes d'âge mûr "car elles sont aventureuses et captivantes, elles n'ont plus d'interdits ni de tabous." Il emmène donc certaines de ses clients du salon de toilettage canin au septième ciel, c'est à dire chez lui, au premier étage, juste au dessus de son lieu de travail. nicolas robin
Sa routine, comme sa réputation, sont bien établies dans cette ville thermale de Dax où curistes et habitantes du cru se refilent la bonne adresse. Jusqu'au jour où débarque Maryse, ancienne speakerine, veuve, mais pas trop, flanquée de sa fille Chloé. Un très lourd contentieux oppose les deux femmes et Eddy pourrait bien malgré lui, être entraîné dans une histoire qui virerait au noir...
Le souvenir d'une lecture réjouissante ( Roland est mort) m'a incité à entamer ce nouveau roman de Nicolas Robin et je ne le regrette pas. En effet, les personnages sont hauts en couleurs, parfois outrés, mais c'est le jeu. Ils n'en révèlent pas moins des failles qui les rendent sinon attachants, du moins profondément humains. Le récit cavale à toute allure et l'on se surprend à sourire plus d'une fois en tournant les pages de ce bon roman de détente.

Fayard 2023nicolas robin

 

 

 Du même auteur: clic

21/06/2023

Mes 18 exils...en poche

"J'étais donc une française en mode-gruyère , avec des trous qui prenaient plus de  place que la masse de fromage. L'histoire d'une vie n'est-elle pas remplie de lacunes, d'ignorance, d'insuffisance , d'humiliation, de vide ? "

Quel plaisir de retrouver Susie Morgenstern dans ces 18 exils qui pour certains sont prévisibles, au vu de son itinéraire et d'autres plus surprenants.
Susie, comme à son habitude, s'y livre à la fois avec beaucoup de franchise et de délicatesse, n'hésitant pas à évoquer des thèmes comme la masturbation ou le désir sexuel chez les femmes âgées. Elle y évoque aussi la maladie et sa manière , très souriante, d'y faire face alors qu'à l'intérieur l'angoisse rôde.susie morgenstern
Éternelle optimiste en apparence, elle égraine néanmoins les regrets de sa vie et envisage même l'organisation de son enterrement. car le dernier exil n'est-il pas la mort ?
Un livre facile à lire mais bien moins léger qu'il y paraît.

L'iconoclaste 2021

16/06/2023

La vallée des fleurs...en poche

"Viens me chercher, je pense. Emmène-moi. Laisse-moi me jeter dans la mer obscure. "

La vallée des fleurs est un roman tout en contrastes qui relate l'itinéraire d'une jeune femme inuite qui va intégrer une université au Danemark. Si son homosexualité est tout à fait acceptée par sa famille, on sent bien d'emblée que sa singularité se situe ailleurs et qu'elle dérange. Serait-ce son hypersensibilité ou un comportement parfois atypique ?niviaq korneliussen
Au Danemark, l'effort d’adaptation au monde étudiant ,mais aussi aux subtilités de la langue (elle ne détecte pas immédiatement l'ironie ,par exemple) vont lui être coûteux et un deuil dans la famille de sa petite amie sera l'occasion pour elle d'aller dans l'Est du Groenland ,près de ce cimetière qui donne son titre au roman.
Car la mort irrigue ce roman, dont les têtes de chapitre de la première partie sont scandés par la mention factuelle de suicides de jeunes gens. Une vague de suicides touche en effet le Groenland et les mesures prises pour l'endiguer ne semblent guère efficaces.  
Si l'humour est bien présent, la souffrance l'est tout autant et l'autrice dépeint avec une extrême sensibilité cette écorchée vive qui tente de se retrouver. Un roman extrêmement dépaysant , qui montre aussi bien la beauté sauvage que les laideurs de ce pays, sa rudesse et sa délicatesse.

Traduit du danois par Inès Jorgensen