17/06/2021
Ici ça va...en poche
"Je porte un collier de perles noires et invisibles autour de mon cou. le collier de ceux qui gardent leurs absents à l'intérieur. Nous sommes nombreux à la porter. Je ne le sens presque pas. Il n'embarrasse plus mes gestes ni mes rêves."
Comment ai-je pu échapper à ce livre chroniqué par toutes et tous ? Nous dirons qu'il attendait son heure...
Avec une économie de moyens et une puissance discrète mais efficace, Thomas Vinau nous peint par petites touches le portrait d'un homme qui vient avec sa compagne, Ema, s'installer dans une maison qu'il faut remettre en état. Dans une nature ensauvagée , avec laquelle ils choisissent de pactiser et non pas de dominer, ils trouvent petit à petit l'harmonie et la quiétude.
En creux, apparaît une histoire familiale douloureuse , liée à ce lieu, dont l'auteur laisse au lecteur le soin de compléter les failles.
C'est minimaliste, pudique et diablement prenant. Une pure merveille.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans français | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : thomas vinau
15/06/2021
Un mariage en dix actes ...en poche
Pièce de théâtre sans didascalies ou roman uniquement composé de dix dialogues entre deux personnages ?
La seule chose dont on est sûr est que l'action se déroule dans un pub où un homme et son épouse se donnent rendez-vous juste avant d'aller rencontrer une thérapeute conjugale. Quelques péripéties mineures ont également lieu dans la rue mais c'est tout. De la thérapie nous ne saurons rien, à part ce qu'en évoqueront les personnages, Tom et Louise.
Cela devrait être drôle si l'on en croit al 4 ème de couv', c'est juste ennuyeux au possible tant les personnages manquent de chair et d 'intérêt.
00:00 Publié dans Objet Littéraire Non Identifié | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : nick hornby, schtroumpf grognon le retour
14/06/2021
Tout le bonheur du monde
"-J'ai l'impression d 'avoir engendré des poupées russes, dit Marilyn. Dès qu'on croit en avoir fini avec l'une, une autre surgit avec un paquet de Camel à la main.
- C'est sans doute le danger de la production de filles en série."
Les sagas familiales en sont pas vraiment ma tasse de thé. Les livres de 698 pages non plus, d'ailleurs . Et pourtant j'ai adoré l'histoire de cette famille de quatre sœurs dont les parents semblent vivre un amour sans faille et donc placent la barre très (trop ? ) haut pour leurs filles.
On ne se perd pas dans une flopée de personnages, l'histoire reste centrée sur cette famille et les "pièces rapportées "qui s'y agrègent ou non.
Claire Lombardo a su nuancer ses héros, leur donnant des caractères bien défini et à multiples facettes. Les relations à géométrie variable entre les filles sont particulièrement bien décrites et on ne se perd pas dans la chronologie qui est pourtant chahutée.
La toute jeune autrice ne embarrasse pas de bons sentiments et n'hésite pas à nous montrer que les vieux couples peuvent encore (au grand dam parfois de leur progéniture) avoir une vie sexuelle et à nous décrire les conséquences physiques et morales peu glorieuses d'un accouchement.
Gare, c'est le genre de roman qu'on ne peut pas lâcher tant les rebondissements sont nombreux et tant on s'attache aux personnages !
Traduit de l’anglais (E-U) par la virtuose Lætitia Devaux.
Rivages 2021
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : claire lombardo
10/06/2021
#Rienàperdre #NetGalleyFrance
"[...] Des retrouvailles, un voyage inoubliable, une histoire d'ambitions démesurées...et puis la fuite dans une voiture avec une femme enceinte et un cadavre..." Quand le roman se résume lui-même pourquoi ne pas en profiter ?
A l’aube de la cinquantaine , trois Argentins qui ses sont connus au lycée embarquent pour ce qui devait être une échappée plaisante en Uruguay et va vite se transformer en une épopée qui les mettra à rude épreuve, tant physiquement que moralement.
Ces trois corniauds , comme ils en viennent eux-mêmes à se nommer, vont en effet s'embarquer dans une aventure dangereuse qui les les forcera à abandonner leurs illusions et à se regarder tels qu'ils sont vraiment: des losers fatigués .
A la fois drôle et noir , ce roman de 160 pages nous entraîne à leur suite dans ce road trip à bord d'une antique Taunus et on ne peut les lâcher.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roberto montana
09/06/2021
Dysfonctionnelle...en poche
"Ma folle dont j'étais affolée."
Plus Dysfonctionnelle que la famille de Fidèle, alias Fifi, la narratrice de ce roman , y a pas. Jugez un peu : le père qui tient un bar ("Le bout du monde") va régulièrement effectuer de petits séjours en prison car il s'est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment (sic). La mère, elle, fuit une réalité traumatisante et se réfugie dans une folie plus ou moins douce. Quant aux enfants, Dalida, Alyson, JR, Jésus, Gregorio et Fidèle donc, ils constituent un bel éventail de cas sociaux , plus ou moins sympathiques.
Quand Fidèle, détectée à l'adolescence comme ayant une intelligence précoce, est amenée à étudier dans un lycée rempli d'ados ayant des familles "fonctionnelles", cela ne va pas être sans heurts, mais c'est là qu'elle va rencontrer l'amour de sa vie sous les trait de la belle Sarah.
Axl cendres , dans ce roman destiné à la jeunesse choisit de ne pas tomber dans le pittoresque gratuit. Ses personnages sont certes hauts en couleurs, mais la fratrie n'est pas forcément soudée.
Quant à l’intolérance face à l’homosexualité féminine, elle ne viendra pas forcément de là où on l'attend.
D'ailleurs, ce n'est là que réside le principal problème de cette relation, mais bien dans l'opposition entre deux modes de vie.
Un roman tendre, généreux et optimiste.
Sarbacane 2015.
305 pages qui se tournent toutes seules.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : axl cendres
08/06/2021
Le Homard...en poche
"Si on considère que la lecture est un voyage, alors mon mari était toujours en déplacement."
Envie d'un roman drôle (non amateur d'humour noir s'abstenir) , se déroulant en Bretagne, taclant les étrangers qui viennent faire grimper les prix de l'immobilier, où l'on croise un homard confident d'une femme qui fréquente plus souvent qu'à son tour les loteries du coin , un roman où rode peut-être même un serial killer ?
Alors procurez-vous vite ce galop d'essai de Pascale Dietrich 125 pages qui se dévorent d'une traite.
j'ai Lu 2021.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pascale dietrich
07/06/2021
Faut pas rêver
"La conversation se poursuivit en français sur des sujets anodins ,comme l'allaitement maternel, les placements immobiliers ou la crise des vocations chez les tueurs professionnels."
N'était sa propension à parler en dormant , tout en ayant des rêves fort agités, Carlos cocherait toutes les cases du compagnon et futur papa parfait: tendre et attentionné , il a même eu la bonne idée de se reconvertir en sage-femme.
De plus, il attise la curiosité de son infortunée compagne de lit, Louise, car il s'exprime en espagnol, langue à laquelle elle ne comprend rien, ou presque. La jeune femme décide donc, d'enregistrer ses logorrhées et de les faire traduire par une amie, Jeanne.
Las, elle découvre un motif récurrent qui semble hanter les nuits de Carlos: un homme dans une voiture , balancé à la mer. Son amoureux est-il pour autant un criminel ?
Pour en avoir le cœur net, Louise et Jeanne se rendent à Marbella, lieu qu'elles ont réussi à identifier.
Commencé sous les auspices de la comédie, Faut pas rêver vire rapidement au cauchemar, mais Pascale Dietrich sait doser comme personne ces deux registres et nous entraîne à la suite de ses personnages dans un roman échevelé qui égratigne au passage la corruption immobilière et nous permet de glaner au passage plein d'infos sur les rêves.
Liana Levi 2021
De la même autrice: sorti en poche :
"Elle en avait marre que les hommes s’accaparent le pouvoir alors qu'ils étaient moins compétents qu'elle. Puisqu'on ne la laissait pas monter en grade, elle allait faire le ménage."
Leone Acampora , vieux mafioso grenoblois, est sur le point de mourir. Ce que sa famille ignore encore c'est qu'il a lancé un contrat sur la tête de sa femme infidèle, car on ne rigole pas avec l'honneur dans la mafia.
Ses deux filles , Dina et Alessia ,vont tout faire pour sauver leur mère et , par la même occasion, Alessia entend bien prendre la tête de la mafia locale car il est grand temps que les hommes et leurs valeurs rétrogrades cèdent le pouvoir aux femmes qui l'exercent en sous-main depuis des années
C'est bien la première fois que je me lance dans un roman ayant pour thème la mafia (même pas vu ou lu "Le Parrain", c'est dire...) mais j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce roman qui fait la part belle aux femmes, et égratigne au passage les organisations humanitaires : "Au fond les organisations humanitaires et la mafia constituaient deux réponses opposées à un même problème: ces organisations se développaient quand c'était le chaos et que L’État ne faisait pas son boulot. La mafia offrait un statut et des ressources à ceux qui ne trouvaient pas de place dans l'économie légale. Quant aux ONG, elles aidaient à peu près les mêmes à survivre sans jamais inquiéter les gouvernements véreux ni s'attaquer aux véritables injustices. Pire, elles rattrapaient les dégâts et permettaient au système de perdurer."
Les personnages sont bien croqués, l'écriture est pleine d'humour et les 151 pages se tournent toutes seules ou presque.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : pascale dietrich
02/06/2021
Le plongeoir
"Je n'avais rien à leur prouver, à ces cons-là ! je plonge si je veux. Pas parce qu'on me lance un défi. Je ferai les choses quand je serai prête. Et même si je ne plonge jamais de ma vie, cela gêne qui ? "
Trois nouvelles mais deux thèmes communs: l'eau et le jeu qui se transforme en contrainte, en harcèlement. Trois points de vue également: celui de la jeune fille que deux lourdauds voudraient contraindre à plonger; celui du harceleur qui oblige son cousin à apprendre à nager , en lui faisant frôler de peu la noyade; enfin celui du témoin passif, en l’occurrence la mère d'un ado qui voudrait contraindre sa copine à nager tout de suite alors qu'elle voudrait prendre son temps, jugeant l'eau trop froide.
Des situations en apparence anodines, dont les adultes ne prennent pas toujours la mesure du traumatisme qu'elles peuvent engendrer et qu'Elsa Devernois peint avec beaucoup de finesse et d'efficacité en quelques pages.
Merci à Babelio et Talents Hauts pour cette découverte.
06:00 Publié dans Jeunesse, Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : elsa devernois
01/06/2021
Canoës
"Ni errance, ni même exploration, ces heures s'étirent dans une forme d'appréhension excitée, un jeu ouvert, où la monotonie de la banlieue , sa continuité infinie , mais aussi les échappées sur les collines, dans les plis rocheux de la montagne, peuvent à tout moment faire revenir une image, une pensée, une voix, et relier en moi ce qui se tient disjoint."
"Roman en pièces détachées", comme le décrit-elle-même l'autrice, Canoës explore la nature de la voix humaine, dans ce qu'elle peut avoir de plus ténu et de plus révélateur en sept textes, "sept satellites" gravitant autour d'une novella centrale.
Les canoës, qui servaient autrefois à transmettre les messages dans les régions lacustres se retrouvent dans chacun des textes, soit sous une forme discrète (en pendentif, par exemple) ou plus massivement. Ce qui relie également ces textes, ce sont les périodes troublées dans lesquelles évoluent les personnages, que ce soit ce veuf qui refuse d'effacer la voix de sa femme sur le répondeur ou cette narratrice de "Mustang" qui vient de perdre l'enfant qu'elle portait, ce qui est mentionné très discrètement ,et se trouve confrontée à un nouveau pays où la voix de son amoureux a changé, comme pour mieux s'adapter.
Qu'on s'interroge sur la voix que pouvaient avoir les derniers chasseurs-cueilleurs de la préhistoire, qu'on rencontre une amie qui veut rendre sa voix plus grave pour l’adapter aux critères d'un possible emploi à la radio , on est toujours au plus près de ces personnages et de leurs préoccupations tant le style de Maylis de Kerangal exerce un charme (au sens premier du terme) efficace et prégnant.
Verticales 2021.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Nouvelles françaises, romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : maylis de kerangal
31/05/2021
#Deuxpetitesbourgeoises #NetGalleyFrance
"L'amitié était pour Esther facile, évidente, sans effort, durable, quand l'amour à chaque fois se fragmente."
Héloïse a toujours respecté les règles, bossé dur pour réussir et semblait avoir coché toutes les cases de la réussite et de la normalité. Esther, dont le parcours ressemble comme deux gouttes d'eau à celui de l'autrice, est plus bohème, moins dans la sécurité, ce qui inquiétait son amie Héloïse.
Issues du même milieu, à quelques nuances près, ces deux amies se sont connues très tôt, ont porté presque les mêmes marques de vêtements, évolué dans le même milieu, celui de la bourgeoisie.
Mais voilà Héloïse est morte bien trop tôt et nombreux sont ceux qui refusent de l'évoquer après son décès. Esther prend donc la plume pour évoquer de manière distanciée, sans aucun pathos, la relation qui les unissait, parfois en pointillés, décrivant avec beaucoup de sincérité ses réactions , même teintées de lâcheté , face à cette mort annoncée. Un roman qui semble parfois léger mais d'une sensibilité poignante.
Stock 2021
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : colombe schneck