20/09/2021
#LoinàlOuest #NetGalleyFrance !
"Octavie est l'arrière-petite fille d'une menteuse, la petite-fille d'une conteuse, la fille d'une grande rêveuse. Chacune d'entre elles a toujours su demander à la fiction ce que le réel ne lui offrait pas."
Envie de dévorer une saga familiale féministe et follement romanesque ?Alors précipitez-vous sur Loin à l’Ouest . Vous y suivrez cinq générations de femmes éprises de liberté, mais coincées à des époques différentes par les limites de la société patriarcales, malmenées par l'Histoire et dotées de fichus caractères. Bref, des femmes comme on les aime.
L'autrice y brosse aussi un vibrant hommage à la fiction (et au mensonge), seul remède selon elle pour pouvoir supporter les remous d'une vie par trop étriquée. Un roman où l'on croise aussi Louise Michel et Calamity Jane (ou pas ).
Un roman qui se dévore et que des retours à l'époque contemporaine permettent d'encore mieux ancrer dans le réel. On sent que Delphine Coulin s'est régalée en l'écrivant et cela augmente d'autant plus notre plaisir de lecture.
Grasset 2021.
06:00 Publié dans Rentrée 2021, romans français | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : delphine coulin
17/09/2021
Un garçon sur le pas de la porte...en poche
"Je comptais sur l'effet voiture. Tu sais, quand les enfants qui refusent de parler à leurs parents s'épanchent dès qu'ils sont dans un véhicule en mouvement. Comme si ce qu'on disait dans une voiture ne comptait pas."
Micah Mortimer, crack en informatique, s'est organisée une petite vie routinière entre son emploi de factotum dans l'immeuble où il réside et sa petite entreprise de dépannage à domicile. Rien de bien glorieux.
Mais s'il est doué pour tout ce qui concerne les ordinateurs, il l'est beaucoup moins en matière de relations sociales. Aussi quand un jeune homme se présente à sa porte, persuadé que Micah est son père biologique, le quadragénaire ne saute pas de joie
Arrivés là on craint le pire, le roman qui part sur des rails bien huilés, mais Anne Tyler, en observatrice bienveillante et expérimentée de la famille, sait dans ce court roman (208 pages) éviter les écueils d'un roman trop prévisible, tout en préservant le plaisir de son lecteur.
Une lecture confortable.
Phébus 2020, traduit de l’anglais (E-U) par
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anne tyler
16/09/2021
Les lionnes ...en poche
"...le fait que je n'ai pas vraiment l'intention de m'approcher d'un couguar aujourd'hui de toute façon si je peux l’éviter, peut être demain..."
Les Lionnes, c'est d'abord un pavé impressionnant qui se dissimule derrière la porte d'un frigo jaune pétard, 1108 pages d'un flux quasi continu de pensées qui s'entrelacent, celle d'une femelle cougar et celle d'une femme, mère au foyer qui passe l'essentiel de son temps dans sa cuisine à préparer des gâteaux qu'elle vend à des restaurants
Timide, pusillanime, ayant tendance à se rabaisser (elle a pourtant enseigné à l'université), cette mère de quatre enfants ne s'est pas remise du décès de sa mère, a survécu à un cancer (elle l'évoque très peu), à un premier mariage , a réussi à élever seule sa première fille , avant que de retrouver l'amour avec Léo. Tout cela nous l'apprenons au fil des pages dans de très longues phrases qui épousent les mouvements de sa pensée, procédant par associations mentales ou sonores (allitérations, assonances), pensée qui digresse et ressasse, pensée non dénuée d'humour.
La femelle couguar et ses petits, la narratrice et ses enfants ,évoluent dans des mondes contigus mais baignés de violence. Comment trouver normal que les armes soient partout à disposition, que cette violence s'exerce principalement sur les Noirs ,les femmes, que même les enfants ne soient pas en sécurité à l'école ou chez eux ?
Les chemins de ces deux mères, aux objectifs quasi identiques, se croiseront fugitivement, mais tout l’art de Lucy Ellmann est de savoir faire monter la tension quand le lecteur, même s'il est hypnotisé par ce flot continu, commence parfois à perdre pied, à balancer, au détour d'une phrase, une révélation qui remet en perspective tout ce que nous avions lu auparavant et de susciter une émotion intense dans la toute dernière partie du roman.
Un livre magnifique et puissant qui fait paraître bien lisses et proprets nombre de fictions.
aussi l'époustouflante traduction de Claro.
Et zou, sur l'étagère des indispensables.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : lucy ellmann
09/09/2021
Une farouche liberté ...en poche
Ravie que des ferments de révolte se multiplient de par le monde. heureuse que le mot "féminisme" soit en pleine renaissance. Confiante dans la capacité des femmes à innover et puiser de la force dans leur parcours d’opprimées. La révolte intacte."
Alors que vient de disparaître Gisèle Halimi , paraissent ces entretiens avec Annick Cojean. Celle qui dès son enfance en Tunisie lutta pour la cause des femmes et se révolta contre l'injustice retrace ici avec la journaliste du Monde les grandes étapes de son parcours d'avocate, de militante féministe, de femme politique également (même si ce ne fut guère une réussite).
Elle éclaire également ses motivations plus intimes : être aimée par sa mère, ne plus se sentir étrangère en France.
Elle transmet enfin quelques conseils aux "jeunes femmes qui préparent le monde demain": d'abord l'indépendance économique, ensuite l’égoïsme car "Les femmes ont trop souvent le sentiment que leur bien-être doit passer après celui des autres". Elle ajoute également"refusez l'injonction millénaire de faire à tout prix des enfants"car "la maternité ne doit pas être l'unique horizon.""Enfin, n'ayez pas peur de vous dire féministes. C'est un mot magnifique, vous savez. C'est un combat valeureux qui n'a jamais versé de sang."
Une belle énergie pour une femme âgée alors de quatre-vingt-treize ans
06:00 Publié dans Document, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : gisèle halimi, annick cojean
08/09/2021
#Maquillée #NetGalleyFrance !
" En ne voyant qu'une manifestation de notre décadence dans la culture de la beauté, dans ce qui a trait à l'ornementation des corps, on enferme le maquillage dans une vision sexiste qui associe les ravages du capitalisme à la femme, et plus particulièrement aux soins du corps.
La galaxie du maquillage , que ce soit sur internet ou dans la vie quotidienne, m'est totalement étrangère mais j'ai été très intéressée par ce livre qui multiplie les points de vue sur cet artifice, souvent décrié , mais qui existe apparemment depuis la préhistoire.
Daphné B. ,sous forme de courts chapitres, évoque à la fois sa vie personnelle, convoque la sociologie mais aussi la poésie, la philosophie , sans oublier le féminisme pour brosser par petites touches un ensemble ma foi très convaincant , bien mené et qui m'a permis de voir le maquillage sous de nouveaux angles.
Grasset 20210
06:00 Publié dans Objet Littéraire Non Identifié | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : daphné b.
07/09/2021
Premier sang
"Le droit d’aînesse se traduisait chez les Nothomb d’une manière alimentaire : plus on était âgé, plus on pouvait espérer manger."
Voilà bien longtemps que je n'avais ouvert un roman de cette autrice, mais on me l'a offert et je me suis surprise à le dévorer.
En effet, en dépit d'un style parfois dérangeant , la vie du père d'Amélie Nothomb est tout à fait romanesque et ce depuis l'enfance, jusqu'à la prise d'otages de Stanleyville où le jeune diplomate s'illustrera en discutant avec les rebelles pendant des mois.
Pas d'effet de manche, la fin, sanglante de la prise d'otages est escamotée en un très court récit clinique, mais beaucoup d'émotions néanmoins dans ce texte où Amélie se glisse dans la peau de son père en quelque sorte.
06:00 Publié dans Rentrée 2021, Roman belge | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : amélie nothomb
06/09/2021
#LaBonneChance #NetGalleyFrance !
"Gérer la vie du pouvoir a toujours été facile pour lui. Ce qu'il ne sait pas faire, là où il est un ignorant absolu et un désastre, c'est dans la vie réelle, arriver à être une personne et un ami, côtoyer Felipe et Raluca, être un bon collègue au Goliat ou prendre soin d'un chien joyeux."
Pourquoi Pablo, la cinquantaine, choisit-il de descendre du train dans un village improbable et d'y acquérir un appartement malcommode ?
Cela paraît encore plus incompréhensible quand on découvre que cet homme est un architecte reconnu. Pourtant, il va progressivement s'installer et même tisser quelques liens avec ses voisins, Raluca et Felipe qui n'ont à première vue rien à voir avec lui.
Roman choral qui multiplie les points de vue, La Bonne Chance mêle deux tonalités très différentes: le roman noir avec ses personnages menaçants et le feel good avec la rédemption annoncée du personnage principal. le mélange des deux m'a paru parfois bancal et les personnage de Pablo m'a paru un peu trop stéréotypé. Seule Raluca tire son épingle du jeu et nous émeut vraiment. Un roman qui se lit facilement mais ne m'a pas totalement convaincue.
Éditions Métailié 2021. Tradduit de l'espagnol par Myriam Chirousse
06:00 Publié dans Rentrée 2021, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : rosa montero
04/09/2021
Le coeur synthétique... en poche.
"Adélaïde trouve que la campagne , ça a la bande-son d'un décès."
En 2006, Benoite Groult, qui avait largement dépassé les 80 ans, se plaignait que vieillir c'était devenir invisible. De nos jours, Adélaïde, quarante-six ans, qui vient de rompre, découvre avec effroi "l'invisibilité de la femme de cinquante ans avec un peu d'avance.". Pis, elle constate la cruauté des statistiques : il y a bien plus de femmes célibataires que d'hommes et ceux qui le sont ont presque tous un "vice de forme", dixit 'l'une de ses amies.
Car oui, Adélaïde a des amies, elles-mêmes en crise existentielle et, sororité oblige, elles vont s’entraider.
Commencé sous les auspices de Virginia Woolf (le premier chapitre est en effet intitulé "Une chambre à soi"), le roman de Chloé Delaume se clôt sous ceux de Monique Wittig et de ses "Guerillères". Entre temps, nous aurons eu droit à une série de titres de chansons, très éclectiques, allant de Bashung à Juliette Armanet en passant par Sylvie Vartan, voire Herbert Léonard.
Car oui, on peut être féministe et drôle et l'autrice s'en donne à cœur joie dans ce texte qui nous introduit dans les coulisses du monde littéraire où Adélaïde officie en tant qu'attaché de presse et chapeaute une autrice qui lui ressemble furieusement.
Pratiquant l'autodérision, mais dénonçant aussi les diktats auxquels doivent se conformer les autrices, tant dans leur comportement que dans leur aspect physique, Chloé Delaume signe ici un roman à la fois enjoué et lucide qu'on ne peut lâcher.
En couverture une photographie d'Annette Messager.
Un passage que j'adore: "Il est vingt-deux heures trente, le spectacle reprend. le poète ne fait pas de rimes mais dit la vérité. 4 millions de Français sont ou ont été victimes d'inceste, on estime actuellement que deux enfants par classe endurent ce crime en huis-clos. Attendu que Clotilde a durant sa performance rappelé qu'en France un féminicide est commis tous les deux jours et une agression homophobe tous les trois jours, le public passe une bonne soirée."
J'en profite pour signaler aussi le très réussi Sororité, sous la direction de la même autrice , paru en poche chez Points Seuil également.
Un recueil de textes aux autrices remarquables, chacune ayant leur point de vue sur ce concept remis en lumière.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : chloé delaume
03/09/2021
Fuki-no tô...en poche
"Nous travaillons en silence.Le soleil printanier réchauffe doucement notre dos. C'est un moment de tranquillité sereine et épanouissante."
Atsuko, mariée, deux enfants, gère avec succès sa petite ferme biologique et doit même embaucher une employée. Celle-ci se révèle être une ancienne amie du lycée. Cette dernière, Fukiko, est en train de divorcer, ne supportant plus de ne pas assumer son homosexualité .
Atsuko ,qui a connu une crise dans son couple, assumera-telle le trouble déjà éprouvé auprès de Fukiko quand elle était adolescente ou préfèrera-telle une vie plus conventionnelle ?
En 143 pages, avec beaucoup de délicatesse, mais avec une écriture qui semble souvent bien plate, Aki Shimazaki dépeint cette croisée des chemins à laquelle se tient son héroïne. Un sujet semblant encore tabou et qui ,elle nous l'indique au passage, entraîne encore des conséquences dramatiques.
Une lecture en demi-teintes.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : aki shimazaki
02/09/2021
Sans jamais atteindre le sommet...en poche
"La montagne me portait à l'essentiel."
"Je voulais voir si, quelque part sur terre, il existait encore une montagne intègre, la voir de mes yeux
avant qu’elle ne disparaisse. J’ai quitté les Alpes abandonnées et urbanisées et j’ai atterri dans le coin le plus reculé du Népal, un petit Tibet qui survit à l’ombre du grand, aujourd’hui perdu." Tel est l'objectif de l'auteur quand, accompagné de toute une expédition, nécessaire bien sûr, il part accompagné de deux amis et d'un récit de voyage, Le léopard des neiges.Bientôt, le récit de Matthiessen et celui de Conetti s'entremêlent, comme se tissent les références aux montagnes italiennes et locales, dont les modes de vie s’apparentent parfois.
L'écriture est toujours aussi belle, je n'ai cessé de souligner à tour de bras, mais l'émotion est moins présente, peut être parce qu'en arrière plan se lovait dans ma tête l'idée un peu gênante que mettre en branle toute une expédition pour un récit aussi court (176 pages) paraissait quelque peu disproportionné.
Traduit de l'italien par Anita Rochedy. Stock 2019
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans italiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paolo cognettti