04/01/2022
Legoûtdesgarçons #NetGalleyFrance !
"Nous avons reçu trop tôt un pouvoir dont nous ne mesurons pas l'ampleur, semblables en cela à ces jeunes monarques propulsés sur le trône à la mort du père. On les place sous tutelle pour éviter qu'il ne se brûlent le royaume en une seule nuit. Nous, nous sommes seules avec notre trésor. "
La narratrice , qui a treize ans, fréquente un lycée catholique d'une ville jamais nommée (mais qu'on devine être Beyrouth ) et, tout comme ses camarades de classe ,elle ne pense qu'à ça . Le sexe des garçons. "Nous en parlions sans honte: nous voulions d'un désir qui fasse perdre le contrôle." Elle et ses amies en parlent crûment, expérimentent, jaugent, se montrent parfois cruelles, même entre elles. Les amitiés se nouent, se dénouent au gré des fascinations et des intrigues. C'est tout un microcosme qui se montre à nous et que la narratrice analyse avec lucidité, "Il y a des bonnes et des mauvaises façons d'être une jeune fille" pointant les injonctions faites aux femmes en devenir : "Ce n'est que sur ces deux registres qu'il convient d'être une jeune fille. Réticente ou délicieuse. Jamais enflammée."
En lisant, que dis-je, en dévorant ce premier roman saturé de désir, saturé d'énergie, je n’ai pu m'empêcher de penser à une écrivaine aujourd’hui tombée dans l'oubli, mais qui avait fait une entrée fracassante en littérature , Muriel Cerf, en particulier à son roman Les rois et les voleurs.
La même vitalité, la même liberté, l'aisance dans l'écriture et la finesse de l'analyse de l'adolescence , voilà qui augure bien de l'avenir pour Joy Majdalani.
Grasset 2022
06:00 Publié dans romans étrangers, romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : joy majdalani
03/01/2022
Rose, de Botticelli à Christo
"Le bleu, l'or et le rose sont de même nature. " Yves Klein
Chair, rose poudré, cuisse de nymphe, incarnat, saumon, parme, vieux rose, bonbon ou fuchsia, le rose se décline en de multiples nuances pour mieux nous séduire.
D’abord considéré "comme inférieur, subordonné au rouge tout-puissant dont il ne serait qu' une pâle déclinaison" , il ne sera cité comme couleur à part entière qu'en 1837. Ceci ne l’empêche pas pour autant de devenir populaire dans la mode...masculine au XVII ème siècle comme le montre, entre autres, ce portrait d'Henri IV en Mars de Jacob Bunel que l'autrice étudie pour mieux en souligner l'aspect politique car le rose ici modère "l'intensité du rouge", le rend "diplomate".
Ce n'est qu'au XX ème siècle que le rose deviendra une couleur genrée dans la société de consommation.
Ceci étant, Rose balaie surtout un vaste panorama artistique, scindé en deux parties : les Incontournables et Les Inattendus, analysant de manière didactique et fort plaisante 40 œuvres, sans négliger l’aspect historique, géographique voire anecdotique. On se cultive de manière agréable et on prend un bon shot de roses qui donnent la pêche. Un livre à dévorer et à feuilleter tour à tour (car l'iconographie est superbe !) de quoi commencer l'année du bon pied.
Un ouvrage qui donne envie de découvrir les autres tomes de la collection !
Un grand merci à Babelio et aux Éditions Chêne.
06:00 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : hayley edwards-dujardin
01/01/2022
2022, tout ira mieux ! Ou pas ?
Que 2022 vous soit douce !
01:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (12)
29/12/2021
La maison où je suis mort autrefois...en poche
"C'est bien grâce à l'existence de cette maison que Sayaka avait appris la vérité. Elle savait maintenant qui elle était. Que ce soit une bonne ou une mauvaise chose, c'était difficile dire. "
C'est à un étrange séjour de deux jours dans une maison isolée que nous convie Keigo Higashino. Une maison où deux anciens amants se rendent pour éclaircir tout à la fois l'espèrent-ils le fait que la jeune femme, Sayaka, n'ait aucun souvenir de sa tendre enfance et peut-être aussi le fait qu'elle soit devenue, selon ses propres dires, une mère maltraitante pour sa fille.
La maison se révèlera être un dispositif temporel et mémoriel où les deux héros se livreront à une recherche à la fois intellectuelle et émotionnelle.
Si les thèmes de la mémoire, des secrets , sont omniprésents dans le roman , il y est aussi beaucoup question de la désinvolture (et de l’égoïsme) avec laquelle des adultes disposent des enfants.
Une première incursion pour moi dans l'univers de cet auteur et ce ne sera sans doute pas la dernière, tant j'ai apprécié l'atmosphère étrange et prenante de ce roman .
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : keigo higashino
28/12/2021
Poupée volée...en poche
"Tout ce qu'on fait et tout ce qu'on dit aux enfants dans le secret des maisons !"
Sur la plage, petit théâtre social, une famille élargie et bruyante semble fasciner la narratrice, Leda, universitaire en vacances studieuses. Une jeune femme, Nina, et sa fille, Elena, attirent tout particulièrement son attention, appliquées qu'elles sont à mettre en scène leur lien, la fillette reproduisant cette relation maternelle avec avec sa poupée.
Sur une impulsion, Leda vole le jouet, plongeant toute la famille dans l'effervescence.
Dans ce court roman, Elena Ferrante analyse avec acuité les liens mère-fille à différentes échelles et sans angélisme, n'hésitant pas à souligner toute leur ambivalence , voire leur cruauté. Elle souligne aussi les difficultés que rencontrent beaucoup de femmes du fait des injonctions sociales et/ou de difficultés psychologiques à assumer leur place de mère telle que souhaitée traditionnellement. Concilier travail épanouissant et maternité n'est pas évident et il sera toujours beaucoup plus pardonné aux hommes qu'aux femmes dans ce domaine semble dire l'autrice.
Pour autant, aucun manichéisme dans ce roman qui fait aussi la part belle aux personnages secondaires, observés et croqués avec maestria mais qui sait aussi conserver sa part de mystère et d’étrangeté. Une réussite !
Extrait de ma Pal quand j'ai appris son adaptation cinématographique (diffusé sur Netflix le 30 décembre).
Traduit de l'italien par Elsa Damien
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : elena ferrante
24/12/2021
Joyeux Noël...
...à toutes et à tous !
17:03 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (12)
18/12/2021
La terre est ronde comme un losange...en poche
" Exercice de chaos numéro 43 B : rien n'interdit de faire le ménage un mercredi soir..."
Andréa, psychologue attitrée des cosmonautes de la station spatiale a fort à faire entre son métier, sa fille fort agitée de cinq ans et sa volonté de tout maîtriser. Tout sauf sa vie sentimentale, au point mort depuis son divorce.
L'arrivée dans son immeuble d'un contrebassiste en plein déni de dépression changera-t-elle la donne ?
Je vous vois déjà hausser les épaules , mais non. Si Emmanuelle Urien s'empare des codes du roman sentimental, c'est pour mieux les dynamiter en nous réservant deux surprises magistrales et en revendiquant le droit à la différence. L'humour est aussi de la partie avec le personnage de la sœur du dépressif qui prend un malin plaisir à jouer avec les expressions toutes faites . Un roman qui se dévore d'une traite et s'offre même la présence de Thomas Pesquet en guest star, que demander de mieux ?
Eyrolles Poche 2021, 350 pages revigorantes.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : emmanuelle urien
02/12/2021
Les orageuses...en poche
"Comment ça, elles ripostent ? Comment ça, elle ne laissent pas couler ? Comment ça, elles s'approprient la violence ? "
A l'instar de l'héroïne de Dirty Week-end (roman anglais un peu tombé dans l'oubli, mais qui vient d'être réédité et que je recommande chaudement), Les Orageuses de Marcia Burnier, parce qu'elles ont été violées, décident de se venger ,mais de manière moins sanglante que l'héroïne de Helen Zahavi.
Autre différence, elles s'organisent en bande, se soutiennent et mettent donc en pratique une sororité qui les aide à apaiser le monstre en elle , à trouver une forme de paix, une forme de réparation, chacune à leur façon.
Si le style de Marcia Burnier est vigoureux, ses analyses sont pertinentes et nuancées, n'hésitant pas à présenter la peur des femmes en pleine action de vengeance, ce ne sont pas ni super women ni des va-t-en guerre, ou cette fameuse zone grise où la victime se demande si elle a bien été agressée sexuellement.
Leur corps est lui aussi présenté de manière puissante, tant dans la description de la déflagration subie que dans ses capacités physiques à se défendre, même si la société les avaient conditionnées à se croire faibles.
Quant aux hommes, mêmes les meilleurs amis ont une fâcheuse tendance à minimiser voire à oublier rapidement, même si dans un premier temps ils se montraient compatissants. Un premier roman nécessaire et percutant. t zou, sur l'étagère des indispensables.
Cambourakis poche 2021
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, le bon plan de fin de semaine, romans français, romans suisses | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : marcia burnier
01/12/2021
La voyageuse de nuit...en poche
"La jeunesse a pris valeur de modèle pour l'existence entière, reléguant ainsi les âges de la vieillesse non à l’idée d'accomplissement mais à celle de surplus, de rebut, voire de non-sens."
Convoquant les créateurs , mais aussi son expérience personnelle, Laure Adler, soixante-dix ans , nous invite à flâner au pays de la vieillesse, plaidant pour une intégration des générations et non une relégation des personnes âgées, comme c'est actuellement le cas.
Se plaçant dans la lignée des écrits de Simone de Beauvoir, l'animatrice de L’Heure Bleue analyse avec finesse l'arrivée de cet âge de la vie qu'on ne sait vraiment délimiter soi-même mais qui se révèle fort désagréable à première vue. Tout l'art de l'essayiste est de nous convaincre du contraire, utilisant les exemples (entre autres) de Duras, Louise Bourgeois ou Matisse qui ont su exploiter au mieux l'expérience acquise au sein de leur art.
Dans une société vieillissante, une réflexion nécessaire pour des lecteurs de tous âges
06:00 Publié dans Essai, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : laure adler
30/11/2021
#Unejupetropcourte #NetGalleyFrance !
"Tous les jours il me frôle
sa main par inadvertance
me tapote comme une brave vache"
Rien de plus frustrant que de rester extérieure à un livre qui avait pourtant tout pour me plaire: une autrice dont je faisais enfin la découverte, des thèmes liés aux problématiques des femmes , la forme même du texte, poétique, ne me faisait pas peur loin s'en faut.
Peut être m'attendais-je à une langue plus travaillée ...Bref, c'était un rendez-vous raté.
Points Seuil 2021, traduit du finnois par Sébastien Cagnoli.
03:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, Poésie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : sofi oksanen