16/07/2008
"Je saute du car comme un bouchon de champagne."
D'abord, couper les pages.Prendre son temps pour ne pas abîmer le papier lisse et doux.Prendre son temps pour découvrir ces "photographies de vie" comme les appelle joliment l'auteure dans sa dédicace.
Est-ce la même narratrice qui court de texte en texte,sont-elles multiples ou démultipliées comme les images d'un kaleïdoscope ? L'enfance en tout cas est au coeur de ces textes qui disent le quotidien, un quotidien charnel et sensible: "...voir leurs regards s'attarder sur mon pantalon bon marché, puis glisser sur moi comme sur une page vide."
Antigone, car c'est elle, met en lumière ces instants de vie , passés ou présents avec un charme tout particulier qui fait qu' aussitôt la première lecture finie,trop goulue, de Un jour, je serai grande ! ,nous n'avons qu'une envie : recommencer. Et cette fois savourer...
PS: Nous n'allons pas lui mettre la pression mais son texte "Si je devais...
écrire un roman, je commencerais par fermer les yeux un moment."
nous espérons qu'il lui donnera des idées...Ferme les yeux Antigone pour mieux ouvrir les notres.
16 pages précieuses à glisser contre son coeur, parues au Editions du petit véhicule.
Désolée, je n'ai pas retrouvé les billets d'Anne et Bellesahi :(
L'avis de Florinette
06:07 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (10)
15/07/2008
"Les balances à crabes orange devant la maison. La rangée de goélands argentés."
Moïra,"Dure comme un galet", "dure, obstinée" tente de tisser un lien avec sa soeur cadette dans le coma suite à une chute inexpliquée.
"Amy,c'est moi qui te parle,je veux que tu le saches. Ce ne sont pas des mots pris dans des livres,, ou des magazines. C'est moi qui les dis, moi qui me suis toujours si rarement exprimée par des mots, les mêmes que tout le monde mais par des nombres, par des symboles, des marques sur la peau. [...] Mais ces mots , ils sont aussi dans ma tête. c'est la voix de mon esprit, qui ne se tait jamais, et ce sont mes pensées: vives, miroitantes comme des écailles de maquereau. Elles surgissent par éclairs dans mon cerveau pendant que je marche, ou que je lis. Que je plante des jacinthes,agenouillée dans l'herbe de la pelouse. Que je ferme els fenêtres de cette chambre quand je sens venir la pluie."
Moïra remonte le cours du temps, petit à petit les pièces du puzzle s'emboîtent et l'on comprend pourquoi la narratrice ,toute sa vie s'est "tenue à la frontière" de l'amour, de l'amitié, de la vie.
Une voix mesurée, calme et dense qui se fraie un chemin en nous. Un style imagé, dont on pourrait quasiment extraire des haïkus, charnel et placé sous le signe de l'eau. Une vraie et belle découverte. Un livre magique.
Avis de tempête Susan Fletcher 444 pages.
06:03 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15)
14/07/2008
Je vous le fais "ancien combattant" de l'écriture.
Couvert de prix et de louanges, doté d'une construction "diabolique", Garden of love de Marcus Malte m'a, dans un premier temps mise mal à l'aise par son incipit (début) où la violence des hommes semble toujours sur le point de l'emporter sur la seule et unique femme qui les tient en respect par la force de son regard.
J'ai certes admiré la construction du roman, mise en abîme, jeux de miroirs etc mais tout cela m'a semblé bien artificiel. Quant aux personnages, j'en ai soupé des flics à la dérive, pour qui la frontière entre flic et voyou est de plus en plus floue, le tout avec une bonne dose d'auto-complaisance dans la déchéance.
Alors, non, désolée, j'ai eu beau retourner le problème dans tous les sens, vouloir sauver quelque chose de cette lecture, mais rien, aucun passage, aucune phrase n'a retenu mon attention.
Merci à Amanda pour le prêt.
L'avis de Florinette qui vous mènera chez beaucoup de ceux qui ont aimé.
06:03 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (21)
13/07/2008
Petits rappels en passant...
Est sorti en poche : La maison du retour de Jean-Paul Kauffman. Voici ce que j'écrivais à sa sortie :
Le livre de Jean-Paul Kauffmann ,la maison du retour, s'inscrit dans la
série de livres consacrés aux maisons à laquelle ont déjà participé
Catherine Clément, Philippe Delerm, Didier Decoin.
Il s'agit pas ici d'une maison familiale mais d'une maison "sas de
décompression" entre une captivité de plusieurs années et un retour à
une vie "normale " ou du moins pacifiée.
Perdue au milieu des pins,cette maison est abîmée tant par son
abandon de plusieurs années que par son lourd passé: elle a abrité
durant la seconde guerre mondiale un bordel destiné aux officiers
allemands. C'est pourtant elle qui sera choisie et sa rénovation par
deux artisans quasi muets mais surprenants accompagnera la
reconstruction de Kauffmann.
L'auteur évoque très peu sa détention sauf pour souligner
l'importance qu'avait prise là-bas la lecture mais paradoxalement,de
retour en France cette boulimie a disparu et dorénavant il semble leur
préférer les arbres, à la fois enracinés et tendus vers le ciel...Des
arbres aux livres et réciproquement...
De très belles pages,un récit émouvant mais non dénué d'humour
(voir le portrait de ses voisins), un des livres que j'ai préféré cet
été.
ci vous trouverez les liens d'autres blogueurs qui en parlent.
En poche aussi : la disparition de Richard Taylor.
06:20 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (14)
12/07/2008
Entre deux averses ...
Quelques photos et un grand merci à Florinette ! Des marque-page tout à fait appropriés avec ces oiseaux et ces phares pour mes lectures actuelles!
06:11 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (10)
11/07/2008
"Sous le signe de la nature"
Envie d'une petite balade à Toulouse? alors suivons les traces Félix Dutrey , un flic pas comme les autres , tour à tour sombre et plein d'humour, entouré par une belle bande de frappadingues qui pratiquent leur métier avec une once de dérision pour ne pas se laisser bouffer par la cruauté d'un monde où on peut tuer à cause d'un pot de moutarde, un monde où les animaux et les plantes ont de moins en moins de place.
Le cycle de Félix Dutrey est en effet placé par Pascal Dessaint sous le signe de la nature car l'auteur est très concerné par les problèmes environnementaux. Très présents dans le roman polyphonique Mourir n'est pas la pire des choses, ils le sont un peu moins dans les deux suivants :Loin des humains, au rythme plus lent mais qui creuse davantage la psychologie des personnages et les liens qui les lient. On les retrouve enfin dans Tu ne verras plus où la mort d'un taxidermiste nous entraînera dans un drôle d'univers où l'on trouve des poissons sous les jupes des touristes.
Dessaint évoque également au passage les dégâts causés par la catastrophe AZF car à se préoccuper des problèmes de la nature on ne peut pour autant pas faire abstraction de ceux des hommes, leur destin étant liés.
Une belle promenade en compagnie d'un petit Paul mangeur de fleurs.
le site de l'auteur
06:02 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (12)
10/07/2008
"Quand on n'attend plus, on meurt."
La Hague. La narratrice, employée par le Centre ornithologique, est venue y compter les oiseaux et petit à petit , elle s'est fondue dans le paysage, se faisant accepter par les habitants de cette région âpre et belle à la fois.
L'arrivée de Lambert va réveiller "la meute des fantômes " et mettre à mal "Les questions, les réponses, ce complexe tricotage de mensonges et de vérités. Les choses dites en décalé, celles dites seulement en partie et celles qui ne le seront jamais. Toutes les teintes du contre-jour."
Pas de certitudes donc dans ce roman de l'entre-deux, entre ciel et mer, dans ce moment que l'on se donne "entre bientôt et maintenant", dans cet endroit où arbres et vieux et se confondent...
Claudie Gallay dans Les déferlantes nous peint le portrait de deux solitudes, de deux êtres en déséquilibres : Lambert qui veut des certitudes et la narratrice qui est taraudée par le vide,"J'ai serré les poings. Comprendre quoi ? Qu'un jour on se réveille et qu'on ne pleure plus ? Combien de nuits j'ai passées, les dents dans l'oreiller,je voulais retrouver les larmes, la douleur,je voulais continuer à geindre. Je préférais ça. j'ai eu envie de mourir, après, quand la douleur m'a envahi le corps, j'étais devenue un manque,un amas de nuits blanches, voilà ce que j'étais, un estomac qui se vomit, j'ai cru en crever, mais quand la douleur s'est estompée, j'ai connu autre chose.
Et c'était pas mieux.
C'était le vide."
ce creux au coeur des statues de Raphaël, qui depuis dix ans," cherche à sculpter le désir ".
Claudie Gallay, elle, dans un paysage traversé parle fantôme de Prévert, sculpte le manque avec des mots âpres et denses, sculpte l'espace des phrases.
Une remontée vers la lumière, non pas fulgurante, mais pas à pas , où les personnages marchent tous vers leur destin,s'extraient ou non de la gangue de pierre qui les emprisonne, apprennent ou non à marcher à deux. "Les Indiens Hopi disent qu'il suffit de toucher une pierre dans le cours d'une rivière pour que toute la vie de la rivière en soit changée.
Il suffit d'une rencontre."
Un livre qui peut changer le cours de notre vie ? En tout cas un livre précieux et nécessaire.
Encore plus réussi que celui-ci.
L'ayant emprunté à la médiathèque, j'attendrai sagement sa sortie en poche pour le relire.
L'avis de Marie
06:03 | Lien permanent | Commentaires (29)
09/07/2008
Des maisons et des secrets
Sur la côte normande, des maisons menacées par la mer, des secrets qui se révèlent de manière impressionniste, des morts qui jalonnent l'histoire, tout cela forme la trame du roman au titre ironique de Julie Wolkenstein, Happy End, placé sous l'égide de Virginia Woolf (et de sa promenade au phare ? ).
Roman polyphonique à l'écriture très belle , où j'ai trouvé des pépites mais où je me suis aussi un peu perdue dans le dédale des histoires...Peut être n'étais-je pas suffisamment attentive.
L'avis de Mous qui m'avait donné envie de lire ce roman (j'ai flashé sur le même passage qu'elle)
L'avis de Laure et Clarabel
06:02 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (16)
08/07/2008
Bienvenue à Cons-sur-Lombe !
Ah, Cons-sur-Lombe, riante petite ville dotée d'un maire soucieux du bien-être de ses administrés et mené par le bout du nez par une épouse qui pâlit et saigne à volonté et dont la seule rivale (littéraire) est la Dame aux Camélias. Cons-sur-Lombe qui possède "ses" pauvres, les Capouilles, couple crasseux (pour mieux protéger ses secrets )et dont la population toute entière va vouloir faire le bonheur en leur fournissant La belle maison...
J'ai bien ri à ses descriptions de personnages qu'on croirait échappés de la pièce de Jules Romains, Knock,dont l'hystérie se retrouve dans le style de Franz Bartelt qui manie avec humour le style ampoulé de certains édiles et laisse gambader en toute liberté les énumérations, gradations (termes d'intensité croissante) et autres hyperboles (exagérations volontaires), baudruches gonflées de toute la vanité de ces bien-pensants qui veulent se donner le spectacle de leur propre vertu. En contre-point, le secret des Capouilles prend toute sa valeur et sa gravité. Une petite merveille! Et je vais de ce pas poursuivre ma découverte de cet auteur car Le bar des habitudes est dans ma PAL !
Un grand merci à Val qui fait voyager ce livre !
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (17)
07/07/2008
2 ans et 700ème billet!
Deux ans que je délie ma langue et que je sévis sur internet ! De belles rencontres (virtuelles) des enveloppes rebondies et plein de vaches qui gambadent dans ma BAL (ça change agréablement de tous les boeufs que je dois mettre sur ma langue dans le cadre du boulot!)! Un grand merci à tous les visiteurs anonymes ou pas ! Et pour fêter ça quelques images de vaches : "la machine à bouses" (rhooo !) un envoi de Cuné,la vache footballeuse de Marie Claire,un image très tendre envoyée par Cathsotte. Merci les filles !
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (37)