09/09/2008
Bande de vieilles taupes
"Vestiaire de rugby",ring de boxe ? Non , Cabine commune d'essayage dans une boutique de luxe.
Sous forme de dialogues enlevés, sans une ligne de description, Delphine Bertholon réussit le pari de croquer sur le vif, les clientes (ou clients) et le personnel de ce magasin de vêtements féminins.
De bizarres tribus s'y croisent le temps d'un essayage: "Celle-qui-veut-tout-pareil-que-la- voisine", les "Princesses", celles qui ont un problème avec leur corps : elles vont perdre deux kilos, elles n'ont jamais mis de 40 de leur vie... Elles mettent les nerfs des vendeuses à rude épreuve , vendeuses qui prédisent que "Bientôt les meurtres en boutique par des vendeurs excédés vont se généraliser(...) Un mal nécessaire, quoi !".
Unité de temps, une semaine, unité de lieu, la cabine, ce cadre bien précis donne toute leur force à ces mini-drames qui se donnent à voir.
Beaucoup d'humour (et de patience) sont nécessaire au personnel du magasin pour faire face à ces clientes , telle celle-ci qui affirme tout de go:"-Le mohair ça grattouille l'angora ça peluche la soie c'est fragile le cachemire ça fait des bourres et le mérinos ça rétrécit.
- Vous êtes sûre que vous voulez de la laine? ".
Néanmoins ces cabines ont un avantage pour certaines: "Je ne viens pas pour acheter. mais voir tous ces corps défraîchis à côté du mien, ça me remonte le moral ! Vos cabines communes, c'est ma cure de jouvence!". On peut quasiment en dire autant du roman de Delphine Bertholon : on en sort le sourire aux lèvres, toute ragaillardie !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : femmes, humour, delphine bertholon, cabine commune
08/09/2008
livre-aspirine ou livre= aspirine ?
Paru chez Héloïse d'ormesson, le dernier livre en date de Lucia Etxebarria n'est pourtant pas un roman. La 4 ème de couv' nous informe que l'auteure "nous confie ses recettes du bonheur" et "nous explique tout simplement comment ne plus souffrir-inutilement-par amour."Rien que ça.
L'entreprise est de taille et un test préliminaire s'avère nécessaire. L'interprétation des résultats est pleine d'humour mais aboutit -évidemment dans trois cas sur quatre, à nous inciter à lire Je ne souffrirai plus par amour. Le 4 ème cas nous conseille : "Fais-toi faire un examen cytogénétique. Il se peut que tu ne sois pas humaine à 100%."
La bibliographie de sept pages serrées de références sur la dépendance émotionnelle garantit le sérieux de l'ouvrage. Lucia a bien potassé la question et nous épargnera ainsi des heures de lecture. Las! arrivée avec peine à la page 50,eje n'avais rien gagné ,juste un mal de tête lancinant. Les robots souffriraient-ils de céphalée ?
06:05 Publié dans je ne regrette pas de les avoir juste empruntés | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : amour, souffrance, dépendance émotionnelle, lucia etxebarria, je ne souffrirai plus par amour
07/09/2008
Rébus
06:12 Publié dans la galerie des vaches | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : vaches
06/09/2008
Dix mille bombes
"Les bombes pleuvaient. Les guerriers se battaient, nos ordures s'entassaient au coin des rues. Chats et chiens , gavés, grossissaient de jour en jour. Les riches en partance pour la France lâchaient leurs bêtes dans la jungle urbaine : toutous orphelins, bichons de luxe dressés à être propres, bassets portant prénoms français et noeud papillon rouge, caniches frisés au pedigree impeccable, cabots chinois ou génétiquement modifoés, clébards incestueux agglutinés en bandes qui couraient les rues par dizaines, unis sous le commandement d'un bâtard charismatique à trois pattes. La meute de chiens la plus chère du monde errait dans Beyrouth, courait sur la terre, hurlait à la lune énorme et dévorait des montagne de déchets à tous les coins de rue." Le décor est planté : Beyrouth durant la guerre du Liban, début des années 80, une ville d 'apocalypse où on tire en l'air pour se frayer un passage dans les rues ou se faire une place à la station-service.
Dans cette ville en ruines mais toujours palpitante de vie deux amis, comme deux frères: Bassam qui rêve de partir à l'étranger et Georges qui lui se sent attiré par la milice chrétienne et sa violence.
Une fraude dans un casino aux mains de ce groupe armé va précipiter les événements et décider du destin des deux garçons...
Rawi Hage, avec De Niro's game, titre faisant allusion au jeu de la roulette russe dans Voyage au bout de l'enfer nous livre un premier roman saisissant. Une plongée dans un monde où régne la violence , violence dans laquelle certains se vautrent mais que le narrateur, Bassam, utilise avec un certain détachement, outil nécessaire pour sauver sa peau. Bassam ne pose pas des mots sur ses sentiments juste des actes. Il ne joue pas au héros, il veut juste s'en sortir et ,quand la situation devient insupportable , il se raccroche aux mots et à des visions oniriques et poétiques, de longs flots inspirés qui charrient la boue et les étoiles. Cette opposition donne encore plus de force à des scènes qui sans quoi pourraient être insoutenables, comme la séance de torture qu'il subit. Le récit quant à lui est très structuré et culmine dans une séance d'explication finale qui éclaire d'un jour nouveau tout le roman. Un style inspiré et puissant qui m'a fait apprécier ce qui n'est pas d'ordinaire ma tasse de thé.
Merci à Violaine de Chez les filles et aux éditions Denoël pour cette découverte.
07:50 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : de niro's game, raxi hage, beyrouth, liban
05/09/2008
séance de rattrapage
06:03 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : littérature anglaise, femmes, rachel cusk, arlington park
04/09/2008
"Qu'ont-ils fait de toi, ma petite pierre ? "
"Pour vous" est l'agence qu'a créée Delphine, agence discrète destinée à satisfaire les demandes les plus bizarroïdes en matière de relations humaines. Scandé par les rapports circonstanciés et les tarifs de ses prestations, la narratrice, créatrice et directrice de ces prestations de services , égrène les récits de ses interventions, nous raconte ses débuts quasi involontaires ainsi que son évolution- bien involontaire- au contact d'un client tout à fait particulier qui lui ouvrira, peut être, enfin, le chemin de la compassion.
D'emblée, le premier chapitre nous plonge dans un atmosphère opressante quand nous découvrons jusqu' où Delphine est allée et ce sans le moindre état d'âme. Pas question ici d'empathie ou d 'altruisme. Tout est question de tarifs. Les demandes des clients : "Il n'est rien dont nous ne fassions commerce, la vie, l'amour, la mort."- sont dérangeantes à plus d'un titre. Comment peut-on se sentir si seuls et demander à une étrangère de mimer des sentiments ? Comment peut-on accepter de telles demandes ? Je ne vous les détaillerai pas , vous laissant le soin de les découvrir avec peut être le même sentiment d'angoisse que celui que 'jai éprouvé. Certes, Delphine va évoluer mais on peut se demander si elle n'a pas vraiment loupé le coche en chossissant de se calfeutrer dans une telle carapace, bien à l'abri des sentiments, cette absence étant "l'âme et la colonne vertébrale de Pour vous." Un jour Delphine va ouvrir ce qu'elle appelle elle-même, la boîte de Pandore,boîte qui rappelons-le contenait les malheurs et les maladies. Seule était restée l'espérance...
Un roman dérangeant où l'on retrouve l'écriture souple et délicate de Dominique Mainard. Un roman qui nous invite à une réflexion sur notre société et sur les rapports humains, nous offrant au passage une galerie de personnages plus vrais que nature.
06:06 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : ouverture à la vie, relations humaines, dominique mainard, pour vous
03/09/2008
"C'est la vie qui vous tombe dessus."
Un enfant et son père , sans oublier le chien, crapahutent dans les gorges.Il ne se passe presque rien, sauf la vie qui passe, les senteurs, la lumière, les sensations : "Je n'ai jamais autant savouré cette chaleur." Puis tout s'accélère, Tom va devenir grand frère un peu plus tôt que prévu...Mais le père et le fils vont partir à la rencontre du nouvel enfant "D'un drôle de pas qui prenait son temps."
Hanno qui nous dit la présentation "Ne mange pas de cerises en novembre. Et dès l'automne, il n'est plus question de tomates. Les tomates, c'est l'été. Ou alors en bocaux. Quand on sait ça, on est à moitié paré pour la vie. On empile sur l'étagère des bocaux de mots pour passer l'hiver." ne pouvait que m'être sympathique. Quant à son livre, Sur le bout des doigts, imprimé ""à tâtons" pour le compte des Editions Thierry Magnier, il faut absolument le mettre sur nos étagères pour passer l'hiver avec des phrases telles que celles-ci : "Chaque jour est une naissance.Pour chacun.Des fois on a des yeux, des fois on n'en n'a pas. Parfois c'est les mains qu'on n'a pas, d'autres fois, le coeur qu'on a en pierre." Un livre à glisser dans la poche et à chérir.
L'avis de Bellesahi que je remercie pour la découverte.
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : enfance, sens, sur le bout des doigts, hanno
02/09/2008
"C'est une maison dont l'aspect change selon nos besoins."
Cette maison, c'est La maison des temps rompus. Une maison comme un havre . Pour s'y blottir, s'y reconstruire. Voici ce que nous découvrons dans la première partie du roman de Pascale Quiviger. Puis, alors que nous étions confortablement lovés dans cette villa de bord de mer, nous embarquons brusquement dans d'autres récits qui vont patiemment tisser des liens entre passé et présent, réel et imaginaire. La maison va se peupler de voix féminines. Des femmes qui s'aiment d'amour ou d'amitié , qui sont traversées par le flux de la vie et celui de la mort.
"J'écris pour mes femmes aimées, celles qui participent sans bruit à la transmission de menus savoirs à propos du courage et de la lenteur des nuits, de l'étroitesse des jours, de leur lumière. Elles sont présentes ou absentes de la même manière, celle de l'eau, du lait ou de la chouette, celle des horloges. Chacune existe dans un corps temporel où peut se glisser la naissance ou la mort qu'elle contient."
Une écriture au plus près des sensations, qui parfois m'a rappelée celle de Chantal Chawaf par sa poésie et sa densité. Un livre qui reste longtemps en mémoire.
Merci à Cuné pour l'envoi.
L'avis de Clarabel , celui de Joëlle.
Pas de photo de la couv' ,vraiment trop moche, ce qui est un scandale !
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : maison, femmes
01/09/2008
Ah mais lis, mais lis vite !
Mélie, soixante-douze ans reçoit pour la première fois pour toutes les vacances sa petite-fille, Clara, clarinette, qui va entrer en Cm2 à la rentrée. En même temps, la vieille dame apprend qu'elle a un souci de santé mais décide de ne pas approfondir pour l'instant et n'ouvre pas l'enveloppe contenant le résultat de ses analyses, bien décidée à profiter de ses vacances au maximum...
Et les vacances seront effectivement inoubliables pour tout le petit monde heut en couleurs qui gravite autour de Mélie, mamie gentiment indigne mais pleine d'amour , non seulement pour sa lignée mais aussi pour un vieux bonhomme qui répare tout ce qu'elle détraque sciemmnt dans sa maison...
Ce livre sent bon les confitures de prunes, l'amour sans mièvrerie sous toutes ses formes , évoqué avec beaucoup de délicatesse et avec tout l'humour et la verve déjà rencontrés dans Allumer le chat*.
Barbara Constantine aurait pu éviter quelques facilités (faire parler des meubles ) mais bon, on lui pardonne car A Mélie, sans mélo est un roman qui donne le sourire, un roman où l'on prend le temps d'observer les bambous pousser ou une araignée tisser sa toile, de quoi prolonger joliment nos vacances !
* annoncé en poche.
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : humour, tendresse, vacances, à melie sans mélo, barbara constantine
30/08/2008
Qui a deux maisons perd la raison
Entre Deauville et Trouville, tout un échantillon d'humanité, locaux et parisiens venus tenter de profiter de leur Résidence secondaire, s'ébattent sous l'oeil plein de malice de l'auteure, Isabelle Motrot.
Le lecteur jubile en lisant ce roman qui ne se contente pas d'enchaîner les saynètes mais se dote d'une intrigue fertile en rebondissements. "Bobos,écolos, aristos ou prolos", tous en prennent gentiment pour leur grade car on sent une grande tendresse de l'auteure pour ces personnages jamais caricaturaux mais dotés d'une psychologie bien nuancée. On appréciera tout particulièrement l'entrepeneur qui manie comme un homme politique la langue de bois quand ça l'arrange mais utilise à bon escient les expressions "clés" pour manipuler à l'envi ces parisiens avides d'authenticité pour mieux épater leurs amis. J'ai tout particulièrement apprécié les mails de Françoise, experte dans l'art de rabisser mine de rien la propriété de ses "amis" .
Une résidence secondaire c'est "une comptine sans fin avec des factures en guise de refrain"mais comme le dit si bien Catherine dans le roman : "Je plains les cocues qui n'ont pas de résidence secondaire (...), ça doit être terriblement déprimant."
Un roman frais et pétillant , plein de citations potentielles, à consommer sans modération !
ps: comme par hasard, Dame Cuné, on va fait ses courses à Deauville ou Trouville mais on prend l'apéro au grand Hôtel de Cabourg...
pps: est sorti en poche (j'ai lu) avec une plus jolie couverture...
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : résidence secondaire, détente, isabelle motrot