05/08/2022
La panthère des neiges...en poche (et hors de ma Pal)
"On pouvait s'échiner à explorer le monde et passer à côté du vivant."
Quand Sylvain Tesson est invité par le photographe animalier Vincent Munier pour aller au Tibet , dans l'espoir de photographier la mythique panthère des neiges, l'arpenteur de la planète va devoir apprendre le calme et l'immobilité.
Cette expérience va ainsi lui faire réviser ses valeurs et le cheminement au sein de contrées va se doubler d'un cheminement intérieur vers l'apaisement : "Attendre était une prière. Quelque chose venait. Et si rien ne venait; c'était que nous n'avions pas su regarder. "
Entrecoupé de réflexions sur la mort de sa mère et la séparation d'avec une femme , Sylvain tesson se montre ici plus vulnérable, moi fanfaron, et quand il se laisse aller à des interprétations erronées concernant le comportement des animaux animaux, laisse Vincent Munier rectifier ses erreurs sans broncher.
Un texte court mais marquant qui m'a donné envie de visionner le documentaire portant le même titre.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, Récit | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : sylvain tesson
04/08/2022
Les oubliés de Londres...en poche
"Le système était devenu trop immense à combattre. Il n'octroyait plus aux petites gens leurs quotas de petites victoires, parce que la moindre des concessions risquait désormais de les amener à croire qu'ils méritaient mieux, et que cette croyance était bien trop dangereuse pour qu'on la laisse prospérer. "
La spéculation immobilière qui sévit à Londres ne laisse pas de répit aux gens aux revenus modestes contraints quitter leur immeuble, voué à la démolition, pour céder la place à des appartements hors de prix qui ne seront peut être même pas occupés.
Certains résistent quand même et parmi eux, Molly,la soixantaine, photographe aguerrie de la lutte sociale et Hella, la trentaine, doctorante en sciences politiques et militante de gauche que Molly a prise sous son aile.
Quand le roman commence, les deux femmes sont en train de jeter le cadavre d'un homme dans la cage d'un immeuble qui sera bientôt rasé. L'identité de ce cadavre pose problème mais il semble bien lié au passé d'Hella , un passé pour le moins ambigu.
Alternant les points de vue et les époques, sans jamais pour autant que nous perdions le fil, le récit conserve son intensité et ses retournements de situations) jusqu'à la fin. Quant aux personnages, ils ont de multiples facettes et sont dépeints avec une grande véracité, Londres étant ici un personnage à part entière. Une grande réussite pour ce troisième roman d'Eva Dolan.
Traduit de l’anglais par Lise Garond .
Éditions Liana Levi 2020. Points Seuil 2021.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : eva dolan
02/08/2022
La couvée
Un jeune couple s'installe dans une petite ville tranquille du Minnesotta. Avec eux, quatre poules qui vont devoir affronter l'inexpérience de leurs propriétaires , les aléas climatiques et les prédateurs. La narratrice est femme de ménage et son époux en attente du résultat d'un entretien d'embauche pour un poste dans une université d'un autre État. Ils ont aussi le projet d'un enfant.
La quatrième de couverture et la citation du New York Times promettaient un roman plein d'humour. Pour ma part, j'ai trouvé ce roman déprimant au possible et laissant en plan le lecteur quant aux problématiques posées. Seul le destin des poules est connu et ce n'est pas folichon, loin s'en faut. Une déception.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Violaine Huisman, Éditions Dalva 2022
10:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : jackie polzin, schtroumpf grognon le retour
07/07/2022
Un blog, ça existe encore ?
Insta et autres réseaux sociaux ont , paraît-il, relégué les blogs aux oubliettes. Alors, même si j'ai parfois souvent l'impression d'être une dinosaure, cahin-caha, vaille que vaille, au gré de mes envies et de mon énergie, ce blog palpite encore un eu au bout de ...16 ans.
Merci à toutes et tous pour votre fidélité. Je vous embrasse.
07:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (23)
06/07/2022
Courir avec Lucy
"aller de l'avant m'est une orientation majeure un tropisme permanent et puis quand Lucy vient à mes côtés tout ce qui vient me visiter me presse me prend de vitesse j'aborde la matière autrement vrombissement des atomes bousculade des électrons d'une séance de course à pied je ne reviens jamais bredouille pensées frétillantes petits poissons d'argent sur les rives de l'Aa la pêche est bonne tout l'an"
Quel bonheur de rencontrer une écriture, riche, foisonnante, et néanmoins cadrée par les cinquante deux séances correspondant aux séances hebdomadaires de course de la poétesse. Une écriture en prose non ponctuée, mais qui ne pose aucune difficulté de lecture, chacun.e trouvant son rythme, comme lors d'une pratique sportive.
Et cette idée de l'apparition de Lucy aux côtés de la coureuse, Lucy baptisée ainsi par Yves Coppens et dont la découverte avait marqué l'enfance de Florence saint-Roch ! L'australopithèque dont "l'invincible élan porte haut les femmes depuis la nuit des temps" et dont la mention fera même déguerpir un "don Juan à la sauce décathlon", car les tonalités varient au fil du texte, la présence de Lucy galvanisant l'autrice, la faisant autant réfléchir sur sa pratique plus amicale que sportive, son écriture, mais convoquant aussi des problèmes qui traversent les époques comme celui des migrants.
J'ai d'abord dévoré ce texte, déniché par hasard, puis relu plus posément et dorénavant je l'ouvre régulièrement pour le laisser infuser. Et zou, sur l'étagère des indispensables.
Éditions Invenit 2022
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : florence saint-roch
05/07/2022
L'Odyssée de Pénélope...en poche
"Je n'ai rien laissé paraître, de crainte de mettre sa vie en péril. Sans compter que la femme d'un homme qui tire une grande fierté de ses aptitudes au déguisement ne doit pas faire la bêtise de le reconnaître: en effet, il est toujours imprudent de s'interposer entre un homme et l'idée qu'il se fait de sa propre intelligence. "
Imaginez: Pénélope, personnage secondaire chez Homère, prend la parole pour nous donner sa version de l’histoire, mais elle le fait de nos jours et des Enfers où elle côtoie sa pire ennemie, la fielleuse,coquette et trop belle Hélène, à l'origine de la guerre de Troie.
Ce décalage temporel nous donne des passages fort drôles comme celui où la narratrice décrit, sans jamais le nommer ,un édifice et la pratique contemporaine que nous en avons : un musée.
Mais bien sûr, le plus important est le portrait, très nuancé, que nous brosse Margaret Atwood de cette héroïne qui n'est au départ qu'une très jeune femme, peu au fait de la vie, mais qui, suivant les conseils de sa mère, parviendra à s'adapter avec plus ou moins de bonheur à toutes les situations.
Ce n'est pas la première fois qu'Ulysse est montré comme un menteur invétéré dont les aventures sont certainement plus prosaïques et moins glorieuses que celles chantées par Homère , mais Atwood prend beaucoup de plaisir à éclairer , avec efficacité , de nombreux points laissés dans l'ombre et le récit, scandé par le chœur des servantes sacrifiées, prend une dimension symbolique convaincante. Un récit caustique et plein d'humour qui rend Pénélope très proche de nous , sans jamais l'idéaliser. Une grande réussite !
Traduit de l’anglais (canada) par Lori Saint-Martin et Paul Gagné.
Préface de Christophe Ono-dit-Biot. Robert Laffont Pavillons Poche 2022
05:55 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : margaret atwood
04/07/2022
Montaigne, Kant et mon chien
"Ma chienne m'a appris plus que tous mes livres de philosophie réunis. j'ai grandi à son contact, je me suis décentrée de moi-même, et j'ai surtout vu la vie autrement. "
D'abord musicienne, l'autrice est ensuite devenue professeure de philosophie, passant aussi d'un continent à un autre. C'est donc en convoquant Montaigne, Kant, mais aussi Sartre, Freud ou Pascal (et bien d'autres) qu'elle envisage sa relation avec sa chienne Comédie, adoptée en Amérique du Sud et ramenée en France.
Une vie riche d’enseignements pratiques, aspect qu'elle souligne particulièrement en conclusion de son ouvrage.
Ne craignez pourtant pas d'ouvrir ce livre car Audrey Jougla, suivant les enseignements de sa chienne, fait la part belle à la pratique, aux anecdotes , parfois drôles, parfois émouvantes et n'utilise pas de jargon rébarbatif. Un ouvrage qui plaira à tous les amoureux des chiens et nous les fera considérer sous un nouvel angle.
Éditions Delachaux et Niestlé. 2022
06:00 Publié dans Philosophie, Récit de vie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : audrey jougla
21/06/2022
#Assemblées #NetGalleyFrance !
Trois femmes gravitent autour d 'Antoine Olin, député charismatique de la majorité qui se rêve ministre : son épouse d'abord, Estelle, sa dernière maîtresse en date, Jeanne et celle qui rêve de le devenir, Lila.
C'est donc dans les coulisses de l'Assemblée Nationale, que Clémentine Autain nous invite à voir évoluer ses personnages, qu'ils soient assistant. e. s parlementaires ou militant.e.s. Séduction mais aussi harcèlement sexuel sont les thématiques fondamentales de ce roman , souvent par trop démonstratif, au style appliqué et dont les personnages manquent singulièrement de chair. On suit sans déplaisir, mais sans réel intérêt, l'évolution de ces trois femmes dans ce roman léger où je me suis toujours sentie mise à distance.
Grasset 2022.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : clémentine autain
16/06/2022
On était des poissons...en poche
"Quand on est jeune, on apprend vite, il faut garder le rythme, il faut que je devienne aussi folle qu'elle. "
Embarquée par sa mère, Alice, sur la Côte d'Azur alors que l'année scolaire n'est pas terminée, Agathe, onze ans, est déjà sur le qui vive. Dès lors, elle scrute avec une extrême attention le visage maternel, prompte à décrypter les changements d'humeur de cette dernière et à s'y adapter. Car elle l'aime sa mère qui lui fait vivre des montagnes russes émotionnelles depuis que le père de a fillette est parti fonder une nouvelle famille aux États-Unis.
Très vite ces vacances rythmées par le cri de ralliement "Maillot de bain" vont tourner à l'aigre et le duo mère-fille devenir duel car Alice s'est mise en tête d'éduquer sa fille à se détacher d'elle. La tragédie se met en marche...
La photo de couverture, tirée de la collection personnelle de l'autrice , met bien en scène cette intensité et ce récit à hauteur d'enfant la rend tout autant palpable. Les mots se font silex, on oscille sans cesse entre des émotions contraires et on termine le souffle court ce roman. Un grand coup de cœur en dépit de quelques baisses de rythme.
06:02 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nathalie kuperman
14/06/2022
l'engravement
"Vous êtes trente ou vingt, parfois dix, peu importe, vous rampez sur l'allée, écrasés, vidés, fautifs, égarés sur le chemin que vous connaissez si bien. Pas de chance, aucun échafaud n'est dressé au bout de l'asphalte. Il y a un parking, un arrêt de bus, une rue que personne ne veut habiter, et votre vie, qui continue. La voilà la sentence : Vivez avec. "
Où se dirige ce troupeau, hétéroclite, mais uni par une même détresse, une même souffrance, un même espoir malmené , vacillant mais entretenu par la proximité des autres ? Il va vers cet endroit où leurs proches sont enfermés parce que leur vie , telle celle des baleines échouées sur les plages, n'a pas su s'adapter au bruit du monde, parce que ce bruit a poussé "leur stress à un paroxysme ingérable".
Ce sont ainsi différents parcours qui se donnent à lire via ce roman choral, entrecoupé par des discours souvent violents, révélant au passage les dysfonctionnements du système de santé. Nous voyons ainsi, par petites touches l'évolution des patients, celle de leurs aidants qui trimballent des sacs puant la pisse ou le sang, mais charriant surtout leurs minuscules victoires et leurs immenses échecs.
L'émotion est toujours là, mais sans voyeurisme et c'est tout un pan, souvent caché, de la société qui se donne à voir dans ce roman d'une force inouïe et bouleversante . Un très grand coup de cœur.
Éditions la Contre-Allée 2022.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Roman belge | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : eva kavian