12/10/2009
Lettres à mon libraire
"sanctuaires irremplaçables où s'achète le savoir universel",
A l'initiative de ce joli recueil, Lettres à mon libraire, Jean Morzadec, un fondu de littérature qui oeuvre sur France Inter. Des écrivains ont donc été sollicités pour "raconter, en mots simples, quelle place tiennent les librairies dans leur vie."
Les réponses sont éclectiques, et dans la forme et dans le fond ,mais toutes donnent à voir un véritable amour de ces endroits mi-capharnaüm, mi-caverne d'Ali baba, peuplés d'improbables libraires, capables pour certains d'indiquer de manière précise où se niche tel ouvrage sans même bouger un cil, leur mémoire vive battant à plates coutures celle d'un ordinateur !
Certains auteurs, comme Claudie Gallay remercient au passage les libraires qui les ont soutenus, tandis que d'autres en profitent pour assurer un peu de pub à leur dernier ouvrage en date, oubliant parfois au passage le thème imposé...
Véronique Ovaldé , égale à elle même , arrive à insuffler une étrangeté poétique à un souvenir d'enfance, tandis que Patrick Modiano envisage le recensement de toutes les librairies qu'il a connues dans Paris et qui ont disparu...Didier Daeninckx, quant à lui, se fend d'une bafouille hilarante là où on se serait attendu à plus de gravité...
Ce recueil est aussi l'occasion de découvrir certains auteurs , ainsi pour moi, Benoît Hopkin qui nous décrit un comportement typique de lecteur compulsif dans lequel chacun pourra se reconnaître, avec entre autres une "tête d'équerre" particulièrement bien trouvée. Bref, de quoi assurer pour six euros le bonheur de tous ceux ceux qui fréquentent ce "temple aux murs de papier" (et de glaner au passage quelques bonnes adresses) ! Un livre qui donne aussi envie d'écrire sa propre lettre...
Lettres à mon libraire, préface de François Busnel, Editions du Rouergue, 6 euros.
06:05 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : françois busnel, jean morzadec, libraires, librairies
10/10/2009
Les vies privées de Pippa Lee
"Tu n'es pas facile à coincer , Pippa."
Pippa Lee, cinquante ans, et son mari Herb, trente de plus ,viennent de s'installer, à la surprise de leurs amis, dans un lotissement chic pour retraités. Se sentant d'abord libérée, Pippa, "considérée par ceux qui la connaissaient comme une des dames les plus charmantes, les plus gentilles, les plus adorables, les plus simples et les plus rassurantes qu'il aient jamais vues", va peu à peu laisser remonter à la surface bien des émotions enfouies, liées à un passé tumultueux.
Ainsi se construit, étapes par étapes, l'images à facettes d'une Pippa beaucoup moins lisse qu'il y paraissait de prime abord. C'est aussi l'histoire d'une lignée de femmes à l'histoire perturbée et d'une mère, Pippa, qui ne veut pas léguer à sa propre fille, un héritage empoisonné.
Fille, amante, épouse, Pippa se définit par rapport aux autres mais a-t-elle jamais existé pour elle-même, dans sa quête de sécurité affective ?
Un roman plein de rebondissements, de remarques vachardes qui nous promène aussi dans le monde de l'édition et des écrivains. Une jolie réussite à laquelle manque juste un peu moins de retenue, une étincelle de folie plus assumée. Une lecture très agréable.
A noter que ce livre de Rebecca Miller a été adapté au cinéma par elle-même (sortie en France en novembre).
Les vies privées de Pippa Lee, rebecca Miller, seuil, 291 pages qui se tournent toutes seules!:)
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : rebecca miller, femme cinquante ans, portrait de femme
09/10/2009
Fleur de glace, sorti en poche
Billet ici !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : kitty sewell, pour passer un bon moment
08/10/2009
Le syndrome Godzilla bientôt en poche !
Chez j'ai lu le 14 octobre ! A noter sur vos tablettes!:)
Emue par les mues
Deux couples père-fils au centre de ce court mais dense roman . Celui de Daniel que son biologiste de père emmène autour du monde, au fil de ses mutations. Daniel qui manifeste un apparent détachement vis à vis de ces arrachements successifs mais va s'attacher à faire la connaissance d'un "monstre" assis sur un banc, la tête recouverte d'un sac en papier. Par l'intermédiaire de Godzilla, le monstre-héros de cinéma , un lien va s'établir entre ces deux jeunes gens qui ont en commun le fait d'être orphelin de mère. D'abord silencieux, celui qui s'identifie à Godzilla va raconter son étrange histoire à Daniel. Une histoire d'amour/haine avec un père producteur de cinéma qui l'emmènera au Japon, autre point commun entre les jeunes gens.
L'univers de Fabrice Colin flirte avec l'onirisme et ne dissimule rien de la violence du monde, de la violence des êtres en devenir : "Maintenant j'étais un monstre en devenir. je voulais que ma mère meure et qu'elle en fasse rien d'autre.Je voulais tuer ses amants Je voulais détruire le monde". Cette violence qu'ils vont même jusqu'à retourner contre eux, faute de pouvoir exprimer leur souffrance autrement.
Un roman fort et puissant.
Lu par Florinette
et Lily
Un billet de Fabrice Colin sur la couv'.
Regrettons au passage l'apparente disparition de la collection"les mues" aux éditions Intervista...
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : fabrice colin, relation père fils
07/10/2009
Ce que je sais de Vera Candida
"Ne te prends pas pour un tremblement de terre."
Est-il besoin encore de résumer l'histoire de ces trois générations de femmes, chacune d'elles enfantant sans pouvoir révéler le nom du père ? Si ces personnages sont hauts en couleurs, le lieu dans lequel se déroule l'action est tout autant remarquable: une île, Vatapuna, où se dresse un rêve inachevé de marbre, au sommet d'un immense escalier, comme une pyramide maya menant à un autel sacrificiel...
Seule Vera Candida brisera la fatalité et osera rejoindre le continent,quelque part en Amérique du Sud, devinons-nous. Là, elle rencontrera une sorte de chevalier blanc qui tentera d'apprivoiser celle qui se donne des allures d'amazone.On craint le pire en commençant ce roman: l'exotisme de pacotille, les grosses coutures du conte annoncé, mais Véronique Ovaldé s'empare avec jubilation de son décor tropical et de sa faune pour mieux explorer "les territoires du secret et de la dissimulation dont elle [connaît] bien les contours et les lois.", à l'instar de son héroïne.Ses personnages ne sont jamais caricaturaux et on s'immerge avec bonheur dans ce récit qui brasse à la fois le réalisme (la condition faite aux femmes) et le fantastique qui se vit ici d'une manière tout à fait anodine. On s'attache à ces heroïnes tour à tour victimes et rebelles et on ne peut plus les lâcher. un enchantement au sens fort du terme.
Livre lu dans le cadre du Goncourt des lycéens.
L'avis de Cuné, en état de grâce.
Celui d'Amanda
et de Marie
et de Fashion,
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : véronqiue ovaldé, femmes, amérique latine
06/10/2009
L'homme qui m'aimait tout bas
"Plus je me relis et plus je me relie à lui."
"Père adoptif", "père biologique", ces expressions n'ont pas cours dans l'univers d'Eric Fottorino. Pas plus que demi-frères d'ailleurs. seul compte l'amour qui circule entre l'auteur et celui qui lui a donné son nom en 1970 et qui s'est suicidé en 2008.
Pas de "tombeau" au sens poétique du terme dans L'homme qui m'aimait tout bas. Mais un livre empli de chaleur, d elumière, celle dela Tunisie d'où était originaire Michel Fottorino, ce kiné "aux mains d'or" qui "préféra toujours le silence aux paroles". Empli d'amour et d'admiration pour cet homme que le romancier fait apparaître sous différentes formes dans ses romans, rejouant ainsi de multiples façons LA scène fondatrice, cette scène originelle d'adoption proposée. Michel sera aussi cet "accordeur de corps , une des figures centrales du superbe roman Un territoire fragile, riche d'humanité et dispensant son don sans compter. Et pourtant fragile cet homme l'était aussi mais il dissimulait soigneusement ses fêlures ou ses gouffres...
Un texte magnifique qui se joue des mots pour mieux les faire vibrer . Et nous avec.
L'homme qui m'aimait tout bas, Eric Fottorino, Gallimard 2009, 148 pages emplies d'émotion.
Livre lu dans le cadre du Goncourt des lycéens.
L'avis de Jules.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : eric fottorino, amour pèrefils, un kiné commme on en rêve
05/10/2009
Les autres c'est rien que des sales types
Le Sale Type est protéiforme: Con, Touriste, Imbécile Heureux, Provincial, Jeune, Pauvre, Végétarien... Il rôde autour de nous, nous le côtoyons chaque jour et devons nous en accommoder quand il se présente sous la forme de Conjoint ou Commerçant.Bref, le Sale Type c'est l'Autre. Et il n'échappe pas à l'oeil acéré et à la plume alerte et élégante de Jacques Alain Bertrand qui le croque avec une jubilation de chat gourmand...Emaillant ses portraits de citations et de références culturelles jamais pesantes l'auteur nous entraîne avec bonheur dans un monde où sous une forme légère des vérités parfois acides nous sont livrées avec grâce.
En outre,un auteur qui se fait un copain poisson , brait de concert avec un âne et caracole avec les chèvres ne peut évidemment que nous être sympathique , surtout quand il termine son ouvrage par une pirouette qui lui évite de se poser en Homme Parfait ou presque...
Les autres, c 'est rien que des sales types, Jacques A. Bertrand, Julliard, 134 pages à lire et relire .
Du même auteur, je recommande chaudement Tristesse de la balance et autres signes.
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : jacques a. bertrand, portraits ironiques, humour caustique
03/10/2009
La bonne nouvelle? C'est maintenant, en poche !
Billet ici !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : coup de coeur, vite vite vite, vous n'avez plus d'excuses!
02/10/2009
Irène sur le plancher des vaches
"On découvrait l'arrière des maisons (...) c'était un terreau d'informations sur les gens."
De 1960 à 2005, tous les 5 ans, le narrateur nous propose une balade à Abbéfontaine, petit village du Jura dont la population agricole décline au fil du temps.
De l'épierrage fastidieux d'un champ par trois fillettes, dont l'Irène du titre, à la phrase finale:"Elle pouvait enfin se décharger de sa pierre et la jeta dans la vallée.", la boucle est bouclée. Entre temps, nous aurons eu droit à de savoureuses vignettes où l'auteur, tour à tour ethnologue tendre et plein d'humour,traque les dialogues à fleurets mouchetés entre une mère et sa fille, nous dévoile les secrets de l'utilisation du conditionnel et d'"une affection particulière pour les formes impersonnelles" car "personne ne voudrait donner l'impression de s'occuper des affaires de ses voisins". Il nous montre aussi les subtilités du choix d'une place lors du spectacle de Noël, tout en révélant par petites touches, les blessures et les fragilités de ses personnages. C'est tout un monde qui s'efface sous nos yeux, un monde où "le grand-père de Romain , le Vieux dictait de son lit la manière de penser de tous les membres de sa généalogie", Vieux à qui "une opération chirurgicale somme toute bénigne pouvait [...] sauver la vie, mais il se refusait à laisser voir son bas-ventre. l'idée d'être complètement endormi, vraisemblablement nu et à la merci d'infirmières lubriques lui était insupportable.Dans le Dictionnaire Parmentier, sa définition des parties intimes allait du nombril aux genoux."
Toutes ces règles implicites qu'il vaut mieux connaître pour se fondre dans la masse, tous ces petits plaisirs cachés ("bavasser discrètement sur les autres invités"), sont peu à peu balayés par le vent de la modernité et les villages n'abritent plus que des lotissements tout confort mais sans charme. Un très joli moment.
Irène sur le plancher des vaches, Frédéric Michaud, Editions Delphine Montalant, 107 pages fluides.
Merci à Laure pour le prêt !
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : frédéric michaud, jura, paysans, humour
01/10/2009
Ces choses qui font battre le coeur
Ces choses qui font battre le coeur est d 'abord un bel objet qu'on a plaisir à prendre en main. S'inspirant Des Notes de chevet de Sei Shönagon, Catherine Grive égrène des micro-événements qui, par appréhension ou bonheur anticipé, nous font vivre plus intensément. Moments d'enfance que revivrons avec nostalgie les plus grands, moments tout en délicatesse, reflétant peurs ou bonheurs fugaces: "Avoir peur d'être emportée par la mer", "rentrer tout seul" mais aussi "se sentir libre".
Certains moments sont plus originaux voire plus graves: "avoir peur de ne pas finir à temps", "passer devant une prison", "traverser un champ plein de vaches".
Chacune de ces phrases est illustrée par une ou deux photos . Et c'est là que le bât blesse . En effet, certaines situations, visiblement mises en scène, prennent un caractère factice : une coccinelle disproportionnée ou un oiseau-poterie. A trop vouloir "coller" à la situation la photographe emprisonne notre imaginaire. De plus, les enfants qui reviennent tout au long de ces photos prennent la pose, ce qui accentue l'aspect artificiel de l'ensemble. Nous n'échappons également pas à certains clichés, ainsi l'inévitable petite filel chaussant les escarpins maternels... J'ai nettement préféré les situations qui sollicitaient davantage l'imagination du lecteur, où, par exemple ,les enfants étaient réduits à l'état de silhouettes...Bref, un livre agréable mais avec un petit bémol.
L'avis plus enthousiaste de Clarabel
Gio et ses notes de chevet ...relayées par Antigone.
06:05 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : catherine grive, carole bellaïche, schtroumpf grognon le retour