29/12/2009
La découverte du ciel
"Il n'était pas né pour acquérie des certitudes; c'était bon pour les autres."
La découverte du ciel m'a irrésistiblement fait penser au générique du feuilleton "Amicalement votre" : deux hommes de milieux très différents et qui vont devenir amis à la vie. D'un côté Onno Quist, mouton gentiment moir d'une famille de notables calvinistes ; de l'autre Max Delius, orphelin d'une mère juive déportée et d'un père collaborateur. Le premier est un linguiste dillettante de génie, l'autre un astronome bon vivant.
Cette rencontre apparemment fortuite est en fait le résultat d'une très patiente et très alambiquée réflexion menée par ce que l'on devine être un ange, chargé par son Chef d'une misssion de la plus haute importance que nous découvrirons dans la dernière partie de ce roman foisonnant, riche en réflexions philosophiques et politiques.
Ce n'est en effet pas un hasard si les deux hommes se rencontrent en 1967, à l'âge de 33 ans et vivent ainsi d'une manière un peu échevelée ces années bouillonnantes d'énergie.
Harry Mulisch est en outre un formidable raconteur d'histoire et l'on ne peut qu'admirer sa façon de jouer avec le destin de ses personnages, les plaçant dans des situations qui ne trouveront leurs conséquences que beaucoup plus tard, des comptes étant réglés tardivement et des dilemnes résolus de manière originale. On ne peut qu'être séduit par ces personnages qui vivent de manière à la fois intense et légère.
La découverte du ciel, Harry Mulisch, traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin, avec la participation de Philppe Noble, 1139 pages captivantes.
Recommandé par Cuné (qui en parle mieux que moi ! )lors du challenge organisé par Theoma.
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : harry mulisch, amitié masculine, challenge coups de coeur de la blogosphère
28/12/2009
le dramaturge
"Ici, c'était la pinte de brute et la dose de malt, et si vous aviez besoin qu'on vous traduise, vous vous étiez vraiment trompé d'endroit."
Ce qu'il y a de bien avec Jack Taylor, ex -policier irlandais enquêtant plus ou moins officieusement dans la ville de Galway (où tout le monde connaît tout le monde), c'est que nous sommes aussi en territoire familier. Même si son héros est devenu sobre et a presque arrêté la cigarette ,le monde de Ken Bruen n'est pourtant pas passé au rose bonbon : les flics sont toujours aussi brutaux, tout comme les maris d'ailleurs, et deux étudiantes chutant mortellement dans un escalier et sous lesquelles on retrouve un livre marqué de l'indication Le dramaturge ne semblent pas troubler grand monde sauf un dealer pour qui va mollement travailler Jack, affligé ici d'une claudication qui va renforcer sa ressemblance avec un certain docteur House, cher à nos coeurs.
Comme d'hab', on n'échappera pas aux tabassages en règle, aux visites à l'hôpital, aux amours contrariées mais ce qui fait qu'à chaque fois le charme opère néanmoins c'est le ton inimitable de ces romans, d'une noirceur paradoxalement réjouissante. On retrouve aussi avec plaisir les nombreuses citations et l'art de l'ellipse d'un auteur qui ne s'embarrasse pas d'explications et laisse au lecteur le soin de compléter les pointillés. Un roman qui se termine par un coup de poing au plexus solaire.
Le dramaturge, Ken Bruen, traduit de l'anglais (Irlande ) par Pierre Bondil, Folio policier 2009,279 pages roboratives.
Voici , trouvée chez Cuné, l'ordre des aventures de Jack Taylor(que je n'ai pas respecté mais bon...)
Pour lire les enquêtes de Jack Taylor dans l'ordre (ce qui est toujours préférable, même si jamais indispensable !!) :
1. Delirium Tremens (Mai 2006 en Folio). Mon avis ici
2. Toxic Blues (Mai 2007 en Folio)
3. Le martyre des Magdalènes (Folio, 2008)
4. Le dramaturge (Oct 2007)
Ps: je viens de commander le précédent, pour pallier mon prochain "coup de pompe littéraire"!
L'avis de Kathel.
Celui de Dasola.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : ken bruen, irlande, polar
23/12/2009
Au pays des vermeilles
"On dirait une abeille qui sent que le soleil décline."
De Noëlle Châtelet, j'avais beaucoup aimé tous les ouvrages , essais ou nouvelles traitant de la nourriture. C'est pourquoi, après avoir quelque peu délaissée cette auteure, ai-je décidé de renouer connaissance avec Au pays des vermeilles, réflexion autobiographique sur le lien qui se construit, étape après étape, entre Noëlle Châtelet et sa première petite-fille, et de manière plus générale sur cette nouvelle étape de je cite "la palette des métamorphoses féminines."
Alors, certes l'écriture toujours aussi belle, l'auteure essayant de se replacer dans sa propre expérience d'enfant et de nouer aussi le lien entre sa propre mère et cette petite fille qui va s'inscrire dans la lignée familiale. Il n'en reste pas moins qu'on frôle parfois le ridicule, tant il est vrai qu'il en est de même des anecdotes des enfants ou petits enfants des autres comme des séances de diapos d'autrefois : il faut savoir les doser avec précision si on ne veut pas lasser.
Au pays des vermeilles, Noëlle Chätelet, Seuil, 172 pages émaillées d'un peu trop d'anecdotes énamourées.
06:00 Publié dans je ne regrette pas de les avoir juste empruntés, romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : noëlle châtelet, grand-mère petite fille
22/12/2009
Bouchère
"J'ai toujours trouvé étrange que les gens se trouvent tout de suite bien quelque part ou en tout cas qu'ils le soient assez pour le paraître."
La narratrice du roman de Catherine Soullard a réalisé le rêve de beaucoup de gens: elle a changé de vie. Elle devient donc Bouchère."J'aimais ce métier, je n'aurais pas su dire pourquoi. C'était confus, cela l'avait toujours été. Je n'avais jamais cherché à comprendre trop précisément , je craignais d'éclaircir, de tomber sur des désirs énormes, sur des pulsions trop noires, j'évitais d'y penser." Cet amour du métier nous vaut d'ailleurs de superbes descriptions de la viande et de sa découpe, qui paraîtront parfois juste un p'tit peu trop longues à force. La boutique a du succès, au point que la narratrice qui ne vit que par et pour son métier , se pose elle même des oeillères, s'enfermant dans son monde et ne voyant la réalité qu'à l'aune de sa boucherie.L'apprenti ne suffisant plus à la tâche, une troisième recrue viendra remettre en cause le fragile équilibre de la boutique...
La première partie du roman tourne parfaitement rond, on s'immerge avec bonheur dans cet univers de la viande* mais j'avoue que j'attendais plus de la seconde partie et des tensions exacerbées promises. Une très belle écriture néanmoins. Et une auteure dont je vais poursuivre la découverte !
ps:Surtout ne lisez pas la 4ème de couv' qui en dit bien trop long !
*Ames sensibles , attention à la description de l'abattoir !
Bouchère, Catherine Soullard, Calmann-Lévy, 2006.173 pages à réserver aux carnivores!:)
L'avis de Mango
Celui de Clarabel
Ps: l'instrument de la couv' est ..une feuille !:)
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : catherine soullard, amis végétariens passez votre chemin !:)
21/12/2009
hiver
"C'est toujours le désir qui tue."
Sacrifice en hommage aux dieux vikings ou meurtre commis par un esprit particulièrement tordu ? Seul le cadavre nu, obèse et gelé se balançant à une branche de chêne pourrait répondre. Mais il se contentera de commenter l'évolution de l'enquête menée par Malin Fors , inspectrice de police.Malin qui a fort à faire avec son boulot prenant, ses amours en pointillés et surtout son adolescente de fille qui se lance dans sa vie amoureuse.
Affrontant le froid d'un hiver particulièrement rigoureux, un clan familial retors, Malin Fors démêlera cette "logique absurde des sentiments." Pour autant les mystères ne seront pas tous levés, juste de quoi attendre avec impatience le prochain volume de cette série "où chaque titre est articulé à une saison."
Hiver, Mons Kallentoft, traduit du suédois par Max Stadler et Lucille Klaus, Le serpent à plumes 2009.483 pages à lire au coin du feu.
Merci Cuné !
L'avis de Sassenach qui a aussi beaucoup aimé...
Tout comme Lily !
06:00 Publié dans challenge des saisons | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : mons kallentoft, suède, policier, challenge des saisons
20/12/2009
Made in Belgium
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : merci les filles !
19/12/2009
dark tiger
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : stoney for ever !!!!!, william g. tapply
18/12/2009
Méfie-toi fillette
"Les prières exaucées sont la pire blague que puisse nous faire le destin."
Prenez une Miss Catastrophe énamourée, oscillant entre bêtise crasse et intelligence aiguisée. Jetez la dans les pattes de terroristes barbus.Faites la courir dans tout Paris, grimper, descendre , escalader. Donnez-lui une famille bobo -que vous égratignerez gentiment au passage -, un tonton providentiel. N'oubliez pas un méchant borgne. Saupoudrez largement d'humour , ajoutez un trait de sérieux au passage, vous obtiendrez un cocktail frais, pétillant et tonique qui vous remet la tête à l'endroit et le sourire aux lèvres.
On pense à la délicieuse Patricia des "Tontons flingueurs" ou à la mutine Marlène Jobert de "Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages" et on en redemande !
Méfie-toi, fillette, Sylvie Granotier, Editions La branche, 95 pages qui filent à toute allure. Juin 2009
Emprunté un peu par hasard à la médiathèque.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : sylvie granotier, policier, terrorisme, humour
17/12/2009
Adieu, ma grande
"Notre mot d'ordre c'est Gants, Menottes et Dignité."
Récit à quatre voix ,Adieu , ma grande efface parfois les frontières entre la voix d'Helen, l'infanticide schizophrène, celle de Louise la nouvelle psychiatre ou d' Ike, l'ex-policier devenu gardien de cette prison de femmes de l'Etat de New-York où se concentre l'action du roman. Sans compter la voix de Angie, apprentie star à Hollywood qui est peut être le personnage qui a le plus la tête sur les épaules... On n'a jamais de mal à identifier celui ou celle qui prend la parole mais parfois on se dit que ce pourrait très bien être un autre tant les discours partagent une violence plus ou mois larvée.
Un roman qui, au départ , n'a l'air de rien mais qui fascine et nous emporte d'une traite jusqu'au bout de ses 235 pages. La preuve, je ne l'ai pas lâché alors que j'ai abandonné au bout de quelques pages deux romans de la rentrée 2009.
Adieu, ma grande, Susanna Moore*, traduit de l'anglais par Laetitia Devaux, Editions de l'Olivier, 2009.
Emprunté à la médiathèque.
*Elle est l'auteur de six romans dont In the Cut (adapté au cinéma par Jane Campion avec Meg Ryan dans le rôle principal)
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : susanna moore, prison de femmes, psychiatre
16/12/2009
De grâce et de vérité
"Sacré fardeau que de porter une moitié de personne."
Parce que j'avais bien aimé d'autres romans de Jennifer Johnston, parce que j'avais envie d'une lecture facile, d'une lecture confortable, je me suis offert De grâce et de vérité. ...
Attention: exceptionnellement ce billet comporte de nombreuses révélations.
De retour après une tournée théâtrale triomphale , Sally découvre que son mari veut la quitter. Elle analyse la situation et se rend compte que ce qui manque à leur couple c'est de partager un secret. Dès lors, elle n'aura de cesse de découvrir qui est son père, ce que sa mère lui a toujours caché et ne pourra jamais lui révéler puisqu'elle s'est suicidée. Elle va donc aller poser la question à son évêque de grand-père, qui finira par lui confier une confession écrite. La réponse est dans la question.Vu l'ampleur des dégâts, on pourrait s'attendre à une réaction à la hauteur des événements, mais non, Sally pleurniche un peu, rappelle l'époux volage et finalement se rend compte que "Oui. je pense que je peux faire front. Que s'est-il passé pendant mon sommeil ? Une sorte d'apaisement plein de bon sens ? Un massage des cellules grises ? Tu veux encore du thé ? " Quel flegme ! Elle devrait breveter son massage des cellules grises qui mettrait pas mal de psys au chômage ! En tout cas, Sally a un "beau" secret à offrir à son ex-futur époux qui lui remarque au passage que sa mère sera ravie de ce retournement de situation "..., elle n'a cessé de me harceler, elle détestait Marianna. Elle ne pouvait pas la supporter", Marianna étant la dernière maîtresse en date du cher époux. Notons au passage que belle-maman est aussi surtout pressée de se débarrasser de son rejeton qui s'est incrusté chez elle... Bref à coup de formules toutes faites "la vie continue", Jennifer Johnston nous entraîne au pas de charge vers un happy end de bon aloi, comme si elle voulait à tout prix se débarrasser de ces personnages et du pensum de ces 218 pages.
De grâce et de vérité, Jennifer Johnston, 10/18.
Florinette a nettement plus apprécié.
Je partage les restrictions de Kathel quant à la manière dont nous est présentée l'attitude de l'évêque.
Mango a été déçue aussi.
Clarabel est mitigée.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : jennifer johnson, schtroumpf grognon le retour