21/09/2014
Wild ...en poche
"Pour sauver ma peau, j'ai décidé de ne plus avoir peur et d'avancer."
Après le décès de sa mère, la famille se disperse et Cheryl Strayed va enchaîner les comportements auto-destructeurs, allant jusqu'à faire imploser son propre couple alors qu'elle aime encore son mari.
Sur un coup de tête, quasi sans préparation, elle décide de partir seule pour une randonnée de mille sept cent kilomètres sur le chemin des crêtes du pacifique, dans l'Ouest américain.
Affrontant les éléments, la douleur, la fatigue, elle parviendra au bout de ce périple à renouer avec elle-même.
J'ai peiné à lire ce récit qui ne présente guère d'intérêt stylistique, trop long, et où je suis restée constamment sur le bord du chemin sans aucune empathie avec cette femme dont le comportement me restait totalement étranger.
06:00 Publié dans Récit | Lien permanent | Commentaires (10)
20/09/2014
ça devient réel (souvenirs d'un week-end londonien)
L'Anglais est bienveillant : "I like the lady with the red shoes." Je savais que je portais des ballerines couleur ponceau, j'ignorais que j'étais une lady. Je prends.
L’Anglais engage facilement la conversation dans les espaces clos (métro, ascenseur...), là où le français fixe obstinément le vide. C'est agréable.
L’Anglais dispose régulièrement des plans lisibles dans sa capitale. J'apprécie.
L’Anglais ferme des stations de métro le week-end.Mes pieds apprécient moins.
L’anglais est stoïque face à la horde de mères et d 'enfants russes qui déboule dans le hall de son hôtel, grille la queue et monopolise la réception. J'admire en réfrénant un envie bien française: rouspéter.
L’Anglais risque sa vie quand il ne trouve pas tout de suite les deux billets que ma fille a brillamment réussi à dénicher (18 000 billets vendus en dix minutes). L’Anglais me donne des palpitations. L’Anglais déniche les billets. J'applaudis l’Anglais, qui sourit.
L'Anglaise de quarante ans arbore un sac immense et rond en pur plastique brillant avec une tête de chat féroce, sur fond d'orange et vert fluo en direct from Camdem.
L'Anglaise de cinquante ans se lâche question couleurs: collants rouges, robe bleu canard, blouson rose. Souvent, elle se défoule sur les rideaux du salon qu'elle taille en robe. L'Anglaise est bucolique.
L’Anglais entre dans la salle de concert une pinte de bière à la main. La bière est diurétique. L’Anglais a une petite vessie ou des ennuis de prostate: l’Anglais va régulièrement aux toilettes pendant le concert.
L’Anglais est discipliné. La salle entière se lève pour applaudir Kate Bush mais dès que les premières notes de musique retentissent se rassoit comme un seul homme aussitôt.
Bref,j'aime l'Anglais !
Pour tout savoir du concert, c'est ici.
à noter que deux concerts ont été enregistrés en vue d'un DVD ! séance de rattrapage possible !
09:25 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : kate bush, london, before the dawn
17/09/2014
Grand chasseur blanc
« Décidément, depuis que j’étais dans ce pays, j’avais des problèmes avec mon identité. »
La cinquantaine bien entamée, Simon Sorreau se réfugie en Indonésie. Les raisons de de la cavale de celui qui naguère a été « une personnalité du Tout-Paris, un polémiste et producteur de talent et un auteur en devenir. » nous les découvrirons progressivement. Au début du récit nous savons juste qu’il a eu maille à partir avec la justice et que ceci est lié à son ex-femme.
Loin de ses parents, de son éditeur, avec qui il communique via skype, Didier se noue d’amitié avec un géant québécois, Bart, noue une relation amoureuse avec une française de passage, tente d ‘écrire un nouveau roman ,tout en éclusant des litres de bière.
Bilan mitigé concernant la lecture de ces 450 pages qui s’essoufflent parfois (et le lecteur aussi). Point de vue masculin sur les femmes, le couple, ce roman alterne complaisance (je suis comme je suis, un salaud mais je n’y puis rien) et autodérision. L’ambiance de Bali est très bien rendue, le regard sur les expats acéré. De jolis moments de lecture entachés parfois par des clichés mal venus.
Lu dans le cadre du prix Confidentielles.
L'avis de Brize
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (2)
16/09/2014
Muette
"Il y a des histoires qui ne peuvent pas se dire. Parce que les mots n'existent pas pour les raconter.Les mots ne feraient que les affaiblir ou les banaliser. Les mots ne feraient qu'effleurer la surface de l'histoire, sans rien pouvoir atteindre de ses strates innombrables."
Une très jeune fille fugue dans la nature, emportant avec elle quelques affaires de première nécessité et "le fouillis désordonné de ses pensées."
Elle fuit un univers empesé, figé, où l'on nie sa parole depuis des années. Voilà pourquoi, bien que sachant parler, elle se revendique Muette.
L'héroïne va prendre possession de son corps en pleine mutation, au sein d'un vaste espace que l'auteur décrit avec une poésie intense, s'opposant avec l'univers familial étriqué et mortifère. L'écriture vibre, nous fait ressentir les plus petits bruits nocturnes ou diurnes de la nature sauvage,les odeurs, les lumières et l'on suit, émerveillé, Muette dans sa quête de liberté absolue.Une fin en forme de pirouette (et de clin d’œil), juste parfaite !
Lu dans le cadre du prix Confidentielles.
L'avis de Brize.
Un grand coup de cœur !
Muette, Eric Pessan, Albin Michel 2014.
Clara a aussi aimé !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : eric pessan
15/09/2014
Mon nom est Dieu
"Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi les hommes insistent pour faire de moi un être asexué, qui règne par la distance, qui vit dans le néant et qui est responsable de tout. Quelle métaphore triste..."
Un SDF, repéré lors de l'élection du Père Noël ,n'en démord pas : il s'appelle Dieu. Il réquisitionne Morgane ,une jeune journaliste, pour écrire sa biographie. Mais Dieu n'est pas commode. Dépressif, il affirme que les hommes ne l'aiment plus et s'avère souvent peu coopératif.
Tandis que les phénomènes mystérieux se multiplient à Los Angeles, là où Dieu manifeste sa mauvaise humeur, le leader d'une secte ne tarde pas à vouloir tirer parti de ce personnage hors-normes...
Un point de vue surprenant, iconoclaste, mais une problématique à laquelle je suis restée totalement extérieure, malgré le caractère original du roman, étant donné mon total manque de spiritualité.
Lu dans le cadre du prix Confidentielles.
L'avis de Brize qui vous mènera vers plein d'autres.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : pia petersen
13/09/2014
Une part de ciel
"-Tu te souviens trop, Carole. Il faut te dépolluer de tout ça."
Curtil, le père "pigeon-voyageur" a, une fois, de plus envoyé une boule de verre à ses trois enfants pour annoncer son retour. Sans fixer de date, bien sûr.
Mais les enfants sont maintenant adultes et chacun réagit de manière différente à cette convocation. Carole, la seule à avoir quitté sa vallée natale dans la Vanoise, revient s'y installer provisoirement, en profitant pour effectuer un travail de traduction sur la vie de l'artiste Christo. Elle renoue peu à peu avec les paysages et personnages hauts en couleurs de son enfance ainsi qu'avec sa sœur Gaby, qui travaille à l'hôtel et vit dans un bungalow, attendant le retour de son homme. Quant à leur frère, Philippe, garde-forestier, il tente de préserver sa vallée.
Carole est l'élément perturbateur de ce roman de l’attente et du souvenir. Elle seule veut revenir sur un incendie qui a bouleversé leur enfance et influé durablement sur leur vie.
Claudie Gallay excelle à peindre cette atmosphère d'une vallée comme coupée du monde que certains ne voudraient pas voir évoluer vers l'avenir. Elle peint avec finesse les relations fraternelles, les silences, les non dits, tout ce qui est prêt à se rejouer par delà les années. On se glisse avec bonheur dans ce roman-cocon qui nous enveloppe durablement tant il est riche d'humanité et de bienveillance. Un coup de cœur !
Lu dans le cadre du prix Confidentielles.
L'avis de Brize
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : claudie gallay
12/09/2014
Entre mes mains le bonheur se faufile
Un très joli titre jouant sur le double sens de faufiler puisque dans ce roman il est question d’une femme qui décide de vivre son rêve de jeunesse : devenir couturière.
Filant la métaphore, on pourrait dire, hélas, que ce roman est cousu de fil blanc et que d’avance le lecteur prévoit le destin de l’héroïne. Cela ne serait pas gênant, j’accepte d’emblée les règles du jeu dans ce type de roman qui fait du bien si les personnages ne m’avaient pas paru aussi prévisibles. Une déception donc.
Lu dans le cadre du prix Confidentielles.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : schtroumpf grognon le retour
11/09/2014
Gemma Bovery, le film
Même s'il m'a fallu un temps d'adaptation pour accepter Lucchini en éditeur reprenant la boulangerie familiale normande, le roman graphique de Posy Simmonds, épuré, allégé de quelques intrigues inutilement compliquées, gagne dans l'adaptation d'Anne Fontaine en luminosité et en sensualité.
Gemma Arterton, qui incarnait déjà au cinéma une autre héroïne de Simmonds, Tamara Drewe, est parfaite dans le rôle de la "rose anglaise", beauté fraîche et en apparence naïve.
Quelques coups de griffes , quelques pointes d'humour, on passe un excellent moment avec ce boulanger persuadé d'être un démiurge, un metteur en scène de cette Emma Bovary anglaise qu'il veut sauver malgré elle.
Entre le film et le roman graphique , je ne choisis pas , j'aime les deux ! :)
07:15 Publié dans je l'ai vu ! | Lien permanent | Commentaires (20)
J’ai rencontré quelqu’un
« Mon Dieu …est-il possible que l’on puisse se tromper sur le compte des gens qu’on aime ? Est-il vraisemblable que nous les réduisions aux attributs que la relation que nous avons à eux sollicite le plus souvent ?
Jean Toulemonde mène une existence bien ordonnée entre sa femme qu’il adore, ses enfants et son laboratoire. Las, un verdict médical tombe : il doit absolument découvrir le sens de l’humour pour sauver sa vie. Ce diagnostic va chambouler la vie de cet homme tranquille et l’amènera à faire une rencontre…
Réflexion sur le couple en forme de fable souriante et menée tambour battant, J’ai rencontré quelqu’un scrute avec bienveillance les cœurs de ses personnages, joue sur les mots et évite les écueils inhérents à ce thème. Un roman léger et distrayant.
Lu dans le cadre du prix Confidentielles.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : emmanuelle cosso-merad
10/09/2014
We are completely beside ourselves
"I believed I'd done something so bad, I'd been given away."
De Karen Joy Fowler j'avais lu, il y a quelques années, un texte fort plaisant,Le club Jane Austen. Mais rien qui nécessite de me précipiter sur un roman pas encore traduit en français , même conseillé par Cuné. Sauf que quand cette dernière écrit :"Toi, il faut ABSOLUMENT que tu le lises, je ne peux pas te dire pourquoi mais tu es LA lectrice idéale pour ce roman, foi de moi :)", on ne peut que craquer !!! En plus sur liseuse, le prix est ridiculement bas et le dico anglais/anglais a permis de me dérouiller vite fait .
Je ne vous cacherai pas qu'au tout début de ma lecture , quand j'ai vu le temps restant s'afficher , j'ai blêmi mais le rythme a été vite pris surtout quand je suis arrivée à la fatidique page77 qui contient un twist tellement renversant que j'ai failli en crier ! Tout ce qui pouvait paraître vaguement intriguant et/ou bizarre dans ce qui s'annonçait comme un secret de famille avec disparitions à la clé et narratrice perturbée prend alors tout son sens et sa profondeur. Cette révélation (surtout ne pas lire les billets, articles, 4 ème de couv' révélant Le secret de la page 77 ) n'est pas un effet de manche de l'auteure (regardez comme je vous ai bernés) mais correspond parfaitement à la volonté de renverser notre point de vue sur un thème ô combien passionnant !
Un roman bouleversant brassant , entre autres, les thèmes de la culpabilité et du souvenir à découvrir absolument ! Et zou sur l'étagère des indispensables !
Vite lisez-le qu'on puisse en parler ensemble ! :)
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : karen joy fowler