10/02/2015
"Papa ou maman " , le film .
Ni l'un ni l'autre.
Ils divorcent tout en s’entendant très bien. Seul problème: les enfants dont personne ne veut.
On pense à "Tanguy "(les parents qui veulent se débarrasser de leurs enfants , mais franchement, on se demande bien pourquoi, les curseurs ne doivent pas être placés au même endroit, qu'ils aillent voir Mommy, on en reparlera) puis ça vire à "La guerre des Rose" (vieux film avec K. Turner et M. Douglas).
ça pourrait être grinçant mais ça trouve très vite court, faute de véritables motivations.
On remarquera que la mère exerce un métier "d'homme": ingénieure, elle dirige très bien un chantier mais la fin tourne en eau de boudin cette tentative de "féminisme".
19:34 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : schtroumpf grognon le retour
09/02/2015
Comme elle vient
"On aurait dit que tous ses nerfs avaient lâché en même temps pour faire un gros tas de ficelles par terre."
Desdemona, dite Mona, écrit à sa mère, partie en Asie depuis quatre mois pour des "vacances personnelles". Des lettres où elle croque avec verve son quotidien avec son père Antoine, plus doué pour enchanter la vie que pour assurer le matériel et son petit frère , Jules, qui attend le retour maternel avec impatience : un éléphanteau doit être de la partie...
Colères, premiers émois, Mona balance tout dans ses lettres à la fois tendres et acérées sur le monde des adultes où elle fait ses premiers pas. Rythmées par des paroles de chansons, les chapitres cavalent à toute allure ! Normal Antoine est fan de rock et Mona fait partie d'un groupe. Un roman plein d'humour, qui sonne très juste et marque l'entrée réussie en littérature d'une auteure dont attends déjà avec impatience le prochain opus.
En attendant: clic et reclic !
Comme elle vient, Raphaëlle Riol, La brune/Rouergue 2011.
Le billet de Kathel, tout aussi enthousiaste !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : raphaëlle riol
08/02/2015
Lulu paie son coup
"Putain...J'ai même pas eu le temps de penser à ma retraite que j'ai déjà pas de travail !"
Lulu se moque comme de son premier ballon de rouge de la branchitude, elle trimballe sa dégaine de fille à la Kiraz ,fauchée, au chômage, célibataire ,qui vit encore chez ses parents de terrasse de café en apéro dinatoire.
Enfant de la crise, elle déambule en tee-shirt à capuche, les mots "cellulite", "shopping" , "Coachella "(en Californie) lui sont étrangers mais elle porte un regard acéré sur notre époque et sur nos mœurs.
Elle s'y connaît en sport, a un côté plein de gouaille, un peu canaille, qui lui fait conseiller à son ami Carlo, pour le réconforter de sa semaine "difficile": "Si tu veux demain,, on se fait un gros Do Mac bien sale, on va au ciné voir Iron Man 4, tranquille, et on se termine au PMU à s'enquiller des binouzes !"
Lulu d'Ardis , sur son blog, hébergé par Le Monde (clic) croque aussi l'actualité avec mordant et l'humour noir ne lui est pas étranger (ça fait du bien !). Si Lulu paie son coup, on aimerait bien être de la partie !
06:00 Publié dans BD, Humour | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : lulu d'ardis
07/02/2015
Une fille bien ...en poche
"Je pense qu'il y a des moments dans la vie où l'on doit abandonner une part de soi, comme si l'on muait, pour avancer."
Les textes de Holly Goddard Jones partent d'emblée avec un double handicap: d'abord, ce sont des nouvelles, genre semble-t-il peu apprécié en France ; ensuite, ce sont des textes poignants où la vie des femmes en particulier , entre Midwest et Sud profond des Etats-Unis n'est pas particulièrement rose. Et pourtant, le style plein d'empathie et de précision de l'auteure fait qu'on ne peut quitter cet univers écrasé de chaleur, dont les personnages essaient d'agir du mieux qu'ils peuvent, où la frontière entre les gentils et les odieux est souvent floue, où la vie peut basculer dans la tragédie en un instant.
Pas de pathos mais la notation de ces instants fragiles où une femme se rend compte que son ex-mari l' "a élégamment poussée hors du mariage, , comme il [l'] élégamment poussée hors de la maison cet après-midi- là.", où l'on va faire semblant de ne pas voir un ancien ami que l'on a trahi, "au point de rencontre malheureux entre hasard et rayon des produits congelés", où une connaissance va se réjouir de vous annoncer une mauvaise nouvelle. Mais ce sont aussi des moments où des choix vont s'effectuer, car même les très jeunes filles peuvent décider de ne pas se laisser "transformer en ce qu'elle n'était pas obligée d'être." Une vision des relations hommes femmes toute en subtilité, sans manichéisme, qui révèle une nouvelle voix qu'il faut absolument prendre le temps de découvrir. Un beau coup de coeur !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : holly goddard jones
06/02/2015
Un tout petit rien...en poche
"C'est beaucoup plus que sexuel, c'est beaucoup moins qu'amoureux. C'est nos culs entre deux chaises, c'est suffisant pour faire semblant de faire des bébés, pas pour en avoir."
Oui mais voilà la narratrice est enceinte et il lui reste quelques semaine pour prendre sa décision . Fera-t-elle une place dans son corps, dans sa vie à ce tout petit rien ?
Sous une forme séquencée, mais néanmoins très fluide ,Camille Anseaume raconte de manière délicate, pleine de sensibilité et d'humour ce choix et les implications affectives et matérielles qu'il engendre , les réajustements et les rêves.
Un petit roman (par la taille , 244 pages) mais vibrant de justesse et de chaleur humaine.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (4)
05/02/2015
Les nuits de Reykjavik
"Nuit après nuit, ils sillonnaient la ville à bord d'une voiture de police et voyaient ce qui était caché aux autres: ils voyaient ceux que la nuit agitait et blessait et terrifiait."
Écrit a posteriori, Les nuits de Reykjavík relate les débuts d'Erlendur dans la police. Patrouilleur de nuit, il mène une existence routinière et fréquente, de loin en loin, une jeune femme.
Confronté à des situations de la violence ordinaire, il maîtrise déjà l'art de l'interrogatoire, fait preuve d'intuition et d'empathie envers les victimes . D'obstination aussi. Et ce sont ces qualités naissantes qui vont le lancer en solitaire sur une affaire classée: la mort, par noyade d'un clochard.
Les nuits de Reykjavík est un roman qui prend son temps, dans le meilleur sens de l'expression. Comme Erlendur, il creuse et avance lentement, mais sans faiblir. Pas de sensationnalisme mais le portrait, par petites touches,d 'une société et d'un homme en mutation. Un monde où les pizzas sont encore exotiques en Islande,où les clochards ne sont pas encore devenus des SDF.
Captivant.
Les nuits de Reykjavík, Arnaldur Indridason, traduit de l'islandais par Eric Boury, Métailié 2015.261 pages qu'on ne peut pas lâcher.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : arnaldur indridason
03/02/2015
Une main encombrante
"Avant de pouvoir ne serait-ce qu'envisager de vivre dans une maison, il devait aimer les sons qui l'entouraient. Si le bruit du vent ne lui convenait pas, ou la qualité du silence, il pouvait aussi bien tourner les talons immédiatement. Mais ce qu'il entendit lui inspira une sensation de calme."
Son père est mort, sa fille, Linda, devenue policière habite avec lui et Wallenberg, voudrait être tranquille: "Je voudrais me mettre en congé de moi-même , pensa-t-il. De cette pesanteur que je traîne et qui me mine. Je n'en peux plus."
L'opportunité d’acheter une maison à la campagne se présente mais le sort s'en mêle et Wallenberg, explorant le jardin, bute sur une main qui dépasse légèrement du sol. Adieu havre de paix, une enquête est ouverte...
Court roman (156 pages ) nous dit l'éditeur, nouvelle pour Mankell, Une main encombrante a d'abord été un texte dont s'est inspiré la BBC pour un scénario de sa série Wallander avec Kenneth Branagh. L’écrivain l'a ensuite relu et enrichi, ce qui donne cette version.
Cet épisode, nous précise l'auteur se situe avant L'homme inquiet qui clôt la série.
Retrouver Wallander est toujours un bonheur et la réflexion de l'auteur sur son personnage est extrêmement intéressante. On y apprend entre autres les étapes de la genèse de la série, les objectifs de l'auteur et surtout la raison pour laquelle il a décidé d'arrêter la série : "Après La lionne blanche, j'ai compris que Wallender était réellement devenu un instrument. Il m'est alors apparu que j'avais tout à craindre de ce personnage car désormais , je serais sans cesse confronté au danger de privilégier le soliste. Or mon mot d'ordre était toujours: l'histoire d'abord."
Quant à des épisodes mettant en scène Linda, l'auteur n'en exclut pas l'éventualité , tout en soulignant : "à mon âge, les frontières rétrécissent. Le temps, qui manque toujours, manque encore plus. Je dois prendre des décisions de plus en plus fermes sur ce que je ne veux pas faire ."
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : henning mankell
02/02/2015
L'une et l'autre
"Elle écrit au pèse-nerfs , dans une sorte de stridence, d'exaspération."
"L’une & l’autre, c’est Marie Desplechin et la comtesse de Ségur, saisissante de modernité ; c’est Gwenaëlle Aubry et la poétesse américaine Sylvia Plath, en butte à ses vertiges de mère et d’épouse ; Camille Laurens et l’amour fou chanté par Louise Labé ; Lorette Nobécourt et Marina Tsvetaeva, broyée par la folie stalinienne ; Marianne Alphant et Jane Austen, dévouée à l’écriture jusqu’à s’oublier elle-même ; et c’est aussi Cécile Guilbert et l’essayiste Cristina Campo, hantée par le mot juste." (présentation de l'éditeur)
Par de là les années, des écrivaines contemporaines ont tendu des liens vers des auteures qu'elles admirent. Brosser leur portrait est aussi l'occasion d'interroger leur propre créativité, les liens qu’elles entretiennent avec l'écriture et la vie.
Ouvrage collectif, l'une est l'autre nous offre de jolies rencontres avec des écrivaines, déjà lues ou non ,mais aussi quelques échecs.Je n'ai ainsi pas été très convaincue par le texte de Lorette Nobécourt ,trop éclaté dans la chronologie, ni celui de Cécile Guibert, à l'écriture trop chantournée à mon goût. Quant à Marianne Alphant, elle pâtit du manque d'informations sur Jane Austen .
Par contre Marie Desplechin nous offre un portrait très vivant de la comtesse de Ségur, en soulignant la modernité pour l'époque. Camille Laurens nous rend aussi terriblement présente Louise Labbé. Quant à Gwenaëlle Aubry, on la sent en totale empathie avec la sensibilité exacerbée de Sylvia Plath. Rien que pour ces textes, il faut lire L'une et l'autre !
06:00 Publié dans Essai | Lien permanent | Commentaires (7)
31/01/2015
Discount
Christiane, Gilles, Alfred, Emma, Momo et Hervé travaillent dans un hard discount. Petits salaires mais bonne entente entre ces gens modestes dont on sent d'emblée les fêlures.
La décision de les remplacer par des caisses automatiques va souder davantage la petite bande et les pousser à créer une épicerie "solidaire" destinée aux gens aux petits revenus, épicerie dont les produits seront détournés de leur lieu de travail. Dernier baroud d'honneur où les voleurs seront volés...
Discount est une véritable film choral, où tous les personnages possèdent la même densité, où la tendresse alterne avec les coups de gueule , et qui respecte profondément chacun d'entre eux, révélant par petites touches leurs parcours marqués par les coups du sort.
Pas de manichéisme non plus concernant la directrice du magasin, interprétée magnifiquement par Zabou Breitmann, elle aussi victime de la violence de sa hiérarchie.
Violence qui s'exerce sous forme de harcèlement humiliant et tatillon à l'encontre des employés ont on veut se débarrasser mais la solidarité va leur permettre , malgré tout de préserver leur dignité.
Inutile de se voiler la face, la présence de ma chouchoute Corinne Masiero (parfaite et généreuse ,comme d'hab') et le fait que le film ait été tourné dans le Nord ont beaucoup joué dans ma décision d'aller voir Discount ! Mais au final,c'est surtout Pascal Demolon qui m'a vraiment émue ! clic.
Coïncidence, quelques jours plus tard, je regardais un peu par hasard Divin enfant, une comédie où il jouait également et j'ai encore eu le coup de foudre !
06:50 Publié dans je l'ai vu ! | Lien permanent | Commentaires (6)
30/01/2015
Ultra Violette
"Parce qu'ils n'ont rien vu ni rien compris de ta vive couleur enfouie. Ultra Violette."
Violette Nozière ,jeune parricide, défraya la chronique dans les années Trente et suscita l'engouement des Surréalistes.
Ce n'est pas à l'héroïne du fait divers destiné " à croupir dans l'oubli" que s'intéresse Raphaëlle Riol. Son objectif est tout autre : "réhabiliter Violette dans son statut de personnage littéraire." Elle invite donc Violette par ces mots amicaux: "Viens entre mes lignes, tu seras chez toi, c'est promis. Tu t'y sentiras à l'aise comme à l'hôtel."Et Violette de s'installer et de commencer, mine de rien à manipuler la romancière, tout en vidant son compte en banque !
La relation entre le personnage et l'auteure est finement décrite et RapHaëlle Riol recrée parfaitement l'atmosphère de cette époque, n'hésitant pas à employer un lexique parfois précieux, parfois plein de gouaille pour mieux nous dépeindre ce Paris des années Trente.
Son style a pris de l’ampleur, de l'assurance et l'histoire vraie (face A) et les hypothèses (face B) donnent à voir les multi facettes d'une femme tour à tour haïe et célébrée , qui garde jusqu'au bout son mystère.. Un coup de cœur !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : raphaëlle riol