15/02/2019
La Meute
"- Ce n'est pas parce que j'ai une vision plus distendue des rapports entre les êtres humains que je ne suis pas une bonne amie."
Meute de louves ou de hyènes ? En tout cas six meufs que rien ne devrait relier et qui, par delà les années, les emmerdes, gardent toujours le cap de leur amitié.
Cent pour cent parisiennes (ou presque), plus acerbes que tendres, leur vie nous est donnée façon puzzle chronologique via la narratrice, Olivia.
Si dans le premier tiers du roman, j'ai été séduite par l'énergie brute qui se dégage du texte, tout sauf joli, je me suis vite lassée de cette mécanique qui tourne trop souvent à vide (on se fiche un peu, beaucoup de leurs ennuis) et se termine de manière abrupte, mais sans réelle émotion. Oui, voilà bien le problème, je suis restée totalement extérieure à ce roman.
Plon 2019.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : sarah koskievic, schtroumpf grognon le retour
14/02/2019
Pull
"Il avait abandonné son maître." Par cette simple phrase, Claire Lebourg retourne la situation et , simultanément, broie le cœur de tous ceux qui aiment les chiens (mais pas que). D'autant que, sur la page d'en face, elle représente le héros qui donne son nom au livre, Pull , un petit chien, souriant, les oreilles volant au vent à travers la vitre ouverte d'une voiture.
Pull, heureusement, va rencontrer la solidarité canine (et féline) en rejoignant une communauté qui vit dans un vieux train abandonné, sur une voie secondaire cachée, dans une ambiance bucolique . Là, Pull fera découvrir à ses nouveaux amis les vertus gustatives de la fameuse tarte aux poireaux-jus de poubelle.
Les humains, à l'exception des enfants, semblent indifférents au sort de ces animaux pour qui la ville devient un terrain d’expérimentation et de jeux et si le livre se termine sur une note un peu mélancolique , il prône néanmoins les vertus de la famille qu'on s'est choisie.
Un livre aux tonalités très douces, aux dessins pleins de tendresse et d 'humour, qui file directement sur l'étagère des indispensables !
Éditions MeMo 2019
06:00 Publié dans Jeunesse, l'étagère des indispensables | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : claire lebourg, chiens et compagnie
13/02/2019
#ToutCeQuiNousSubmerge #NetGalleyFrance
"Elles étaient coupées physiquement, mais aussi linguistiquement du monde. Elles constituaient une espèce à elles seules."
Si "nous sommes déterminés par le paysage, notre vie est tracée en fonction des collines, des rivières et des arbres." et plus particulièrement ici par la rivière, sur laquelle ont vécu dans un bateau, la narratrice et sa mère, s'y créant un univers bien à elles, doté d'expressions singulières,empreintes de références mythologiques, et où rôdait un animal fantastique, englobant toutes les peurs : le Bonak.
Quand le roman commence la narratrice, Gretel, a retrouvé sa mère, Sarah, quasi aphasique, au comportement frôlant la folie après une disparition de seize ans. Seize ans, c'est aussi l'âge auquel Sarah a abandonné sa fille.
Dans ce roman, il est en effet beaucoup question d'abandons, ressentis comme nécessaires, de "traque", de liens familiaux particuliers.
Daisy Johnson brouille les pistes, via la chronologie des différents épisodes, mais aussi par le biais des identités fluctuantes, tant du point de vue des prénoms que du genre. Elle revisite ainsi de manière originale le mythe d’œdipe, se penche sur les souvenirs et le pouvoir des mots. Ce n'est ainsi pas un hasard si Gretel, exclue du groupe par son langage particulier, devient lexicographe, pour mieux maîtriser les mots.
Il se dégage de ce roman une atmosphère particulière, irriguée jusque dans l'espace entre les os par la rivière, à la fois maléfique et attirante , créant un univers à la frontière du fantastique. Un roman fascinant qui perd parfois son lecteur mais, en dépit de quelques longueurs, parvient toujours à le garder captif, tant l'écriture est poétique , au plus proche de la nature , des émotions.
Magnifiquement traduit de l'anglais par Lætitia Devaux, Stock 2019.
06:00 Publié dans Objet Littéraire Non Identifié, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : daisy johnson
12/02/2019
Ce matin, maman a été téléchargée
Nous sommes en 2048. Demain, donc. Nous portons des lunettes qui "enregistrent les images et les sons, mais pas notre ressenti, encore moins notre souvenir. En cela, elles mentent. Elles ne sont qu'un reflet, elles ne stockent qu'une illusion" Telle est du moins l'opinion du narrateur , Raphaël, qui a bien d'autre soucis en tête que de convaincre sa nouvelle petite amie des défauts de ce qu'elle estime plus fiable que sa mémoire.
Jugez un peu : sa mère est morte, comme l'annoncent le titre et la première phrase du roman, calque de L'étranger. Mais, en fait, de manière quelque peu illégale, l'esprit de cette femme a été transféré dans un andréide, ce qui lui permettre de continuer à se montrer extrêmement intrusive dans la vie sentimentale de son fils. Elle peut donc continuer en toute impunité à lui pourrir la vie, utilisant toutes les ressources d'un monde où les humains laissent de multiples traces informatiques.
Farci de termes techniques, ce premier roman , écrit par un professeur à la faculté des sciences de Sorbonne Université et président du comité d’éthique du CNRS, hésite trop entre l'anticipation à visée dénonciatrice, le roman de procès et l'ébauche d'une trame sentimentale. Les personnages sont tracés à gros traits et la société dans laquelle ils évoluent trop peu ébauchée pour être totalement convaincante. Quant aux tentatives d'humour , elles tombent souvent à plat.
Merci à Buchet-Chastel et à Babelio pour cette expérience.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : gabriel naëj, schtroumpf grognon le retour
11/02/2019
Dernières nouvelles de la science/éditos carrés
"Pour laisser une trace dans l'histoire,
Brossons-nous les dents matin et soir,
Car on pourrait un jour tomber entre les main
D'un paléogénéticien."
Si à 7h20 chaque matin, vous avez un billet d'excuse pour sécher l'édito carré matutinal de Mathieu Vidard sur France Inter, ,si vous en avez raté certains, ou si petits gourmands, vous en demandez davantage, réjouissez-vous celui qui arrive à faire aimer la science même à des littéraires pur jus vient de rassembler et d'enrichir ses chroniques.
Vous saurez ainsi que "Peu de temps après sa naissance, un poussin sait compter au moins jusqu'à cinq."(De quoi clouer le bec à la primipare persuadée qu'elle a engendré un surdoué...) ou découvrirez enfin pourquoi les enfants nous épuisent (Ils ont "Une disposition à éliminer rapidement certains déchets métaboliques, comme le lactate; en conséquence, l'apparition de la fatigue est retardée et la récupération se fait plus vite"). Inversement, la science nous explique également pourquoi nos adolescents sont tout le temps fatigués (non, ils ne mentent pas).
C'est éclectique, bien écrit, souvent passionnant, de quoi commencer chaque journée en étant un peu moins bête.
Grasset France Inter 2019, un petit bréviaire à picorer de 379 pages.
06:00 Publié dans chroniques, Document | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : mathieu vidard
10/02/2019
La Chouette Librairie
Ayé, j'y suis enfin allée ! Évidemment, j'ai craqué et sur des livres et sur leur tote bag, bien sûr !
Le moteur de recherche de leur site est très pratique et on peut même commander !
Excellent accueil, beaucoup de petites maisons d’éditions, cadre très agréable, à deux pas de l'hyper centre de Lille, tout pour plaire !
11:39 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (3)
09/02/2019
Ces rêves qu'on piétine ...en poche
"Elle n'a jamais blessé personne. Elle n'a jamais haussé la voix. Elle a été à la hauteur. Elle s'est battue. Elle a menti. Elle a collé au personnage qu'on avait voulu faire d'elle. Digne de son rôle."
Montage alterné pour ce roman mettant en scène la fin de la Seconde Guerre mondiale: tandis que sont engagées les marches de la mort, Martha Goebbels et six de ses enfants se terrent avec quelques dignitaires nazis dans le bunker berlinois d'Hitler.
L'occasion de revenir sur le parcours de cette femme qui a bâti sa vie sur un mensonge (son père était juif) et a embrassé sans barguigner les thèses du nazisme pour livrer cours à ses ambitions.
L'occasion aussi de brosser un portrait saisissant et puissant des derniers massacres, tant par les soldats que par les populations civiles, des survivants des camps de la mort.
Faisant le lien entre les deux, les lettres (imaginées par l'auteur) qu’un père a adressées à la fille qui n'a rien fait pour le sauver.
Si le style de l'auteur est à la fois très évocateur mais sans pathos, je suis malheureusement restée à distance de ce texte, un peu pour me préserver et aussi parce que j'avais déjà lu plusieurs romans sur cette période historique .Ce dernier en a sans doute pâti.
06:00 Publié dans Document, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (1)
08/02/2019
Sur les chemins noirs...en poche
"Je préférais demander aux chemins ce que les tapis roulants étaient censés me rendre: des forces."
On l'a connu fanfaronnant sur les toits parisiens, mais c'est un chalet montagnard qui aura eu presque raison de lui. Rafistolé par des médecins dont il s'étonne qu'ils ne lui aient reproché, Sylvain Tesson, désormais sourd d'une oreille, paralysé du visage et doté de quelques vis dans la colonne vertébrale, décide de se soigner à sa façon.Pour cela , il parcourt ce qu'il appelle Les chemins noirs, cette "géographie de traverse" qui subsiste, loin de l'aménagement imposé au territoire.
Et c'est bien cette géographie, plus que le corps et l'âme en berne du narrateur qui sont au cœur de ce récit. Quelque fois sentencieux, mais le plus souvent poétique, Sylvain Tesson fait aussi quelques rencontres , parfois hautes en couleurs, mais le plus souvent fort modestes.
C'est cette poésie champêtre et cette modestie qui ont su emporter mon adhésion et me réconcilier avec le personnage et l'auteur.Le récit est bref et bien moins nostalgique que celui de Benoit Duteurtre, plus axé lui sur l'histoire.
06:00 Publié dans Document, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sylvain tesson
07/02/2019
#QuiATuéLhommehomard #NetGalleyFrance
"On a ouvert avec un meurtre bien sordide, un homme-homard découpé en morceaux, c'est original, c'est visuel, c'est gourmand. A mon avis, on a marqué des points."
Enfin un peu d'animation à Margoujols, petit village reculé de Lozère ! Un rescapé d'un cirque itinérant composé de monstres de foire et installé depuis 70 ans dans ce coin paumé a été assassiné.
Voilà qui réjouit fortement Lucie, jeune fille lourdement handicapée mais dotée d'un fauteuil surpuissant, tout autant que son cerveau qui s'instaure narratrice de ce récit et assistante des forces de l'ordre. Attention aux yeux et aux oreilles car si seul le majeur droit de Lucie bouge c'est autant pour faire des doigts d'honneur à la compassion que pour communiquer par un ordinateur, à l'instar de S Hawking.
Ouvrir un roman de J.M Erre c'est embarquer dans un récit à cent à l’heure où on prend juste le temps de respirer après avoir hoqueté de rire entre deux remarques vachardes , teintées d'humour noir ( fan du politiquement correct s'abstenir). ça dégomme à tout va sur les handicapés, les sacro- saintes règles du polar, les critiques littéraires, les réseaux sociaux et j'en passe, sans pour autant perdre de vue la résolution de l'énigme. De quoi muscler nos zygomatiques avec cet excellent cru !
Buchet-Chastel 2019
06:00 Publié dans Humour, romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : jm erre
06/02/2019
L'amour après ...en poche
"Il faut déserter les modèles, fuir leurs pièges, leurs barbelés invisibles. L'important, c'est d'avoir de l'air, alors tout peut commencer."
Années 50, Marceline Loridan -Ivens qui est "une fille de Birkenau" est rentrée en France et ne tarde pas à prendre son indépendance vis à vis de sa mère.
La jeune femme dont le corps a été figé dans l'adolescence par le camp a soif de vie et de culture. Elle enchaîne aussi les aventures amoureuses ,même si son corps ignore toute sensation de plaisir, de désir ,et restera à jamais "sec", c'est à dire stérile, sans que Marceline le regrette, bien au contraire.
La nudité reste attachée au regard d'un médecin décidant de la vie ou de la mort et Marceline aura toujours des difficultés à se dénuder, y compris dans un contexte médical.
Un récit rare qui évoque le corps, les sentiments d'une jeune femme fracassée par les camps mais qui est pleine d'ardeur, de vie, d'énergie et d'une formidable liberté.
06:00 Publié dans Biographie, Document, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : marceline loridan-ivens