24/05/2019
La nouvelle vie de Kate Reddy...en poche
"Hélas, s'il y a un cadeau qu'on ne peut offrir à ses enfants, c'est la perspective."
Nous avions connu Kate jonglant entre son boulot très prenant à la City, son mari et ses enfants (Mais comment fait-elle ?), nous la retrouvons quelques années plus tard, flirtant dangereusement avec la cinquantaine.
Dotée d'une maison pleine de charmes et de réparations nécessaires en pagaille, d'un mari en pleine crise de milieu de vie (façon vélo et méditation), d'ados accro aux réseaux sociaux ou aux jeux vidéo, sans compter les (beaux)-parents qui commencent à cumuler les ennuis de santé, Kate a toujours aussi fort à faire.
Mais l'argent venant à manquer, il faut qu'elle retrouve un emploi tout en affrontant une péri-ménopause tout sauf agréable.
A la fois drôle et percutante dans son analyse de la situation faite aux femmes de son âge sur le marché du travail, Kate c'est nous en mieux.
Pleine de bon sens, n'hésitant pas parfois à appeler un chat un chat et à évoquer sans fard les inconvénients de la ménopause, façon Whoopi Goldberg citée en exergue ("Personne ne vous prévient que vous allez vous déplumer du pubis."), elle sait aussi se montrer émouvante.
On rit, on applaudit mentalement à certaines de ses analyses et on a aussi parfois le cœur serré. Bref, on trouve ici tous les ingrédients d'un excellent roman qui sait nous divertir sans pour autant tomber dans la facilité.
06:00 Publié dans Humour, le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : allison pearson
23/05/2019
Mary Ventura et le neuvième royaume
"Il n'y a pas de voyage de retour sur cette ligne, dit la femme avec douceur. On ne revient pas en arrière une fois qu'on est au neuvième royaume. C'est le royaume de la négation, de la volonté pétrifiée. Il a un tas de noms différents."
Un couple presse une jeune femme sur le quai d'un train d'embarquer pour le Neuvième Royaume. Bien que réticente, elle se laisse convaincre par des arguments fallacieux ("sois mignonne") et embarque.
Le voyage prend petit à petit une dimension inquiétante, mais heureusement , une voyageuse expérimentée, tricotant une robe en laine vert printemps, va venir en aide à notre héroïne dans un univers innervé par la couleur rouge. Embarquée malgré elle vers une destination sans retour, l'héroïne trouvera-telle pourtant le moyen d'échapper à son destin ?
On comprend que cette nouvelle ,publiée pour la première fois dans sa version de départ , ait été refusée par a magazine américain Mademoiselle en 1952. Elle ne devait certes pas convenir à la ligne éditoriale enjouée qui était alors de mise.
Qualifiée par l'auteure de "vague conte symbolique", comme le précise la préface, nous avons ici un texte prégnant où se lisent déjà les thématiques de Sylvia Plath , alors seulement âgée de vingt ans. Une quarantaine de pages qui font battre le cœur, tout inédit de Plath étant bien sûr une bonne nouvelle, superbement illustré par Cheeri et traduit par Anouk Neuhoff.
Un petit plaisir à s'offrir de toute urgence ! Et zou, sur l'étagère des indispensables !
La Table ronde 2019.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, le bon plan de fin de semaine, Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : sylvia plath
20/05/2019
J'peux pas j'ai chimio
Bêtisier: les Enfoirés (extrait):"-J't'embrasse pas, mon système immunitaire est en chute libre !
-Non mais vas-y . J'ai pas peur de l'attraper !"
Une BD sur le cancer qu'on termine toute tourneboulée mais néanmoins le sourire aux lèvres ? Oui ! Pari brillamment tenu par les auteures qui ont su trouver le ton juste (ni doloriste, ni optimiste façon forcené) pour évoquer les différentes étapes, de l'angoisse des résultats d'analyse à la rémission, en passant par les phases de "grotte" où la fatigue et la déprime mènent le bal( mais c'est pour mieux remonter ).
Avec humour, tendresse et bienveillance, elles évoquent aussi les proches, les soignants souvent au bord du burn out, les attentes interminables, mais aussi la solidarité et les remèdes plus ou moins fantaisistes, chacun essayant d'aider comme il peut.
Revitalisant !
Marabulles 2019.
Merci à l'éditeur et à Babelio.
06:00 Publié dans BD, Humour, Récit de vie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : alexandra brijatoff, camille happenot, cancer, humour
18/05/2019
Dans les prairies étoilées...en poche
"En même temps, quand on vient de vous offrir un mortissoir à brinches, être content, ça va de soi."
Délaissant la veine du "Ensemble, c'est tout", Marie-Sabine Roger nous livre ici un joli roman traitant de l'amitié, du temps qui passe, mais aussi des relations entre un créateur (auteur-dessinateur de BD) et sa créature, lors du décès de l'ami qui l'avait inspiré.
L'écriture est fluide mais la trame narrative manque de force à mon goût.
Cuné est plus enthousiaste: clic.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : marie-sabine roger
17/05/2019
Mrs Hemingway...en poche
"Quel charme ! Quel magnétisme ! les femmes se jettent des balcons, le suivent à la guerre et détournent le regard le temps d'une liaison parce qu'un mariage à trois vaut mieux que d'être seule."
Il n'y aura pas eu une mais quatre Mrs Hemingway, l'auteur du Vieil homme et la mer * ayant enchaîné les mariages, comme si lui non plus ne supportait pas d'être seul. Fait qui mérite d'être noté d'ailleurs, il était systématiquement encore marié quand il envisageait d'en épouser une autre, dans une transition sans faille.
Même si nous le suivons des années 20 aux années 60, Naomi Wood a choisi de la faire en donnant la parole successivement à Hadley,la tendre, Fife,la déterminée, Martha ,l'indépendante et enfin à celle qui le découvrira suicidé, Mary.
La première partie du roman est peut être la plus intense, qui voit Hadley, au cours d'un été caniculaire à Antibes, choisir délibérément d'inviter son amie Fife, qu’elle soupçonne d'avoir des vues sur Hemingway. Stratégie qui s'avérera perdante mais que Naomi Wood décrit avec délectation, inversant parfois les rôles et donnant ensuite le point de vue de la rivale.
Le risque était double : se répéter et alourdir le récit des informations glanées au cours des recherches effectuées. Le défi a été remporté haut la main car Naomi Wood possède une écriture précise, imagée et analyse la psychologie de ses personnages avec empathie. Ce n'est ni un portrait à charge, ni à décharge mais un kaléidoscope où se révèle la complexité du romancier américain à travers le regard de ses épouses. Un grand coup de cœur et un roman que j'avais hâte de retrouver !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : naomi wood
16/05/2019
Des orties et des hommes
"Chacun dans sa cour de ferme, on n'a pas grandi avec du Nutella entre les doigts mais avec la glaise, la sueur, les caresses animales et la sale matière du travail pur. L'âge qui s'avance nous pèse comme la bosse de Joël. On devient adolescents et lointains."
Pia, double de l'auteure, nous relate dans ce roman poétique et sensuel, le monde rural de la Charente où s'est installée une famille d’origine italienne.
Le travail dur, la sécheresse intolérable d'un été des années 70 qui fait pleurer une mère de faille agricultrice, mais aussi les orties cueillies sans se faire piquer et progressivement le passage à une agriculture industrielle, sont au cœur de ce récit.
En parallèle, c'est aussi le passage à l'adolescence et si, parfois , le rythme semble lent et sans véritable intensité narrative, à la fin, on se retrouve un peu démuni et on aimerait savoir ce que sont devenus les différents protagonistes.
Éditions Liana Levi 2019, 295 pages piquetées de marque-pages.
Clara a aussi aimé.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : paola pigani
15/05/2019
Je me promets d'éclatantes revanches
" C'est une des raisons pour lesquelles l'écriture de Charlotte Delbo dérange :par sa grâce, elle peut refuser de vivre en victime."
C'est par Marie-José Chombart de Lauwe, ancienne résistante et déportée à Ravensbrück, lors de la préparation de ce qu'elle n'ose pas encore appeler son roman (Kinderzimmer) que Valentine Goby découvre la vie et l’œuvre de Charlotte Delbo.
Survivante d'Auschwitz-Birkenau, Charlotte Delbo amoureuse, résistante et déportée ne connaît pas une grande notoriété de nos jours. Valentine Goby, fascinée par la puissance de cette écriture poétique s'interroge sur les raisons de cette situation et nous livre ici un bel exercice d'admiration.
Une magnifique manière de célébrer la puissance des mots.
06:05 Publié dans Essai, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : valentine goby
14/05/2019
Fleurs tardives
"J'étais tout de suite chez moi dans ce pays de chair, de peau, de bras, de lèvres. les siennes étaient blindées, rouillées, mais coopératives. N'empêche que c'était comme si j'avais appris à respirer de nouveau, un vrai bain chaud."
Dix ans après le décès de son Jacques chéri, Susie Morgenstern fait la connaissance, via internet d'un veuf, suisse et doté d'un fils unique.
Ils se donnent rendez-vous à Paris et là, Susie, sur une impulsion, pousse Georges sur le lit de la chambre d'hôtel qu'il a louée ! Ce n'est pas parce qu’on a plus de soixante-dix ans qu'on n'a plus de désir sexuel !
Commence alors une enthousiasmante histoire d'amour, soigneusement balisée au début par les deux tourtereaux qui doivent prendre en compte les réactions de leur familles respectives (on a parfois l'impression que les rôles s'inversent !).
A son habitude, Susie Morgenstern se montre à la fois franche, pudique et pleine d'humour et , ce qui est encore plus intéressant, donne la parole en alternance à George. Nous voyons donc comment chacun d'entre eux ressent les événements, sans que jamais on tombe dans des redites.
La dernière partie est plus sombre, mais tout aussi intéressante.
On souhaite beaucoup de bonheur à Susie et Georges,autant qu'on en ressent à la lecture de cet ouvrage.
Bayard 2018. Déniché à la bibliothèque. 139 pages qui donnent la pêche et filent sur l'étagère des indispensables !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Récit de vie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : susie morgenstern, george rosenfeld
13/05/2019
En attendant la neige
"J'allais trouver un territoire vierge qui ne serait pas entaché par cette faute, un espace suffisant pour exister, avoir un futur possible. C'était tout ce que je demandais."
Responsable d'un accident de voiture dans lequel sa mère a trouvé la mort, Véra tout autant pour se reconstruire que pour échapper à l'emprise d'une sœur trop parfaite qui entend régenter sa vie, se réfugie dans un chalet isolé du Jura.
Là, elle pourra se désintoxiquer des médicaments prescrits pour lutter contre les conséquences physiques de l’accident et se confronter à sa culpabilité. Mais, trop centrée sur ses problèmes, Véra n’entend pas les mises en garde et devra se confronter à d'autres problèmes inattendus, sans compter que la neige risque bientôt de la bloquer dans son chalet.
Suspense psychologique efficace, En attendant la neige ne ménage pas les nerfs de son lecteur sans pour autant bâcler les portraits de ses personnages, aussi bien principaux que secondaires. L'atmosphère est prenante et l’on dévore d'une traite ce roman.
Merci Clara !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : christine desrousseaux
12/05/2019
L'été dernier à Syracuse
"Deviner le fragilité d'une femme et s'y intéresser, c'est ma technique."
Un couple d'intellos dans la force de l'âge et un couple plus jeune de leurs connaissance, accompagné de leur très jolie pré-ado partent ensemble en vacances en Italie . Ils termineront leur périple à Syracuse.
Dans leurs valises, ils emmènent qui un manuscrit prétendument à finir, qui bien des interrogations, quelques secrets et surtout beaucoup de névroses. Le soleil, la chaleur, le fait d'être des Américains en voyage en Europe aussi, ajoutés à tous ces non-dits vont former un cocktail détonnant pour le plus grand plaisir du lecteur qui, au fil des narrations alternées de ce roman choral, mesure l'ampleur du drame à venir.
Roman commencé de manière plutôt légère, l'été dernier à Syracuse prend, au fil des pages , une tonalité plus dramatique et, s'il n'évite pas quelques invraisemblances dans la dernière partie, constitue un excellent roman à glisser dans sa valise cet été, quelle que soit notre destination.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : delia ephron