Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/02/2020

Le discours...en poche

Pour ma mère, le monde se divise en trois catégories: ceux qui ont un cancer, ceux qui font construire et ceux qui n'ont pas d'actualité particulière."

"Un type désœuvré, dévasté par le chagrin d'amour et le manque, bloqué dans un repas où tout semble dénué de sens." Quand l'auteur nous propose très gentiment , via son narrateur principal, Adrien, quadragénaire névrosé et torturé, un résumé de la situation pour quoi se gêner ?
Il faut dire qu'on la comprend un peu, Sonia, de vouloir faire une pause: être régulièrement réveillée par un gars persuadé de faire une crise cardiaque, ça fatigue !fabcaro, fabrice caro
Mais bon il est attachant aussi et c'est sans doute pourquoi son futur beau-frère vient de lui demander lors d'un dîner en famille de rédiger Le discours de son prochain mariage.
Belle occasion pour Adrien de se torturer les méninges et de scanner le fonctionnement des relation familiales , où chacun est tenu de jouer sa partition, sans déroger aux règles implicites. A moins que...
Du début à la fin de ce roman, j'ai eu le sourire devant les membres de cette famille, croqués à la fois avec tendresse, pertinence  et loufoquerie. On a vraiment l'impression d'y être et de reconnaître , poussés à l'extrême, jusqu'à l'absurde certains comportements de nos contemporains
A noter qu'on peut aussi glaner plein d'infos, à la fois drôles et surprenantes, histoire de briller dans notre prochain dîner de famille !

 Et zou, sur l'étagère des indispensables !

05/02/2020

#PréférerL'Hiver#NetGalley

"Face à un événement que l'on refuse tellement, on ne peut que prétendre que le meilleur nous a été enlevé. On ne peut pas fustiger les drames tout en admettant que ce qui nous a été arraché était somme toute, plutôt moyen, voire désagréable."

Une mère et sa fille adulte, marquées par les deuils et l'abandon, vivent recluses dans une forêt. L'hiver "qui anesthésie les peines et offre des cieux blancs et lumineux", est ici célébré, tout comme la nature, et les conduira vers une épure qui viendra à bout des violences subies.aurélie jeannin
Un texte qui vous prend par la main, ne vous lâche plus, tant sa langue est poétique et sa manière de dévoiler peu à peu ce qui était tu ,hypnotique.
Du grand art. Un premier roman fascinant.

Harper Collins 2020

 

Cuné m'avait donné envie: clic

 

04/02/2020

#LesFluides#NetGalley

"Le corps de Julie est une armure. Ses capitons des soldats qui repoussent l'assaillant. Est-ce pour créer de la distance entre elle et le reste du monde que Julie a tant grossi en si peu de temps ?
Julie a grossi pour ne pas couler."

En peu de temps Julie a tout perdu: son mari qui n' a pas su comprendre le brutal changement de sa femme, tant psychologique que physique, sa fille, son emploi.CVT_Les-fluides_3785.jpg
Bien qu'angoissée, Julie tente de renouer avec sa fille et de profiter d'un moment d'intimité à la piscine municipale, moment dont les différentes étapes obligatoires scandent le récit.
Très vite, le lecteur devine la nature de ce qui a provoqué le repli sur elle de Julie et souffre avec elle d'une série de micro humiliations qu'elle subit à la piscine, jusqu'à ce qu'un incident vienne changer la donne.
Alice Moine analyse avec finesse la zone grise que peuvent prendre certaines formes de non-consentement non clairement exprimés, le déni masculin, la honte ressentie par la victime et les conséquences désastreuses que cette agression peut entrainer.
Belfond 2020

03/02/2020

#FannyEtLeMystèreDeLaForêtEnDeuil#NetGalley

Fanny, dix-sept ans, se retrouve brutalement orpheline. Autorisée à habiter seule dans la maison familiale, sans voisins, sans amis, elle va apprivoiser son deuil à s manière, entre rêve et réalité.rune christiansen
Si l'écriture est belle, le roman très court, je suis restée à l'orée de ce texte qui m'a laissée dubitative.

Un écrivain chaudement recommandé par Karl Ove Knausgård.

rune christiansen

 

30/01/2020

Ma grande...en poche

"La petite  a commencé à te ressembler de plus en plus. Elle avait peur de tes cris  et elle avait trouvé comment être épargnée , en se liguant avec toi contre moi."

Leur histoire d'amour aura duré peu de temps, mais leur mariage quinze ans. Entre les deux une longue histoire de brimades, d'isolement progressif ,de manipulations, de dénigrement systématique , de violences verbales relatées par un narrateur anonyme tombé dans les filets de celle qu'il appelle Ma grande.claire castillon
D'emblée nous savons que la fin de cette relation sera tragique et que le projet d'écriture a pour objectif d"oublier après quand j'aurai tout écrit. J'ai pas besoin d'oublier pour mieux vivre . la vérité bouge pas , c'est ça que je veux inscrire : je suis mieux depuis que t'es pas là. Mais je sais que j'avais pas le droit."
L'écriture, un peu oralisée, mais riche d'inventions percutantes , "Tu me faisais des brûlures et je débrûlais jamais." , une écriture enfin libérée, qui peut poser les vrais mots sur l'attitude de cette femme qui se disait"Exclusive, amoureuse" et qu'il peut enfin qualifier de "Possessive, jalouse, envieuse, égoïste." peut déstabiliser.
Tout comme la volonté de renverser la situation en inversant les rôles "traditionnels". C'est l'homme ici qui est la victime de ce harcèlement
On retrouve ici Claire Castillon à son meilleur dans sa volonté de casser les codes et de pimenter d'humour noir la narration de cette relation toxique.

 

29/01/2020

Psychologie de la connerie...en poche

Cet essai sur la connerie, sous des dehors en apparence légers, investit des champs tout à fait différents et passionnants, allant de l'école,  l'entreprise, la politique à plus étonnant : nos rapports aux animaux.
La connerie est partout, mais, c'est bien connu, nous pouvons tous être le connard de quelqu'un d'autre, mais seuls les vrais cons ne veulent pas s'en rendre compte car la connerie est en effet liée au narcissisme exacerbé.
Comment faire face aux cons  ? De nombreux auteurs semblent quelque peu découragés devant l'ampleur du phénomène, accentué et amplifié par les réseaux sociaux.jean-françois marmion
Mais quelques uns nous offrent des solutions : la culture, la création voire même des cas concrets déjà appliqués par des compagnies aériennes ou des hôpitaux,et qui ont porté leurs fruits.
Un panorama éclectique et riche qui confirme ce qu' Audiard affirmait déjà : "Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît."

27/01/2020

A mains nues

"Mes amies et moi n'élevons pas nos enfants de la même façon selon qu'ils ont une forme de fille ou de garçon. Conscientes de ce qui se joue ici et maintenant pour les hommes et les femmes, on veut rebattre les cartes."

La narratrice d’À mains nues utilise le "Je", mais c'est une 3je" englobant dans lequel chacune pourra se reconnaitre, s'identifier à des degrés divers. Avec une belle énergie, Amandine Dhée revisite les différentes facettes de ce qui nous constitue en tant que femmes.
Le désir irrigue ce texte de la jeunesse à la vieillesse, cette étape qui pour elle est encore lointaine, et le rend optimiste et riche de possibilités.amandine dhée
La langue est précise, fluide et aborde avec franchise, mais sans jamais tomber dans la vulgarité, tous les aspects de la vie féminine.
Il est intéressant pour celles qui, comme moi, ont connu les années 70 et le choc qu'ont été par exemple Les mots pour le dire de Marie cardinal ou les textes de Benoîte Groult de constater l'évolution des thèmes évoqués, ce qui a disparu ou presque et ce qui apparaît (la notion de genre, par exemple).
Un texte à (s') offrir de toute urgence.

 

La contre Allée 2020, 136 pages et un malicieux calligramme final...

 

De la même autrice: clic

Je souris moins aujourd'hui. Non que j'aie perdu en gaieté mais parce que je ne cherche plus d'emblée à avoir l'air charmante et inoffensive. Et je m'excuse moins. Avant, je m'excusais à tout bout de champ, en souriant donc, désolée par-ci désolée par-là, au cas où, pour lustrer. S'excuser, la maladie des femmes.

 

25/01/2020

La fourmi rouge...en poche

"Tout a déjà changé sans que je le sache même. Or, je ne sais pas si ça se sent, mais je suis à peu près aussi douée pour le changement que l'étaient les dinosaures..."

Vania Strudel, quinze ans, a l'impression de ne pas avoir tiré le gros lot à la loterie de la vie. Jugez un peu : en plus d'un prénom et d 'un nom sujets à moquerie, elle est affligée d'un ptosis congénital à l’œil gauche, "En gros , [sa] paupière s’affaisse sur mon iris, ce qui fait qu'[elle a ] l’œil perpétuellement mi-clos, comme l'inspecteur Columbo.", un père taxidermiste et une ennemie jurée.
Elle trimballe aussi, nous l’apprendrons petit à petit une cargaison de secrets. Mais ce qui va déclencher toute une série de bouleversements dans sa façon d'envisager l'existence, c'est un mail anonyme à la fois "dévastateur et constructif", l'incitant, non pas à rester une"fourmi noire"banale et sans ambition, mais à assumer sa singularité en devenant une fourmi rouge.emilie chazerand
Et il a bien raison l'auteur de ce mail car Vania en a du caractère et de l'humour, souvent vachard d'ailleurs.Il lui reste juste à accepter de grandir à la fois dans son corps et dans son esprit.
Émilie Chazerand brosse ici le portrait d'un microcosme plein de vie et de fantaisie où les ennuis semblent s'accumuler sur le dos de son héroïne , mais, elle a les épaules Vania  et on la suit sans hésiter, défrichant à sa suite la jungle des mensonges où beaucoup de gens qui l'aiment l'ont laissée s'enferrer.
J'ai beaucoup aimé aussi la manière très directe, parfois scatologique (et pourquoi pas ?)dont Vania parle de son corps en pleine mutation. Revigorant et très drôle !

24/01/2020

Le jour où Beatriz Yagoda s'assit dans un arbre...en poche

"Elle sortit son carnet afin de se calmer en faisant un peu appel à son imagination, en disparaissant juste un instant dans le réconfort des chimères-dans l'appel à l'immortalité qui se cache dans toute fiction."

Auteure un peu oubliée, Beatriz Yagoda revient sous les feux de l'actualité brésilienne quand, après avoir grimpé dans un amandier, valise et cigare à la main, elle disparaît.idra novey
Emma, sa traductrice américaine, plante là son fiancé en mal de mariage et se lance à la recherche de l'autrice, en compagnie du fils de celle-ci. L'aventure va se révéler plus dangereuse que prévu car on s'aperçoit très vite Beatriz avait accumulé des dettes de jeux auprès de personnes plutôt dangereuses.
Traque littéraire loufoque, le premier roman de Idra Novey est aussi une gourmande plongée dans le monde l'édition et de la traduction, un vibrant hommage au pouvoir des mots. Un grand coup de cœur, constellé de marque-pages.

traduit de l'anglais (États-Unis par Caroline Bouet

23/01/2020

Ailleurs sous zéro

"Et puis, vlan, que nenni ! fi des belles intentions, un autre quotidien, sans vergogne ni respect pour la beauté de vivre,  tout de hargne ordinaire,  d' ébouriffante agitation, vous saisit au colback et vous secoue d'emblée, vous donnant le tournis au rythme enivrant d'une tout autre saison, en toute autre campagne: celle des élections."

Dans le prologue, Pierre Pelot se pose en défenseur du gens des nouvelles , "ces petites histoires à choc répétés", ces "mal-aimées "qu'il compare aux fleurs des orties , ces "si jolies petites fleurs que bien sûr on ne remarque pas d'emblée sous les feuilles qui brûlent."
Et, pour sûr, ici ça brûle, c'est fort ardent et violent. Qu'il s'agisse d'un texte écrit "au profond d'une sorte de gouffre qui s'ouvre sous vos pas sans crier gare et vous tranche dans le vif sans vous laisser le temps d'un cri", texte qu'on devine autobiographique et qui tord le cœur et les tripes ou se référant à d'autres codes littéraires, la violence est toujours présente.pierre pelot
Celle du racisme ordinaire et décomplexé, de la violence faite aux femmes, aux voleurs de poules ou de compresseur, celle d'un monde à la dérive qui sera le notre demain. Pierre Pelot emprunte ici des formes différentes , mais son sens de l'ellipse, des dialogues fait ici merveille. Le choix des noms de ses personnages est déjà programmatique et les inscrit dans une réalité rurale et rustaude. 159 pages qui arrachent la bouche

 

Éditions Héloïse d'Ormesson