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20/11/2007

l'amour sous les bombes

"Combien de temps allait-on encore laisser cette guerre tout gâcher? On avait été tellement patient. A vivre dans l'obscurité. A vivre sans  sel, sans parfum. A ne se nourrir que de petites rognures de joie, comme des croûtes de fromage..."41WoNTSEH_L
La  guerre, c'est la seconde guerre mondiale , toile de fond de Ronde de nuit de Sarah Waters.La guerre vécue à Londres, principalement par des femmes bien décidées à survivre et à profiter de chaque instant, la proximité de la mort aiguisant leur sensations et leurs sentiments amoureux.Un monde où les femmes ont pris la place des hommes partis au front et où elles affrontent la souffrance et la mort.
Trois grandes parties nous font remonter le temps (1947, 1944, 1941)  et dévoilent progressivement les mystères de chaque personnage. Je dois dire que j'ai été bluffée par l'art de l'auteure qui fait ainsi rebondir le  récit, détruisant au fur et à mesure les hypothèses que j'avais échafaudées, sans que cela sonne faux , bien au contraire,car cela donne une  densité encore plus grande au récit.
On suit dans un Londres parfaitement reconstitué, où les détails  de la  vie quotidienne sonnent justes, les pérégrinations et les amours de Julia, Helen et Kay. On souffre avec Viv, amoureuse d'un père de famille lâche (et à qui j'aurais volontiers donné une paire de baffe), Viv qui sait déjà que tout est joué pour elle qui vient d'un milieu modeste : "On essaie  de faire quelque chose  de notre  vie ,et la  vie nous en empêche, nous fait des croche-pieds". Viv qui a un frère sensible et plein de mystères aussi...
Un très beau portrait de Londres et de ses habitants , secrétaires acharnées, ambulanciers courageux ou prisonniers hauts en couleurs...Un monde  grouillant de vie malgré les bombes.Une écriture sensible et délicate, d'une grande puissance évocatrice , un récit plein de rebondissements, Sarah Waters est vraiment une très grande romancière.Normal ,elle est anglaise !

19/11/2007

Un drôle de p'tit bonhomme

Herman a 10 ans.Herman est entouré d'une famille aimante, un père grutier qui lui fait croire qu'il peut voir l'Amérique,une mère affectueuse qui lui tricote des bonnets de laine, un grand-père malicieux qui ne quitte plus son lit mais écoute attentivement et conseille son petit-fils. Herman vit dans un monde où l'imaginaire et la poésie  sont très présents mais la réalité va le frapper de plein fouet car ce p'tit bonhomme va perdre tous ses cheveux.9782253119371
Etre chauve à 10 ans et devoir affronter les regards des autres voilà qui n'est pas facile. Les rapports s'en trouvent faussés et souvent le gamin réagit avec agressivité ou prend de la distance parlant de lui en utilisant le pronom "on"  ce qui crée des dissonances dans le texte.
Dans un premier temps,histoire personnelle oblige, je suis restée en retrait par rapport à ce roman de Lars Saabye Christensen, dont j'avais adoré Le demi-frère. Puis le texte a infusé en moi et je me retrouve la gorge serrée en train d'écrire  sur ce texte sans sensiblerie qui montre aussi des parents désorientés par rapport à la souffrance  psychique de leur fils et je me dis  que je me suis bien faite avoir une nouvelle fois par cet auteur !
En prime, vous saurez tout sur les différents estomacs de la vache, sujet que j'avais appris  il y a  bien longtemps et qu'Herman révise pour l'école.
Pour voir la photo de l'auteur c'est chez Gachucha

16/11/2007

Il jongle avec les mots

Longtemps, Alain Rey nous a accompagnés avec son "mot du jour" sur France Inter. Il est à ma connaissance un des rares lingusites à avoir su populariser sa discipline que tant de profs savent parfaitement rendre  indigeste...
Joyeux trublion, son  humour pétillant et sa culture sans affectation, ont sans doute déplu à la  nouvelle direction de la chaîne qui l'a débarqué sans ménagement.21R6GMWSW9L
La parution de quelques unes de ses chroniques, regroupées par années, de 2000 à 2003, nous permet de remonter le temps (une chronologie en tête de  chapitre nous rappelle les principaux événements ) et le  lecteur , en retrouvant la saveur de ces billets, est victime d'une illusion auditive, croyant réentendre la  voix d'Alain Rey, le magicien des mots qui conclut ainsi son billet sur le mot "travail": "...car en refusant au travilleur son travail,  on le travaille au sens  premier du mot, comme un boxeur travaille au corps son adversaire.  travailleurs, travailleuse, ne vous laissez pas travailler!".
En ces temps agités (pas du bocal, malheureusement)le point  de vue de cet amoureux des mots nous manque cruellement.
A mots découverts vient de sortir en poche !

15/11/2007

Coup au coeur/coup de coeur

Pour peu qu'il ait lu ait lu ce livre9782743616205


(et pourquoi pas celui-ci),
9781905460250
le lecteur sera intrigué par le titre du roman d'Alice de Ponchevielle :Calamity Jane avait deux filles. Mais il faudra la fin du livre pour qu'il prenne toute sa dimension.9782211084031
En effet, pas d'effet de manche ou de roulement de tambour dans ce roman qui avance à petits pas, pour mieux nous laisser le loisir de faire connaissance avec les deux soeurs , Elise et Rose, deux très jeunes filles aux prises avec une réalité qui les dépasse souvent , quasi laissées à elle mêmes,dans un monde violent où "manquait des valeurs féminines" .
Mais plus que les révoltes de banlieues ,qui servent de toile de fond et ne les concernent qu'indirectement, par ricochet, c'est la fragilité des êtres que nous montre l'auteure.Ces êtres qu'une trop grande douleur ou une accumulation d'accidents de la vie peut faire sombrer...
Adultes ou adolescents,ils prennent le monde à bras le corps ou se laissent parfois couler, oscillant au bord du vide, les plus courageux n'étant pas forcément ceux dont on pourrait légitimement attendre le soutien.
Deux très beaux portraits de jeunes filles  que l'on découvre progressivement,adhérant totalement au rythme de l'auteure, tout en délicatesse.
Alice de Poncheville n'édulcore pas la réalité,tout en évitant tout apitoiement sur ses personnages. On a parfois le coeur serré mais elle  refuse toute solution de facilité aux deux soeurs car "Il  y a des choses que  l'on ne doit faire que lorsqu'on a épuisé toutes les autres possibilités".
Et comme le dit Elise,la  plus jeune, " Je peux faire face à beaucoup de  choses.  je suis petite mais peut être que je comprends les gens mieux que toi".
Un très beau livre sur les liens entre soeurs et un portrait en creux des liens mère/fille qui sort vraiment de l'ordinaire.
Je ne révèle volontairement rien de précis sur l'histoire pour mieux vous laisser le plaisir d'avancer de découverte en découverte.
Un livre comme j'en ai rarement lu, tout en émotion retenue et en sensibilité. Des personnages qui resteront longtemps dans mon coeur.Un livre que toute bibliothèque se doit de contenir et une auteure dont je vais essayer de trouver vite d'autres ouvrages.

14/11/2007

Elle s'appelait déception...

C'est sous la pression de Ferdi que j'ai acheté le dernier (en date) volume d'Adèle Blanc-sec car la relecture cet été de la série m'avait laissé une impression mitigée.9782203007369
Pour résumer ce volume autant prendre  une citation du personnage central: "Je ne sais pas très bien où je vais . Ce n'est qu'un feuilleton après tout" (des réflexions quasi identiques intervenaient déjà dans les précédents épisodes).
Tout est dit. L'histoire part dans tous les sens, brassant thèmes d'actualité (clonage, vache folle, médicaments testés sur des cobayes involontaires,sans compter, mine de rien, une nouvelle peur alimentaire qui , si elle devenait réalité, causerait bien des soucis en France...) et références à des personnages apparus dans les précédents volumes.
Paris est toujours aussi beau et les tentacules font des réapparitions dans les endroits les plus improbables. Quant au labyrinthe qui donne son titre à l'album , il est certes fait référence au minotaure (qui était enfermé dans l'édifice construit par Dédale), mais il me semblequ'il s'agit tout autant d'une métaphore concernant le récit.  Que celui qui trouvera le fil d'Ariane me fasse signe...
Ferdi  lui, a bien aimé.

13/11/2007

"le temps ne fait rien à l'affaire"A voir ...

Eliane Girard, dans son petit manuel , Comment être  vieux et pas con à la fois, commence par citer Benoîte Groult :"La vieillesse est si longue qu'il ne faut pas commencer trop tôt".
Certes et dans notre pays vieillissant où  les seniors seront de plus en plus nombreux,ce  livre sera fort utile quand nous aurons atteint la cinquantaine.9782351640227
Conseils vestimentaires mais aussi expressions à éviter (préférer  "j'ai beaucoup mieux à faire" à "Ce n'est plus de mon âge") et surtout conseils destinés aux seniors encore dans le monde du travail pour ne pas avoir l'air d'un vieil aigri...
L'auteure ne ménage pourtant pas les anciens  et les incite à davantage de souplesse, leur glissant au passage quelques astuces pour supporter les déjeuners tardifs ches les plus jeunes (un en-cas avant de partir)*et autres situations de la vie quotidienne.
A offrir ou à s'offrir en prévention !

* J'en connais qui utilisent déjà cette astuce mais le font remarquer ostensiblement...

12/11/2007

Savoir acheter

"On nous cache tout, on nous dit rien..."

Marie-Paule Dousset a payé de sa personne , fouillant les poubelles à la recherche d'emballages, les  entreposant chez elle (bonjour les odeurs) pour mieux les  décrypter.
Hé bien, franchement, ça valait le coup.Les 600  pages de Savoir acheter sont bourrées d'infos qu'il nous faudra assimiler petit à petit avant de nous munir d'une loupe et de débusquer les subtilités contenues dans les étiquettes de  ce que nous achetons.9782081202221
J'ignorais totalement les nuances contenues dans les  appellations "Arôme naturel defraise", où l'on trouve ...de  la fraise, ce qui semble logique; "arôme naturel" (pas suivi du moy "fraise" où l'on trouve, tenez-vous bien des copeaux de bois aromatisés à la  fraise ou des fruits autres que la fraise mais résistants et aromatisés à la fraise;  "arôme de fraise" qui est un mélange des deux catégories précédentes et enfin "arôme" qui  est de l'arôme  synthétique de fraise (synonymes: saveur" "goût" indiqués sur l'étiquette.Pour s'y retrouver d'un coup  d'oeil  l'auteur a eu la bonne idée d'utiliser des pictogrammes sourinats ou dégo^tés (entr'autres).
De la même façon,les fêtes approchant, il  est bon de savoir que les seules véritables coquilles St Jacques transformées sont des pecten maximus si elles  viennent de l'Atlantique ou pecten jacobaeus si  elles proviennent de Méditerranée. Les autres sont des pétoncles... (ça sert d'avoir fait du latin , y compris pour traduire  les  étiquettes des produits de beauté !).
Seul défaut de ce livre:  son poids qui nous empêche d ele glisser dans une poche avant de partir faire nous courses.
A quand la consommation dans les  programmes scolaires  ?

11/11/2007

Petit bonheur

Je l'ai offert à tour de bras (en oubliant à qui, n'est-ce pas Cath ! :)), sans jamais prendre plus que le temps  de le feuilleter...9782013929219
Alors quand vendredi midi j'ai vu qu'il venait de sortir en édtion "de poche", dans la  série  "Les petits bonheurs" à un prix très raisonnable, j'ai craqué sur Princesses oubliées ou méconnues, les  textes tout en finesse  de  Philippe Lechermeier et les illustrations oniriques de  Rébecca Dautremer dont Bellesahi (qui est une fan) m'avait déjà  envoyé une carte, celle de la princesse  Poupoupidou.
De quoi oublier le vent  et le froid , en se plongeant dans la baignoire emplie de fleurs rouges de la princesse Capriciosa ou en discutant lecture avec la princesse Esperluette...

10/11/2007

Un nouveau blog littéraire !

Ferdi a décidé de se lancer dans son propre espace dans la critique littéraire :
"Les livres à Ferdi" (faute de français due à un trop grand nombre de lettres empêchant le "de").
Première critique en ligne, celle de la  série Sardine de l'espace, Bd qui plaira  aux petits et aux grands !

09/11/2007

Sa vie c'est des montagnes russes

J'ai beaucoup hésité avant d'acheter Darling  de Jean Teulé  qui,  à l'occasion de la sortie du film, vient de ressortir en poche. La  couverture avait tout pour me plaire et j'éprouve beaucoup de sympathie pour l'auteur mais franchement, je craignais le pire surtout que Darling existe réellement, qu'elle est allée trouver Jean Teulé  pour lui raconter sa vie. Une vie cabossée, une vie où les moments de bonheur ou d'éclaircie sont tellement rares qu'on se demande comment elle fait, Darling, pour se relever et continuer malgré tout.9782266178372
Et puis, on embarque dans l'histoire de cette femme pas aimée par ses parents, des paysans qui lui préfèrent ses frères, qui rêve d'épouser un routier, qui symbolise pour elle la liberté et l'aventure.
Elle  réalisera son rêve mais dès le mariage tout vire au cauchemar et elle  se laisse entraîner dans une spirale avilissante, jusqu'à  ce qu'elle touche le fond et trouve la force  de rebondir.
Je mentirais en disant que j''ai lu ce roman d'une traite, on a besoin de respirer entre deux, de se remettre, car on est estomaqué devant ce qui est raconté.
On est estomaqué aussi par le talent de jean Teulé , dont l'écriture souvent poétique ne sombre jamais dans le misérabilisme.Il la houspille Darling, mais on sent toute l'humanité dont il fait preuve en l'écoutant et en nous racontant cette histoire.

Ps: finalement , ce qui m'a décidée à lire ce livre, c'est une interview de l'actrice principale du film : Marina Foïs...