11/12/2012
La liste
"Irène a un enfant, un grand garçon. Parfois, ils mangent ensemble."
Pierre Jourde dans sa préface nous permet de glâner les termes d'onomatologie , art qui "consiste à montrer comment un prénom peut déterminer un tempérament , voire un destin", de "quiddité " ("pourquoi suis-je moi et pas un autre ? ") avant de lâcher le morceau : la vertu comique de ces portraits, parlant même de "foire aux monstres".
Je n'irai pas jusque là mais ces textes, brossant le portrait de Kévin, Ian ou Dominique (entre autres) forcent le trait avec une telle férocité que j'en ai souvent été mal à l'aise au début de ma lecture. Un humour noircissime qui ne plaira pas forcément à tout le monde ...
Merci à Babelio et aux Editions 10/18 !
Pour vous faire une idée: clic
06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : julien gosselin, pierre martin, johann trümmel
10/12/2012
Dernière nuit à Montréal
"- Je ne suis pas sûre de savoir comment rester, dit Lilia."
Toute sa vie, ou presque ,Lilia aura été suivie. Enlevée à sept ans par son père, elle va connaître jusqu'à l'adolescence une longue cavale qui lui donnera pour toujours le goût de partir.
Au début du roman, elle quitte Eli, un étudiant new-yorkais fasciné par les langues, qui n'arrive pas à s'"immerger dans le monde". Contacté par Michaela, qui se rêvait funambule, pour perpétuer la tradition familiale, ce dernier part pour Montréal où se dévoileront tous les secrets de la vie de Lilia.
Hypnotique et fascinant, ce roman, présenté comme une thriller, brouille toutes les frontières. Les personnages sont à multiples facettes et se dévoilent peu à peu dans une construction narrative éclatée qui , pourtant, n'égare pas le lecteur. Le rythme est lent, mais jamais languissant et l'on se plaît à faire durer la lecture de ce roman poétique , superbement écrit où Montréal, ville présentée comme férocement francophone, joue un rôle essentiel et glaçant.
Un premier roman à découvrir absolument.
Dernière nuit à Montréal, Emily St John mandel, traduit de l'anglais (Canada) par Gérard de Chergé, Rivages 2012, 234 pages à faire durer le plus longtemps possible.
Et un de plus pour le challenge de Liliba !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : emily st. john mandel, l'art de la fugue
09/12/2012
Two dogs...
...dining in a busy restaurant (deux chiens attablés dans un restau en plein coup de feu).
Autant je n'aime pas les chiens qu'on travestit, autant j'ai rigolé en les voyant ! Merci Cath !:)))
06:00 Publié dans Bric à Brac, Humour | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : chiens, just for fun
08/12/2012
Case histories ...
...où comment j'ai changé d'avis sur la VO sous titrée en anglais.
La BBC a eu l'excellentissime idée d'adapter pour le petit écran trois romans de Kate Atkinson (clic):
- La souris bleue (Case Histories)
- Les choses s'arrangent mais ça ne va pas mieux (One good turn)
- A quand les bonnes nouvelles ? (When will there be good news ?)
toutes trois mettant en scène le séduisant détective privé Jackson Brodie. Je m'attendais au pire, ayant adoré ces récits pleins de rebondissements, d'humour et servis par le style plein d'allant de mon écossaise préférée. En plus, à la maison, nous n'avons pas tellement le réflexe DVD et si en plus la VO n'est pas sous-titrée en français... bref, plein de mauvaises raisons qui expliquent que c'est en traînant un peu des pieds que dimanche dernier nous avons enfourné le premier DVD de ces Case histories.
Et là, le charme a fonctionné à plein, nous avons enchaîné sans nous en rendre compte trois épisodes à la suite et avons dû nous raisonner pour ne pas terminer le second dans la foulée !
Jason Isaacs est Jackson Brodie, il a son humour à toutes épreuves, sa sensibilité et... son sex appeal ! Les autres comédiens sont tous très bons, l'Ecosse est particulièrement bien mise en valeur et même si les histoires sont évidemment condensées, ellles restent fidèles à l'esprit des romans. Une totale réussite !
Pour couronner le tout, une deuxième série est annoncée !
Un immense merci à Sylvie et une mention particulière à Juliette qui a aussi oeuvré dans l'ombre pour que je m'intéresse à ce DVD !
06:00 Publié dans je l'ai vu ! | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : jason isaacs dans mes bras !!!, kate atkinson for ever !
07/12/2012
Le 6 ème continent
Daniel Pennac m'avait transportée avec la tribu Malaussène, déçue avec Le dictateur et le hamac, émue avec Chagrin d'école, (clic), laissée dubitative avec son Journal d'un corps. Mais bon, la sympathie que suscite le bonhomme étant la plus forte, j'avais décidé de renouer avec lui par le biais de ce nouvel opus.
Premier étonnement, le 6ème continent est en fait composé de deux textes destinés à être joués au théâtre.ce qui n'est précisé nulle part.
Bon, pas grave, je me lance donc dans le premier texte intitulé "Ancien malade des hôpitaux de Paris".
Consternation.Un malade cumulant des symptômes toujours renouvelés est examiné par différents spécialistes au sein d'un hôpital, la narration étant assurée par le médecin urgentiste qui l'a pris en charge au début de ce périple . Périple qui se termine par une pirouette digne d'une blague Carambar. Je n'ai jamais esquissé ne serait-ce que l'ombre d'un sourire et je cherche encore à quoi rime ce texte. Complètement échaudée, j'ai reporté à (beaucoup) plus tard la lecture du second texte.
Des critiques lues dans la presse laissent entendre que j'ai sûrement renoué avec la grognonite aiguë. M'en fiche.
06:00 Publié dans Lâches abandons, romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : daniel pennac, schtroumpf grognon le retour
06/12/2012
D'autres vies que la nôtre
"La peau délicate et fragile de Rosette a des teintes de salaisons."
Parues dans Libération et rassemblées ici ces chroniques placées sous la double égide du grand naturaliste Hainard pour les mammifères, et de Fabre pour les insectes, racontent "des événements ténus, des allées et venues dans les bois et les champs", comme le précise Elisabeth de Fontenay dans sa préface.
Nulle visée didactique, même si on apprend plein d'infos au passage (si la taupe a tant besoin d'aérer ses galeries c'est qu'elle est une grande péteuse...) mais plein de récits de rencontres et d'observations sur une presqu'île située à 60 kilomètres de Paris où l'auteur a vécu quelques temps dans des conditions plutôt spartiates.
Si vous êtes insensible à ces fugitives visions d'une biche ou d'une martre, ces cadeaux que nous offre parfois la nature, alors peut être serez-vous sensible à l'écriture précise, riche, parfois un chouïa précieuse d'Homeric. Une écriture qui m'a souvent évoqué Jules Renard, voire Colette ,même si on en trouve pas ici la même gourmandise de la vie, que nous offrait l'auteure de La paix chez les bêtes.
Une splendide découverte, toute hérissée de marque-pages !
D'autres vies que la nôtre, Homeric, grasset 2012, 192 pages vivifiantes comme une balade en forêt.
06:00 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : homeric, elisabeth de fontenay, animaux
04/12/2012
Les plus belles expressions de nos régions
Je ne vais pas traîner ma ligousse (flemmarder) plus longtemps et m'en vais vous parler d'un recueil succulent d'expressions imagées venues de nos régions et qui, parfois, ont fait fi des frontières linguistiques.
En effet, si certaines peuvent demeurer obscures aux gens qui ne sont pas du cru , les monchus, (les touristes) par exemple, dont cela va bientôt être la saison en Rhône-Alpes , d'autres ont connu un destin moins local. Ainsi avoir une veine de cochon, qui nous vient d'Alsace, ou encore , faire gaffe, venue tout droit d'Aquitaine.
Témoins d' un passé rural ou industriel, ces expressions témoignent aussi de la créativité et de l'inventivité de la langue. Nos amis Bretons ont ainsi créé la métaphore souffler dans le biniou, bien plus évocateur que souffler dans l'alcootest !
Alors, comme le temps de ramasser les pommes de vent (ramasser les pommes tombées du pommier) est passé, qu 'il fait boucaille (il fait gris et il bruine), on peut se mettre à l'assotte (se mettre à l'abri de la pluie) et faire une jolie balade virtuelle en France avec ce recueil !
06:00 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : pascale lafitte-certa
03/12/2012
Le mambo des deux ours
"Et j'avais le sentiment que notre petite escapade d'aujourd'hui ne grimperait pas non plus au hit-parade de mes meilleurs souvenirs..."
Notre tandem préféré entame avec ce Mambo des deux ours une sacrée visite dans un coin paumé du Texas au règne le Klan. En effet, il faut absolument retrouver une certaine avocate noire ( sur laquelle avait flashé un de nos héros dans l'épisode précédent (clic) ) qui est allée se fourrer dans un sacré guêpier...
Humour, violence et rebondissements sont toujours au rendez-vous avec Leomard et Hap ! L'ambiance est particulièrement réussie dans cet opus et je me demande si j'ai jamais lu une course-poursuite aussi haletante dans un roman policier ! Elle mériterait vraiment de figurer dans une anthologie ou d'être adaptée au cinéma !
à lire absolument pour se remonter le moral même si ( attention gâcheur d'ambiance !) on peut se demander pourquoi les auteurs masculins s'obstinent à faire disparaître les personnages féminins dès q'uon a commencé à s'y attacher...
Le mambo des deux ours, Joe R. lansdale, folio policier 2009, de la belle ouvrage quyi tient ses promesses !
Et encore un pour le challenge de Liliba !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : joe r. lansdale
29/11/2012
Carnivores domestiques
"Toi tu as l'habitude. Tu passes et tu observes. Toutes les nuits il ya des histoires et des vies qui s'arrêtent, un qui te file sous les doigts. Toutes les nuits des confidences .Un déchirement, et puis un vide. Et souvent un fardeau à prendre sur les bras. La briéveté de la vie, tu ne l'oublies jamais."
Si Balthazar, Darwin, Gribouille, Caramou, et autres Carnivores domestiques, chats et chiens de toutes conditions, prennent la parole au début de chacune des histoires composant ce recueil ,ce n'est que brièvement. Celui qui assure bientôt leur relais est un vétérinaire d'urgence dont on devine qu'il a beaucoup à voir avec l'auteur, malgré l'avertissement liminaire.
Le narrateur passe sans broncher de la mérote à chats qui vit dans un squat avec 35 félins et des conditions de vie dramatiques au jeune couple pimpant. Il ne se veut que témoin. Jamais il ne juge, mais parfois, mine de rien il agit ou tourmente par des mots celui qui a dépassé la mesure.
Il absorbe ainsi jusqu'à saturation la misère et les relations souvent perverties entre les hommes et les animaux. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : "Leurs histoires. Leurs vies en désorde. Ils croient parler de la maladie du chien, du chat ou du lapin nain, mais c'est d'eux qu'ils parlent bien sûr. De leurs plaies, de leurs bosses, de leurs fractures et de leurs contusions. Ils déballent tout ça , chargé de panique, de larmes et d'angoisses."
Un univers souvent très noir, servi par une langue économe et forte. Un texte plein d'humanité qui a révélé un véritable écrivain et nous éloigne de la vision souvent trop anthropomorphique des animaux.
Carnivores domestiques, Erwann Créac'h, points Seuil 2012, 210 pages parfois accablantes.
06:00 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : erwann créac'h, chats, chiens et compagnie, humains
28/11/2012
Tout du tatou
"Parce qu'au supermarché des atrocités, ses frères les hommes n'étaient pas pingres , qui remplissaient joyeusement les caddies."
Zoran met, par hasard, la main sur un stock d' une drogue particulièrement vicelarde, la V13. et voilà le résultat: "Tous à ses basques, les White Skins, le ripou, les cailleras de la cité Bellevue et leur kalachnikov, les maffiosi corses, il courait pour échapper aux prédateurs, il courait après la fortune, il courait et pas un gramme de fourgué !" (Quand un auteur nous donne si gentiment un résumé particulièrement évocateur, à l'intérieur de son roman, autant en profiter ! ).
C'est donc à une folle course poursuite que nous assistons, une course au rythme échevelé, marquée par des chapitres courts où nous croisons toute une série de faunes pittoresques et inquiétantes, servie par une langue riche et variée, mêlant registre soutenu et argots divers.
ça pulse, ça cavale à toute allure et on ne s'ennuie pas une minute dans cet opus de la série Vendredi 13 !
Tout du tatou, Pierre Hanot, Editions La Branche, 2013.
Et un de plus pour le challenge de Liliba !
06:03 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : pierre hanot