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17/08/2023

Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes

"La meilleures chose dans le fait de vieillir était de se vautrer dans ce grand rien-à-cirer. "

Quelle mouche a donc piqué Remington ? Est-ce le fait d'avoir été poussé vers la sortie  d'un emploi qu'il prenait trop à cœur au goût de sa supérieure ? Est-ce le fait de refuser de vieillir ? Toujours est-il que le voilà décidé à courir un marathon cette année, empiétant ainsi sur les plates bandes de son épouse, Serenata  qui, jusqu'à présent , avait été la seule sportive de ce couple de sexagénaires. Et le tout pile au moment où cette dernière, empêchée par ses genoux, est contrainte à la sédentarité. lionel shriver
Comme tous les nouveaux convertis, Remington fait montre d'un enthousiasme exacerbé et sacrifie beaucoup de temps (et d'argent), sous la férule de sa coach, Bambi, la trop parfaite.
C'est à un joyeux jeu de massacre que se livre ici Lionel Shriver en brossant le portrait , via ce couple, de toute une société qui sacrifie au culte du corps et de la jeunesse. Pour autant ces personnages n'en demeurent pas moins crédibles et Serenata m'a souvent surprise en réagissant à contre-courant de ce qu'on aurait pu attendre, conférant ainsi à ce roman beaucoup d'humanité. Une belle réussite.

Traduit de l’américain par Catherine Gibert.

 

Pocket 2023

16/08/2023

En ces temps de tempête

" Vous êtes une bulle dans une bulle dans une autre bulle. Votre ville, votre État, votre pays- pour l'instant, vous occupez une position privilégiée. Vous avez gagné à la loterie géopolitique. Et c'est dans la nature humaine de protéger ses acquis, qu'on les mérite ou non. "

 

Les tempêtes mentionnées dans le titre du dernier roman en date de Julia Glass peuvent se prendre aussi bien au sens propre qu'au sens figuré. Nous sommes en effet dans un futur très proche où le réchauffement climatique se fait de plus en plus violent , où les attentats continuent à faire des victimes, aussi bien physiques que psychologiques .
Pour rendre compte de tout cela , l'autrice se penche sur le microcosme privilégié de Vigil Harbor et offre tour à tour la parole à huit personnages, d'âge et de conditions sociales différents (on y retrouve d'ailleurs un jardinier apparaissant dans un de ces précédents romans). Communauté qui sera troublée par l'arrivée d'un homme et d'une femme qui ne sont peut être pas ce qu'ils affirment être...julia glass
Gros roman choral de 598 pages, En ces temps de tempête se dévore puis se savoure tout à la fois. A son habitude, Julia Glass y fait preuve d'un grand sens de la construction narrative, mais aussi d'une grande humanité, se penchant avec beaucoup de bienveillance sur ses personnages.  Suspense et humour sont au rendez-vous , il est grand temps de craquer !

Et zou, sur l'étagère des indispensables.

 

Gallmeister 2023, traduit de l'américain par Sophie Aslanides.

 

Le billet d'Aifelle, qui vous mènera vers d'autres.

15/08/2023

Sur la dalle

"Ce sont des bulles, les idées vagues. Elles se décollent des fonds vaseux. Elles bougent, elles oscillent, elles se heurtent. Je ne peux pas me permettre de les abandonner trop longtemps ou elles repartiront bouder au fond du lac. "

Adamsberg et son équipe sont envoyés dans un petit village breton où le sosie de Chateaubriand (et membre de sa famille) est accusé d'avoir commis un meurtre.
Les morts se succèdent dans ce microcosme où tout le monde s'épie, le tout surfond de superstitions et de commérages.
J'ai abandonné pour la première fois la lecture de ce roman de Vargas car , même si dans cette série, c'est plus l’atmosphère compte que la révélation de l'identité de l'assassin, il est quand même dommage qu'au bout de 80 pages, je l'avais identifié, ce dont je ne suis pas coutumière.fred vargas
Je lui ai cependant donné une deuxième chance, et, les vacances aidant, j'ai  terminé le roman, sans déplaisir, mais en frôlant l'ennui. J'en garderai surtout l'idée d'un texte où les personnages passent énormément de temps à manger dans une auberge , avant que de sortir brièvement pour courser quelques suspects (histoire de brûler des calories ? ).

Flammarion 2023.

L'avis de Brize, pas plus emballée.

14/08/2023

Lapin maudit

"Dans ses rêves, l'enfant se trouvait assis sous un arbre en compagnie d'un adorable lapin blanc avec le bout de la queue et des oreilles tout noir, en train de lui grignoter joyeusement le cerveau. "

Les dix nouvelle composant ce recueil empruntent tour à tour à la fable, au fantastique voire à l'horrifique. Il faut parfois avoir le cœur bien accroché pour lire ces textes où les sécrétions du corps (souvent féminin) sont utilisées à des fins pour le moins surprenantes. chung nora,fantastique,horrifique
Les injonctions faites aux femmes, les violences , psychologiques ou physiques qui leur sont infligées, constituent l'un des thèmes récurrents mais Chung Bora se glisse aussi dans des psychés très torturées voire cauchemardesques.
J’avoue avoir été moins sensible aux textes qui prenaient l'allure de contes , n'étant pas très réceptive à ce genre, mais les autres nouvelles m'ont embarquée sans problème dans des univers où lever le couvercle des toilettes peut se révéler traumatisant...

Éditions Matin Calme 2023 , traduit du coréen par Han Yumi et Hervé Péjaudier.

 

11/08/2023

Hôtel de la folie

" De vous deux, qui a contaminé l'autre ? Qui a porté le premier coup ? Je crois plutôt à une intoxication mutuelle, à un corps à corps tragique, mère et fille, serpents entremêlés se crachant du venin jusqu'à en crever. "

Pià Nerina, grand-mère chérie du narrateur, se suicide le 7 septembre 1987. Trente-trois ans plus tard, la fille de Nerina meurt à son tour, rongée par le cancer.
Entre ces deux femmes, une relation plus que toxique, marquée par la violence de la plus jeune, violence verbale, mais aussi physique. Et un enfant qui, devenu adulte va enquêter sur le passé de ces deux femmes, entre Paris et Naples, d'où est originaire Nerina et où il découvrira le véritable Hôtel Folie, hôtel de sa famille grand-maternelle. david le bailly
Quant aux hommes, ils avancent masqués et tout le travail du narrateur sera de tenter de les débusquer, de tenter de comprendre comme une petite napolitaine pauvre a réussi à posséder un grand appartement près de la place de l’Étoile. Une quête intense où toutes les questions ne trouveront pas forcément de réponse mais qui fait revivre l'amour entre une grand-mère et son petit-fils, seule échappée dans un huis-clos délétère. Un roman qui m'a parfois fait penser à Vipère au poing de Hervé Bazin, mais en beaucoup plus étouffant.

 

Le Seuil 2023. 200 pages.

 

Merci à l'éditeur et à Babelio. david le bailly

10/08/2023

La valse des petits pas...en poche

"Le restaurant est mieux qu'un théâtre se dit-il. Chaque soir , ils interprètent un vaudeville différent. "

Au menu de cette brasserie parisienne : une farandole d'histoires d'amour à différents stades de maturation, une tablée empestant la testostérone et la servilité, des hésitations, des points de vue alternés, des surprises (pas forcément du chef) et, en fil rouge, la relation en pointillés qui s'ébauche entre le barman et la jolie serveuse. claire renaud
Unité de temps (une soirée), de temps et d'action pour un ballet parfaitement agencé par l'autrice, fine observatrice de ses contemporains. Un bon moment de lecture qui vous donnera  l'envie de tendre l'oreille quand vous irez au restau...

Pocket.

09/08/2023

Bienvenue aux Bergeronnettes

"- Quatre Épingles, sachez que rien n'est facile dans le mariage. C'est comme un sport pour lequel on n'aurait pas suivi l'entraînement adéquat et où on  commencerait directement par les Jeux olympiques. "

La dernière lubie de Maguy ? Transformer leur logis en maison d'hôtes pour artistes. Voilà donc le jardin bichonné par son époux , Germain Germinal, envahi par des "saltimbanques" qui semblent tous détenir un secret.
C'est pourquoi, quand le maire du petit village est assassiné , juste derrière "les Bergeronnettes", les soupçons se portent aussitôt sur les résidents. coralie caujolle
"Cosy Mistery" Bienvenue aux Bergeronnettes respecte toutes les règles du genre mis en y insufflant beaucoup d'humanité, d'humour et de bienveillance.
Si les personnages peuvent de prime abord frôler la caricature et leur comportement loufoque  sembler quelque peu exagéré, ils gagnent au fil du texte en densité, grâce à la révélation progressive de leurs failles respectives.
Quant au crime, j'avoue avoir été surprise quant à son mobile.
L'écriture est fluide et enjouée. Un très bon moment de lecture estivale.

 

Un grand merci à Cathy pour cette découverte.

 

Eyrolles 2023.

08/08/2023

Ecrire comme une abeille/ La littérature jeunesse de la lecture à l'écriture

"Le parti-pris de ce livre tient en une phrase: apprendre à lire la littérature jeunesse peut aider à l'écrire. "

Même si je n'ai aucune intention d'écrire de la littérature jeunesse , cette dernière m'intéresse beaucoup , en particulier dans on évolution dans l'appréhension du monde et le travail de la langue qu'elle propose.clémentine beauvais
C'est donc pour cela que j'ai dévoré les 447 pages de cette somme , riche de l'expérience de lectrice, d'écrivaine et d'enseignante à l'université de Clémentine Beauvais.
Cette dernière ne se pose jamais en donneuse de leçons, ne prétend pas détenir la recette miracle pour écrire LE roman ultime mais propose de se pencher de manière très concrète aussi bien sur les albums destinés aux petits, qu'aux romans juniors ou destinés aux adolescents, en tant que lectrice voire autrice.
Elle ne nous vend pas du rêve (elle a commis des erreurs, bien que déjà éditée, certains de ses textes ont été refusés) mais on sent dans ces pages, où de la place a été laissée pour noter nos propres réflexions, un grand amour de la littérature et des lectrices. Avec beaucoup d'humour et de pédagogie pour présenter des notions parfois pointues, elle nous entraîne à sa suite dans ce texte qui se lit presque comme un roman, passionnant et donnant envie de découvrir plein de textes (aussi bien des romans que des ouvrages critiques).

Gallimard jeunesse 2023

02/08/2023

La clé des champs et autres impromptus

"C'est la joie qui est bonne, mais d'autant plus méritoire et belle qu'elle est souvent difficile. "

A l'exception du dernier texte, beaucoup plus intime car concernant le suicide de sa mère, tous les textes réunis dans ce recueil sont des préfaces, postfaces ou faisant partie d'ouvrages collectifs.
 Les thèmes ont plutôt une tonalité sombre : "le pessimisme, le tragique, la mort des enfants, le handicap, l'agonie, le bagne, le suicide, l’euthanasie" , mais , ne fuyez pas car l’auteur , par sa rigueur de raisonnement, sa clarté dans l'expression, réussit le pari de nous convaincre d'accepter ce qui participe forcément de notre existence avec  une certaine forme de joie. andré comte-sponville
Convoquant ses auteurs de référence, Spinoza et Montaigne en particulier, André Comte-Sponville avance pied à pied ses arguments , pleins de bon sens et de justesse . Il est l'un des rares penseurs à être aussi clair à l'oral dans ses interviews, qu'à l'écrit. Une lecture lumineuse.

PUF 2023. Merci à l'éditeur et à Babelio pour cette lecture enrichissante. andré comte-sponville

08/07/2023

Soeurs...en poche

"Le chagrin est une maison sans fenêtre ni porte, sans possibilité de voir le temps qui passe."

Septembre et Juillet sont des sœurs nées à dix mois d'intervalle mais entretiennent une relation quasi gémellaire, même si elles  ne se ressemblent pas physiquement. Sheela, leur mère est bien consciente de l’emprise, de la manipulation , confinant parfois à la cruauté, que l'aînée exerce sur sa cadette mais n'intervient pour autant pas de manière efficace.daisy johnson
Harcelée à l'école,  "cette bête de Juillet " donnera lieu à un premier incident, puis à un second  dont la gravité vaudra à cette famille de trois femmes de se réfugier dans une vieille maison au bord de la mer où l'atmosphère oscillera entre cauchemar et réalité.
Daisy Johnson excelle à créer ces mondes entre deux eaux où ses personnages se perdent pour mieux se retrouver. Elle y entraîne son lecteur, le déroutant parfois, le faisant douter avant que de dévoiler ce qui était devant nos yeux et ne pouvait mener qu'au drame.  Un roman envoûtant qui confirme le talent singulier de cette autrice.

Traduit de l’anglais  par Lætitia Devaux. 216 pages . Stock 2021