10/04/2009
"On refait toujours son enfance, on revisite les mêmes lieux, on recopie."
"Ma vie d'apprenti rebelle ou celle de dealer de shit, père de famille ou musicien bagarreur, citoyen antisocial ou canaille acceptable...Mes différentes existences se superposent comme des plaques tectoniques, et les souvenirs remontent à la surface, radoubés par ton omniprésence à jamais pétrifiée." Ainsi parle le narrateur des Clous du fakir,star de la scène rock alternatif dont la fille vient de mourir. Dès lors il ne rêve plus que de vengeance...
Le roman de Pierre Hanot est tout sauf confortable , et c'est tant mieux. Il faut accepter de se laisser secouer par la houle de ses mots, par la houle des sentiments extrêmes qui n'ont rien de consensuels. J'ai failli arrêter ma lecture car comme le narrateur l'avoue lui même , à trop se "bronsoniser", à se muer en vengeur implacable et non politiquement correct, la saturation pointait le bout du nez. C'eût été dommage car j'aurais raté le dernier saut périlleux du récit ...Une oeuvre sombre et puissante. Dérangeante.
Les clous du fakir, Pierre Hanot, Fayard noir.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : pierre hanot, les clous du fakir, sexe, drogue, rock'n roll, vengeance
23/12/2008
"Un mur peut se sauter, mais comment s'évader de soi ? "
Un peu avant ses dix-huit ans, la narratrice apprend qu'elle ne s'appelle pas Iréna Golebiowska mais qu'elle est née Estera Sternchuss dans le ghetto de Varsovie.Première scission. En outre, elle découvre que Zofia Lass s'est approprié le manuscrit de sa mère, Un mur entre nous,devenu un best-seller mondial.
Dès lors, Iréna n'aura de cesse de mettre au point sa vengeance...
Plus que le récit d'une quête obsessionnelle, le roman de Tecia Werbowski est celui d'une quête de soi. Refoulant son identité juive , "J'étais convaincue qu'être juif vous donne le choix entre deux éventualités. S'affirmer comme Rubinstein et Romain Gary. Ou alors, rester tranquille dans son coin et ne pas se montrer différent des autres." Pour mener cette "double vie", Irena fuira jusqu'au Canada, jusqu'à ce quelle se rende compte que"depuis mon émigration, j'avais muré mes souvenirs et que je m'étais condamnée au ghetto du silence. C'est le moment du dégel pour les sentiments enfouis dans mon congélateur canadien." Le mur s'est donc d'une certaine façon matérialisé en elle.
Avec une langue sobre et âpre,en quelques courts chapitres (58 pages en tout !) allant droit au but, comme écrit dans l'urgence, Tecia Werbowski nous fait partager de manière efficace cette double recherche qui mènera enfin la narratrice vers l'apaisement. A tenter absolument.
L'avis de Lily
Celui de Sylvie.
Et de Michel.
Tecia Werbowski .Le mur entre nous. 58 pages. les Allusifs.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : le mur entre nous, tecia werbowski, ghetto de varsovie, vengeance, secret, pologne, canada