13/05/2011
Quinze kilomètres trois
"Elles ont fait ça ensemble, les filles."
Là, la lumière est "crue", les falaises crayeuses, le vent agaçant de liberté, la mer "inconsolable". là, c'est le cap Blanc-Nez du haut duquel deux très adolescentes se sont élancées.
Un fait-divers qui a bouleversé toute la région et qui sert de matrice au roman très court mais envoûtant de Martine Laval.
L'auteure choisit de ne jamais nommer ces très jeunes filles, qu'elle prend pourtant en quelque sorte sous son aile, les appelant "mes mignonnes", et fait la part belle plus à l'atmosphère qu'à la psychologie proprement dite. Le paysage devient ainsi un élément primordial du drame.
Tour à tour, une prof de français dépressive aux mots malheureux , une "autre fille", un cousin,une lectrice , sans oublier le paysage lui-même prendront la parole pour revenir sur l'incompréhensible. De ces récits par petites touches, sans pathos, se dégagent beaucoup d'émotion et le sentiment d'un lieu auquel il faut absolument échapper pour vivre et non survivre. Un roman très court , sobre qui sait faire vivre sous nos yeux tout un paysage et ses habitants qui possèdent "La patience des gens qui n'espèrent plus.". Une réussite !
Quinze kilomètres trois, Martine Laval (oui la critique de Télérama , originaire de Calais par ailleurs !), 57 pages sobres et balayées par le vent. Liana Levi Piccolo, 4 euros.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : martine laval, suicide, adolescents, pas-de-calais.
22/09/2010
Il faut rester tranquille
"La vérité, c'est l'unique façon d'accepter les situations les plus difficiles."
Le père de Juliette est mort. Dix ans c'est très jeune pour devenir orpheline .Mais quel que soit son âge, Juliette se rend vite compte que son frère aîné et sa mère ne lui disent pas toute la vérité concernant ce décès. Croyant la protéger, ne vont-ils pas au contraire l'empêcher de vivre son deuil ?
Isabelle Rossignol aborde le problème du suicide d'un parent -apparemment dépressif- tout à la fois avec originalité et délicatesse.
Délicatesse car elle évoque avec sensibilité les différentes réactions de Juliette face à la mort. Originalité car elle envoie balader avec une réjouissante irrévérence les mines et les tenues "de circonstance" que certains se croient obligés d'observer . Ainsi Juliette ira-t-elle à l'enterrement de son père dans une tenue colorée et , sur les conseils de M. Jallin, le psy qui aide la famille, ne s'empêchera pas de rire, même si elle aura besoin de temps en temps de prendre l'écharpe de son papa, de la renifler et de pleurer...Chacun vit son deuil à sa façon.
L'auteure se situe vraiment à la hauteur de cette enfant qui se demande avec franchise comment elle va affronter le retour à l'école, parmi ses camarades qui, eux non plus ne sauront pas forcément comment se comporter.
Un roman alternant pleurs et rires, un roman plein de vie.
Il faut rester tranquille, Isabelle Rossignol. 92 pages. Ecole des loisirs 2010, collection Médium.
05:50 Publié dans rentrée 2010, romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : isabelle rossignol, deuil, suicide
04/02/2010
Hypothermie
"...un décès discret, une mort presque polie."
Maria, une femme fragilisée par le décès de sa mère, se suicide. Suicide confirmé par la police. Rien qui justifierait une enquête et pourtant, alerté par une amie de la défunte, Erlendur va découvrir que Maria avait tenté d'entrer en contact avec sa mère par l'intermédiaire d'un médium. En outre, le mari médecin n'est peut être pas aussi éprouvé qu'il le paraît.
En parallèle, en vieux limier obstiné qu'il est, Erlendur , toujours marqué par la disparition de son frère, poursuit ses investigations sur de vieilles enquêtes non résolues , faisnt preuve d'une compassion sans pareille auprès des familles des disparus.
Il doit aussi faire face aux sollicitations de sa fille qui veut à toutes forces lui faire rencontrer son ex-épouse.
Le croisement des diffrentes intrigues fait toute la saveur de cet opus subtil et fertile en rebondissements. L'auteur est ici au meilleur de sa forme. A ne rater sous aucun prétexte.
Hypothermie, Arnaldur Indridason, Métaillé noir, 295 pages remplies d'humanité.
Arnaldur Indridason
En présence de son traducteur Eric Boury
5 février 16h
Rencontre à la Librairie de Paris
(7-11 place de Clichy, 75017 Paris)
6 février 11h30
Rencontre à la Librairie L'Arbre à Lettres Mouffetard
(2 rue Edouard Quenu, 75005 Paris)
l'avisd d'Aifelle.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : arnaldur indridason, vie après la mort, disparitions, suicide
06/07/2009
Chanson sans paroles
Liz, mariée, deux enfants, a su préserver , par-dessus les années son amitié avec Sarabeth, bine partie pour rester célibataire.
Quand Lauren la fille de Liz tente de se suicider toute cette belle harmonie va lentement mais sûrement se fissurer, cet acte renvoyant trop Sarabeth a son passé douloureux.
"Et qu'était une amie alors? ", c'est à cette question que tentent de répondre chacune de leur côté ces deux personnages féminins qu'Ann Packer peint avec beaucoup d'empathie. On pourrait également y ajouter cette question sous-jacente: "Et qu'était une mère alors ? ", Sarabeth ayant eu une mère qui n'a pu ou su assumer ce rôle tandis que Liz se torture à l'idée de ne pas être une mère suffisamment bonne.
En parallèlle, un très joli portrait d'adolescente qui s'autodéprécie et n'arrive pas à nouer des liens d'amitié et/ou d'amour.
Que l'on s'identifie à l'une ou l'autre de ces femmes, on trouvera un texte jamais mièvre , parfois acide mais avec une lucidité sans pareille ainsi Liz:"Elle refit la queue pour acheter son paquet de café, alors que la vendeuse essayait, tant bien que mal, de se faire à l'idée qu'elle était payée pour travailler. Elle devait avoir dix-huit ou dix-neuf ans et était si lente que ce ne pouvait qu'être voulu. Liz comprit qu'elle n'aurait pas été aussi énervée si elle n'avait craint que Lauren ne finisse comme elle."
Un très bon moment de lecture.
Merci à Cuné qui l'a trouvé mélo et triste mais précieux. Perso, je l'ai trouvé d'une tristesse tout à fait supportable( mais il est de notoriété publique maintenant que j'ai un coeur de pierre !:))
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : ann packer, chanson sans paroles, amitiés féminines, suicide
15/10/2008
Une sorte de boîte à souvenirs en mots et en phrases
Stuart Terence Oliver, dit Stol ou Stolly ,collectionne les accidents à une cadence impressionnante.Mais là il a dépassé la mesure et se retrouve à l'hôpital avec pas mal d'abbattis cassés. Sonné mais vivant. Son meilleur ami, Ian, décide de rédiger la biographie de Stol pour lui prouver que "c'est important que tu existes."
Stol est un personnage follement attachant, plein d'invention ,"spécialiste des histoires abracadabrantes",que les profs estiment "juste un peu fantasque"et dont tous disaient"qu"il avait de l'avenir, à condition de rester en vie et qu'il apprenne un jour à lacer ses chaussures." Vous l'aurez compris le ton est plein d'humour , le mot "suicide" ne sera jamais prononcé , pour ne pas dramatiser et aussi pour échapper à tout cette menace de prise en charge socio-psychologique dont Ian se méfie au plus haut point. Les parents de Stol, trop pris par leur travail ne sont jamais stigmatisés. D'ailleurs Stol s'est quasiment fait adopter par les parents de son "ange-gardien" autoproclamé. Au passage, remarquons aussi que Ian est un enfant trouvé dans une boîte à chaussures et que "pour l'instant, j'avoue que ça m'est complètement égal. Parfois, je me sens coupable : je me dis que c'est dommage que quelqu'un comme moi ait bénéficié d'une adoption. Il auarit mieux valu que ça tombe sur un enfant comme Stolly, quelqu'un qui a assez d'imagination pour en profiter pleinement."
Même s'il évoque des thèmes graves,La tête à l'envers in'est jamais "plombant". Tout est traité de manière intelligent et optimiste, sans jamais verser dans la mièvrerie. Anne Fine fait confiance à ses personnages-aux ados parfois pluq qu'aux adultes !- pour faire face avec efficacité et humour aux problèmes qui les touchent parfois de plein fouet. Un roman revigorant !
A partir de 13 ans
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : adolescence, suicide, humour, adoption, anne fine, la tête à l'envers