28/02/2011
Hors-service
"Complètement libre ,en fait, complètement libérée de toute responsabilité."
Paradoxalement, c'est quand elle se retrouve accidentellement enfermée un vendredi soir dans le local à photocopieur de du collège où elle enseigne que Eva-Lena se sent soudain totalement libre. Libre de réfléchir à sa vie calibrée, où tout est bien organisé, où règnent la perfection et l'exigence , mais à quel prix ?
Son mari traîne des pieds pour rentrer à la maison et ses enfants se rebellent chacun à sa manière, sa fille lui reprochant de s'occuper davantage de ses élèves que de ses enfants. Le bilan n'est pas fameux et Eva-Lena, petit à petit va se livrer à un passage en revue des événements qui ont précédé son enfermement et jeter un oeil neuf sur sa vie trop bien agencée. Un portrait qui parlera aux femmes de quarante ans dont le quotidien est trop souvent tristouille car si l'intendance roule, les sentiments, eux, commencent à rouiller. Un roman sensible et juste.
Merci Cuné (chez qui vous trouverez des liens à foison) !!!
Hors-service, Solja Krapu, traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss, Gaïa 2011, 270 pages dévorées d'une traite !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : soja brapu, suède, hommes femmes mode d'emploi
24/05/2010
Eté
"L'été rince la douleur de nos corps."
Après un Hiver particulièrement rigoureux, le choc thermique est rude pour le lecteur qui va accompagner Malin Fors dans une nouvelle enquête au coeur d'un Eté caniculaire !
Un tueur en série s'en prend cette fois à de très jeunes filles qu'il appelle "Mes anges d'été". En effet, comme dans son précédent opus Mons Kallenfort nous fait partager les pensées des victimes décédées mais aussi celles de l'assassin.
Le lecteur retrouve avec plaisir les personnages rencontrés précédemment et même si l'enquête semble au début un peu languissante, pâtissant de la chaleur accablante, les rebondissements ne manquent pas, y compris dans la vie personnelle de Malin qui gagne ici en densité.
L'auteur rend palpable l'opposition entre l'eau et la chaleur caniculaire qui court tout au long du texte et cette atmosphère jugée dantesque par les enquêteurs mais salvatrice par le tueur.
Un roman qui confirme pleinement le talent de cet auteur suédois.
Eté, Mons Kallentoft, traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss, 440 pages .
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : mons kallentoft, canicule, policier, suède
23/03/2010
Comme dans un rêve
"Les moulins de la justice tournent lentement."
Le meurtre en pleine rue du premier ministre suédois Olof Palme ,en 1986 ,avait été un véritable choc. Jamais élucidée cette affaire reste l'échec le plus cuisant des forces de l'ordre locales. Vingt ans plus tard Lars Martin Johansson ,haut responsable de la police, celui qui "voit derrière les coins" décide de rouvrir discrètement l'enquête. Ses collaborateurs devront donc en premier lieu affronter les montagnes de documents ,pas vraiment organisés ,qui les attendent.
On baîlle d'avance à l'idée de se coltiner la poussière et l'ennui qui devraient se dégager de ses 558 pages (j'ai mis une semaine avant de me décider à entamer ce pavé) mais l'humour et les personnages parfaitement croqués nous font avancer sans une once de lassitude. Les dialogues, immédiatement suivis des pensées des personnages, souvent très décalées par rapport au message explicite, la manière d'esquiver les ennuis par les politiques,surprennent à chaque fois et même si on peut juste regretter que nous ignorions au final tout des motivations de l'assassin, on se retrouve à la fin du roman sans vraiment s'en être rendu compte.
L'auteur, criminologiste et profiler renommé, donne toute crédibilité à cette enquête qui sonde les coulisses d'une police pas vraiment irréprochable, qui inflige des stages de rééducation aux policiers machos, mais se montre parfois nettement moins regardante sur les procédures utilisées. Alors fiction ou réalité ? En tout cas, le roman s'avère passionnant.
Comme dans un rêve, Leif G W Persson, traduit du suédois par Esther Sermag, payot-rivages2009.
Emprunté à la médiathèque.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : leif gw personn, suède, olof palme
21/12/2009
hiver
"C'est toujours le désir qui tue."
Sacrifice en hommage aux dieux vikings ou meurtre commis par un esprit particulièrement tordu ? Seul le cadavre nu, obèse et gelé se balançant à une branche de chêne pourrait répondre. Mais il se contentera de commenter l'évolution de l'enquête menée par Malin Fors , inspectrice de police.Malin qui a fort à faire avec son boulot prenant, ses amours en pointillés et surtout son adolescente de fille qui se lance dans sa vie amoureuse.
Affrontant le froid d'un hiver particulièrement rigoureux, un clan familial retors, Malin Fors démêlera cette "logique absurde des sentiments." Pour autant les mystères ne seront pas tous levés, juste de quoi attendre avec impatience le prochain volume de cette série "où chaque titre est articulé à une saison."
Hiver, Mons Kallentoft, traduit du suédois par Max Stadler et Lucille Klaus, Le serpent à plumes 2009.483 pages à lire au coin du feu.
Merci Cuné !
L'avis de Sassenach qui a aussi beaucoup aimé...
Tout comme Lily !
06:00 Publié dans challenge des saisons | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : mons kallentoft, suède, policier, challenge des saisons
26/10/2009
La vie commence
"Que le silence que nous avons partagé contenait, en fait, plein de choses."
Voici un livre étrange, où le temps semble se dérouler paresseusement en trois saisons (seul manque l'été) mais où on ne s'ennuie pas une minute car on est pris par cette atmosphère bucolique, par les travaux des champs, les soins aux bêtes (des ovins) et l'attention prêtée en général aux animaux et en particulier aux oiseaux.
Au sein de ce paysage une maison, une ferme perdue dans la campagne suédoise où vivent des personnages dont l'identité va se préciser au fur et à mesure: Brigitte,une ex-cantatrice, Gustavo ,un italien qui fait mijoter- des jours durant parfois- des soupes et Victor, le narrateur, Victor qui vient d'avoir le bac et qui sent qu'il lui faudrait quitter cette atmosphère chaleureuse pour devenir lui même. arrive alors la fille à l'identité fluctuante, (Alice, Louise, Caroline)et dont elle sent qu'elle traîne un lourd passif. Comment tous ces personnages vont-ils réagir les uns par rapport aux autres? Comment leurs destins vont-ils interférer ? quelle sera la place de la philosophie dans la vie de Victor? Mais qui est lui aussi ce Victor? à toutes ces questions seront fournies des réponses parfois surprenantes mais toujours pleines d'optimisme car La vie commence.
Un livre enchanteur,au style très épuré.
La vie commence, Stefan Casta, traduit du suédois par Agneta Segol. Editions Thierry Magnier.2009
Les viles tentatrices? Clarabel et Pagesàpages !
06:09 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : stefan casta, suède, adolescence, quête d'identité
23/06/2009
Le cerveau de Kennedy
"Mais sortie des champs des champs de fouille et des musées, j'en sais infiniment moins qu'Henrik sur le monde qui m'entoure. Je suis profondément ignare, et je le découvre à cinquante ans passés."
Pas de Wallander au sein de ce roman du romancier suédois Henning Mankell, mais une mère obstinée et pugnace, Louise Cantor , qui va utiliser sa méthode d'archéologue confirmée pour élucider la mort de son fils, Henrik.
Suicide dit la police mais Louise ne peut se résoudre à l'admettre et va, au prix de multiples périples entre Barcelone, la Suède, la Grèce et le Mozambique tenter d'éclairer les mutiples zones d'ombre d'un fils que finalement , elle ne connaissait pas si bien que cela et essayer de rassembler les différents morceaux de cette vie disloquée qu'est devenue la sienne...
Si l'enquête menée par Louise paraît un peu manquer de densité, le lecteur est neanmoins tenu en haleine à la fois par les péripéties et par l'intensité de cette recherche de vérité.
On ressent aussi profondément l'amour de l'auteur pour les Africains et la colère qui l'anime en évoquant des thèmes déjà abordés par John Le Carré dans La constance du jardinier. Pourtant il n'idéalise pas ce continent gangrené par la corruption au plus haut niveau et , comme le souligne un personnage: "Pendant toutes les années du colonialisme, nous avons appris à ne faire que ce qu'on nous demandait. Maintenant , nous apprenons lentement à penser par nous-mêmes. mais il y a tant de choses que nous ne nous décidons pas à faire."
Un très beau portrait de femme et un livre efficace qu'on lit d'une traite. Quant au cerveau de Kennedy, il fonctionne ici comme un symbole dont je vous laisse le soin de découvrir la signification...
Le cerveau de Kennedy, Henning Mankell, éditions du Seuil, Janvier 2009, 390 pages qu'on ne lâche pas.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : le cerveau de kennedy, henning mankell, afrique, suède, grèce
24/03/2009
Balade suédoise
L'arrivée d' Annie et de sa petite fille Mia, la veille de la Saint Jean,rompt un peu la routine de ce petit village suédois, non loin de la frontière norvégienne. La découverte par la jeune femme de deux touristes sauvagement assassinés dans une tente la bouleversera encore plus...
Trop souvent les intrigues policières sont rondement menées. En moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, après quelques fausses pistes, l'assassin est vite démasqué. Amateurs de rapidité, passez votre chemin ! En effet, Kerstin Ekman,dans Crimes au bord de l'eau, plus que l'enquête, la police apparaît d'ailleurs très peu, privilégie davantage les personnages et le milieu naturel dans lequel ils évoluent. la forêt suédoise, qu'elle soit saignée à blanc, ou pleine de vie, devient ainsi le cadre qui structure la vie de ces habitants fort disparates d'où émergent quelques individualités que nous allons suivre au fil du temps. Car il faudra dix-huit ans et une nouveau meurtre pour qu'enfin l 'assassinat de deux campeurs soit élucidé.
Pourtant on ne s'ennuie pas un instant dans ce récit qui prend les chemins de traverse, égrenant les noms des plantes et des arbres, effectuant de brusques sauts dans le temps qui déroutent passagèrement mais aussi très agréablement le lecteur. Il est toujours plaisant de découvrir de nouveaux modes de vie et se laisser envoûter par la magie d'une écriture.Une magnifique découverte !
Merci à Cuné pour l'envoi !
Crimes au bord de l'eau , kerstin Ekman, Babel noir, 623 pages
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : crimes au bord de l'eau, kerstin ekman, suède, nature