01/05/2009
"J'ai bien peur qu'aucune de nous deux ne prenne en compte ce satané principe de réalité."
Inflexible, intransigeante,telle est Louise. Elle veut réformer la société et fréquente des groupes politiques radicaux à Paris. Plus rêveuse, léthargique, mais aussi plus sensuelle est son amie Renée, partie poursuivre mollement en Italie de vagues études artistiques.
Pendant trois ans, ces amies de longue date vont s'écrire, (de vraies lettres et non des courriels !), tenant ainsi une sorte de journal qui éclaire de manière rue les fourvoiements de chacune d'entre elle.
Aux sentences définitives de l'une, "Ma vie désormais ne sera qu'engagement politique, mon amant sera le combat révolutionnaire.", succède l'auto-analyse de la quasi léthargie de l'autre, "ce mouvement de surplace intérieur". Lucides, elles le deviennent au fil du temps car, adolescentes protégées par des familles pouvant subvenir à leur besoins, elles n'avaient guère été confrontées à ce "satané principe de réalité. prendre le métro, chercher un logement, tenir un fer à repasser, effectuer les basses besognes de tout stagiaire, voilà qui va devenir pour elles de "terribles épreuves".
Exaltées, toutes deux le sont à leur manière, Louise qui veut changer la société mais va vite se rendre compte que les idéaux se fracassent contre les petitesses de la vie, Renée qui veut devenir artiste sans travailler. Peut être ont-elles trop lu les philosophes des Lumières ou les romanciers du XIXème siècle... De déconvenues en échecs, chacune trouvera sa voie mais au prix de quelles souffrances ?
Elles pourraient être ridicules ces deux héroïnes, surtout quand on a l 'âge d'être leur mère, j'ai souvent souri devant leurs déclarations tour à tour exaltées ou désenchantées, mais en même temps j'ai retrouvé les sensations et les sentiments propres à cette période si délicate, cette transition entre l'adolescence et l'âge adulte, cette frontière ténue que l'on franchit petit à petit, aux prix de désillusions et de compromis.
Célia Lévi dont c'est le premier roman réussit le pari de tracer la carte d'un pays qui n'est pas si lointain avec délicatesse et sensibilité. Une auteure à suivre. 182 pages frémissantes où on ne s'ennuie pas une minute.
Célia Lévi, Les insoumises, Editions Tristram.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : célia lévi, les insoumises, éditions tristram, révolte, adolescence
20/12/2008
"comment une chose pareille peut-elle arriver à quelqu'un avant même qu'il ait eu le temps de devenir un homme ? "
D'abord une couverture assez atroce : j'ai, dans un premier temps, cru voir une déjection canine, (change tes lunettes, Cathulu !) avant de me rendre compte qu'il s'agissait d'un char qui avait fondu ! Ensuite, le titre: La route des ossements.Va savoir pourquoi je me dis qu'il doit s'agir de la guerre en Irak. Tout cela n'est pas folichon mais bon, le nom de l'auteure, Anne Fine, emporte mes dernières hésitations et je lis la 4 ème de couv' : visiblement il s'agit de tout autre chose puisque même si le contexte n'est pas donné comme clairement historique, les mots "Glorieuse Révolution" et "Tsar" ainsi que le prénom du jeune héros , Youri, éclairent enfin les choses. Je ne suis pas trop portée sur les ouvrages historiques , mais tant pis je me lance...
Mal m'en a pris : lourd, pesant, ce récit qui ne se décide pas à choisir entre traiter de la révolution bolchévique et du système communiste mis en place en URSS de manière claire et précise et vouloir traiter de la tyrannie en général m'a très rapidement ennuyée. Anne Fine ne gagne rien à vouloir se montrer didactique.
Vite oublions cet échec et(re) plongeons-nous avec délices dans ceci ou bien faisons connaissance avec une oeuvre plus ancienne et cette fois destinée davantage aux adultes (et ceci dès demain, si tout va bien ! )
08:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : anne fine, la routes des ossments, révolution russe, révolte, tyrannie