26/04/2010
Là haut, tout est calme
"J'étais le deuxième choix, dis-je. C'était ça le pire."
Depuis que son frère jumeau est décédé dans un accident il y a 35 ans,Helmer van Wonderen a dû le remplacer à la ferme familiale. Mais vingt ans plus tard, brusquement Helmer décide de monter son père grabataire au premier étage et de réaménager la maison. première étape d'un changement de vie significatif qui s'annonce pour celui qui n'a , il l'avouera tardivement, jamais su trouver sa place une fois son frère mort.
Avec une grande économie de moyens Gerbrand Bakker peint avec délicatesse et poésie cette renaissance d'un homme qui jusqu'à présent n'a jamais appris à décider seul.
Ce personnage laconique sait néanmoins tisser avec les animaux et les êtres qui l'entourent de vrais relations et nous surprend sans cesse tant par sa violence feutrée que par sa volonté souterraine mais inébranlable d'avancer enfin. Un livre magnifique , lumineux, et qui accompagne longtemps le lecteur.
Merci Belle ! tu vois il m'a fallu le temps de me décider mais j'ai savouré chaque page !
Là haut, tout est calme, Gerbrand Bakker, traduit du néerlandais par Bertrand Abraham, Gallimard 2009, 351 pages qui sonnent justes.
Dominique a aussi été séduite.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : gerbrand bakker, jumeaux, pays-bas, rapports pèrefils
11/08/2009
Le saut. Anna Enquist #5
Même si la couverture indique" Nouvelles", ce sont bien six monologues , destinés à être joués, qui sont regroupés sous le titre Le saut.
Autant vous le dire d'emblée, je n'ai pas accroché totalement à ces six textes,probablement parce les indications de mise en scène rappellent constamment la nature véritable de ces textes et que le théâtre lu n'aura jamais la même force que le théâtre joué. Nonobstant, nous retrouvons ici les thèmes chers à Anna Enquist: la supériorité de la musique sur les mots : "Quand on ne peut pas parler, il faut écouter de la musique. la musique parle sans les mots. Un morceau d emusique peut exprimer des sentiments qui sont trop vagues ou trop douloureux pour être pris au piège des mots. Ou trop terribles.", la seconde guerre mondiale, situation extrême et ses conséquences sur le comportement des gens ordinaires, la lente descente dans la folie...
Par contre, nouveauté, Anna Enquist fait preuve dans la premier texte d'un humour vachard et totalement irrévérencieux vis à vis de Malher. Reprenant la figure emblématique de la femme artiste étouffée dans l'oeuf par le pouvoir masculin, à savoir Alma Malher qui devra mettre sous le boisseau son talent de compositrice pour obéir à son génie de mari, Enquist, s'appuyant sur des faits historiques (la lettre de vingt pages dans laquelle le compositeur la somme de ne se consacrer qu'à lui, si elle décide de l'épouser !) éclaire d'un jour nouveau la situation, la montrant nettement moins caricaturale et plus complexe. Quant aux descriptions physiques de Malher, elles sont tout à fait réjouissantes ! Un recueil à emprunter rien que pour ce texte !
Quant à la quatrième de couverture, une nouvelle fois, elle vous permet en quelques minutes de connaître le déroulement quasi complet des six textes (soupir !).
Le saut, Anna Enquist, Pays-bas, 2003, Actes Sud, 2006.Traduction de Annie Kroon.
06:02 Publié dans Littérature néerlandaise | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : six monologues, musique, 2nde guerre mondiale, pays-bas, anna enquist