21/12/2020
Cher Père Noël Vraies lettres inventées
"Non ! Rien de rien
Non ! Je ne commande rien...
C'est payé, balayé, oublié
Je me fous de Noël[...]
Édith P."
Lipogramme (texte d'où une lettre est bannie) , en hommage à Georges Perec , pastiches de différents auteurs (Prévert, Madame de Sévigné...) , lettres de Sherlock Holmes ou d'Ulysse et autres fantaisies littéraires plairont aux amoureux des mots qui pourront s'amuser à les imiter.
Mais les membres de L'Ouvroir de Littérature Potentielle ont pioché également dans d'autres registres, plus ancrés dans la vie quotidienne : lettre de la Reudoute, lettre de refus (signée par la stagiaire du comité éditorial), lettres de réclamation, lettre d'amour (coquine , la lettre), chanson, textes utilisant des jargons divers , tout ceci brosse aussi, mine de rien, un panorama de notre société et de ses usages linguistiques.
Une mine de plaisirs à (s') offrir pour 5 euros.
Éditions Librio 2020
06:00 Publié dans Humour, l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : oulipo
12/07/2011
Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?
J'ai longtemps été intriguée par ce titre à rallonges mais je reportais toujours sa lecture. Là, plus d'échappatoire car il venait de ressortir, accompagné d'un appareil critique à la fois pointu et accessible, éclairant et plein de vie. Sans, lui, pas de doute, je serais passée à côté de bien des allusions et des aspects ludiques de ce texte.
Car c'est bien à un jeu que nous convie Perec à une mise à distance des codes du récit avec son héros dont le nom change sans cesse , avec ses effets de retadements, son style parfois décalé, trop emphatique pour une situation bien banale, ses jeux de mots, et ce titre qui revient comme un refrain avec quelques variantes mais qui n'a pas grand chose à voir avec le sujet du roman, à savoir comment le héros pourrrait échapper à la guerre d'Algérie.
Il est à noter d'ailleurs que le moyen envisagé: se casser un bras, fonctionne en écho de la manière dont la mère de Perec sauva la vie de son fils : lui mettant le bras en écharpe, elle put le confier à la Croix rouge et le petit Georges échappa ainsi au camp de la mort dans lesquels ses parents disparurent...
Un roman à lire de plusieurs façons: seul ou simultanément avec les notes. Nul doute que Perec aurait apprécié ces possibilités !
Un texte à la fois drôle et grave.
Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour, Georges Perec, dossier par Isabelel Mimouni, FolioPlus Classiques.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : georges perec, oulipo
27/12/2010
Le doigt coupé de la rue du bison
"Pauvre bête, elle n'a pas eu de chance, elle aurait pu être française comme vous et moi."
"L'exemple même de la fausse enquête" que cette affaire de doigt coupé de la rue du Bison qu'un berger allemand rapporta au bar parisien Le Boyard.
Et voilà le commissaire Pauquet, aux faux airs de Maigret en train d'interroger tout un tas de zigs plus bizarres les uns que les autres dans une capitale pas encore remise de la 2nde guerre mondiale. Le tout avance languissamment car tout est prétexte à jeux de mots, allusions et contraintes oulipiennes que le lecteur aura soin de deviner. Ou pas. ce qui génère parfoisn un sentiment d'exclusion.
Les personnages sont insipides ou presque et les paroles (heureusement rares) de l'adjoint de Pauquet ont eu le don de m'agacer: " de bord d'eau" pour de Bordeaux...Reste la couverture, très sympathique mais c'est un peu maigre. Un monde en noir et blanc et fort empoussierré.
Le doigt coupé de la rue du bison, François Caradec, Livre de poche 2010.186 pages qui sentent un peu la naphtaline.
L'avis de Cathe.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : françois caradec, oulipo, après guerre
15/09/2009
Assez parlé d'amour.
"Je comprends que ce que je t'offre c'est d'avoir peur."
Assez parlé d'amour est un roman d'amour où des quadragénaires vont être confrontés au coup de foudre. Je vous entends déjà soupirer. Assez parlé d'amour est un roman écrit par un membre de l'Oulipo* , roman qui aurait pu s'appeler Les Dominos Abkhazes car sa structure respecte les règles particulières de ce jeu . Là vous vous arrachez les cheveux . Et vous avez tort . Car Hervé Le Tellier a réussi ici un roman délicieux où l'on trouve tour à tour une "liste non exhaustive des achats d'Anna", un livre dans le livre: "Quarante souvenirs d'Anna Stein"pour "accomplir l'impossible : ne plus te perdre jamais" et ces souvenirs sont tout simplement magnifiques et plein d'émotion. On rêverait de recevoir un tel livre...Sans compter des informations drôles et saugrenues qui émaillent le texte sans pour autant l'alourdir, des personnages qui sonnent justes et qui ont tous un rapport très fort avec les mots, de par leur métier, mais pas seulement. Beaucoup de délicatesse et d'humour, l'un des personnages, psychanalyste et psychiatre déclare ainsi à la femme qu'il aime et qui se proclame folle: "- Je veux bien d'une folle. J'ai toujours rêvé de ramener du travail à la maison"**.
Alors, tout le mal qu'on souhaite à Hervé Le Tellier c'est, comme l'espère l'éditeur de l'écrivain (son double? dans le roman ) ,qu'il trouve son public.
* Ouvroir de Littérature potentielle, dont les membres utilisent souvent des contraintes d'écriture, qui ne gênent en rien la lecture !
** Sans le faire exprès, j'avais noté la même citation que toi, Cuné !:)
Assez parlé d'amour, Hervé Le Tellier, J-C Lattès, 280 pages, fines et tendres.
Du même auteur, je vous conseille : Joconde jusqu'à 100 et Les amnésiques n'ont rien vécu d'inoubliable, tous deux au castor astral.
Merci Cuné !!!
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : hervé le tellier, amour, oulipo, amour des mots